Rain. 1375. n. & j'expoferois ma vie s'il étoit befoin, pour la dé- AN.1374. fenfe de cette verité. Le pape Gregoire aïant apris ce fait d'un évêque digne de foi, écrivit à Cantacuzene pour l'en congratuler, & dit dans fa lettre : C'eft le refus de conoître notre primauté qui a caufé la divifion entre les Latins & les grecs, & entretenu le fchifme. D'ailleurs vous avés une grande réputation de prudence, de gravité dans vos mœurs & de fcience, outre l'éclat qui vous refte de la dignité imperiale: c'eft pourquoi nous vous prions instament de travailler de toutes vos forces à l'union des églises, dont vous pouvés être le principal promoteur; & nous aurions un grand plaifir de vous voir & de traiter cette affaire avec vous, fi vous pouviés venir à Rome, où nous avons réfolu d'aller l'automne prochain. La lettre eft du vingt-huitième de Janvier 1375. XXXV. Le pape réfolu Le avoit déja déclaré fon deffein d'aller à pape Rome dès l'année précedente, en conféquence d'u- d'aller à Rome, ne ambassade folemnele qu'il reçut de la part des Romains. Voici comme il en écrivit à l'empereur Charles IV. le huitiéme d'Octobre: Dès le comencement de notre pontificat, nous avons toujours défiré d'aller à Rome, où eft principalement notre fiége, & d'y réfider avec notre cour, où dans les lieux voisins. Divers obftacles nous ont empêché jufqu'ici de faire ce voïage, ni même d'en fixer le tems mais à prefent nous ne voulons plus diferer, & nous avons réfolu de partir, Dieu aidant, au mois de Septembre prochain. C'eft pourquoi nous yous mandons cette nouvele que nous croïons vous devoir être agréable: vous priant que nous puiffions Id. 1374 23. faire fûrement ce voïage avec notre cour, & deAN. 1375 meurer à Rome paisiblement. Le pape écrivit de même & en même tems aux ducs d'Autriche, à Louis roi de Hongrie, à Frideric roi de Sicile, & à tous les princes d'Italie. Nous avons vû la répugnance qu'avoient les François à laiffer le pape aRome,& les remontrances qu'ils firent à Urbain V. sur ce sujet. C'est ce qui obligea Gregoire XI. à écrire au roi Charles V. une lettre où il dit : Quoi qu'il nous foit dur de nous éloigner de vous & de notre païs natal : toutefois la bienséance, l'interêt de la religion & de l'état temporel de l'églife, nous preffent d'aller à Rome; & aprés une mure déliberation nous avons réfolu de nous y rendre au printems prochain. La lettre eft du neuvième de Janvier 1375. La même lettre eft envoïée au roi Edouard d'Angleterre,Ferdinand de Portugal, Henri de Castille, Pierre d'Arragon & Charles de Navare. Mais enfuite le pape elperant faire la paix entre la France & l'Angleterre pendant l'automne de cette année, remit fon voïage au printems de l'année fuivante: comme on voit par fa lettre au doge de Venise du vingt huitième de Juiller, Le long féjour des papes à Avignon sembloit autorifer la non-réfidence des autres évêques: c'est pourquoi le pape voulant finir ce fcandale de fa part, fit une conftitution pour le faire ceffer par 23. toute l'église. Elle ordone à tous les évêques de quelque dignité qu'ils foient, aux abbés reguliers & aux chefs d'Ordre de fe rendre dans deux mois à leurs églises, & y résider affidûment, exceptant seulement ,& les cardinaux, les légats, les nonces, & les autres AN. 1374. officiers només par le pape & les quatre patriarches dont les fiéges font chés les infideles. Cette Conftitution elt du vingt-neuvième de Mars. XXXVI. Hérétiques Rain, n. 16. Les Vaudois & d'autres héretiques fe fortifioient en Daufiné, & s'étendoient aux provinces voilines, pourtuivis particulierement en Savoie. A Sufe le jour de la Bons. Chandeleur ils tuerent un Inquifiteur dans le convent des freres Prêcheurs. Un autre Inquifiteur du même Ordre nomé Antoine Paron, fachant qu'il y avoit nombre d'héretiques dans une paroiffe du diocefe de Turin s'y rendit; & le jour de l'octave de Pâques, aprés avoir dit la meffe, & prêché contre les héretiques, il fut tué dans la place publique devant l'église par douze d'entr'eux, qui le percerent de plufieurs