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AN. 1379.

bain qui l'avoit conuë, lorsqu'il étoit à Avignon, & en avoit conçu une haute eftime, écrivit à Raimond de Capouë qu'il favoit être fon confesseur, de lui mander qu'elle vint trouver le pape, ce qu'il fit auffi-tôt. Elle répondit : Mon pere, pluficurs perfones, même d'entre nos fœurs, font fcandalisées de mes fréquens voïages, quoi que je ne croïe pas qu'il y ait de ma faute: c'eft pourquoi file pape veut abfolument que je me rende près de lui, faites en forte que fa volonté paroiffe par écrit. Le pape dona l'obédience, & Catherine vint à Rome.

Le pape cut grande joïe de la voir, & voulut qu'elle fit une exhortation devant les cardinaux principalement à caufe du fchifme qui començoit à fe former. Elle le fit, excitant les cardinaux à la constance, & le pape en fut fi content, que relevant le courage de cette fille il en prit ocafion de faire honte aux cardinaux de leur foibleffe. Quelques jours après qu'il l'eut congediée, il lui vint dans l'efprit de l'envoïer à la reine Jeanne de Naples ouvertement révoltée contre lui; & il voulut joindre à Catherine de Sicne une autre Catherine qui fe trouvoit alors à Rome, favoir la fille de fainte Brigide de Suede; mais le pere Raimond ne fut avis, craignant d'expofer ces faintes filles à quelque infulte, qui nuifit au moins à leur réputation. Sur quoi Catherine de Siene dit : Si fainte Agnés & fainte Marguerite avoient ainsi pensé, elles n'auroient jamais gagné la courone du martyre. Toutefois le pape rompit ce voïage, fuivant l'avis du pere Raimond; & il deftina ce religieux à aller en France, pour détacher le roi Charles de l'obédience de Clement.

pas

de cet

AN. 1380..

Rain. 1380. n. 55.

Cependant fainte Catherine de Siene écrivoit de tous côtés en faveur du pape Urbain. Dès le comencement du fchifme elle écrivit aux trois car- Epift.31. dinaux Italiens, qui avoient eu part à l'élection de Clement, les traitant de membres féparés du chef

& de démons incarnés. Elle traite de même tous Epift. 96. Rain. ceux qui avoient élu Clement dans une lettre à la 11380. n. s. reine Jeanne, & dans une autre écrite au roi de Epift. 195. France, le fixiéme de Mai 1379. Enfin elle écrivit l'année fuivante à Charles de la Paix, pour l'exciter à la guerre contre les fchifmatiques; ce qui ne paroît pas digne d'une Sainte.

344.

Depuis le départ de fon confeffeur, elle demeura Boll. p. 940. n à Rome, où l'on atribua à fes prieres deux avantages que le pape Urbain remporta fur les Clementins en un même jour, qui fut le trentiéme d'Avril 1379. Le premier de ces avantages fut la prise du château-faint-Ange fur les François qui s'y mainte- Th. Niem. c. 20. noicnt, quoi qu'affiégés depuis près d'un an ; & fa réduction dona au pape Urbain la liberté d'aller lo ger à faint Pierre, comme il fit. L'autre avantage fut la victoire du comte Alberic de Barbiane fur les Gascons & les Bretons, qui tenoient la campagne pour le parti de Clement. Sainte Catherine de Siene vêcut encore une année, & mourut à Rome le vingt-neuviéme d'Avril 1380. âgée seulement de trente-trois ans, mais confumée d'infirmités & de douleurs causées par fes jeûnes, fes veilles & ses autres aufterités, outre l'aplication d'efprit continuele & l'afliction dont elle étoit pénétrée du triste état de l'églife. Elle fut canoniféc quatre-vingt ans après la mort par le pape Pie II. en 1461.

AN. 1380.

I.

Urbain VI.apele Charles de la

Paix.

Rain. 1380.

J

LIVRE XCVIII.

EANNE reine de Naples aïant quité le pape Urbain VI. qu'elle avoit reconu d'abord, & embraffé le parti de Clement VII. Urbain ne manqua pas de proceder contre elle, & porta une fentence par laquelle il la déclara fchifmatique, hérétique & criminele de lése-majesté, pour avoir confpiré contre lui ; en punition dequoi il la dépofa, & priva de toutes les dignitez, honeurs, roïaumes, terres & fiefs qu'elle tenoit de l'église, de l'empire ou d'autres seigneurs : déclarant tous fes biens confifqués & tous fes vaffaux abfous du ferment de fidélité ; défendant à qui que ce fut de lui obéïr, fous peine d'excommunication contre les perfones, & d'interdit contre les comunautés. C'est ce qu'Urbain témoigne lui-même dans une lettre écrite à la ville de Sora, le vingt-uniéme d'Avril 1380.

