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AN. 1343.

n. 58.

Alb. Argent.

P.133.

XVIII. Collation du

terre.

Sup. n. 12.

procederons contre luy fuivant l'énormité de fes actions. Le pape envoïa cette bulle à tous les archevêques, accompagnée d'une lettre en date du ́douziéme d'Avril, par laquelle il leur ordonne d'en envoïer des copies à leurs fufragans, afin qu'elle foit publiée folemnellement dans toutes les églifes.

Le pape fit aficher cette monition aux portes de l'églife d'Avignon, & pendant les trois mois de terme Louis de Baviere envoïa plufieurs fois des agens au pape & au roi de France, dont il le croïoit toûjours dépendant, & ne tenoit pas pour fincere l'interceffion du roi auprés du pape. Cette negociation fut fans fruit, & le terme de la monition étant échu, c'est-à-dire, au bout de trois mois, le pape tenant un confiftoire, fit crier en Latin & en Allemand fi quelqu'un se presentoit pour Loüis deBaviere, perfonne ne comparut, & le pape le déclara contumax. Mais Loüis aïant écrit au roi de France; Si le pape fait quelque procedure contre moi, je m'en prendrai à vous, ce prince écrivit au pape de ne point paffer outre.

Entre les cardinaux que le pape avoit faits l'anpape en Angle- née précedente, il y en eut deux aufquels il donna des benefices en Angleterre, fçavoir; Aimar Robert du titre de fainte Anaftafie, & Geraud de la Garde du titre de fainte Sabine, tous deux Limoufins. Ils The Valfing. Fenvoïerent leurs procureurs en Angleterre pour obtenir l'effet de ces graces: mais les officiers du roi les empêcherent d'executer leur commission, & les aïant mis en prison, les chafferent honteusement du roïaume. Le pape l'aïant apris, écrivit ainsi au roi d'Angleterre Edouard III. Depuis long-tems nous

163.

avons jugé qu'aprés la création des nouveaux cardi- AN. 1343. naux, il étoit convenable de leur donner de quoi fubfifter avec bienfeance felon leur état, puifqu'ils partagent avec nous le travail des affaires de l'églife: & tout bien confideré, nous n'avons point trouvé de moïens moins à charge aux églifes, que de pourvoir ces cardinaux de benefices déja vacans, ou qui viendront à vaquer en divers païs, jufqu'à une certaine fomme. C'eft ainfi que nous avons pourvû les deux cardinaux Aimard & Geraud natifs de votre duché d'Aquitaine, de benefices fitués dans vo

tre roïaume.

Le pape raconte enfuite la maniere dont les agens des deux cardinaux ont été traités, & ajoûte: Il eft certain que nous avons accordé des graces femblables aux autres nouveaux cardinaux dans presque tous les païs Catholiques, fans avoir oui parler d'aucune rebellion; & nous croïons qu'il eft de votre honneur & de votre interêt que les cardinaux naturellement affectionés à votre fervice, poffedent des benefices dans vos états; & Dieu veüille que ceux qui font élevés par les bienfaits de l'église Romaine ne foient par les auteurs de ces violences, comme on le croit vraisemblablement. Il finit en priant le roi de faire reparer ce qui a été fait contre les agens des cardinaux, & de leur accorder fa protection pour les affaires dont ils font chargés. La lettre est datée du vingt-huitième d'Août 1343.

Valfing. p. 1913

n.

Le roi répondit un mois aprés par une lettre où Rain so. il dit: Il est notoire que dés la naissance de l'église les rois nos predeceffeurs, & les feigneurs d'Angleterre ont fondé les églifes, & leur ont donné des

AN. 1343.

biens & des privileges, y établiffant des dignes mi-
niftres pour l'inftruction des peuples & la propaga-
tion de la foi. Mais il eft trifte que par les provi-
fions qui viennent de Rome, ces biens tombent aux
mains de perfonnes indignes principalement d'étran-
gers qui ne refident point dans leurs benefices, ne
connoiffent point leurs troupeaux, & n'en entendent
pas la langue: ne cherchant uniquement que le pro-
fit temporel. Ainfi le fervice divin eft diminué, le
foin des ames negligé, l'hofpitalité ceffe, les droits
des églises fe perdent, les bâtimens tombent en rui-
ne. Cependant les hommes doctes & vertueux du
roïaume qui pouroient utilement conduire les ames,
& fervir dans nos confeils, abandonnent les études
defefperant d'obtenir des benefices. D'ailleurs le droit
de patronage que nous & nos fujets avons sur les be-
nefices, eft diminué, notre jurifdiction eft fruftrée,
& les droits de notre couronne déperiffent honteufe-
ment: les richesses de notre roïaume paffent à des
étrangers, pour ne pas
, pour ne pas dire à nos ennemis : peut-être
par un deffein fecret d'affoiblir notre roïaume, en
abaiffant fon clergé, & épuifant fes richesses.
ces inconveniens ont été depuis peu expofés en no-
tre prefence dans notre parlement, auquel ils ont
paru intolerables, & il nous a prié instament, &
tout d'une voix d'y aporter remede. Nous vous prions
donc de permettre que les élections libres aïent lieu
dans les églifes cathedrales & dans les autres : d'au-
tant plus qu'autrefois nos ancêtres conferoient ces.
églifes par
le droit de leur couronne, & depuis à la
priere du faint fiege ils accorderent les élections aux
chapitres fous certaines conditions & cette concef-

