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cune lettre de Pierre de Lune; & que la prétendue AN. 1408. bulle fût déchirée, come bleffant la foi, féditieufe & injurieuse à la majefté roïale.

XI.

naux Romains.

Le lendemain vingt-deuxième de Mai 1408. le Lettres aux cardi- roi écrivit aux cardinaux de Rome une lettre où ·Prev. liber. P. après avoir déclamé contre la mauvaise foi des Duboulai p. 142. deux prétendus papes & leur éloignement de l'u

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nion, il conjure au nom de Dieu les cardinaux de quiter Ange Corario, & de s'affembler en un même lieu avec les cardinaux de l'autre obédience qu'il nome les nôtres. Si vous le faites, ajoûte-t'il, nous vous ofrons nôtre fecours, nos biens, nôtre roïaume, & tout ce qui eft à nous. Il les renvoie pour le refte de ce qu'il y avoit à faire au pátriarche d'Alexandrie & à fes autres ambaffadeurs qui étoient auprès d'eux. On ne favoit pas encorc à Paris les cardinaux Romains avoient déja abandoné le pape Gregoire, & s'étoient retirez à Pifc.

que

Le vingt-neuviéme de Mai l'univerfité affemblée aux Maturins écrivit auffi aux cardinaux Romains une lettre où elle dit : C'eft à vous maintenant que revient toute l'afaire, afin que les deux coléges étant affemblez.& les deux contendans abandonez yous donicz au monde un feul pape. Nous avons écrit fur ce fujet aux cardinaux de nôtre parti, c'està-dire d'Avignon. Ils raportent la lettre qui eft très-forte contre les deux papes, & concluënt en conjurant les cardinaux Romains de fe joindre avec les autres.

Cependant à la pourfuite de l'univerfité ou plûtôt de quelques docteurs particuliers le roi fit écrire

ms. p. 218.

plusieurs autres lettres. La premiere au marêchal AN. 1408de Boucicaut gouverneur de Genes, portant ordre d'arêter Pierre de Lune, s'il étoit poffible. Car Lib. p. 489. quand il fut mis en liberté à Avignon en 1402. le sup. liv.xc.n.404 marêchal fut chargé de le mener & le ramener jufqu'à ce qu'il eût traité de la paix avec fon competi- Labou. p. 645° teur. Le marêchal avoit doné ordre de l'arêter & le garder, afin qu'il ne fortît pas des terres de l'obéïsfance du roi. Mais Pierre de Lune l'aïant apris, s'embarqua fur fes galeres qu'il tenoit toûjours armées; & après s'être promené deux mois le long de la côte de Genes, il paffa en Catalogne qui étoit fon païs, & fe jeta dans Perpignan ville frontiere de France & d'Aragon, pour y atendre en fûreté la fin de l'orage.

XIII. Défense de Gre

Ange Corario étoit toûjours à Luques, où il s'éforçoit de juftifier fa conduite par un long écrit goire. pour fervir de réponse à l'acte d'apel des cardinaux Romains. Il y nie les faits les plus odieux, come d'avoir voulu les faire mourir : mais il les acufe de révolte & d'intelligence avec fes ennemis, entr'au tres avec le roi Ladiflas, qui vouloit se rendre maître de Rome, & qui en éfet y entra le huitiéme Mai de cette année; & & y fut reçu par les Romains come l'auroit été un empereur. Ange Corario prétend que fa nouvele promotion de cardinaux étoit néceffaire pour fe fortifier contre les rebelles ; & les acufe de faire un nouveau fchifme. La date eft du douzième de Juin.

Labyr. p. 332,

Le vingt-uniéme du même mois il publia une Rain. n. 5. lettre adreffée à tous les fidéles où il foûtient que l'union qui étoit en bon chemin a été troublée par

les intrigues de quelques mauvais efprits, qui në AN.. 1408. cherchoient qu'à le faire dépofer. Que Pierre de Lune tendoit à s'emparer de Rome par le fecours du marêchal de Boucicaut. Il fe plaint des calomnies que l'on répand contre lui par-tout le monde, & finit en protestant toûjours qu'il ne desire que

XIV.

Lettre des cardi

c. to. XI. cone.

p. 2146.

l'union.