Le pape Urbain fulmina auffi des cenfures contre l'archevêque de Naples fecretaire de la reine, c'étoit Bernard ou Bertrand natif de Cahors qu'Urbain V. pourvut de ce fiége en 1368. Comme François, & ataché à la reine, il reconnut le pape Clement à Fondi lors de fon élection ; & c'eft pour→ Ughel. to, 6. p. quoi Urbain VI. l'excomunia, le dépofa de l'ar chevêché & lui dona pour fucceffeur Louis Bozur noble Napolitain, ami de Charles de la Paix. Bernard fe retira en France, & mourut, comme l'on croit, en 1389,

600.

Pour venir à l'éxécution de la fentence contre la reine Jeanne, le pape Urbain envoïa à Loüis roi de Hongrie Martin de Tarente fon camerier l'exhortant à lui envoïer Charles duc de Duras fon parent furnomé de la Paix, avec un corps de troupes convenable; parce qu'il vouloit lui doner le roïaume de Sicile, c'est-à-dire de Naples, & lui aider à s'en mettre en possession. Charles avoit répugnance à accepter cette ofre,parce qu'il étoit proche parent de la reine Jeanne dont il avoit même épousé la niéce Marguerite: mais le roi Loüis craignant qu'après la mort, Charles ne prétendit au roïaume de Hongrie au préjudice de fes filles, lui perfuada d'accepter l'ofre du pape, & l'envoïa en Italie avec une armée fufifante.

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C. 22

Mais Charles manquoit d'argent pour fubvenir aux frais de l'entreprife: c'eft pourquoi le pape Urbain fut réduit à vendre à plufieurs citoïens Ro-mains, une grande partie des domaines & des droits des églifes & des monafteres de Rome, & le prix de ces aliénations alla à plus de quatre-vingt mille florins. Enfin il en vint jufqu'à vendre les calices d'or & d'argent, les croix, les images des Saints, & les autres meubles précieux des églifes, ou les fondre pour les convertir en monoïe. On trouve Rain. n. k. encore une commiffion donée par Urbain à deux cardinaux pour engager ou aliéner à temps ou à perpetuité les biens meubles ou immeubles des églifes, même malgré les prélats & les autres titulaires des benefices, jufqu'à la fomme que les commiffaires jugeroient à propos. La comission est dụ trentiéme de Mai 1380.

'AN. 1380.

II.

jou adopté par la reine Jeanne.

Hift. de S. Juven.

La reine Jeanne cherchant à fe foûtenir contre Charles de la Paix, jeta les yeux fur Louis duc Louis Duc d'An- d'Anjou, frere du Roi de France, & l'adopta pour fon fils; car elle n'avoit point d'enfans, quoi qu'elle en fut à son quatriéme mari. Cette adoption fe fit des Orf. p. 542. par lettres patentes datées du château de l'Ocuf Visa PP. 2. 301. près de Naples le vingt-neuviéme de Juin 1380. Il eft dit qu'elle eft faite du confentement & de l'autorité du pape Clement, & qu'après le décès de la reine Jeanne, Louis lui fuccedera au roïau→ me de Naples, au comté de Provence, & en toutes les terres, & fa pofterité après lui. Le pape Clement confirma cette donation, & la reine preffa le duc d'Anjou de venir inceffament à fon fecours avant l'arivée de Charles de la Paix : mais la mort du roi de France arivée deux mois après, retarda la poursuite de cette entreprise.

III.
Mort de Char-

roi de France.

Des Urfins. p. 1. Rain. 1380. n. 10.

Le roi Charles V. furnomé le Sage, mourut le les V. Charles VI. feiziéme de Septembre 1380. en fa quarante-troifiéme année après en avoir rcgné feize. Il mourut tréschrétienement, & on garde à Rome une preuve de la délicatesse de fa confcience. C'eft un acte public pardevant notaires. daté de cette année feconde du pontificat de Clement VII. & du jour même de la mort du roi, où il dit en fubftance: Je me fuis déterminé au parti du pape Clement fur les écrits des cardinaux, aufquels apartient l'élection du pape, & qui ont témoigné en leur confcience qu'ils ont élu celui-ci canoniquement. J'ai fuivi aussi l'avis de mon confcil & de plufieurs prélats & savans homes de mon roïaume,qui en ont mûrement délibéré. Mais parce que quelqu'un pouroit prétendre que les

çar

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