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AN. 1362.

vint auffi-tôt & entra fecretement à Avignon le trentiéme d'Octobre, Le lendemain l'élection fut publiée & Guillaume Grimaud déclaré pape fous le nom d'Urbain V. Le jour de S. Leonard fixiéme de Novembre qui étoit dimanche il fut facré évêque V. 399 & couronné pape par le cardinal de Maguelone évêque d'Oftie, qui étoit Audoin Aubert. Le pape Urbain voulant éviter le faste, ne fit point la cavalcade accoûtumée par la ville, quoique tout fût préparé.

1055.

XLIV.

Cantorberi.

La même année 1362. Simon Iflip archevêque Caciles de de Cantorberi tint deux conciles provinciaux : le 10. X1. 193. premier à Magfeld, dont le résultat fut une conftitution adreffée à Simon Sudburi évêque de Londres, & datée du feiziéme de Juillet. Elle porte en substance: les fêtes inftituées pour honorer Dieu & ses Saints se sont tournées en abus par l'inconftance & la corruption des hommes. On y tient des marchés & des affemblées profanes, on y fait des exercices illicites, les cabarets font plus fréquentés que les églifes: au lieu de prier on s'enivre & on s'abandonne à la débauche & aux quereles. L'archevêque fait ensuite le dénombrement des fêtes; premierement le dimanche, dont l'observation doit commencer aux vêpres du famedi, non pas plûtôt pour ne par donner dans le Judaïfme: Pâques & la Pentecôte avec les trois jours fuivans: la fête du faint Sacrement. Entre celles des Saints la Conception de la fainte Vierge, qui n'étoit pas encore reçûë en France ni à Rome, mais étoit déja anciene en Angleterre. Le fecond concile de la province de Cantorberi se tint à Lambeth maifon de l'arche

Thomaß. fetes p. 210. conc. p. 1935.

vêque, & le résultat fut une conftitution du neu- AN.1363. viéme de Novembre adreffée au même évêque de Londres. On y blâme l'avarice & la pareffe des prêtres, & on taxe leurs falaires pour les annuels & les autres offices: mais le vrai remede eût été de les mieux choifir..

XLV.

de Chipre à

Avignon.
va. p 365.
993

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ll. Chr. nova

to. I p. 823

L'église d'Avignon n'avoit point eu d'évêque Ro's de France fous les deux derniers papes Clement & Innocent, & qui fe l'étoient refervée pour joüir du revenu, & la faifoient gouverner par des grands vicaires: le pape Urbain remit cette églife en regle, & en pourvut fon frere Anglic Grimoard chanoine regulier, & prieur de faint Pierre de Die. Il avoit embraffé la vie religieufe au monaftere de faint Ruf, & fe diftinguoit dans l'Ordre par la vertu & fa régularité. Il fut pourvu de l'évêché d'Avignon le lundi douziéme de Decembre 1362.

880.

Cependant le roi Jean étoit parti de Paris vers Froiff. c. 2·6. la faint Jean pour aller à Avignon voir le pape & Nang. p. les cardinaux, & vifiter en paffant le duché de via f. 366 982. Bourgogne qui luy étoit êchu depuis peu par le de- sp. n. 41 cès de Philipe de Rouvre mort l'année précedente. Le roi Jean arriva vers la faint Michel à Villeneuve d'Avignon où fon logement étoit préparé. Aprés l'élection du pape Urbain il alla le vifiter, & entra Rain. 1362 n.10 à Avignon le vingt-feptiéme de Novembre. Peu de téms aprés le roi aprit que le roi de Chipre Pierre de Lufignan avoit paffé la mer; & devoit venir à Avignon. Le roi Jean dit qu'il l'attendroit: car il défiroit fort le voir pour les grands biens qu'il en avoit oui dire, & fes exploits contre les Sarafins entreautres la prise de Satalie. C'est l'Attalie des an

AN. 1363.

69.

M Vill.X c.

Rein

Fro

983.

رز

1353.7.14.

c. 217

ciens en Pamphylie, que le roi de Chipre conquit au mois d'Août 1361. avec le fecours des chevaliers Hofpitaliers.

