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AN. 1365. L'une & l'autre opinion peut être vraïe, mais la premiere eft apuïée par une lettre du pape au roi de Rain. 1355.2. France Charles, où il dit : L'empereur, comme vous fçavés, eft venu depuis peu nous trouver, & nous à expofé combien il défire la paix & la tranquilité de toute la chrétienté, particulierement de votre roïaume; pour l'abaiffement des infidéles & le recouvrement de la terre fainte, & nous a découvert plusieurs autres secrets qui tendent au bien public. Comme donc nous concourons ardemment à fes bones intentions, nous fommes convenus enfemble qu'il faut comencer par banir entierement de toute la chrétienté ces maudites compagnies qui la ravagent, les faisant marcher de gré ou de force contre les infidéles. L'empereur perfuadé que le roi de Hongrie donnera paffage par fon roïaume aux gens de ces compagnies, offre de leur fournir des vivres à fes dépens depuis votre frontiere jufqu'à celle de Hongrie. Que fi le roi de Hongrie ne confent pas à leur paffage, nous & l'empereur avons ordoné qu'ils foient conduits en Orient par mer dans les vaiffeaux des Venitiens & des autres Italiens; & pour les frais de la conduite l'empereur offre libéralement la moitié des revenus de fon roïaume de Boheme pendant trois ans. La lettre eft du neuviéme de Juin.

XLIX.

Gilles Albornos calomnić,

Les grands fervices que le cardinal Gilles Albornos avoient rendu à l'églife Romaine en Italie n'aRainn. 9.10 voient pas empêché qu'il ne fût calomnié auprés du pape. On difoit qu'il avoit fait contre Bernabo & d'autres enemis de l'églife quelques entreprises au préjudice des traités faits avec eux, & qu'il avoit détourné à fon profit les revenus de l'églife. Il vou

L.

Te. XI. cons.

p. 1936.

loit donc s'excufer de la légation de Sicile où le pape AN.1365. Urbain l'envoïoit, & aller en cour de Rome fe juftifier luy-même. Mais le pape luy écrivit qu'il étoit perfuadé de fon innocence & de fon zéle pour l'église : l'exhortant à mépriser les vains discours, & à continuer les fervices, quoi qu'il fut déja avancé en âge. Enfin il luy enjoint d'exercer la légation de Sicile qu'il avoit acceptée fix mois devant. La lettre eft du trentiéme de Janvier 1365. Cette légation étoit pour le roïaume de Naples. où Gilles Albornos alla en effet, & obligea la reine Jeanne à prêter au pape le ferment de fidélité comme à fon feigneur féodal. La même année le pape voulant réprimer plu- Conciles profieurs abus particulierement la pluralité des bene-inciaux ordonfices, ordonna de tenir des conciles, & le troifiéme de Mai publia une constitution où il dit: Nous avons apris avec douleur que quelques ecclefiaftiques tant féculiers que réguliers gardent plufieurs benefices en nombre odieufement exceffif: d'où s'enfuit la diminution du fervice divin, la ruïne des bâtimens, la perte des biens & des droits de l'église, & le murmure des peuples qui manquent de pasteurs. C'est pourquoi nous avons ordonné à quelques archevêques & à leur fufragans de tenir des conciles & d'admonêter tous les ecclefiaftiques de leur dépendance poffedant des benefices,ouaïant des expectatives pour en obtenir, de leur envoïer dans un mois les noms & les qualités de leurs benefices avec leurs taxes pour les décimes: fous peine aux défobéïffans de privation de leurs benefices, dont nous nous réfervons la difpofition. Nous mandons auffi aux évêques qu'aprés le mois ils remetent à leurs métropoDd iij.

p.1938.

litains la lifte de ces benefices dans un registre ferAN.1365. mé & fcélé de leurs fceaux, & que les métropolitains nous envoient tant leurs registres que ceux de leurs fufragans. Le pape ajoûte enfuite un ordre femblable pour l'Angleterre, fachant peut-être que le mal y étoit plus grand: auffi cette conftitution est-elle tirée de la collection des conciles d'Angleterre.

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L'ordre de tenir des conciles provinciaux dont il eft parlé dans cette conftitution, fut donné dès le vingt-cinquiéme de Novembre 1364 par une lettre circulaire dont nous avons deux exemplaires, l'un adressé à l'archevêque de Narbone, l'autre à l'archevêque de Reims. Elle porte que & les aupapes tres prélats ont été jadis trés-foigneux de tenir des conciles: mais depuis que leur négligence en a interompu la continuation, les vices pullulent, l'indévotion du peuple croît, la liberté de l'église diminuë, le service divin est négligé, le clergé maltraité par les laïques, & il fouffre une perte notable en fes biens temporels. C'eft pour remedier à fes défordres que le pape ordonne à l'archevêque de tenir au plûtôt le concile de fa province.

