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chandise, & de rien acheter ou recevoir d'eux,

le

tout fous peine d'excommunication des perfones & d'interdit fur les villes & les autres lieux. Nous avons auffi privé les Florentins de tous leurs privileges, de toute jurifdiction, & fuprimé les études de leur univerfité. Enfin nous avons confifqué tous leurs biens, & abandoné leurs perfones à ceux qui s'en faifiront pour les réduire en fervitude. La bulle eft du vingtiéme d'Avril 1376. qui étoit le dimanche de Quafimodo.

AN.1376.

3

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Vita. p.4's Valfing. an.

Elle produifit quelques effets confiderables: plufieurs Florentins établis à Avignon & en d'autres lieux furent contraints de retourner chés eux, aprés avoir fait de grandes pertes. Ceux qui étoient en Angleterre devinrent ferfs du roi, & tous leurs biens luy furent acquis. Mais ils aimerent mieux le 376. p. 190. fouffrir que de fe foûmetre à la difcretion des Romains; & en géneral les Florentins furent peu touchés des cenfures du pape, & n'en furent que plus animés à foûtenir leur ligue: ils répandirent même de tous côtés des libelles diffamatoires contre l'église & la personne du pape.

Vita. p. 436.

Il comprit donc qu'on ne pouvoit les réduire que par la force ; & pour cet effet il envoïa en Italie le cardinal Robert de Genève en qualité de legat 1193. à latere avec une grande armée comandée par Jean Agund capitaine des Anglois, & par Jean feigneur de Malestroit capitaine des Bretons. Quand le légat fut arrivé aux provinces de fon gouvernement, il agit vigoureulement pour la confervation de ceux qui étoient demeurés fideles au pape, mais il n'avança rien pour la réduction des rebeles: tant

447.

AN.1376. par la dureté de leur cœur que par la malice & la

XL.

Sainte Catherine de Siene.

10. XI. p. 359.

rufe des Florentins & de leurs aliés.

Les Florentins toutefois voïant le préjudice que les cenfures du pape portoient à leur commerce dans les païs étrangers, témoignerent désirer la paix; & pour l'obtenir ils envoïerent à Avignon Catherine de Siene religieufe, qui étoit en grande réputation de fainteté. Elle étoit née à Siene même Bell 30 apri. en 1347. & fille d'un teinturier: à l'âge d'environ vingt ans elle embraffa l'inftitut des foeurs de la pénitence de faint Dominique, & continua de pratiquer de grandes aufterités. Elle augmenta fon filence, fes jeunes & fes veilles; s'apliquant uniquement & prefque continuellement à l'oraison: mais je ne voi dans l'hiftoire de fa vie aucune mention de travail des mains, ni d'autre ocupation exterieure, fi ce n'eft le fervice de quelques malades. Or cette vie a été écrite par fon confeffeur Raimond de Capouč frere Prêcheur, & depuis gé

ti 875. n. 90.

neral de l'Ordre.

Il avoue qu'il douta quelque tems de la verité des grandes chofes qu'elle luy difoit, comme les aïant aptifes de J.C. même; car elle prétendoit n'a- . voir point eu d'autre maître dans la vie spirituele. Mais, ajoûte-t'il, comme j'avois cette penfée de doute & regardois Catherine, fon visage fut vû tout à coup transformé en celuy d'un homme de moïen âge portant une barbe médiocre, d'un regard fi majestueux qu'on voïoit manifeftement que c'étoit le Seigneur. Ce recit eft plus propre à diminuer l'autorité de Raimond qu'à affermir celle de Ca.herine,

Un

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4.881.n. 115.

Un jour elle eut une vifion où J. C. luy aparut AN.1376. acompagné de sa sainte Mere & de plusieurs autres Saints, & l'époufa folemnelement, luy mettant au doigt un anneau d'or orné de quatre perles & d'un diamant. Aprés que la vifion eut difparu, l'anneau demeura toûjours au doigt de Catherine, mais il ne fut visible que pour elle, & jamais aucune autre perfone ne s'en aperçut. Il en eft de même des autres faveurs femblables qu'elle difoit avoir reçues. 894 n 163. de J. C. comme quand elle fuça la plaïe de fon côté : quand il changea de cœur avec elle ; enfin l'impreffion des ftigmates que perfone ne voïoit. Je ne doute pas qu'elle ne crut de bonne foi tout ce qu'elle racontoit: mais une imagination vive, échaufée par les jeûnes & les veilles, pouvoit y avoir grande part d'autant plus qu'aucune ocupation exterieure ne détournoit ces penfées.

:

p. 898 n. 180.

p.901. n. 161.

