Imágenes de páginas
PDF
EPUB

AN. 1348.

p. 150.

tre. On craignit que laville de Bafle ne refufat de faire ferment à l'empereur, à moins qu'on ne levât l'interdit: c'est pourquoi il falut montrer la commiffion. Le bourgmestre comparut avec les confuls devant l'empereur, & les évêques, & adressant la parole à celuy de Bamberg, dit en Alleman : Sachés que nous ne voulons ni avouer, ni croire que le défunt empereur Louis ait jamais été heretique, & que nous tiendrons pour roi des Romains, ou pour empereur celuy que les électeurs ou la plus grande partie d'entr-eux nous auront donné, quand il ne demanderoit jamais au pape fa confirmation; & nous ne ferons jamais autre chofe contre les droits. de l'empire en façon quelconque : mais fi le pape vous a donné pouvoir de remettre tous nos pechês, nous le voulons bien. Enfuite du confentement du peuple le même bourgmestre, & un autre chevalier firent le ferment conforme à la commiffion devant Jean de Pistoïe fecretaire du pape qui étoit prefent; & ainfi furent levées les cenfures, & les bourgeois firent le ferment ordinaire à l'empereur, duquel l'évêque de Bafle, & l'abbé de Morbac reçurent l'inveftiture. Le jour de Noël l'empereur communia à la meffe du point du jour, il lut l'évangile à haute voix tenant l'épée nuë à la main & le lendemain jour de faint Etienne il se retira de Bafle.

;

Cependant les feigneurs qui lui étoient opofés, s'adrefferent à Gunther comte de Schoüarzembourg en Turinge, grand guerrier qui avoit fervi l'archevêque de Maïence Henri, & même l'empereur Louis de Baviere, & le prierent d'accepter l'empire. Il

3. P. 414.

refusa d'abord, mais enfin il y confentit, fupofé que AN. 1348. les princes & la noblesse assemblés à Francfort declaraffent autentiquement l'empire vacant, & qu'il fût élu par la plus grande partie des électeurs. Il le fut en effet le jour de la purification fecond de Février 1349. par Henri archevêque de Maience, Louis marquis de Brandebourg, Rodolfe comte Palatin du Rhein, & Henri duc de Saxe; & fix femaines aprés Gunther fut reçu dans Francfort. Il y fit un édit le dixiéme jour de Mars où il dit : Notre Gold. Conf. to. predeceffeur l'empereur Loüis d'heureuse memoire a fait une loi portant, que celuy qui eft élu roi des Romains à Francfort par les électeurs ou la plus grande partie, a la pleine adminiftration de l'empire avant la confirmation du pape. Nous renouvelons & ratifions cette loi par le prefent édit de l'avis de nos princes ecclefiaftiques & feculiers: nous déclarons nuls tous actes faits au contraire, notament les decrets des papes, comme repugnans à la doctrine chrétiene & apostolique; puisque selon toutes les loix divines & humaines le pape luy-même doit être foûmis à l'empire, & l'empereur quant au temporel, n'est soûmis ni au pape, ni aucune perfon

ne fur la terre.

"Alb. Arg. te

Au commencement du mois de May Gunther étant toûjours à Francfort, tomba malade, & prit une medecine que l'on crut empoifonée, parce que le medecin qui en avoit fait l'effai, mourut dans les trois jours, & Gunther luy - même devint auffi-tôt enflé; & perdit l'ufage de ses mains qui fe retirerent. Cet accident le determina a s'accommoder avec l'empereur Charles, auquel il ceda fes prétentions psze

[ocr errors]

AN. 1349.

435.

Duba. lib. 2. p. 181.

fur l'empire, & il mourut dans le mois.

Le médiateur de ce traité fut Louis de Baviere, fils 'H. Rebdorf. p. aîné du défunt empereur qui reçut alors de l'empereur Charles l'inveftiture du marquifat de Brandebourg que fon pere luy avoit donné. Pour l'obtenir Louis rendit à Charles des reliques que les empereurs avoient coûtume de remettre à leurs fucceffeurs, & qu'il avoit en fa poffeffion; fçavoir, l'épée de Charlemagne, la lance de la paffion, le côté droit de la croix avec un des clous, la nape que l'on difoit fervir à la cene de Notre Seigneur. Ces reliques étoient eftimées trés-precieuses.

XLVIII.

res Mineurs.

