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tempérent les faifons, font l'ame de la navigation, & du com merce des nations entr'elles. Si l'air étoit un peu plus épais, nous ne pourrions le refpirer, & nous nous y noyerions comme dans la mer. Qui eft-ce qui a fçû lui donner ce degré fi jufte de fubtilité ?

Le Soleil fe leve & fe couche, pour nous faire le jour & la nuit. Pendant qu'il nous laiffe dans le repos des ténèbres, il va éclairer un autre monde qui eft fous nos pieds. La terre eft un globe fufpendu en l'air, & cet aftre * tourne autour d'elle , parce qu'il lui doit fes rayons. Non feulement il en fait un tour regulier qui forme les jours & les nuits

* L'Auteur n'a point prétendu prendre icy de parti fur la queftion qui partage les Philofophes, pour fçavoir fi c'eft le foleil qui tourne autour de la terre, ou la terre autour du soleil. Il a voulu feulement parler -d'une façon accommodée à l'opinion la plus vulgaire.

mais encore il s'approche & s'éloigne tour à tour de chaque pole; & c'est ce qui fait tour à tour pour chaque moitié du monde l'hyver & l'efté. Si le Soleil s'approchoit un peu plus de nous, il nous embrâferoit, s'il s'en éloignoit un peu plus, il nous laifferoit glacer, & notre vie feroit éteinte. Qui est-ce qui conduit avec tant de jufteffe ce flambeau de l'Univers, cette flamme fubtile & rapide!

La Lune plus voifine de nous, emprunte du Soleil une lumiere douce qui tempere les ombres de la nuit, & qui nous éclaire, quand nous ne fommes pas li bres d'attendre le jour. Que de commoditez préparées à l'homme !

Mais que vois-je ! un nombre prodigieux d'altres brillans, qui

font dans le firmament comme des foleils. A quelle dif tance font-ils de nous ! Quelle grandeur immenfe qui confond l'imagination, & qui étonne l'efprit même! Que devenonsnous à nos propres yeux ! vils atômes pofez dans je ne fçai quel petit coin de l'Univers, quand nous confiderons ces foleils innombrables. Une main toute-puiffante les a femez avec profufion pour nous étonner par une magnificence qui ne lui coûte rien.

III.

Si j'entre dans une maison, j'y vois des fondemens pofez de pierre folide, pour rendre l'édifice durable ; j'y vois des murs élevez, avec un toît qui empêche la pluye de pénétrer au dedans : je remarque au mi

lieu une place vuide, qu'on nom me une cour, & qui est le centre de toutes les parties de ce tout: je rencontre un escalier, dont les marches font visiblement faites pour monter; des appar temens dégagez les uns des autres pour la liberté des hommes qui logent dans cette maifon; des chambres avec des portes pour y entrer; des ferrures & des clefs pour fermer & pour ouvrir ; des fenêtres par où la lumiere entre fans que le vent puisse entrer avec elle, une cheminée pour faire du feu, fans être incommodé de la fu

mée; un lit pour se coucher; des chaifes pour s'affeoir; une table pour manger, une écri toire pour écrire.

A la vûë de toutes ces commoditez pratiquées avec tant d'art, je ne puis douter que la main

des hommes n'ait fait tout cet arrangement. Je n'ai garde de dire que ce font des atômes que le hazard a affemblez. Il ne m'est pas poffible de croire férieusement que les pierres de cet édifice fe font élevées d'elles-mêmes avec tant d'ordre les unes fur les autres, comme la fable nous dépeint celles que la lyre d'Amphion remuoit à fon gré, pour en former les murs de Thebes.

Jamais aucun homme sensé ne s'avisera de dire, que cette maison avec tous fes meubles s'eft faite & arrangée d'ellemême. L'ordre, la proportion, la fymmétrie, le deffein manifeste de tout l'ouvrage, ne permet point de l'attribuer à une caufe aveugle, telle que le hazard.

En vain quelqu'un me vien

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