Tous

fion fut confirmée par le faint fiege. La lettre eft du vingt-fixiéme de Septembre

AN. 1343

7.47.

Elle contient deux faits importans contraires à la verité, ce qui étoit l'effet de l'ignorance du tems. Le premier, que les rois d'Angleterre fuffent les fondadateurs de toutes les églifes de leurs roïaumes; puifqu'il eft certain que fous l'empire Romain la religion étoit établie dans la Grande-Bretagne, & les évêchés fondés, pour la plûpart avant l'entrée des Anglois-Saxons & des autres Barbares. Vous l'avés vû dans le cours de cette hiftoire. L'autre fait faux, eft S. lin.xx. que les rois euffent originairement le droit de conferer les évêchés, & que les élections se fuffent introduites par leur permiffion. Vous avés vû que fous l'empire Romain les évêques étoient choifis & ordonnés par le concile de la province, fans que l'empereur ni les officiers s'en mêlaffent. Aprés l'établis fement des peuples Barbares, leurs rois fe rendoient quelquefois maîtres des élections, mais quant à celles des chapitres, elles s'introduifirent infenfiblement, & je les trouve établies dès le douziéme fiécle, fans en avoir pû remarquer le commencement. Le vingt- feptieme de Février 1344. le pape ment fit deux cardinaux, c'étoit le famedy des qua- diaux. tre-tems de carême. Le premier cardinal fut Pierre Bertrandi le jeune, neveu de celuy qui s'étoit signalé en la dispute avec Pierre de Cunieres, & qui vi- Sup. liv. XCIT voit encore. Sa fœur Marguerite Bertrandi épousa Barthelemi de Colombiere au diocéfe de Vienne, & de leur mariage naquit le jeune Pierre, que le pape Benoît XII. fit chanoine d'Autun: puis il fut évêque de Nevers, & enfuite d'Arras en 1339. Le pape Cle

Cle

XIX. Nouveaux car

Bl. vitp. 149

870.

n. 4.

AN. 1344.

Bal p. 869.

7.874.

XX. Negociation

Baviere.

ment le fit cardinal prêtre du titre de fainte Susane; il accorda fa promotion aux prieres de la reine de France Jeanne de Bourgogne. Le pape l'avoüa luy-même dans le difcours qu'il fit aux cardinaux en ce confiftoire. Dieu m'eft témoin, dit- il, que jeudi je fongeois auffi peu à donner les ordres, qu'à la chofe dumonde la moins vraisemblable: mais le foir fort tard il me vint des lettres de la reine de France, qui dès le commencement de ma création, m'écrivit que je luy devois accorder un cardinal, & depuis elle m'en a follicité plufieurs fois ardemment pour ce prélat par fes lettres & fes ambassadeurs. Si j'avois prévû que je fisse une ordination, je l'aurois faite plus nombreuse, & j'aurois pris un ou plufieurs Italiens. Le pape voulut que ce prélat fût nommé le cardinal d'Arras.

Le fecond de cette promotion fut Nicolas de Beffe neveu du pape, fils de fa fœur Delphine Roger, & de Jacque de Beffe. Le pape prit foin de fon éducation, & le fit étudier à Paris : enfuite il étudia à Orleans, & il y étoit professeur quand le pape le fit venir à fa cour. Il l'avoit fait évêque de Limoges dès l'année precedente 1343. mais il ne fut jamais facré ; & ce fut à la priere unanime de tous les cardinaux que fon oncle le fit cardinal diacre, lui donnant le titre de fainte Marie m viâ latâ.

Le roi Philipe de Valois aïant obtenu du pape avec Louis de qu'il fursît aux pourfuites contre Louis de Baviere: ce prince envoïa au pape & au roi, pour sçavoir ce qui empêchoit fa reconciliation, puifqu'il étoit prêt Alb. Argent à faire tout ce qui luy feroit enjoint par le pape. Le roi Philippe luy répondit: Le pape dit que vous ne demandés pas grace de la maniere dont vous le de

333.

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