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& décider les doutes en matiere de foi? Ces quef- AN.1351. tions font voir quelle idée la Cour de Rome avoit alors de l'autorité du pape.

Le reste de la lettre qui eft trés-longue contient des questions fur les erreurs des Armeniens, foit particulieres foit communes avec les Grecs ou les Orientaux fur l'état des ames aprés la mort fur n.6. les facremens & l'euchariftie en particulier. Enfin le pape se plaint qu'ils n'ont point obfervé ce qu'ils avoient promis, & qu'ils ont méprifé les avis & les inftructions de fes nonces & de fes légats. La lettre eft du vingt-neuviéme de Septembre 1351. En même tems le pape écrivit à Conftantin roi d'Armenie le priant de tenir la main à l'acceptation & l'execution de cette lettre, & lui donnant avis qu'il luy envoie fix mille florins des deniers de la chambre apostolique, a prendre dans le Roïaume de Chypre.

n.II. 17.

n. 18.

IV. Martyrs à Da

mas.

Damas l'émir qui gouvernoit la ville pour le fultan d'Egypte, voulant tirer de l'argent des chrétiens, fit mettre le feu en deux endroits de la ville; M.Vill.11.c.53. & aprés qu'il fut éteint, il fupofa que les chrétiens l'avoient fait exprés, s'en prit aux plus riches d'entr'eux, qui étoient en grand nombre, & les fit mettre à la question. Quelques-uns par la violence des tourmens confefferent qu'ils l'avoient fait, afin de chaffer les Sarrafins, & ceux qui voulurent se tir de ce péril, donnerent à l'émir quantité d'argent; ils furent en fi grand nombre qu'il en tira de grandes richeffes; & quant aux autres il leur donna le choix de renier la foi de J. C. ou de mourir en croix. Plufieurs renierent, mais il y en eut vingt

garan

deux qui demeurerent fermes dans la foi; & l'émir AN. 1351. les fit attacher à des croix, & mener par la ville fur des chameaux; & ils vêcurent trois jours en ce tourment. On menoit le pere crucifié devant fon fils renegat, & le fils devant fon pere: les renegats prioient avec larmes les crucifiés de fe délivrer de cette cruelle mort, & d'embraffer la religion de Mahomet: mais les martyrs demeuroient fermes, & défavoüoient les apoftats, ne les reconnoiffant plus pour leurs parens. Vous voulés, difoient-ils nous ôter les biens de la vie éternele, à laquelle vous avés renoncé lachement par la crainte des peines temporeles: pour nous ce nous eft un plaifir & une grace finguliere de pouvoir fuivre notre Sauveur J. C. Ils moururent ainfi conftament dans les tourmens à la vue des infideles: mais le fultan aïant apris cette action de fon émir, le manda auffi-tôt, & le fit couper par le milieu du corps.

pape avec le roi d'Atragon.

Rain. 1350. n

45.

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Le pape Concordat du roi d'Arragon, comme il paroît dans une lettre qu'il lui avoit écrite l'année précedente, où il disoit: Dans vos états les églifes & le clergé font oprimés, & la liberté ecclefiaftique violée. Si quelqu'un porte des refcrits du faint fiége adreffés à des juges ecclesiastiques contre des laïques vos fujets, vos officiers ne luy permettent pas de s'en fervir, ni aux juges de proceder en execution. Il y a quelque tems que Bernard Alagnan chanoine de Valence, & notre nonce, prononça une fentence d'excommunication, & fit quelques autres pour fuites contre des laïques vos fujets, qui refufoient opinâtrement de luy païer ce qu'ils devoient à la chambre apostoli

Clement étoit trés-mécontent de Pierre

que.

:

que. Surquoi vous fites venir devant vous le nonce AN.1351. Bernard; & aprés luy avoir dit plufieurs injures indignes de votre rang, vous le voulûtes contraindre par de terribles menaces à revoquer les procedures; & comme il le refufoit conftament, vous tirâtes l'épée contre luy puis les affiftans aïant retenu ce mouvement de colere, vous le fites mettre dans une obfcure prison, dont vous ne le tirâtes que pour le traiter plus cruellement. Il fut mené sur le haut d'une tour, où vos gens le tenant enant par les piés le fufpendirent en dehors la tête en bas menaçant de le précipiter à la vuë de fon pere qui étoit au pié de la tour: c'est ainfi que le nonce fut forcé á révoquer fes procedures. Enfin vous avés méprifé les cenfures que vous aviés encouruës pour ne nous avoir pas païé le cens que vous nous devés à cause du roïaume de Sardaigne & de Corfe. La lettre eft du vingt-fixiéme de Novembre 1350.

