582 HISTOIRE ECCLESIASTIQUE. du fchifme contre les deux contendans. On établit AN. 1408. des avocats & des notaires pour la poursuite de la cause; puis les promoteurs demanderent que les deux contendans fuffent réputez contumaces en matiere de fchifme & de foi. Mais le concile grace remit à la prochaine feffion, qui fut ordopar pour le lendemain. Seff. 2. 3 XXIV. Ambaflade du roi des Romains. Seff. 4. p. 2119. 2164. Spicil. p. 261. née Ce jour vingt-fixiéme de Mars les contendans furent encore apelez & accufez come le jour précédent ; & la cause remife au pénultiéme jour du mois, qui étoit un famedi : auquel jour le concile prononça fa fentence Poitiers Gui de Males évêque de Palestrine. Elle par la bouche du cardinal de porte que les deux contendans Pierre de Lune & Ange Corario aïant fait défaut, après avoir été eitez & apelez jusqu'à trois fois, font déclarez contumaces par le concile, qui ordone qu'il fera paffé outre & procedé contre eux & que la session suivante fe tiendra le lundi aprés le dimanche de feffion Quafimodo, c'est-à-dire le quinziéme d'Avril, dont Pâques cette année étoit le feptiéme : par confequent le famedi auquel se tenoit cette fefsion, étoit la veille du dimanche des Rameaux : ainfi le concile ne fut interompu que pendant la semaine fainte & la fuivante. Cependant ariverent à Pise les ambassadeurs du roi des Romains Rupert de Baviere ; & le concile leur dona audiance le lundi quinziéme d'Avril. Ils étoient quatre, Jean archevêque de Riga, Mathieu évêque de Vormes, Ulric évêque élu de Verden, & Conrad de Sufat chanoine de Spire. L'évêque de Verden portoit la parole, & proposa par maniere de doute plufieurs dificultés contre la AN. 1409 convocation du concile, & les matieres que l'on y devoit traiter. Après avoir oui ces ambassadeurs on promit de leur faire réponse à la prochaine session affignée au mécredi vingt-quatrieme d'Avril : mais après avoir doné par écrit leurs dificultés, ils s'en allerent dès le fecond jour, fans prendre congé de perfone. Leurs dificultés se raportoient à trois chefs, la convocation des deux contendans, la fouftraction d'obeïffance, l'union des deux coléges de cardinaux. Or c'étoit plûtôt des chicanes que des dificultés folides, come fit voir dès-lors un auteur dont on ne fait pas le nom, en y répondant article par article. L'empereur Rupert, ou plûtôt le pape Gregoire fous fon nom prétendoit montrer de la contradiction dans les diférentes dates de la fouftraction d'obeïffance, ne diftinguant pas le tems où la réfolution en avoit été prife, & celui où elle avoit été executée. L'empereur demandoit : Quand Gregoire a-t-il ceffé d'être pape ? On répondoit: Quand il a montré notoirement par fa conduite qu'il étoit fchifinatique & heretique : On fut dès-lors obligé de fe feparer de lui, pour ne pas être fauteur du fchifme, quoi qu'on ne puiffe élire un autre pape qu'après la fentence de condamnation. Quant à la convocation du concile, l'empereur. 2168. E chicanoit encore fur la date de l'indiction du concile de Pife, puis il ajoûtoit : La convocation d'un concile apartient au pape, & il l'a convoqué autant qu'il eft en lui: On repondoit : Il eft evident que la convocation faite par Gregoire tend à empêcher le concile général : c'est pourquoi AN. 1409.à fon défaut & dans un cas fi néceffaire les cardi Obj. 17. Obj. 19. naux devoient convoquer le concile, quand même le pape n'auroit pas été douteux, & même à leur défaut le clergé de Rome l'auroit pû faire. L'Empereur. S'ils doutent que Gregoire foit pape, pourquoi ne doutent-ils pas auffi qu'ils foient cardinaux? Réponse. C'eft que le doute touchant le pape vient d'une cause nouvelle, favoir qu'il eft devenu schismatique ; ce qui ne convient pas aux cardinaux. L'Empereur. La plus grande partie des prélats qui font à Pife font du parti contraire à Gregoire, & qu'il a toûjours tenu pour fchifmatiques : les autres fe font fouftraits à fon obéiffance, & fe font rendus parties contre lui. Ils ne peuvent donc être fes juges, & il n'eft pas tenu de comparoître fur leur citation. Réponse. Ceux