coups. Le pape l'aïant apris, écrivit à Amedée comte de Savoïe, l'exhortant à faire juftice de ces deux meurtres commis par ses sujets. La lettre eft du vingtiéme de Mars 1375. Comme le Daufiné étoit dès-lors au roi de France vadig 1375le pape luy envoïa en qualité de nonce, Antoine ".12. évêque de Maffe en Tofcane, acompagné de François Borille frere Mineur, docteur en théologie, & Inquifiteur à Viene, & dans les provinces voisines. Ils étoient chargés de plufieurs lettres datées du feptiéme de May 1375. Dans la premiere adressée au roi, il difoit: Nous avons apris que quelques nobles de Daufiné favorifoient les héretiques qui y font en grand nombre, & ne permetent pas à l'Inquifiteur de proceder contre-eux, le gouverneur même de la province étant requis de prêter main forte, le neglige; ce qui fait que le mal augmente. AN.1375. 7, 14. 15. 16. 7.17.18, C'est pourquoi je prie votre majesté d'y pourvoir promtement, & non-feulement d'écrire, mais d'envoïer fur les lieux des hommes zelés & courageux pour éxécuter vos ordres. Le pape écrivit en même tems à l'évêque de Paris Aimeri de Magnac, auquel il dit: Ces jours-ci, comme vous étiés avec nous, nous vous racontames ce que nous avions apris de la quantité d'héretiques qui demeurent en Daufiné, & de la protection que leur donne le gouverneur de la province; & vous fçavés que nous vous avons chargé d'en faire le raport au roi de France de notre part. Maintenant donc vous luy prefenterés notre lettre, & vous le folliciterés d'y avoir égard: autrement nous ferions contraints de proceder contre le gouverne & les nobles fauteurs des heretiques. neur Le même jour feptiéme de May le pape écrivit à Amedée comte de Savoie à peu prés en mêmes termes qu'au roi, à quelques nobles en particulier, & au gouverneur de Daufiné, Il écrivit auffi en commun aux trois archevêques de Viene, d'Embrun & de Tarantaife, & aux évêques de Valence, de Viviers, de Grenoble & de Genève pour leur recommander le nonce & l'inquifiteur, & leur ordonner de faire publier dans leurs diocéses l'excommunication prononcée contre les Patarins & les héco f.ex. de retiques femblables. haret. Les inquifiteurs prirent tant d'héretiques en ces provinces, qu'il falut bâtir de nouveles prisons à Embrun, à Viene & à Avignon, & pourvoir à la Vad.n.82. fubfistance des prifoniers, des inquifiteurs mêmes & de leurs officiers. Pour fournir à ces dépenfes le pape pape ordonna que dans les cinq provinces d'Arles, AN. 1375 d'Aix, d'Embrun, de Vienne, & de Tarantaise, on leveroit une fois quatre mille florins d'or, & huit cens florins par an cinq ans durant, à prendre fur les reftitutions de bien mal acquis, & fur les legs incertains. C'est ce que porte la lettre du dix-feptiéme de Juin adreffée aux cinq archevêques & à leurs fuffrgans. par 28% Rain. 1375. n. I lugos, lib. 10. Cafimir roi de Pologne avoit fait de grandes conquêtes en Ruffie, & le roi Loüis luy aïant fuccedé, fut bien informé que ce païs étoit habité 1.26. une grande multitude de catholiques: c'est pourquoi il envoïa une ambassade folemnele à Avignon demander au pape Gregoire l'érection d'une métropole à Halits en Pocutïe, où fut transferé l'évêché de Luvou ou Leopole: Loüis demandoit auffi l'érection des évêchés de Vlodomir, de Chelon & de Premiflie, & le pape les luy accorda toutes. Jaques Polonois de nation fut facré archevêque de Halits, & dans la même ville étoit une église du rit Grec comme elle y eft encore. A Premiflie le pape mit pour premier évêque Henri de l'Ordre des freres Mineurs, noble Alleman & vertueux qui mit un bel ordre en cette églife. Or en même tems que le pape acordoit au roi Loüis ces nouveaux évêchés pour la Pologne, il fe plaignoit que ce prince difpofoit fuivant fon bon plaifir des prélatures & des benefices fur lesquels, dit-il, le pape a reçu de Dieu une pleine puiffance, & il traite dette conduite de tyranie. Rain. n. 3. XXXVII. Promotion de Le jeudi vingtiéme Décembre le pape Gregoire fit une promotion de neuf cardinaux : huit prêtres cardinaux. Tome X X. N n |