Sicil. fac. to I p. 402.

Boll. p. 998. 2

AN.1356. pereur & à un roi étoit importante, & demandoit une prélat qualifié : le pape donna à Pierre Thomas l'évêché de Patti en Sicile, par bulle du feizième vita Inn. p.347. Novembre de la même année. Il ne fit rien auprés du roi de Servie, qui ne s'étoit adreffé au pape que dans l'efperance d'avoir du fecours contre le roi de Hongrie. Lelégat fit feulement paroître son courage, en refufant de baifer le pié du roi, & méprifant la défense qu'il fit à fes fujets d'entendre la mesfe du légat fous peine de perdre les yeux. Il fut en20. 4. Boll. fuite envoïé aux Venitiens & à Loüis roi de Hongrie, mais il n'y réüssit pas; & tel étoit l'évêque de Patti, quand il fut envoïé légat à C. P..

XXXI.

trainte à Veni

fe.

7.12.

Michel Pifani de l'Ordre des freres Mineurs, Inquifition ref- inquifiteur à Venife, fit emprifoner quelques juifs qui aprés avoir profeffé long-tems le chriftianifVading. 1356. me, y avoient renoncé & même embraffé des hérefies. Quelques officiers du doge Jean Grandenic s'y opoferent; & aïant pris tous les familiers de l'inquifition, les firent mettre à la question, prétendant que dans la capture de ces héretiques il avoient 2. 13. 14. pris quelque chofe de leurs biens. L'inquifiteur s'en plaignit au pape qui écrivit au doge, le priant de n'aporter aucun obftacle à l'exercice de l'inquifition, qu'il devoit plûtoft favorifer. La lettre eft du premier de Mai 1356. Mais l'affaire tirant en longueur, l'inquifiteur fut obligé luy même d'aller à Avignon, la folliciter. Cependant le doge Grandenic vint à mourir, & Jean Delphinoluy aïant fuccedé, le pape luy écrivit pour le remercier de la protection qu'il donnoit à l'inquifiteur Michel Pifani ce qui montre que l'affaire étoit accomodée. La let

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tre est du dix - septiéme Septembre de la même an- AN.13.56.

née.

XXXII. Berthold hére

pire.

A Spire les inquifiteurs prirent un nommé Bertold qui enfeignoit les erreurs fuivantes. J. C. en tique & brûlé à fa paflion fe fentit tellement abandonné de fon pere Chr. Hirf. to 2. qu'il douta fortement fi fon ame devoit être fauvée .231. ou damnée. En ce même état l'excés de la douleur luy fit maudire la fainte Vierge fa mere; il maudit auffi la terre qui avoit reçu fon fang. L'homme peut en cette vie ariver à une telle perfection qu'il n'aura plus befoin de prier ni de jeuner, & que rien ne fera plus peché pour luy La priere vocale eft inutile au falut, il suffit de prier de l'efprit. Un laïque ignorant fans connoiffance des livres, mais éclairé de Dieu, peut plus profiter aux autres & à luy-même, que le prêtre le plus fçavant, fut-il docteur. On doit plus de foy & d'obéiffance aux prédications & aux inftructions de ce laïque illuminé, qu'à l'évangile & aux écrits de tous les docteurs. L'homme dévot prenant fa nouriture ordinaire peut acquerir autant de grace que s'il recevoit le facrement du corps & du fang de J. C.

Ĉes huit articles comprennent les principales erreurs de Berthold aufquelles il en joignoit plufieurs. autres. Il les enfeignoit fecretement s'adreflant aux fimples, premierement à Virsbourg, puis à Spire, où étant découvert & pris, il fut examiné publiquement par les inquifiteurs, & par d'autres hommes p. 232. doctes, & étant convaincu il confeffa fes ereurs. On luy demanda s'il vouloit y renoncer & embraffer la foy de l'église : il répondit: Ma foy eft un don de Dieu, c'eft pourquoi je ne dois ni

AN.1356.

XXXIII.

natique.

I Vita Inn. p.

942.

Froiff. I. c. 211.

ne veux y renoncer. Ainfi demeurant opiniâtre il fut livré à la justice, condamné au feu & éxecuté cette année 1356.

