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AN. 1351.

LVII.

tre les reli

gieux dians.

p. 815.

ne Aldebrand vint de la part de ce prélat fe plaindre de la rigueur exceffive dont les moines uloient envers ceux d'entr'eux qui commetoient de grandes fautes, les metant en une prifon obfcure & perpetuelle qu'ils apeloient Vade in pace. Ils ne leur donoient pour nouriture que du pain & de l'eau, & leur ôtoient toute comunication avec leurs confreres: en forte que ces malheureux mouroient toûjours défefperés. Sur cette plainte le roi ordona que déformais les abbés & les autres fuperieurs des monafteres vifiteroient & confoleroient deux fois le mois ces freres enfermés, & qu'il leur feroit permis de demander auffi deux fois le mois la compagnie d'un moine de la comunauté. Il en fit expedier des lettres patentes dont il commit l'execution au fénéchal de Toulouse & aux autres fénéchaux de Languedoc. Les freres Mineurs & les freres Prêcheurs fe donerent de grands mouvemens pour la révocation de cette ordonance, & reclamerent l'autorité du pape : mais le roi demeura ferme, & voulut qu'ils obéiffent, ou qu'ils fortiffent de fon roïaume : ils executerent donc fon ordre, mais avec grande répugnance.

La même année 1351.les cardinaux avec plufieurs Plaintes con - autres prélats, & une grande multitude de curés Man- s'éleverent en cour de Rome contre les religieux Cour de Nang. Mandians demandant leur fupreffion & foûtenant fortement en confiftoire que ces religieux n'étoient ni apelés ni choifis par l'églife; qu'il ne leur apartenoit pas de prêcher, d'oüir les confeffions, & de doner la fépulture, difant que ce dernier article les avoit fort enrichis. Un cardinal fit un grand difcours

le

discours fur ce fujet : fans que les Mandians, qui AN.13516 étoient presens diffent rien pour luy répondre : mais pape prit leur défense, & dit: Ces religieux ne font pas fi méprifables que vous prétendés; ils tiennent leur vocation de Dieu & de l'églife, étant apelés pour aider à la conduire. On ne doit pas moins les compter entre fes miniftres pour être venus plus tard, comme faint Paul bien qu'apelé le dernier, eft du premier rang entre les apôtres.

que

Le pape continua adreffant la parole aux prélats. Que prêcheriés - vous au peuple fi ces freres gardoient le filence? Parleriés-vous de l'humilité ? vous qui entre toutes les conditions du monde êtes les plus fuperbes & les plus pompeux dans vos montures, & tout le refte de vos équipages. Parleriés - vous de la pauvreté vous qui êtes fi tenans & fi avides tous les benefices du monde ne vous suffisent pas ? Je ne parle point de la chafteté, Dieu connoit la conduite de chacun, & comment plufieurs fatent leurs corps, & vivent dans les délices. Plufieurs d'entre vous haïffent les Mandians, & leur ferment la de porte, de peur qu'ils ne voïent comment ils vivent, tandis qu'ils font du bien à des boufons & à des infames. Vous ne devés pas trouver mauvais fi les Mandians ont reçu quelques biens dans le tems de la mortalité derniere, pour le foin qu'ils ont pris' des malades & des mourans que plufieurs curés abandonnoient. S'ils ont fait quelques bâtimens,c'eft plûtoft pour l'ornement de l'églife, que pour leur commodité particuliere: mais vous voudriés tout avoir pour l'emploïer, Dieu fçait à quels usages. Voilà pourquoi vous en voulés à ces pauvres religieux. En

Tome XX.

P

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fin le papeleur reprefenta les maux qui arriveroientà l'églite, s'il leur acordoit ce qu'ils demandoient contre les Mandians; & conclut en disant, qu'ils misfent par écrit leurs plaintes de part & d'autre, & qu'il leur donneroit de bons commissaires.

Si l'on fe plaignoit de la rigueur des prifons monaftiques, on fe plaignoit au contraire de la douceur de celles des clercs criminels. On le voit par une lettre de Simon Iflip archevêque de Cantorberi à Raoul Strafort évêque de Londres, où il dit: Au dernier parlement, nous nous plaignions des juges feculiers qui condamnent, & font executer à mort des clercs & même des prêtres. Mais on nous répondit que les clercs fous pretexte de leur privilege, font plus hardis à commettre des crimes; & que quand ils font pris ou du moins accufés & convain-. cus le juge ecclefiaftique les reclame, on les luy remet avec refpect: mais il les fait garder negligemment; & ils font fi bonne chere dans la prifon, qu'au lieu d'être une peine, c'est pour eux un lieu de délices, & ils en fortent plus méchans qu'auparavant.. Quelques-uns quoi que notoirement coupables & chargés de crimes inexcufables font reçus fi facilement à la purgation canonique, qu'ils confervent l'efperance de recommencer leur premiere vie. Et ce mauvais exemple eft pour les autres clercs une tentation de commettre des crimes au préjudice de la paix du roïaume.