Ce prince n'arriva à Avignon que le vingt-neuVita to. 2 p. viéme de Mars 1363. qui étoit le mercredi de la femaine-fainte; & le vendredi-faint le pape officia & prêcha en fa chapelle avec grande édification en préfence des deux rois de France & de Chipre. Alors le roi de France déclara la réfolution qu'il avoit formée depuis quelque tems, & qu'il tenoit secrete; & pria le pape de luy donner la croix pour le paffage d'Outre-mer, ce que le pape luy accorda volontiers, le cardinal de Perigord Talairand & plufieurs feigneurs le croiferent auffi prenant des croix `rouges fur leurs habits. Le roi de Chipre en fut trésjoïeux, & en rendit graces à Dieu : car il étoit venu à deffein d'exciter à cette Croifade. Aprés l'octave de Pâques le merccedi douzième d'Avril le pape prêcha expreffément la Croifade contre les Turcs, ordonnant un paffage géneral, dont il fit chef le roi Jean; & ce prince qui étoit préfent jura de le faire du mois de Mars paffé en deux ans, c'est-à-dire, en 1365. Le pape donna fur ce fujet une bulle adreffée au même roi Jean, & datée du dernier Mars qui étoit le famedi-faint. Le cardinal Talairand évêque d'Albane fut nommé légat pour commander la Ma.Vill.X.c. Croifade : Mais les Sarrafins aïant apris les préparatifs qui fe faifoient contr'eux prirent grand nombre de chrétiens en Egypte, à Damas & en Sirie qu'ils firent beaucoup fouffrir; & je ne vois point Négociation d'autre fruit de cette entreprife.

Rain. n. 15. 16.

34

XLVI.

avec Bernabo Visconti.

L'archevêque de Crete Pierre Thomas avoit sui

Vita Pet. Tho.
c. 12. n. 66.

vi le roi de Chipre & l'accompagnoit en ce voïage, AN.1363.
n'étant pas moins zelé
moins zelé que luy pour l'éxecution de
la Croifade. Or on trouvoit un grand obstacle en
Italie par la guerre qui étoit allumée entre le pape
& fes alliés d'une part, & Bernabo Visconti tyran
de Milan de l'autre. Le principal fujet étoit la ville
de Bologne qui s'étoit fouftraite à l'obéïssance du
pape,& donnée aux Visconti. Le roi de Chipre pas-
fant à Milan pour venir en France, traita de la paix
avec Bernabo, & enfuite avec le pape quand il fut à
Avignon où on réfolut que les deux rois de France&
de Chipre du confentement du pape envoïeroient
à Milan des ambaffadeurs pour cet effet. Le roi
Jean s'intereffoit pour les Vifconti, parce qu'il avoit
mariée fa fille Isabele avec Galeas frere de Mathieu
& de Bernabo: car ils étoient trois freres. Il envoïa
donc pour traiter cette paix deux ambassadeurs, un
comte & un évêque.

Le roi de Chipre en envoïa auffi deux, sçavoir l'archevêque Pierre Thomas & Philipe de Mafieres chancelier de Chipre, qui partirent d'Avignon en même tems que le roi leur maître. Car il alla inviter à la Croifade la plupart des princes chrétiens, le roi d'Angleterre, l'empereur, le roi de Pologne, le roi de Hongrie : se propofant de fe rendre à Venife au terme convenu, c'est-à-dire, en Mars 1365. Cependant fes ambassadeurs arriverent à Milan, où aïant été bien reçus par Bernabo, & luy aïant expofé le fujet de leur voïage, ils pafferent dans la Romagne pour conferer avec le cardinal Gilles Albornos légat en Italie qui commandoit, les troupes pape & conduifoit la guerre : puis ils revinrent à

du

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AN.1363.

Milan, & raporterent à Bernabo ce qu'ils avoient négocié avec le légat.

Outre les armes matérieles le pape Urbain avoit emploïé contre Bernabo les armes fpiritueles; & aprés plufieurs procedures il publia une bulle du dernier jour de Novembre 1362. où il raporte les actes Rain. 1362.12. que le pape Innocent avoit fait contre ce feigneur; & reprenant l'affaire de plus haut,il expose que dèslors le faint fiége avoit reçu des avis certains que Bernabo avoit pris la protection des heretiques, particulierement de François Ordelafe condamné comme tel; & avoit défendu de prêcher la Croisade contre luy. Le pape Urbain ajoûte parlant toûjours de Bernabo.

Il fit un jour venir en fa présence l'archevêque de Milan Robert de bonne mémoire, parce qu'il avoit refufé, comme il devoit, d'ordonner un certain moine; & luy dit en prefence de plufieurs perfonnes: Mets-toi à genoux, ribaud: ne fais-tu pas que je suis pape, empereur & seigneur en toutes mes terres, & que Dieu-même ne pouroit y faire que ce que je voudrois? Et aprés plufieurs autres traitemens indignes, il fit enfermer l'archevêque dans une chambre. En tous les lieux de fon obéïffance il avoit fait défendre à cri public fous peine du feu, d'aller à la cour du pape notre prédeceffeur ou du légat Gilles évêque de Sabine, pour y obtenir des graces de leur fatisfaire pour quelque dete, ou leur donner aide ou confeil. Il avoit aufli défendu de faire aucune élection, ou pourvoir en quelque maniere que ce fût à quelque église ou monanaftere fans fa permiffion, ou celle d'un certain

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