Cependant le pape tenoit en fes prisons à AviFr Jean de Ro- gnon un frere Mineur nommé Jean de Roquetaillaqueraillade fa- de du convent d'Aurillac qui faifoit le prophete, C. Nang p. 822. & prédifoit plusieurs événemens, fe prétendant inf331. & not. p. piré. Ses mœurs étoient pures, & il étoit fçavant dans l'écriture, & même dans les auteurs profanes: auffi étoit-il gardé honêtement. Comme il étoit ainfi en prison l'an 1 35 6. le cardinal Raimond de Canillac archevêque de Toulouse se trouvant à Avignon, luy demanda par écrit, combien dureroient encore les guerres qui étoient alors en France. Frere Jean répondit: Vôtre écrit contient, fi je l'ofe dire, un grand blasfême, puisqu'il n'y a que Dieu qui puisse fçavoir ce que vous demandés. Je ne fuis point prophete, je fuis un miserable pecheur; & ce que je dis je ne le dis point de ma tête, mais feulement par l'intelligence des prophetes. Quant à ces guerres, je dis qu'elles dureront & croîtront jufques au ciel : tout ce que nous voïons n'eft encore rien. Il faut que toute la face du monde change bientôt la tyranie regnera par tout, plufieurs puiffans feront privés de leur dignités & tués cruellement dans les villes. Les infidéles envahiront les roïaumes des Latins ; & le fleau des Anglois s'apefantira jufques à ce que toutes les parties du roïaume en foient frapées. Je le difois publiquement il y a plus de vingt-ans, c'est quoi je paffois pour un infenfé. Quant aux revenus de l'églife, fachés qu'on les perdra bientôt :

pour

les peuples en dépouilleront le clergé, & luy laiffe- AN.1356. ront â peine de quoi vivre. La cour de Rome s'en fuira de la cité péchereffe d'Avignon, & n'y fera plus avant que fix ans fe paffent depuis 1356. fuite montrera la fauffeté de cette date; & voilà un échantillon des propheties de frere Jean de Roquetaillade.

La

Le roi Jean preffé par la guerre des Anglois, chargeoit fon peuple d'impofitions, & n'épargnoit pas même le clergé fur lequel il leva une décime. Le pape Innocent luy en écrivit une lettre ; où il dit: On fe plaint en cour de Rome que quelques-uns de vos officiers veulent contraindre les ecclefiaftiques de votre roïaume à païer la décime d'une année de leurs revenus: fous prétexte de la conceffion de quelque peu de prélats, à qui les autres n'en ont donné aucun pouvoir outre qu'il ne leur feroit pas permis fans le confentement du faint fiége. On dit encore que ce fubfide fe leve avec une telle rigueur, que fi quelqu'un manque à le payer, foit par impuiffance, foit par motif de confcience, vos officiers faififfent fes biens, & les mettent en votre main en forte que les ecclefiaftiques ainfi vexés & deftitués de fubfiftance font réduits à quiter leurs églifes & leurs benefices.

Le pape conclut en exhortant le roi à faire ceffer ces défordres, & écouter les remontrances des deux cardinaux fes nonces Talairand évêque d'Albane, & Nicolas Capoche. La lettre eft du troifiéme de Septembre, & le lundi dix-neuvième du même mois le roi Jean fut pris à la bataille de Poi- Froif. c. 361. tiers, à laquelle il avoit forcé le prince de Galles. 164 165.

AN. 1356.

Rain. 2.7.

XXXV.

Promotion de Vita 1. p.33

cardinaux.

not. p. 931.

Parif. to. 2. Po

640.

p.514.

malgré tous les efforts des deux nonces envoïés pour negocier la paix. Le roi prifonier fut mené à Bordeaux, & de-là en Angleterre.

di

Vers la fin de cette année, c'est-à-dire, le vendrevingt-troifiéme de Décembre le pape Innocent fit fix cardinaux, fçavoir; Pierre de la Forest, alors archevêque de Rouen, & chancelier du roi de France. I naquit au païs du Maine, & aprés les humanités Dubois eccl. & la philosophie, il s'apliqua au droit tant civil que canonique qu'il enfeigna avec réputation à Orleans Pomer. Rouen, & à Angers. Ensuite il vint à Paris, où il plaida avec tant de fuccès que le roi Philipe de Valois le prit pour fon avocat : il avoit alors plufieurs benefices; & on en compte jufqu'à fept, dont les principaux font la prevôté de Varennes à S. Martin de Tours,un canonicat en l'église de Roüen, & un en celle de Paris. Le prince Jean alors duc de Normandie le fit fon chancelier; & le quatorziéme Juillet 1349. il fut fut pourvû de l'évêché de Tournai. L'année suivanle roi Philipe le fit fon chancelier; & le roi Jean aïant fuccedé à la couronne, le conferva en cette charge. En 1351. le pape Clement VI. le transfera à l'évêché de Paris vacant par la tranflation d'Audoin: Aubert au fiége d'Auxerre. Enfin Pierre de la Foreftfut transferé à l'Archevêché, de Roüen au mois de Janvier 1352. aprés la mort de Jean de Marigni arrivée au mois de Décembre précedent. Pierre eut pour fucceffeur au fiége de Paris Jean de Meulant transferé de l'églife de Noïon: pour luy étant fait cardinal prêtre du titre des douze apôtres, il fe démit de l'archevêché, & eut pour fuccesseur GuilLaume II. de Flarancourt.

Le