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AN.1367. peuple, meure l'églife. Le peuple prit les armes contre les familles des cardinaux, & les maltraita eux-mêmes, entre autres le cardinal de Vabres Guillaume Bragofe qui s'enfuit au palais du pape fans chapeau, & le cardinal de Carcaffone qui fe déguifa en frere Mineur. Presque tous les autres cardinaux excepté les Italiens, fe refugierent chés le pape & y demeurerent pendant les trois jours que dura le tumulte : on difoit même que les féditieux en vouloient à la vie du pape.

Il fit donc aprocher des troupes contre la ville & les bourgeois reconoiffant leur faute, demanderent pardon, fe foûmirent à la volonté du pape, & pour preuve de leur repentir porterent à fon palais toutes les armes de la ville & les chaînes dont on fermoit les ruës.Ils firent auffi planter des potences aux lieux où le tumulte avoit commencé, & où il avoit été le plus violent, & y pendirent les plus coupables : fçavoir cinq le treiziéme de Septembre devant la maifon du cardinal de Carcaffone, & deux un autre jour devant la porte du cardinal de Vabres. Le pape pardona au reste, aprés avoir fait abatre quelques maisons fortes, & la tranquilité fut rètablie. En Angleterre l'Archevêque d'Yorc Jean ThursConcile d'Yore. by auparavant chancelier du roïaume tint un concile provincial avec les fufragans à Thorp prés d'Yorc, qui fut terminé le vingt-neuviéme de Septembre 1367. On y publia dix canons. Défense de tenir dans les cimetieres les dimanches & les fêtes des marchés ou des plais : d'y luter ou exercer d'auExp. 2. tres jeux femblables; défense de joüer ou fe divertir dans les églifes pendant la nuit à l'occasion des vi

2492.

IV.

Cap.1.

giles & des prieres pour les morts, ou de le faire dans les mailons particulieres. On renouvele l'ordonnance de l'archevêque Guillaume le Zouch prédeceffeur immédiat de Jean qui taxoit le falaire annuel des curés & des autres prêtres : défense d'empêcher la perception des dîmes, comme étant de droit divin. Les habits des ecclefiaftiques viendront au moins à mi-jambe. Les causes de mariage ne feront jugées que par des hommes capables, fçavans en droit, & experimentés en ces fortes de caufes. C'est que les archidiacres & les autres juges inferieurs commetoient fouvent des ignorans pour en connoître.

AN. 1367.

c. 3.

6.7.

C.

V.

Le pape à Romer tita to. 1. p. 779.

Vite to.

Le pape Urbain V. vint enfin à Rome, & y entra le famedi feiziéme d'Octobre 1367. foixante-trois ans aprés la mort de Benoît XI. qui quita Rome en 1304.& mourut à Perouse la même annee. Urbain V. entra à Rome avec deux mille gens-d'armes : le clergé & le peuple Romain vinrent au-devant & le re- 180, 1014. çurent folemnelement avec grande joïe, loüant Dieu de fon arrivée. Aprés qu'il eut fait la priere dins l'église de faint Piere, & qu'il eut été inftalé fuivant la coûtume dans la chaire pontificale, il paffa au palais atenant, c'est-à-dire, au Vatican, qui tomboit prefque en ruïne de vieilleffe, & d'avoir été fi long-tems inhabité; & il le fit magnifiquement réparer du moins quant aux couvertures.

Le dimanche dernier d'Octobre veille de la Touffaints il célébra la messe folemnelement messe folemnelement pour la premiere fois fur l'autel de faint Pierre où on ne l'avoit point célébrée depuis Bo. iface VIII. Alors pape Urbain dit: Loüé foit Dicu qui a bien vou

le

Tome X X.

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lu que j'aïe acompli mon vou. En même tems il A57 facra évêque de Sabine le cardinal Guillaume d'Aigrefeuille l'ancien, qu'il avoit déja nomé depuis long-tems archevêque de Saragoce; mais fans le faire facrer. Enfuite le pape envoïa ce cardinal au roïaume de Naples pour apaifer les divifions & les guerres alumées entre le prince de Tarante & le duc d'Andri. Peu de tems auffi aprés fon entrée dans Rome il établit fon vicaire général pour le gouvernement de l'état ecclefiaftique Anglic Grimoard son frere, qu'il avoit déja fait cardinal évêque d'Albane; & il l'envoïa à Boulogne, pour y faire fa réfidence.

Rain. 3367.n.7.