Ce fut aparemment en conféquence de cet ordre que Simon Renoul archevêque de Tours tint son concile à Angers le jeudi douziéme de Mars 1365. c'est-àdire avant Pâques. Sept évêques y assisterent, fçavoir; Geofroi de Dol, Michel du Mans, Raoul de Renes, Guillaume d'Angers, Guillaume de faint Malo, Guillaume de Leon & Evein de Tréguier. Le fiége de Nantes étoit vacant, & les évêques de faint Brieu, de Venes & de Quimper envoïerent leurs excuses legitimes. Ce concile publia trente

articles de reglement : dont les premiers re- AN.1365. quatre gardent les procedures, & montrent jufqu'à quel excès les clercs pouffoient la chicane en ces provinces : d'autres articles regardent leurs exemptions & les immunités des églifes; il y en a peu qui tendent directement à la correction des mœurs.

LI.

Snp. n.47.
Vita P.Th. c.
14. Boll. to. 2. p.

Cependant le roi de Chipre Pierre de Lufignan Alexandrie pricherchoit inutilement du fecours pour la Croifade fe& abandonné. chés tous les princes de l'Europe. Pierre Thomas patriarche titulaire de C. P. & legat de la Croifade l'a- 1011. tendoit à Venise qui étoit le lieu de l'embarquement, & il s'y étoit rendu au terme prefcrit. Il y avoit même affemblé plufieurs nobles & d'autres fidéles qu'il avoit croisés, & qui atendoient avec luy le roi Pierre nommé par le pape chef de l'entreprise. Mais ce Sup. n. 45. prince n'arriva à Venife qu'aprés le terme qui étoit le mois de Mars 1365. & les Croifés ennuïés de l'attendre s'étoient retirés. Le roi en fut trés-affligé, mais le légat le confola & l'encouragea à poursuivre fon entreprise. Il partit donc de Venife la troifiéme année depuis qu'il étoit forti de fon roïaume qui étoit cette année 1365. Il n'avoit deux gaque leres & le peu de troupes qu'il avoit pû ramasser à fes dépens; mais étant arrivé à Rodes le prince Antioche fon frere qu'il avoit laiffé régent en Chipre luy en amena des troupes, le maître des Rodiens luy fournit cent chevaliers de fon Ordre.

Tandis qu'on fe préparoit à partir, le légat Pierre Thomas s'ocupoit à prêcher, à entendre des confeffions, exhorter les Croifés, les mariniers, faire des proceffions, célebrer des meffes pour l'heureux fuccés de l'entreprise : à peine se donnoit-il le tems

Vita n. 87.

AN.1365.

de manger & de dormir. Peu de jours avant le départ,les feigneurs & toute la noblefe communierent de la main du légat: plufieurs qui ne s'étoient point confeffés depuis dix ou vingt ans plus ou moins le firent alors. Plusieurs qui ne s'étoient pas croisés par dévotion, mais par vanité, par avarice, par efpérance des bienfaits du roi, changerent de fentimens. Lejour du départ étant venu, le roi monta sur sa galere, & toute fon armée s'embarqua. Elle étoit d'environ dix mille hommes & quatorze cens chevaux : la flote de prés de cent voiles, tant galeres qu'autres bâtimens. Avant que de lever les ancres, le légat accompagné de tous les ecclefiastiques de l'armée monta fur la galere du roi pour donner une bénédiction générale; & s'étant mis au lieu le plus élevé pour être vû de tout le monde, il prononça une longue priere, beniffant les perfonnes, les armes, les vaiffeaux & la mer, & demandant le fecours de Dieu contre les infidéles.

Quand ils furent en haute mer le roi déclara la résolution qu'il avoit prife avec fon conseil secret, qui étoit d'aller à Alexandrie. Aprés quatre jours de navigation ils y arriverent le jeudi fecond jour d'Octobre 1365. Il étoit environ midi : mais le roi remit la defcente au lendemain, pour la faire avec plus d'ordre. Cependant les Sarafins fortirent de la ville en multitude infinie, fe rangerent en bataille fur le rivage en présence de l'armée chrétiene, & y pafferent la nuit. Le lendemain vendredi troifiéme d'Octobre la defcente fe fit, les Sarafins aprés quelque réfiftance s'enfuirent dans la ville, & s'y enfermerent: puis voïant qu'on mettoit le feu aux portes

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