Les cardinaux de Pierre de Lune au nombre de naux, concile in-huit ou neuf s'étoient retirez en divers lieux fous diqué. prétexte de prendre l'air pendant les chaleurs de l'été : mais voïant que leur pape les avoit abandonez, ils fe joignirent aux cardinaux Romains ; & Rain. 1408. n.22. tous enfemble ils écrivirent une lettre circulaire tant en leur nom que des cardinaux abfens & de ceux qui voudroient leur adhérer adressée à tous les évêques & les abbez, où ils racontent ce qui s'étoit paffé depuis la mort du pape Innocent VII. & ajotent: N'efperant plus que la Chrêtienté pût receP. 1148. E. voir la paix des mains de Gregoire & de Benoît, vû même qu'ils étoient fufpects de collusion: nous nous fomes retirez de Luques où nous n'étions pas en fûreté, ce font les cardinaux Romains qui parlent; & fomes venus à Pife, puis à Livourne, pour traiter avec les cardinaux de l'autre parti des moïens de doner la paix à l'église,

Nous avons reçu fur ce fujet & confideré les avis des univerfitez de Paris & de Boulogne ; & nous avons trouvé qu'elles inclinoient fort aux fept conclufions fuivantes. Les deux prétendus papes font obligez de droit comun par leur devoir paftoral de ceder dans les circonftances préfentes, puifque l'union ne fe peut faire autrement : finon on croira

2.

qu'ils aiment plus leur dignité temporele que le falut du peuple, l'union de l'église & la vie éternel- AN. 1408 le. Ils y font encore plus obligez par leur promeffe, leur vœu & leur ferment. Un pape qui durant s un tel schisme résiste opiniâtrement à acomplir ce qu'il a juré, & à quoi il étoit obligé même fans ferment, ce pape comet un crime notoire, pour le+ quel il eft foûmis à la jurifdiction du concile; & de plus on en conclut qu'il eft fauteur du schisme, dont la longueur fait tomber dans l'héréfie ; & dans le doute, c'est encore au concile à juger de ces questions.

4:

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Il est auffi juge de ce doute fur le vrai pape fi dificile à réfoudre, à caufe des dificultez infurmontables de fait & de droit : dont il faut toutefois fortir, afin que l'église ne demeure pas ainsi perpetuelement divifée avec un tel fcandale & une tele" perte des ames. Or tant que les chofes font en ces termes, & que tous deux refusent d'acomplir leur ferment : les peuples qui leur font foûmis peuvent & doivent fe retirer de leur obédience, & péchent s'ils ne le font, come entretenant le fchifme. En- 73 fin le fait est notoire que l'un & l'autre manque à fon devoir & à son ferment: puifqu'ils pouvoient ceder au moins par procureur ou entre les mains de leurs cardinaux. Car leur ferment les engage à ne rien ometre de ce qui fera néceffaire, utile ou convenable pour l'union de l'églife.

Tout cela confideré, nous nous fomes déterminez à venir à Livourne avec les cardinaux de l'autre colége; & nous étant affemblez en nombre fufifant, nous avons confideré que les deux conten

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AN. 1408.

tendans n'assembleroient jamais contre eux-mêmes un concile entier. Aucun d'eux ne voudra le convoquer, ou diferera trop long-tems, ou ne le fera pas de bone foi, prévoïant qu'il y fera dépofé. Aucun n'a l'autorité de convoquer les deux obédiences; & on ne pouroit leur perfuader de se trouver enfemble, tant pour l'averfion qu'ils ont l'un de l'autre, que pour la distance des lieux où ils font dans une afaire qui demande une fi grande diligence: car cependant les erreurs croiffent ; & le fchifme fe perpetuë.

C'eft pourquoi bien que de nôtre part & en nồtre obedience le concile foit convoqué en un certain licu & à un certain terme ; & que les cardinaux de l'autre obédience en faffent de même: nous vous déclarons donc cette déliberation, & nous vous prions de vous trouver à Pife au jour de l'Annonciation de la fainte Vierge au mois de Mars prochain, auquel terme les cardinaux de l'autre parti convoquent auffi les prélats & les autres perfones de leur obedience & dans la même ville de Pife. Ceux qui ne pouront y affifter en perfone font priez d'y envoïer des députez fufisans ; il sera procedé à l'union de l'églife avec les prefens nonobftant l'abfence des autres. Doné à Livourne le vingt-quatriéme de Juin 1408...

Les cardinaux de l'obédience d'Avignon publicrent une lettre semblable pour la convocation du concile de Pife au même terme du vingt-cinquiéme de Mars 1409. Elle eft auffi datée de Livourne, mais feulement du quatorziéme de Juillet; Concil. p. 2145. j'y remarqué entr'autres ces paroles : Nous avons

&

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