Le pape étoit encore à Viterbe quand il reçut des ambaffadeurs de Jean Paléologue empereur de C. P. Ils étoient au nombre de huit, & à leur tête Paul patriarche Latin de C. P. fucceffeurs de Pierre Thomas & Amedée comte de Savoïe oncle maternel de l'empereur. Ces ambassadeurs venoient non-seulement au nom de l'empereur Grec, mais des prélats, du clergé, des nobles & du peuple de son obéïfsance, désirant, à ce qu'ils difoient, revenir à l'obeïffance & l'union de l'église Romaine. Pour cet effet l'empereur prometoit de venir au mois de Mai fuivant le préfenter au faint fiége, & le pape voulant faciliter fon paffage,en écrivit à la reine Jeanne & aux autres princes qui fe trouvoient fur la route. Il écrivit auffi à tous ceux qu'il crut pouvoir concourir à la réunion ; à l'imperatrice Helene & à fon pere Jean Cantacuzene,à Philothée patriarche Grec de C. P. à Nifon d'Alexandrie & à Lazare de Jerufalem. Toutes ces lettres font du fixiéme Novem

bre 1367. Vers la fin de la même année le pape AN. 1367, donna commiffion à l'archevêque de Naples & à celuy de Brindes d'admonêter tous les évêques, les abbés & les autres prélats qui venoient trop fouvent à Naples, & y faifoient trop de féjour, de résider dans leur diocéfes & à leurs églifes: il leur donna charge auffi de renvoïer à leurs monafteres les religieux qui frequentoient la même cour.

VI.
Chefs de S. Pier-

Vita. tr. 2. p. 770.10.1.1. 381

Le fecond jour de Mars 1368. le pape Urbain alla coucher à faint Jean de Latran, & le lendemain il re& S. Paul. célébra la messe dans le Sancta fanctorum, c'est une chapele ainfi nomée de laquelle il fit tirer les chefs de faint Pierre & faint Paul qui y étoient enfermés depuis long-tems fous l'autel. Le pape prit le chef de faint Pierre, & le cardinal d'Urgel celuy de faint Paul; & ils le porterent à la loge qui donne fur la place, d'où le pape les montra à tout le peuple, & donna à chacun des affiftans cent années & cent quarantaines d'indulgence. Les chefs des apôtres étoient enchaffés affés médiocrement, quoi que dans de l'argent, mais le pape Urbain fit faire deux nouveaux reliquaires, qui ne furent achevés que l'année suivante. En revenant à cheval de faint Jean au Vatican le pape ne fe détourna point comme avoit fait quelques-uns de fes prédéceffeurs, pour éviter l'endroit où l'on difoit que la papeffe Jeanne étoit acouchée. Ce qui montre que l'on commençoit à fe défabufer de cette fable.

Bell 29 Jan.

Les reliquaires que le pape fit faire pour les chefs. des apôtres font des buftes d'argent, ou plûtôt des 24,2 demi-statues avec leurs bras, plus eftimables par la richeffe de la matiere & des ornemens, que par la

V.ta PP. 390

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AN. 1368.

vite, to. I p.

beauté de l'ouvrage qui fe fent du mauvais goût de fon fiécle Saint Pierre y eft reprefenté revêtu en pape avec la tiare telle qu'on la portoit alors, pointuë en forme de cone, & chargée des trois couronnes: de fa main droite il donne la benediction, & de fa gauche il porte deux grandes clefs. Saint Paul tient à fa main droite une épée, & à fa gauche un livre. Chacune de ces figures porte fur la poitrine une fleur de lis de pierreries donnée par le roi de France Charles V. Les deux reliquaires étoient estimés valoir au moins trente mille florins d'or.

Au même mois de Mars 1368. la reine Jeanne de 381. to. 1-p. 770 Naples vint à Rome voir le pape, & le roi de Chipre Pierre de Lufignan s'y trouva en même tems avec son fils. Le quatriéme dimanche de Carême étant venu, le pape bénit, fuivant la coûtume, la rose d'or qu'il devoit donner à la personne la plus confiderable qui fut à fa cour. Il la donna à la reine, & comme quelques cardinaux trouvoient mauvais qu'il l'eut préferée au roi de Chipre & à fon fils: il leur dit: Laiffés ces difcours, on n'a jamais vu non plus qu'un abbé de Marseille fût pape.

14.

Ce roi de Chipre fi zelé pour la Croifade n'en étoit pas plus reglé dans fes mœurs. On le voit par une lettre du pape datée du cinquiéme de DecemRain. 1367. m. bre 1367. où il dit à ce prince: Nous avons apris avec horreur que vous avés quité votre époufe qui est d'illuftre naissance & de mœurs agréables, pour entretenir publiquement une adultere. En quoi ou tre l'offenfe de Dieu, vous affligés votre peuple qui défire la multiplication de la famille roïale, & vous réjouïffés les infidéles qui voïent que vous vous ati

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