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quatre mois aprés la mort de l'empereur. Mais il ne AN. 1341. pretendoit être que le collegue & le protecteur du jeune empereur Jean.

Cantac. lib. 111.c. 27.

Le patriarche l'aïant appris, s'emporta contre Cantacuzene, disant hautement que cette action décou- Nic. c. 12. nodo vroit l'intention qu'il cachoit depuis long-tems d'ufurper l'empire: & pour autorifer fa qualité de tuteur du jeune prince, le patriarche resolut de le couronner. Ce qu'il fit avec tant de precipitation, qu'il n'attendit pas même un jour de fête, fuivant la coûtume, c. 2. 36. mais il le couronna le dix-neuvième jour de Novembre de la même année 1341.

Leon roi d'Armenie fatigué par les incurfions des infideles fes voifins qui ravageoient continuellement fon roïaume, envoïa deux ambaffadeurs au pape Benoist, dont le premier étoit Daniel frere Mineur, vicaire de fon ordre en Armenie,, & natif du païs. Ils demandoient du fecours, & le pape leur répondit : Nous avons appris avec douleur que dans la grande & la petite Armenie plufieurs tiennent & enfeignent des erreurs contre la foi; & fi ce raport étoit veritable, nous ne pourrions honêtement fecourir les Armeniens. Pour nous en éclaircir & fatisfaire au devoir de notre conscience, nous avons fait faire une enquête juridique, où plufieurs témoins ont été oüis, & on nous a representé les livres dont fe fervent communément les Armeniens; & ces erreurs ont été prouvées manifestement. C'est ce que porte la lettre du pape au roi Leon, & il y joignit un memoire des erreurs en question.

c. 13.

XI. Erreurs des Armeniens. Rain. 13 I. 2.45

n 1.

Vading cod.

Le pape écrivit auffi au catholique ou patriarche des Armeniens une lettre femblable, où il ajoûte: *.46. 47.

AN. 1341.

Rain. n. 48.

Nous vous prions d'affembler un concile où vous faffiés condamner ces erreurs, & ordonner que la pureté de la foi foit enfeignée chés vous telle que l'enfeigue l'église Romaine. Et pour déraciner entierement ces erreurs, on croit qu'il feroit trés utile d'ordonner dans votre concile que vos prélats & votre clergé euffent les livres des décrets, des décretales & des canons que fuit l'église Romaine, afin que vous fusfiés mieux inftruits de fa foi & de fes obfervances. On voit ici bien clairement combien on estimoit alors le décret de Gratien & les décretales. La lettre continuë: Nous fommes perfuadés que fi ces erreurs étoient diffipées, les ennemis de la foi ne prévaudroient point contre vous. Enfin il nous paroîtroit expedient que par déliberation du concile on nous envoïa des hommes fçavans & zelés, avec lefquels nous puiffions conferer fur ces matieres: & fi nous le jugions à propos, nous vous en envcïerions aussi de notre côté. Les deux lettres au roi & au catholique font du même jour premier d'Aouft 1341.

Le memoire contenant les erreurs des Armeniens porte en fubftance: Notre faint pere le pape Benoift XII. & long tems auparavant Jean XX. aïant appris qu'en Armenie on enfeignoit diverfes erreurs contre la foi, a fait venir en fa prefence plufieurs Armeniens & quelques Latins qui avoient été dans le païs ; & leur a fait prêter ferment de dire verité aux uns par luy - même, aux autres par le cardinal Bernard de faint Cyriaque. On a interrogé par interprete ceux qui ne fçavoient que l'Armenien : on a reprefenté au pape quelques livres Armeniens dont ils fe fervent communément, & on les a foigneufement

examinées,& de cette enquête redigée par un notaire AN.1341. apostolique, il resulte que les Armeniens croient & enfeignent les propofitions fuivantes. Le memoire contient cent dix-fept articles, dont voici ceux qui me paroiffent les plus importans

28.

a. 29.

Les Armeniens fuivent l'herefie d'Eutychés & 3.4.20. 21. 25, disent que dans l'incarnation la nature humaine a été changée en la divinité; mais Dieu, felon qu'il le vouloit, paroiffoit avoir un corps humain, quoiqu'il n'en eût point. Ils admettent toutes les confequences de cette doctrine, qu'il n'y a qu'une nature en JESUSCHRIST, & que c'eft la nature divine qui eft morte: Ils rejettent le concile de Calcedoine comme aïant corrompu la foi des premiers fiecles; & par confequent ils honorent comme un faint, Diofcore qui y fut condamné, & condamnent le pape faint Leon, l'église Romaine & l'églife Grecque: difant que la vraie église n'est que chés-eux, & que la remiffion des pechés ne s'obtient que dans leur églife. C'eft pourquoi ils rebaptifent ceux qui viennent à eux des

autres communions.

uns,

Ils pervertiffent l'adminiftration des facremens. Quoi que la plûpart baptifent dans l'eau ; quelquesbien qu'en petit nombre, baptifent avec du vin ou du lait, & ils ne croïent pas qu'un enfant foit bien baptifé, s'il n'a reçû en même tems l'onction du faint chrême, & l'euchariftic. Ce reproche femble fondé fur l'ignorance des Latins qui ne fçavoient pas alors que pendant plufieurs fiecles

on donnoit tout de fuite même aux enfans les trois facremens de baptême, de confirmation, & d'eucharistie; & c'est peut-être pourquoi ils difent

34 35 36.

