Imágenes de páginas
PDF
EPUB

cens braves chrétiens. C'étoit le jour de faint Antoine dix-feptiéme de Janvier 1345. Les autres entrerent dans Smirne, & continuerent de s'y défendre vigoureusement.

AN. 1344.

Rain. n. 2.3.

Le pape aïant apris ces nouvelles, nomma pour légat de la Croisade Raimond Saquet évêque de Te- io rouene, & pour capitaine Bertrand de Bauce, seigneur de Cortedon au diocéfe d'Avignon ; & ils étoient prêts à partir, quand le roi Philipe de Valois écrivit au pape qu'il n'avoit pas agréable que ce prelat & ce chevalier fiffent un fi grand voïage. Auffi-tôt le pape leur permit de fe conformer à la volonté du roi, & luy déclara qu'il n'avoit point pretendu que l'indulgence de cette Croifade s'étendît au roïaume de France: ni que perfonne en partît à ce deffein, dans la crainte ou l'on étoit des mouvemens de guerre avec les Anglois. La lettre eft du douziéme de May 1345. & le papey marque que quelquesuns blámoient cette entreprise contre les infideles, difant qu'elle ne fervoit qu'à les aigrir davantage contre les chrétiens; Raimond Saquet étoit du confeil du roi & dans fa confiance. Il fut évêque de Terouene dés l'an 1334. & vingt ans aprés archevêque

de Lion.

Pour commander l'armée chrétienne le pape choifit Humbert daufin de Viennois qui le foûhaitoit, & qui en accepta la commiffion à Avignon en prefence des cardinaux. Il promit de partir inceffamment & de s'embarquer au plus tard le fecond jour d'Aouft, & d'être à l'isle de Negrepont dans la mi-Octobre, de mener avec luy cent hommes d'armes tant chevaliers qu'écuyers, & les entretenir à fes dépens tant que Tome X X.

H

Gall. Chr.to. 1.

p.

431.

328. 10. 2. fol

[blocks in formation]

dureroit la ligue entre le pape, le roi de Chipre, les Rodiens & les Venitiens. Enfuite le pape luy donna publiquement de fa main la croix & l'étendard de l'églife Romaine; fa commiffion eft du vingt-fixiéme de May. Le daufin partit en effet, & s'embarqua à Venife avec plufieurs croifés Italiens & autres : mais fon voïage n'eut aucun fuccés.

Le jeune roi de Naples André étoit prêt à se faire Couronner & tous les ordres en étoient donnés, quand il fut affaffiné à Averse, ou il fe trouvoit avec la reine Jeanne sa fenime. C'étoit le dix-feptiéme de Septembre 1345. Comme il alloit fe mettre au lit, quelques-uns de fes domeftiques le tirerent de fa chambre fur une terraffe, fous pretexte de luy dire quelque nouvelle mais il luy mirent une corde autour du cou, l'étranglerent & le jetterent dans le jardin qui étoit au-deffous. Ainfi mourut ce prince âgé feulement de dix-neuf ans ; & la reine sa femme fut violemment foupçonnée d'être complice, étant déja fort décriée comme abandonnée à plufieurs

autres.

Le pape aïant été pleinement informé de ce cripublia une grande bulle contre les coupables, où fans en nommer aucun, il les déclare tous infâmes, incapable de faire testament, ni aucun autre acte legitime, il ordonne que leurs maisons foient abatues, que perfonne ne leur païe ce qui leur eft dû, ni ne soit tenu de leur répondre en juftice. Nous confifquons, ajoûte-t'il, au profit des seigneurs tous leurs biens & tous leurs droits: Nous les privons de tous benefices & dignités ecclefiaftiques, fans esperance de restitution, de tous honeurs &

offices feculiers, les rendant inhabiles à en obtenir de semblables : nous déchargeons leurs vassaux & leurs fujets du ferment de fidelité. On ajoûte l'interdit fur tous les lieux où ils fe retireront, les peines contre leurs receleurs ou leurs fauteurs, & toutes les autres clauses des censures les plus rigoureuses. On ordonne à tous ceux qui ont connoiffance des coupables, ou des circonstances du fait, de venir à révelation pardevant deux cardinaux qui devoient être envoïés légats en Italie. Enfin le pape revoque tous les pouvoirs d'abfoudre à l'égard de ces cenfures. La bulle eft du premier de Février 1346.

AN. 1345.

XXIX. Concile de Pa

ris

10. II Conc. p.

1098. Spicil. to. p. 128 Dubois

bft. Par. to 2.

637.

