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AN. 1388.

XLIV.

Concile de Palen

cia.

1068.

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rudement à terre avec le pape, qui fe trouva blesse
en plufieurs endroits, en forte qu'il ne pouvoit
plus aller à cheval. Il ne voulut pas toutefois re-
tourner à Peroufe, mais il fe fit porter à Tivoli
au-delà de Rome. Comme il y fut arivé près d'un
pont, & y vouloit paffer la nuit, plufieurs Ro-
mains le vinrent trouver, le priant inftament de
revenir à fon fiége: mais voïant qu'ils n'y gagnoient
rien, il s'en allerent. Le pape paffa outre, & fe fit
porter par la Campanie jusques à Ferentine. Mais
comme l'argent lui manquoit pour païer fes troupes
& que l'hyver aprochoit : il lui falut bon-gré-mal-
gré revenir à Rome où
:- pcu de gens vinrent au-
devant de lui, & il fut reçu avec peu d'honeur. It
y entra au commencement d'Octobre.

En même temps Pierre de Lune cardinal légať en Efpagne pour le pape Clement, tint un conTom. x1. conc. p. cile à Palencia en Castille dans l'église des freres Mineurs. Le roi Jean I. y étoit préfent ; il s'y trou va trois archevêques, ceux de Tolede, de Compoftele & de Seville & vingt-cinq évêques. On y publia fept canons, en deux desquels on recomanSnp. liv. xc11. n. da l'obfervation du concile de Valladolid tenu en 1322. Les canons du concile de Palencia fe réduifent à ce qui fuit. Exhortation aux évêques & aux autres juges eccléfiaftiques à coriger les clercs felon les canons. Renouvelement des peines contrè les clercs concubinaires & contre les adulteres : mais fans prendre de précautions pour prévenir ces crimes. Défense d'aliener les biens de l'églife ou les charger de redevance. Reglement de police pour les Juifs ou Mores, logés avec les Chré

G. I.

55.6.

tiens, particulierement pour l'obfervation des fê- AN. 1388. tes. Ces canons furent publiez le quatrième d'Octobre 1388.

XLV.
Jean de Montfor

Dubou. to. 4 ki

997.

On continuoit à Avignon les pourfuites contré frere Jean de Montfon ; & pour informer le public condamné. de toute l'afaire, l'univerfité de Paris écrivit une lettre circulaire, datée du quatorziéme Février 1387. c'est-à-dire 1388. avant Pâques. Le pape Clement dona pour comiffaires trois cardinaux Gui de Malefec évêque de Paleftrine, & deux prêtres Léonard Vita PP.to.2. pè Giffon du titre de faint Sixte, & Amélin de Lautrec du titre de faint Eufebe. Après plufieurs pro pofitions & requifitions de la part de l'univerfité, le cardinal d'Embrun défendit à Jean de Montfon de la part du pape fous peine de fe rendre convain cu des cas dont il étoit question, de s'absenter de la cour de Rome, c'est-à-dire d'Avignon, jusqu'à la décifion du procès.

Enfuite le pape étant averti que Jean de Montfon n'avoit pas laiffé de fe retirer, ordona aux cardinaux comissaires de procéder contre lui, nonobftant les vacations du mois d'Août où l'on étoit alors. En conféquence de quoi les comissaires envoïerent à l'auberge où frere Jean avoit long-tems p. 10001 demeuré dans Avignon; & l'hoteffe déclara qu'il y avoit logé plus de trois mois, & s'en étoit retiré le troifiéme d'Août dernier. Alors les comiffaires le firent citer par afiches à la porte de la grande église d'Avignon & de celle des freres Prêcheurs comparoir en perfoné devant l'auditeur du pape; & n'y aïant point comparu, après plufieurs défauts, p. 1004i il fut condamné par contumace, & excomunié

Fff iij

par

AN. 1388.

Dubon. to. 4. p. 633.

4

fentence des comiffaires donée à Avignon le mé credi vingt-fcptiéme Janvier 1389.

Le dix-septiéme Février de la même annéc fut tenue une grande affemblée au Louvre à Paris, où étoit prefent le roi Charles VI. acompagné de Louis duc de Bourbon fon oncle, d'Olivier de Cliffon conétable de France & de plufieurs autres feigneurs. Là fe trouverent auffi Bertrand de la Tour évêque de Langres & Philippe de Moulins évêque de Noïon, l'un & l'autre confeillers du roi. Alors le recteur de l'univerfité,acompagné des procureurs des quatre Nations, dit au roi par la bouche de Pierre d'Ailli, qu'ils venoient pour avoir réponfe de Guillaume de Valen évêque d'Evreux & confeffeur du roi de l'ordre des freres Prêcheurs fur quelques propofitions touchant la foi qu'il avoit avancées; & comme l'évêque d'Evreux étoit prefent, Pierre d'Ailli le pria de révoquer ces proposi tions comme il avoit promis.