38. $9

AN.1341. encore que les Armeniens ne donnent point la confirmation. Car en general nos fcolaftiques ne cona 63. noiffant ni l'antiquité, ni les traditions des autres églises, ne raisonnoient fur les facremens que fuivant l'ufage prefent de leurs églifes. Peut-être auffi que les Armeniens & leurs interprêtes ne fe faifoient pas bien entendre, n'étant pas accoûtumés au ftile de nos écoles. C'eft pourquoi je laiffe aux fçavans theologiens l'examen de la plupart de. ces reproches, pour juger fi les fondemens en font folides.

Deux points toutefois font à remarquer fur l'eu*. 37. 71 charistie. L'un, qu'on les blâme avec raifon de ne point mettre d'eau dans le calice contre l'usage de toutes les églifes depuis le commencement du chriftianifme, dont ils rendent pour raison que l'eau qui fortit du côté de J. C. ne donna la force qu'au facrement de baptême; & en concluënt que ceux qui mêlent de l'eau au vin du facrifice, ont perdu la vertu du baptême. L'autre point eft que dans cette information on accufe les Armeniens de ne pas croire la transubstantiation, & de dire que ce n'eft pas le vrai corps de J. C. mais feulement la figure. Ce qui devoit être ou une erreur particuliere de quelquesou une fuite de l'erreur d'Eutychés, qui difant que J. C. n'avoit point eu de vrai corps, ne pouvoit en reconnoître dans l'euchariftie. Car il eft certain d'ailleurs qu'avant le quatorziéme fiecle & depuis, jufqu'à prefent, les Armeniens ont toûjours cru la prefence réelle commel s autres chrétiens.

Arnaud Perpe-tit. liv. v.

c. 6.7 8. 9.

uns,

Une grande partie des articles contenus dans art.7 8.7.10, l'information de Benoît XII. ne font pas tant des

II. 12. 14. 15. 17. 18 15. 22. 23. 24. 104.

a. 93.

erreurs contre la foi, que des fables avancées fans AN. 1341. preuves touchant la refurrection, le jugement dernier, l'enfer, le paradis terreftre ou celefte, l'état des ames aprés la mort & des démons, & quelques autres matieres. Entre ce grand nombre d'articles, 105, 106. 11. celui-ci regarde l'histoire du tems. Il vient en Italie des évêques Armeniens qui se disent chassés de leurs églifes par les Sarrafins, quoi qu'ils ne le soient pas ; & fe difent archevêques, quoi qu'il n'y en ait point en Armenie: ce qu'ils font pour vendre des évêchés à des religieux mandians. Plusieurs ont exigé par ce moïen de grandes sommes; & ont donné en cour de Rome, à plusieurs, la prêtrife ou le diaconat pour de l'argent. Ils perfecutent les Armeniens qui baptifent felon le rit de l'églife Romaine, & qui tiennent fa

créance.

XII.
Mort de Be-

noift XII.

Clement VI, pape.

Baluz. vita to. 336. 797.

I. p. 210

Papeb.conat.P.

L'année suivante 1342. le pape Benoist XII. mourut d'un ancien mal de jambes, dont l'humeur coulant plus qu'à l'ordinaire, les medecins la voulurent arrêter : ce qui joint à quelques autres accidens, emporta le malade le jour de faint Marc vingt-cinquiéme d'Avril, aprés avoir tenu le faint Siege fept ans 83. quatre mois & fix jours. Il fut enterré dans l'église cathedrale d'Avignon, où l'on voit encore fon tombeau ; & il laiffa plufieurs écrits, dont la plûpart ne font pas imprimés.

Le faint fiege ne vaqua qu'onze jours, & le feptiéme de May fut élû Pierre Roger, cardinal du titre de faint Nerée, qui prit le nom de Clement VI. Il étoit de famille noble, né au château de Maumont, au diocêse de Limoges vers l'an 1271. & fils de Pierre Roger seigneur de Rofiere. Il entra dès l'âge de dix

Rain. 1342. Ni

4

Cave.app.p. 219

Bal. p. 243. 280.829 835.

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