Par ces raifons de l'avis de nos freres les évêques qui étoient en ce parlement, nous avons ordonné ce qui fuit: Les juges ecclefiaftiques de notre province de Cantorberi auront foin de faire garder con

venablement les clercs qui leur feront remis en ver- AN. 135 tu du privilege clerical, fuivant la qualité des per fonnes, & des crimes: en forte que la prifon leur foit une peine. Si ce font des malfaicteurs notoires & difamés publiquement, de maniere que leur délivrance puiffe caufer du scandale dans l'église, & du danger dans l'état : on les nourira de pain & d'eau le mercredi, le vendredi & le famedi: les autres jours, du pain, & de la petite biere; le dimanche, quelque legume de plus; fans qu'on puisse y rien ajoûter pour quelque caufe que ce foit. Que fi les prifoniers font innocens, ils ne pouront être reçus à la purgation canonique qu'après des informations exactes faites juridiquement fur les lieux. La lettre eft du dix-huitiéme de Février 1351.

roi

LIX. Privileges au

de

France.

Spic.l. to. 4. p.

74

c. c. 26.

Du Tillet p

Vers le même tems le pape Clement accorda au roi
de France Jean & à la reine Jeanne fa feconde fem-
me diverfes graces fpecifiées dans fes lettres. Par
la premiere en date du vingt-neuvième d'Avril
1351. il leur permet de faire célebrer l'office divin "27.
pour eux, & leur fuite dans les lieux interdits. Par
feconde, il leur permet de fe choisir un confesseur
capable qui pourra les abfoudre même des cas pour
lefquels il faudroit confulter le faint fiege. Il acorde
au confeffeur plufieurs autres pouvoirs que l'on peut
voir dans ces bulles. Enfin il permet à tous les clercs
commenfaux de la maison du roi, de dire l'office à
l'usage de l'église de Paris.

13. st.

2.62.

Cinq ans au paravant le même pape avoit acor- Rain. 1344, dé au roi Jean encore duc de Normandie la permiffion de toucher les choses faintes pour satisfaire sa

AN. 1351.

dévotion, excepté le corps de Notre Seigneur. Et quand votre confeffeur, ajoûte-t'il, ou un autre prêtre vous donnera la fainte communion, il poura auffi vous donner le précieux fang, nonobftant tout ftatut ou. ufage contraire; & cela, votre vie durant, quand même vous feriés roi. La lettre eft du vingtuniéme de Juin 1344. & l'année suivante il acorda la 14.1345.7.32 même grace à Eude duc de Bourgogne. Or il recommande à l'un & à l'autre que le prêtre qui lui donnera la communion sous les deux efpeces, le fasse avec tant de fecret & de précaution, qu'il ne puisse rien fe répandre du précieux fang hors les vates facrés, & qu'il n'en puiffe arriver aucun fcandale.

Mabill. Maf. Ital.to.2. p.LXI.

I

3. pr. 1. praf. n.

75.

La communion fous les deux efpeces étoit encore 14. a... dans l'ufage ordinaire au commencement du douzićme fiécle: mais dans le fiécle fuivant l'ufage étoit prefque univerfel dans l'églife Latine, que les laïques nec ommunioient que fous l'efpece du pain: comme dit expreffément Alexandre de Alès,fans que nous voïons aucune conftitution ni aucune loi pour ce changement qui s'eft introduit infenfiblement.

LX.

Vading.n. 13.

Cette année s'emut une queftion entre les freres Questions fur Mineurs & les freres Prêcheurs touchant le fang le lang de JC de J. C. Le jour du Vendredi faint quinziéme d'Avril, François Baïle gardien des fieres Mineurs à Barcelone dit publiquement en chaire dans son monaftere que le fang de J. C. répandu en fa paffion fut téparé de la divinité, & par confequent qu'il n'étoit point adorable du culte de latrie dans les trois jours de fa mort. Nicolas Rofel de l'Ordre des freres Prêcheurs alors inquifiteur au roïaume d'Aragon en écrivit à Jean du Moulin auparavant gé

Vid. Bal. vica. to. I. p.906.

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