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portes, ils abandonnerent les murailles & les tours, AN.1365. & fe retirerent à Babylone, c'est-à-dire, au Caire. Ainfi fut prife Alexandrie aprés un combat d'une heure où pas un chrétien ne fut tué: mais on trouva dans la ville quantité de Sarafins morts des traits d'arbalêtres & des fleches tirées de dehors.

1,65. p. 180.

L'armée chrétiene étant entrée dans la ville, le roi tint un confeil géneral pour fçavoir s'il devoit la garder, comme il l'auroit fouhaité; mais la plûpart des feigneurs furent d'avis contraire, particulierement les Anglois & l'amiral ou comandant des Ro- Vita PP. t. 37 Kö diens. Ils confideroient la petiteffe de leur armée incapable de résister aux infidéles, qui se préparoient à venir les attaquer avec une multitude infinie, & tenoient encore une partie de la ville féparée du refte par un bras du Nil. Les Chrétiens donc Thvolfing, and voïant qu'ils ne pouvoient garder le tiers de la ville, fe contenterent de la piller, & en emporterent des richesses immenses, particulierement des étoffes d'or & de foie: aprés quoi ils abandonnerent Alexandrie le quatrième jour depuis la prife, c'est-à-dire, le quatrième d'Octobre, au grand regret du roi & du légat qui en étoit inconfolable. Ils revinrent en l'ifle de Chipre où le légat Pierre Thomas tomba malade incontinent aprés Noël à Famagouste, & y vita c. 18. 19. mourut le jour des rois fixiéme de Janvier 1366. Sa vie fut écrite par Philipes de Mazieres chancelier du roi de Chipre fon ami & compagnon de ses voïages. Quoi qu'il n'ait point été canonifé dans les for- chatel Martymes, les Carmes en font la fête le vingt neuvième rol. 6 Janv. de Janvier : le jour de fa mort & les fuivans étant

ocupés d'autres fêtes,

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AN.1366.

LII.

infidéles.

Sup. liv.

La prise d'Alexandrie, quoi qu'avec fi peu de fuccès, ne laiffa pas de donner l'alarme bien chaude au Effort contre les fultan d'Egypte. Celuy qui regnoit alors, étoit Schaaban fils de Hofain & arriere-petit fils de Kelaon. Il étoit le vingt-deuxième des Mamelus Turcsqui toutefois n'avoient commencé qu'en 1250. tant leurs regnes furent courts & miférables. Schaaban fut reconu fultan à l'âge de dix ans l'an de l'Hegire LXXXIII. n. 10. 764. de J. C. 1362. & aprés en avoir regné quatorze il fut dépofé & étranglé à vingt-quatre ans en 778. 1376. Ce prince donc ou ceux qui gouvernoient fous fon nom chercherent à fe metre à couvert de reilles infultes, & à cet effet ils envoïerent à Venife un ambassadeur pour traiter avec le doge Marc Cornaro. Ce que le pape aïant apris, & craignant que cette négociation ne fut préjudiciable à la Croifade, il écrivit au doge luy défendant étroitement de faire aucun traité avec le fultan fans permiffion particuliere du faint fiége. La lettre eft du vingt-cinquićme de Janvier 1366.

Pococ. Supleme

37.

Rain. 1366.

3. 12.

pa

Or comme le roi de Chipre & les Rodiens étoient les principaux auteurs de l'entreprise fur Alexandrie les Mufulmans d'Egipte firent aliance avec les Turcs pour les chaffer de Chipre & de Rodes. Sur quoi le . 15. pape écrivit au roi de France Charles une lettre du fixiéme Octobre de la même année, où il luy reprefente que fi les infidéles s'emparoient de ces deux ifles & des autres terres que le roi de Chipre & les Rodiens poffedoient Outre-mer, on perdroit l'efpérance du recouvrement de la Terre-sainte. C'est pourquoi il exhorte le roi à les fecourir promtement, & rendre la mer fûre, afin que l'on puisse paffer juf

n. 14.

qu'à eux. Le pape écrivit fur le même fujet à l'em- AN. 1360.
pereur, aux rois de Hongrie,d'Angleterre,d'Ecoffe,
d'Aragon, de Danemarc, de Pologne & à la reine
de Naples Jeanne. Mais ces lettres furent fans fruit.
Le même jour fixiéme d'Octobre le pape écrivit
au patriarche d'Aquilée & à fes fufragans, leur or-
donnant d'exhorter tous leurs diocéfains à fecourir
le roi de Chipre & les Rodiens, & prometant l'in-
dulgence de la Croifade à ceux qui les aideroient de
leurs perfonnes ou de leurs biens. la même lettre fut
envoïée aux évêques d'Italie, de Sicile, de Dalma-
tie, d'Allemagne & de France. Mais elle donna
prétexte à quelques impofteurs de prêcher la Croi-
fade fans commiffion du pape, & d'en tirer de l'ar-
gent à leur profit: ce que le pape aïant apris, il or-
donna aux évêques de les mettre en prison. Cepen- ".".
dant le pape confeilla au roi de Chipre de faire la
paix ou la tréve la plus avantageuse qu'il pouroit
avec le fultan; c'eft ceque porte fa lettre du vingt-
troifiéme d'Octobre.