Telle étoit Catherine quand les Florentins ré- P.956.8.4% 9. folurent de l'envoïer à Avignon: mais ils y envoïerent premierement de fa part le pere Raimond de Capoue fon confeffeur, pour adoucir la colere du pape. Enfuite ils firent venir Catherine de Siene où elle étoit, jufques auprés de Florence, où les prieurs de la ville, c'est ainsi qu'il les nomoient, la vinrent trouver, & la prierent inftament d'aller elle-même vers le pape, & traiter leur paix avec luy. Elle alla donc à Avignon, & y ariva le dix-huitiéme de Juin 1376. Elle y trouva le pere Raimond, qui luy fervit d'interprete: car le pape parloit Latin, & elle Italien, c'est-à-dire, fon Tolcan vulgaire. La conclufion de l'entretien fut que le pape luy dit: Pour vous montrer que je Tome, XX.

Oo

AN.1376. veux la paix, je la remets fimplement entre vos mains, aïés toutefois en recommandation l'honeur de l'églife.

XLI.

des Romains.

14. c.

793.&c.

p.1199.

Mais les Florentins n'agiffoient pas de bonne foi. Lors qu'ils prierent Catherine d'aller à Avignon, ils luy promirent qu'ils envoïeroient aprés elle des députés qui ne feroient que ce qu'elle leur prefcriroit: mais ils y envoïerent fort tard, & le pape prédit à Catherine qu'ils la tromperoient. En effet quand les députés furent arivés, ils dirent qu'ils n'avoient aucun ordre de conferer avec elle; & toutefois elle ne laiffa pas de prier le pape de les traiter avec indulgence. Elle l'exhorta aufli d'aller à Rome, comme il fit, & elle retourna en Italie:

Cependant l'empereur Charles IV. voulant faire Venceflas roi élire roi des Romains Venceslas fon fils aîné âgé de Rain 1376.n.13. quinze ans, en écrivit au pape le fixiéme de Mars, Vise to. 1. p. reconoiffant qu'il ne le pouvoit fans fa permiffion. Le pape l'acorda, & les électeurs s'affemblerent premierement ou Rents ou Renfec le jour de la Pentecôte premier de Juin, puis le dixiéme à Francfort, où ils élurent Venceflas pour roi des Romains. Ils étoient gagnés par argent, & l'empereur Charles leur avoit promis à chacun cent mille florins d'or, pour lesquels, ne pouvant les païer comptant, il leur engagea les revenus de l'empire: qui en fut tellement affoibli, qu'il ne s'en releva jamais.

Aen. Silv. hift.
Ba. c.}}•

pe.

XLII. Voiage du pa

1154.

Vers la fin du mois d'Août 1376. vinrent à AviVita to. 1. p. gnon Luc Savelli avec un autre en qualité d'ambaffadeurs des Romains pour fuplier le pape Gregoire de transferer fa cour à Rome, & d'y faire fa rélidence avec les cardinaux. Car, difoient-ils, les Ro

AN. 1376

mains veulent avoir un pape à Rome, puisqu'il eft
le pontife Romain, & que tous les chrétiens le no-
ment ainsi: autrement nous vous affûrons que les
Romains fe pourvoïeroient d'un pape qui demeure
déformais à Rome avec eux. Le cardinal de faint s
Pierre alors légat à Rome fut auffi contraint d'écri-
re au pape, que s'il ne fe preffoit de venir, il arive-
roit du scandale; & on fçut depuis que les Romains
avoient jeté les yeux fur l'abbé du Mont - Caffin
pour le faire antipape, & qu'il l'avoit accepté.

Gregoire de fon côté n'avoit plus d'efperance de Freiß. 2, X2, faire la paix entre la France & l'Angleterre, qui étoit la raifon ou le prétexte du retardement de fon voïage. Il s'y détermina donc tout de bon, fit faire fes provifions, & avertit les cardinaux de faire les leurs. Ils en furent trés- fachés; car ils craignoient les Romains, & ils auroient voulu pouvoir détourner ce voïage. Le roi de France Charles fut de même affligé de cette nouvele, car il luy étoit bien commode d'avoir le pape à Avignon. Il écrivit donc à fon frere Louis duc d'Anjou, qui étoit à Toulouse, d'aller inceffamment trouver le pape, & rompre fon voïage. Le duc vint à Avignon où les cardinaux le reçurent à grande joïe, & il logea au palais du pape pour luy parler plus commodement: mais tous les efforts furent inutiles, & en prenant congé du pape, il luy dit : Saint pere vous allés en un païs où vous n'êtes guére aimé, & si vous y mourés, ce qui eft bien vrai-femblable, les Romains feront maîtres de tous les cardinaux, & feront force un pape à leur gré. par Le pape Gregoire partit enfin d'Avignon le fa

Vita 1. p. 438

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