Pour faire ceffer ces plaintes, quelques cardinaux & quelques commiffaires tirés du confeil d'Arragon, firent un traité qui porte en fubftance: Le roi prometra que dans les terres de fon obéïffance, il n'empêchera point le libre exercice de la jurisdiction ecclefiaftique, ni les fonctions des collecteurs & des autres officiers du pape, Le roi déclare que ce qui a été fait à Perpignan contre Bertrand d'Alayan collecteur du pape n'a point été au mépris du pape, il en demande abfolution, & quant à celle de fes officiers, le pape en ordonnera ce qui luy plaira. Le accordera au roi pape pour les befoins du roïaume la levée d'un fubfide volontaire fur les prélats & les autres ecclefiaftiques. Le roi obfervera le con

Tome XX.

R

Rain. 1351

n. 26.

AN. 1351.

Ind c. Arrag. .202.

VI. Inquifition en France.

cordat fait par l'évêque de Tufculum touchant les arrerages du cens dû pour le roïaume de Sardaigne. Le roi fuplie le pape pour l'utilité des églises & le falut des ames, de renvoïer les prélats qui font en Cour de Rome, & les obliger à la résidence en leurs églifes. Il le prie auffi de pourvoir aux prélatures & aux benefices de perfonnes du païs. Le roi nomma fes procureurs pour l'éxecution de ce traité, qui fut paffé à Girone le vingt-quatriéme de Septem

bre 1357:

Ce même roi d'Arragon Pierre le Cérémonieux étant à Perpignan le feiziéme de Décembre 1350. fit une ordonnance portant que déformais dans les actes publics on ne compteroit plus les années fuivant l'ére Espagnole ufitée depuis le regne des Gots, qui remontoit à l'empire de Jules Céfar, trente-huit ans avant la naissance de J. C. en forte qu'en 1350. on comptoit 1388. mais il voulut que l'on comptât les années de J. C. en commençant à Noël.

Depuis prés de cent ans l'inquifition subsistoit en France où le pape Alexandre IV. l'avoit établie l'an 1255. à la priere de faint Louis: mais depuis, le Rain. 1351. n. pape Nicolas IV. en faveur de Charles roi de Sicile,

Sup.l. LXXIV.

1. 15.

37.

en excepta les Comtés d'Anjou & du Maine qui apartenoient à ce prince. Aprés que luy & fes héritiers au roïaume de Sicile eurent ceffé de poffeder ces deux Comtés réunis à la couronne de France, les inquifiteurs qui étoient de l'Ordre des freres Prêcheurs douterent s'ils devoient auffi ceffer d'exercer leurs fonctions en ces provinces d'Anjou & du Maine, & s'adrefferent au pape Clement qui répondit: Il feroit trés-dangereux que les hé

retiques trouvassent un lieu de refuge; c'eft pour AN.1352. quoi nous donnons plein pouvoir à Guillaume Chevalier frere Prêcheur docteur en théologie, & aux autres freres du même ordre inquifiteurs dans le roïaume de France, d'exercer librement leurs charges en ces comtés, comme dans les provinces de Touraine & de Poitou. La bulle est du vingt-sixiéme de Septembre 1351.

ziers.

VII.

Cette année Pierre de la Jugie, archevêque de Concile de BeNarbone tint à Beziers un concile provincial. Ce prélat étoit noble Limoufin, & neveu du pape Bluz. vitato. Clement par fa mere: il fut premierement moine 1-p. 854 1130. Benedictin, puis prieur de fainte Livrade au diocése d'Agen: aprés quoi le pape fon oncle le fit abbé de S. Jean d'Angeli & de la Graffe au commencement de fon pontificat. Il alla enfuite à Orleans, où il étudia en droit canon, & fut paffé docteur en 1344. le papele fit venir à Avignon, & luy donna l'archevê- Tom. 2. p. 697ché de Saragoce par bulle du fecond de Mars 1345. & le dixiéme Janvier 1347. il le transfera à Nar

bone.

To: x1. conc. pi

1918.

Narb

p. 91.

Voulant donc tenir fon concile provincial, il y apela fes fuffragans, & premierement il en avertit Baluz. conc. Hugues élu évêque de Beziers par une lettre du vingt-neuviéme de Septembre 1351. où il dit: Nous avons réfolu de tenir un concile provincial le feptiéme jour de Novembre à Beziers dans votre église cathedrale: nous vous mandons d'y citer tous les abbés ou autres fuperieurs, les ecclefiaffiques feculiers ou reguliers qui doivent y affifter felon la coûtume; & nous défendons d'y amener plus de fix chevaux de felle & deux fomiers pour vous &

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