Pendant le carême fuivant Guillaume de Melun archevêque de Sens tint à Paris dans la maison épiscopale un concile provincial, où il prefida, & cinq évêques y affifterent. Foulques de Paris, Pierre d'Auxerre, Philipe de Meaux, Jean de Nevers & Jean de Troyes avec les vicaires des évêques de Chartres & d'Orleans. Ils commencerent à s'affembler le vendredi de la troifiéme femaine de carême, & continuerent jusques au mercredi fuivant quatorziéme de Mars. Ce concile fit treize canons dont le premier commence comme la decretale Clericis Laicos de Boniface VIII. par l'anciene inimitié des laïques s. 1. LXXI. contre le clergé, & fe plaint que les juges feculiers font de jour en jour emprisoner, mettre à la queftion, & même executer à mort des ecclefiaftiques : mais on ne dit pas qu'ils foient innocens, on fe plaint feulement que c'eft au préjudice de la jurisdiction ecclefiaftique.

Le concile continuë: L'excommunié qui aprés l'année ne se fait pas absoudre dans trois mois, fera pour

70 42.

1345.

fuivi comme fufpect d'herefie. Or les Ordinaires peuvent prendre les heretiques ou ceux qui en font fufpects: & fur leur requifition les juges feculiers font obligés de les prendre, fous peine d'être euxmêmes excommuniés. le refte de ce concile regarde principalement les biens temporels de l'église, & il finit par l'indulgence de l'Angelus accordée à ceux qui Sur. . c. le difent à l'heure du couvre-feu, c'est-à-dire, à la fin de la journée.

No 32.

c. 13.

l.

XXX. Egl fe d'Allemagie.

R.n.21.

Sub liv. XCIV 2. 14.46.

64.65. &.

Berthold évêque de Strasbourg avoit envoïć au pape son official dès la fin de l'année precedente, avec un plein pouvoir de fe foumettre entierement aux ordres du pape, reconnoître la faute quil avoit faite en recevant de Louis de Baviere, quoique malgré luy, le temporel de fon églife, & lui en faifant homage. Il prometoit aufli de ne point obéïr à Loüis, & n'avoir aucun commerce avec luy, jufqu'à ce qu'il fût reconcilié avec l'églife Romaine. La procuration étoit du cinquiéme de Novembre 1345. Le pape y eut égard, & accorda à l'évêque l'abfolution de toutes les cenfures qu'il avoit encourues : luy ordonnant pour penitence la fondation de deux chapelles. La bulle eft du vingt-deuxiême de Mars 1346.

Mais Henri Bufman, archevêque de Maïence, Rat. 1343. n. bien qu'élevé fur ce grand fiege par le pape Jean Id. 1346 n. XXII. étoit toûjours attaché à Louis de Baviere, comme il avoit promis à fon chapitre; & ne fut point ébranlé par les procedures que fit contre lui Benoift XII. & enfuite Clement VI. qui dès l'an 1343. Trith, Chr. publia contre ce prélat une grande citation; & aprés luy avoir accordé plufieurs délais, le contumaça dans les formes, & enfin le déposa de l'archevêché de

Hirs. an.1346.

[ocr errors]

Maïence & de toute dignité par fentence du feptié- AN. 1346. me d'Avril de cette année 1346. A fa place le pape pourvut de l'archevêché de Maïence Gerlac fils du comte de Naffau, qui avoit été élû par le chapitre dès l'an 1330. & avoit difputé ce fiege à Henri. Il étoit doïen de l'églife metropolitaine, & le pape efperoit que par fa richeffe & fa puiffance il abatroit & detruiroit le parti d'Henri.

[ocr errors]

Mais Henri méprifa la fentence du pape, & fe tint toûjours pour archevêque, ce qui produifit dans le diocéfe de Maïence un fchifme qui dura huit ans pendant lefquels Henri furvêcut. Il prit même pour coadjuteur Conon de Falquenbourg, chanoine de l'églife de Maïence, homme docte & prudent, dont l'habilité & le fecours de fes parens fervirent beaucoup à le foûtenir contre Gerlac. Chacun des contendans exerçoit toute l'autorité fpirituelle & temporelle dans les lieux dont il étoit le maître; ils s'excommunioient reciproquement: c'étoit une guerre ouverte, les pillages & les incendies défoloient tout le diocéfe; l'églife de Maïence ne put reparer en un fiecle les pertes de ces huit années.

XX XI. Derniere fen

contre

Louis de tavic

re.

Cependant le pape Clement termina les procedures commencées depuis fi long-tems contre Louis tence de Baviere, par une grande bulle qu'il publia le jeudi - faint treiziéme d'Avril cette année 1346. Il reprend l'affaire depuis la monition qu'il avoit donnée contre ce prince trois ans auparavant, il l'accufe de luy avoir manqué plufieurs fois de parole, & confirmant les condamnations de Jean XXII. il défend à qui que ce foit de luy obéïr, d'obferver les traités faits avec luy, le recevoir chez eux, ni de

Sup. n° 17.

Rain n. 8.

« AnteriorContinuar »