tion. Le feptiéme de Mai le roi dona des lettres patentes portant mandement à tous fes juges de faire An. 1399. executer ce réglement par tout le roïaume.

Cependant le pape Benoît étoit toûjours enfer

XXV. Benoît délivré.

mé dans fon palais à Avignon, & gardé de fi près Froiff. 4. c. 98, que perfone n'y pouvoit entrer ni en fortir. Ils auroient eu des vivres pour deux ou trois ans, mais ils manquoient de bois à brûler. Enfin Benoît voïant que fes provifions diminuoient tous les jours, & que le fecours qu'il avoit efperé ne venoit point, entra en compofition par la médiation du roi d'A-vita.to. 2. p.1116; ragon, qui avoit envoïé à Paris pour traiter de fa délivrance.Mais le roi de France jugea plus à propos d'envoïer lui-même au roi d'Aragon des ambaffadeurs qui pafferoient par Avignon, &propoferoient à Benoît de renoncer au pontificat, & en cas que Boniface cedât, mourût ou fût dépofé, on en élut un troifiéme qui fut vrai pape: auquel cas Benoît feroit délivré, & le roi de France le prendroit fous fa protection.

Les ambaffadeurs de France étoient Pierre abbé du Mont-faint-Michel, Guillaume de Tineville. chevalier, & Gilles Defchamps docteur en théologie: ils ariverent à Avignon & entrerent au palais du pape le quatrième d'Avril 1399. qui étoit le vendredi d'après Pâques : ils propoferent à Benoît d'accepter & aprouver les articles qu'ils avoient aportés de la part du roi : ce qu'il promit à condition que le roi lui doneroit fauve-garde à lui & aux fiens. Auffi-tôt on lui adminiftra des vivres, & il demeura en liberté dans fon palais : mais fans pouvoir fortir qu'avec la permiffion du roi & des

Tome XX.

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en

cardinaux jufqu'à ce que l'union fût rétablie dans

AN. 1399. l'églîfe.

XXVI. Simonie de Bo

niface,

A Rome le pape Boniface s'apliquoit avec grand foin à amaffer de l'argent: tant pour fe foûtenir luimême dans fon obedience,que pour foûtenir Ladiflas dans le roïaume de Naples contre la faction d'Anjou. Dès la premiere année du pontificat de Bo Gobel. c. 84. P. niface plufieurs pauvres clercs vinrent en cour de

274.4.39.

des

Rome pour obtenir des graces fuivant la coûtume; mais la maniere d'examiner les poftulans fut nouvele; car les ferviteurs des examinateurs éxigeoient de l'argent des poftulans, & leurs maîtres ne l'ignoroient pas. Quand on vint donc à la diftribution graces, les pauvres clercs fe trouverent placés les derniers dans les rôles, & les graces qu'ils avoient obtenues devinrent prefque inutiles. Car la feconde & la troifiéme année Boniface figna plufieurs rôles fous la date de la premiere, come fi ces rôles avoient été faits au comencement de la premiere année de son pontificat, qui étoit le neuvième NoTh. Niem.c.8. vembre 1389. & fes fecretaires & fes cameriers vendoient comunément cette date.

Ibid, c. 7.

Pendant les fept premieres années il n'ofoit exercer publiquement la fimonie, à caufe de plufieurs bons cardinaux qu'il avoit trouvés en place, & qui la déteftoient. Il ne laiffoit pas de l'exercer fecretement par certains médiateurs, principalement dans la promotion des prélats; & fi ceux à qui il demandoit de l'argent ne payoient pas comptant, il inventoit divers prétextes qu'il alleguoit dans le confistoire fecret, pour retarder la promotion ou l'empêcher entierement. Les anciens car

dinaux ennemis de la fimonie moururent l'un après l'autre, & Boniface en eut grande joïe, fe voïant AN. 1399, en liberté de fuivre son inclination.