L'évêque le fit lifant tout haut fur un papier qu'il tenoit, cinq articles en Latín qui contenoient farétractation ; puis il ajouta en François : J'ai vû la fentence de la faculté de théologic aprouvée par l'univerfité, & auffi par monfieur l'évêque de Paris donée contre quatorze conclufions foûtenues par frere Jean de Montfon ; & aïant confideré cette fentence, je la croi bone & jufte, & promets par mon ferment de ne prêcher ni dogmatifer au contraire publiquement ni fecrctement, & ne doner aucune faveur à ce Jacobin, ni à fes adhérans, fauf l'autorité de nôtre faint pere le pape. Enfuite l'évêque d'Evreux pria le roi à genoux de vouloir bien écrire au roi

d'Aragon & au pape qu'il fit prendre, & amener à Paris frere Jean de Montfon, pour le punir felon fes

démérites.

AN. 1389.

1008,

La fentence d'excomunication portée par contu- vite. PP. to. 2. pi mace à Avignon contre ce frere, fut publiée à Paris à la requête de l'univerfité dans l'audiance de l'oficial le dix-septiéme de Mars 1389. c'est-à-dire 1390. avant Pâques. Cependant frere Jean s'étant fauvé d'Avignon, fe retira en Aragon sa patrie & To. 1.p. 1375; delà à Rome près du pape Urbain en faveur duquel étant à Aix en Provence cette même année 1389. il compofa un traité confidérable pour montrer que Rain. 1389. n. 15i Urbain étoit le pape légitime, & réfuter les raifons 16. &c.

des Clementins.

Cette afaire atira en France une grande perfé

cution à tout l'Ordre des freres Prêcheurs, princi- To. x. p. 52łą palement dans la partie feptentrionale du roïaume, que l'on nomoit alors la langue d'Oui, à la diférence de la langue d'Oc. On mit en prifon plusieurs de ces freres, on leur refufoit les ofrandes & les aumônes, on leur défendoit de prêcher & d'entendre les confeffions. L'univerfité les fépara d'elle entierement, ne les admetant ni aux actes de l'école ni aux honcurs ni aux degrès. Ils foufrirent de grandes pertes en leurs perfones & en leurs biens : ils devinrent la fable du peuple qui les apeloit par mépris les Huets. Cette tempête dura plufieurs années, & ceux qui l'entretenoient, croïoient faire un facrifice à la fainte Vierge; tant l'opinion de fa conception immaculée étoit dés lors accreditée.

XLVI. Mort du pape Ur

Le onzième d'Avril 1389. le pape Urbain fit trois institutions mémorable. La premiere fut de dimi- bain.

Gobel. c. 81.

p. 268.

Th. Niem. c. 68.

nuer encore l'efpace du Jubilé que Clement VI. AN. 1389. avoit déja réduit de cent ans à cinquante. Urbain le réduifit à trente-trois ans, fe fondant fur l'opinion que J. C. a vécu ce nombre d'années fur la terre; & il ordona que le premier Jubilé feroit l'année fuivante 1360. La feconde inftitution fut la fête de la Visitation de la fainte Vierge, qu'il fixa au lendemain de l'octave de la faint Jean, c'est-à-dire au second jour de Juillet: le but de cette fête étoit d'obtenir l'union de l'églife par l'interceffion de la fainte Vierge. La troifiéme inftitution fut qu'à la fête du faint Sacrement on pouroit célébrer l'ofice divin nonobstant l'interdit ; & que ceux qui acompagneroient le faint Sacrement depuis l'églife jufques chez un malade, & de chez un malade à l'églife gagneroient cent jours d'indulgence.

Th. Niem. ibid.

Le pape pape Urbain comença à fe mal porter dès le quatorziéme d'Août veille de l'Affomption ; & pendant plufieurs jours il eut fi mauvais vifage, que Thierri de Niem qui étoit près de lui, craignoit très-fort pour fa vie ; & cet état faifoit dire à quelques-uns qu'il étoit empoisoné. Enfin la maladie se déclara vers la mi-Septembre, & après qu'elle eût duré vingt-huit jours de fuite, il mourut le quinziéme d'Octobre 1389. aïant tenu le fiége onze ans fix mois & huit jours. Les cardinaux qui étoient à Rome, en écrivirent la nouvelle dès le lendemain à l'empereur Venceflas, à fon frere Sigifmond roi de Hongrie, à Richard roi d'Angletere, à Jean roi de Portugal, aux républiques & aux autres princes de la même obédience. Le corps d'Urbain fut enterré à S. Pierre de Rome dans la chapele de S. André.

Cependant

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