1.

LIII

Promotion de
cardinaux
Vita ¿•374. P.

Le dix-huitiéme de Septembre de la même année 1366. qui étoit le vendredi des Quatre - tems pape Urbain fit une promotion de trois cardinaux 990. prêtres. Le premier fut Guillaume Sudre natif de l'Aguene près de Tulle en Limousin. Il entra dans l'Ordre des freres Prêcheurs au convent de Brive, puis étant devenu docteur en théologie, il l'enseigna à Carcaffone: il fut enfuite provincial de la province de Touloufe, & deux ans aprés maître du facré palais. En 1361. il fut fait évêque de Marseille, & quatre ans aprés il affifta au concile de trois pro- Gall Chrif. n. vinces tenu à Apt au mois de May 1365. Il fut car

to 1 pi68.

4

AN. 1366.

LIV.

d'aller à Rome.

7,

Le

pape

dinal du titre de faint Jean & faint Paul. Le fecond fut Anglic Grimoard frere du pape alors évêque d'Avignon qui eut pour titre faint Pierre aux liens. Le troifiéme fut Marc de Viterbe alors géneral des freres Mineurs, fon titre fut fainte Praxede. Urbain fe propofoit depuis long-tems Le pape refolu d'aller à Rome établir fa réfidence, & fatisfaire au défir des Romains, qui l'en prioient instament. Voici comme il leur en parloit dans une lettre du vingtRain. 1363. u. troifiéme de May 1363. la premiere année de fon pontificat: Nous avons découvert confidemment à vos ambaffadeurs notre défir fecret d'aller à Rome: que nous accomplirions promtement fans quelques obftacles confidérables que nous leur avons montrés, & dont nous efperons que Dieu nous délivrera. L'année suivante il remercia l'empereur Charles de l'offre obligeante qu'il luy avoit fait de l'acompagner en ce voïage, & en 1365. il réïtera la promesse qu'il avoit faite aux Romains, & enjoignit à l'évêque d'Orviete fon vicaire à Rome de réparer le palais apoftolique. Enfin cette année 1366. il déclara publiquement fon intention, & envoïa des gens vip 373 tant à Viterbe, où il prétendoit aller d'abord & y faire quelque féjour ; qu'à Rome, pour y préparer les chofes neceffaires, & marquer les logemens des cardinaux ; il donna pour terme de son voïage le tems Pascal de l'année fuivante.

Zd. 1354. n. 10. 1365 n.9.

374

1. p.

Aprés une diéte tenue à Francfort, ou on traita des moïens de rétablir la paix en Italie, l'empereur Id. 1366. n. 26. Charles envoïa demander au pape : Voulés-vous que j'entre devant vous en Italie avec mes troupes, ou

que je vous y suive? Le pape répondit : Nous avons

réfolu de nous metre en chemin au mois de May AN. 1366. prochain, & de continuer notre marche fi diligemment que nous puiffions ariver dans le même mois à Viterbe; & nous faifons faire tant là qu'à Rome les préparatifs & même les réparations nécessaires. Or je vous prie de confiderer les grands maux que font ces maudites compagnies, & les perils dont les terres de l'églife Romaine & de l'empire font menacées. Aïés donc la bonté de hâter votre marche le plus que vous pourés : car nous vous donnerons de notre part tous les fecours qui dépendent de nous, foit des indulgences & des décimes, foit des follicitations de fecours de la part du roi de Hongrie. La lettre eft du trentiéme d'Octobre.

On trouve un discours fait devant le pape Ur- Duboulai to. 4. bain V. & les cardinaux de la part du roi de France 399. pour le détourner d'aller à Rome, & atribué à Nicolas Orefme docteur fameux grand maître du college de Navarre, qui avoit été précepteur du roi & fut depuis évêque de Lifieux. Ce difcours eft tréslong & trés infipide, chargé de citations inutiles & de mauvaises raifons: auffi étoit-il difficile d'en trouver de bonnes pour un tel fujet. En voici quelquesunes. La France eft un lieu plus faint que Rome même avant qu'elle eut reçu la foi. Céfar témoigne que toute la nation des Gaulois étoit fort adonnée à la religion: depuis que la France à reçu la foi, elle eft ornée de précieufes reliques, la croix, la couronne d'épines, les clous, le fer de la lance qui perça le côté de N. S. Il raporte enfuite le paffage de faint Bernard touchant les vices des Romains: puis revenant à la France, il dit que les études ont

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f. 407.

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