XXVII,

Enfin vers la dixième année de fon pontificat, qui fut l'an 1398. il referva à la chambre apostoli- Annates, que les premiers fruits d'une année de toutes les églifes cathédrales ou abbatiales qui viendroient à vaquer; en forte que quiconque vouloit recevoir de lui un évêché ou un abbaïc, devoit avant toutes choses en païer les premiers fruits, quand même il ne pouroit en prendre poffeffion: de quoi Boniface ne fe foucioit pas, au contraire il témoignoit fouvent fouhaiter que l'impétrant ne la prit point, afin de tirer de l'argent d'un autre. Ce font ces fruits de la premiere année que nous apelons l'Annate, & on en & on en marque le comencement fous ce pontificat de Boniface IX. quoique l'origine en foit plus anciene. Vous avés vû qu'en 1306.

le

Thom.difcip.to.3.

papc Clement V. voïant que quelques évêques d'Angleterre lui demandoient ce droit fur les égli- Sup. liv. xc1.n.4, fes de leurs diocefes, crut fe le pouvoir atribuer à p. 793. n. 4. lui-même fur tous les bénéfices du même païs. En 1319. le pape Jean XXII. s'étant réservé pour les befoins de l'église Romaine les fruits de la premiere année de tous les bénéfices qui vaqueroient pendant trois ans, en excepta les évêchés & les ab- Extrav.com.di baïes mais ce fut Boniface IX. qui le premier etendit l'annate même aux prélatures & pour toûjours.

prab. c. 11.

!Suite du trafic des

Or come tous ceux qui venoient le faire pro- XXVIII. mouvoir aux bénéfices n'aportoient pas à Rome de bénéfices. grandes fomes d'argent, l'ufure y devint fi fré

Th. Niem. c. 7

quente & fi publique fous ce pontificat, que ce ne fut AN. 1399. plus un peché. Boniface vendoit auffi tous les bé

néfices réfervés ou non fous la date de la mort des

titulaires ; & pour en avertir plus promtement, il y avoit des couriers par toute l'Italic pour s'informer s'il y avoit de gros bénéficiers malades, & sitôt qu'ils étoient morts on couroit en porter la nouvele en cour de Rome à ceux qui avoient païé les couriers pour cet éfet. Quant à Boniface quelquefois il vendoit le même bénéfice à plufieurs perfones fous la même date, le propofant à chacun come va cant. De plus, pour rendre inutiles les graces expectatives qu'il avoit donées, il en acordoit fous une date poftérieure avec la clause de préférence, ce qu'il fit fi long-tems, que perfone n'en vouloit plus acheter.

Les oficiers de la daterie en prirent ocasion d'introduire de nouveles expectatives, qui ruïnoient toutes celles dont la date étoit précedente, même avec la claufe de préférence: mais ces nouveles expectatives ètoient fi cheres que peu de gens en vouloient. Boniface fit plufieurs regles de chancelerie & d'autres ordonances, par lefqueles il fembloit vouloir reftraindre la multitude exceffive de ces expectatives: mais ces nouveles régles ne furent qu'un prétexte pour en vendre plus cher les difpenfes. Aprés même que les fupliques étoient signées, on les retiroit des regiftres, fi quelqu'un venoit ofrir d'avantage; & le pape prétendoit que le moins ofrant & le premier en date l'avoit trompé. Pendant la pefte qui cut cours à Rome en 1398. le même bénéfice fut quelquefois vendu en une même

femaine à plufieurs impétrans, dont aucun ne prit poffeffion, étant tous prévenus par la mort. Ce AN. 1399. trafic étoit fi public, que la plupart des courtisans foûtenoient qu'il étoit permis, & que le pouvoit pécher en cette matiere.

,

pape ne

XXIX. Boniface foutenų

Rain. 1396. n. z2z

L'Angleterre demeuroit toûjours fous l'obédience de Boniface; & le roi Richard aïant confulté par les Anglois. l'université d'Oxfort, s'il ne feroit point à propos de l'obliger à la ceffion, come on prétendoit en France y obliger Benoît l'univerfité répondit : Nous ne blâmons pas les Efpagnols ou les François de s'être retirés de l'obédience de leur prétendu pape, & de vouloir le contraindre à la ceffion. Car come ils se défient du droit de leur pape, ils peuvent en user ainfi en sûreté de confcience: peut-être même veulent-ils par-là réparer le mal qu'ils ont fait en introduifant le fchifme, Mais s'ils prétendent que cette voïe de ceffion forcée ou de fouftraction d'obéiffance foit canonique & univerfele, & doive être fuivie par ceux à qui leur confcience ne reproche rien: nous le nions abfolument.

C'eft un péché mortel & très-grief de refuser à fon fupérieur l'obéiffance qu'on lui doit; & on le fait ici fans néceffité, puifqu'il y a une autre yoïe pour finir le schisme, fçavoir celle du concile général, plus canonique & plus propre calmer les confciences dans l'une & l'autre obédience, La letre ajoûte enfuite: Pour en venir à la pratique, il faut que N. S. P. le pape Boniface convoque un concile général, où il apele non feulement ceux de fon obedience, mais encore l'anti

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