qui ont embrafsé la neutralité & la fouftraction font plus propres à être juges en cette afaire du fchifme que ceux qui adherent fermement à un des deux contendans. Et les neutres ne doivent point être traités d'ennemis ou de parties adverses: puifque la sonstraction d'obéïffance eft venue par la faute de ceux qui sont cités & acufés. L'Empereur. La convocation du concile n'apartient point à ceux qui n'ont aucune jurisdicton fur les perfones qu'ils y apellent, & encore moins fur le concile: Or les cardinaux font en ce cas. Réponse. Quand le concile eft néceffaire come dans le cas prefent, & que le pape ne veut pas le convoquer, ou ne le peut, come s'il étoit infenfé : il eft certain par le droit que les cardinaux peuvent le con voquer, voquer, & il n'eft pas de l'effence d'un concile qu'il foit foûmis à l'autorité de celui qui le convoque. Le AN.1409. concile provincial cft au-deffus de l'archevêque qui l'a affemblé. L'empereur. Si Gregoire venoit à Pifc, olj. 21. & que Benoît n'y vint pas, Gregoire devroit-il renoncer? car Benoît pouroit dire: Je fuis maintenant feul pape, & je n'ai point de concurrent: pourquoi voulés-vous que je cede ? Réponse. Nous demandons l'éxécution de la promeffe faite avec ferment de ceder de part & d'autre. L'empereur. Le terme affigné pour la tenuë du obj. 23. concile étoit trop court pour une grande partie de nôtre obedience à caufe de la distance des lieux. Réponse. L'importance de l'afaire & la diligence. qu'elle demande pour éviter les périls qui augmentent de jour en jour ont fait prendre le terme le plus court que l'on pouvoit raifonablement. L'empereur. Quant à l'union des deux autres, les uns font vrais cardinaux, les autres prétendus. Coment les uns ont-ils pû réhabiliter les autres, les abfoudre, leur doner les difpenfes néceffaires; enfin les faire cardinaux. Réponse. Dans le cas prefent il eft permis de comuniquer avec des excomuniés & des fchifmatiques, fans qu'il foit befoin d'absolution ou de réhabilitation; & des électeurs peuvent prendre avec eux des persones qui n'ont pas droit d'élire. Après que les ambaffadeurs de l'empereur eu-1.2171. C. rent expliqué leurs dificultés, ils conclurent en priant de fa part les peres du concile de Pifc, de convenir d'un certain jour & d'un certain lieu pour s'affembler de nouveau ; & fi Gregoire manquoit Tome XX. Eece d'y venir & d'acomplir fa promeffe de céder, ils proAN. 1409. cederoient à l'élection d'un pape unique. Or cette XII. fchifma c.39. propofition, dit Thierri de Niem, n'étoit qu'une rufe malicicufe. C'étoit l'été, & il faifoit chaud come il fait alors principalement en Italie. Il y avoit à Pife une très-grande multitude d'étrangers, qui la plûpart étoient venus de loin par mer, & avoient aporté de quoi fubfifter eux & leurs domestiques pendant qu'ils fejourneroient à Pife. Ils n'avoient ni chevaux ni autres voitures pour se transporter ailleurs ; & plufieurs, principalement des cardinaux étoient caffez de vieilleffe & d'infirmitez. D'ailleurs s'il cût falu apaifer de nouveau le pape Benoît qui étoit en Catalogne, il eut été befoin de lui doner un délai convenable; & cependant ceux qui étoient déja affemblez pour le concile, fe feroient retirés, fans peut-être jamais revenir: ne pouvant fournir à la dépense d'un fi long féjour. Les cardinaux demeureroient prefque feuls dans le doute fi Benoît viendroit enfin on ne finiroit rien d'éfectif touchant l'union de l'églife. XXV. Apel des ambaf Rupert. Rain. 1409. n. 19. 10. &c. conc. p. 2239. ; Les ambaffadeurs de l'empereur Rupert aïant fadeurs du roi réfolu de fe retirer fans atendre la réponse du concile de Pife, drefferent avant que de partir un acte d'apel fous le nom de l'un d'entr'eux favoir Conrad de Sufat chanoine de Spire & docteur en théologie le même qui le feizième d'Avril avoit prefenté le memoire de leurs dificultez. L'acte d'apel comence par la juftification du pape Gregoire, qui n'eft gueres qu'une répétition du memoire des dificultez, & contient les mêmes plaintes contre les cardinaux de Gregoire : mais ils y font toûjours |