Cependant dès le dix-huitiéme de Mars le pape envoïa aux deux archevêques Baudouin de Treves, & Gerlac de Maïence une commiffion pareille à celle qu'il avoit envoïée un an auparavant au même Baudouin, & à l'évêque de Bamberg. Mais comme la formule d'abjuration paroiffoit trop dure à ceux de Maïence qui ne vouloient point avouer qu'ils eussent erré dans la foi: l'empereur Charles pria le pape d'en dreffer une plus douce, & le pape luy répondit le fixiéme de Juin, qu'il étoit difficile de changer cette formule compofée & obfervée du tems de Jean XXII. toutefois qu'il en delibereroit avec les cardinaux.

En Allemagne il reftoit des freres Mineurs attaRetour des fre- chés au parti de Louis de Baviere, dont plufieurs voulant dès l'année précedente reconnoître Charles de Luxembourg, en étoient détournés par les plus opiniâtres, comme on voit par une lettre du pape à leur general du vingt-cinquième de May 1348. Mais cette année le peu qui reftoit de ces freres fchifmatiques, & qui demeuroient à Munic, s'adref

Rain. 1348. n.

21.

AN. 1349.

Id. 1349. x. 16.

Vaning 1347.

8.22.

10.

vad. 1348. n.

ferent au chapitre general de l'Ordre, defirant le faire abfoudre des cenfures qu'ils avoient encourues: même Guillaume Ocam le plus diftingué d'entre-eux renvoïa au general l'ancien feau de l'Ordre, qu'il avoit gardé long-tems. Le chapitre general qui se tenoit à Verone dès l'année 1348. prefenta requête au pape en faveur de ces freres repentans; & le pape donna une bulle adreffée au general; par laquelle il luy donna pouvoir de les abfoudre, en faifant l'abjuration dont il leur envoïe la formule qui eft semblable aux precedentes: ajoutant feulement renonciation expreffe aux erreurs de Michel de Cefene. La bulle est du huitiéme de Juin 1349. Michel de Cefene étoit mort à Munic dès l'an 1343. le vingt- erit .259, neuviéme de Novembre, & on dit qu'il mourut pe

nitent.

Vad 1343.

XLIX Nouveaux fla

149.

All. Arg. p.

La pefte aïant paffé en Allemagne, le peuple comença à fe flageller publiquement fous prétexte d'a- gellans. paifer la colere de Dieu. A la mi-Juin de cette année 1349. il en vint deux cens de Suaube à Spire, qui avoient un chef & deux autres maîtres aufquels ils obéïffoient en tout. Ils pafferent le Rhein dès le matin, & comme le peuple acouroit, ils firent devant l'églife un grand cercle, au milieu duquel ils fe dépoüillerent & fe déchaufferent, gardant feulement une espece de calleçon qui tomboit jufqu 'aux talons. Alors ils entrerent dans le cercle, & en aïant fait le tour, ils fe profternerent l'un aprés l'autre, les bras étendus en croix, les fuivans paffoient fur les premiers, & les touchoient doucement de leurs foüets puis ces premiers fe levoient & paffoient, fe flagellant eux-mêmes de leurs foüets qui avoient

[ocr errors]

AN. 1349.

des nœuds chacun avec quatre pointes de fer; cependant ils chantoient en Alleman, invoquant Dieu fouvent. Trois, qui avoient la voix trés-forte, s'aréterent debout au milieu du cercle, donnant le ton aux autres, & fe flagellant. Ensuite à un certain si-. gnal tous étant à genoux, fe profternerent en croix fur le vifage priant & fanglotant; & leurs maîtres firent le tour, les avertiffant de prier pour atirer la clemence de Dieu fur le peuple, pour leurs bien-faiteurs, pour ceux qui leur faifoient du mal, pour tous les pecheurs, pour les ames du purgatoire. Enfin ils fe levoient & s'alloient revêtir; & ceux qui avoient gardé leurs habits & le bagage, vinrent à leur tour en faire autant.

Enfuite un fe leva & d'une voix forte lut une lettre que l'on difoit avoir été presentée par un ange dans l'églife de faint Pierre à Jerufalem. Elle portoit que Jefus-Chrift étoit irrité contre le monde pour fes crimes, entr'autres qu'on obfervoit pas le dimanche, qu'on ne jeûnoit pas le vendredi, les blasfêles ufures, les adulteres. Que Jefus-Christ étant prié par la fainte Vierge & par les anges, de faire mifericorde avoit répondu, que chacun devoit pendant p.1 so trente-quatre jours fe bannir de chés-luy,& fe flagel

mes,

ler.

Les flagellans furent reçus à Spire avec tant d'afection, que l'on s'empreffoit à les loger. Or ils ne recevoient pas d'aumônes en particulier, mais en commun pour acheter des torches & des banieres, car ils en avoient de fort precieuses. Toutefois, quand on les prioit manger ils y alloient par la permiffion de leurs maîtres. Ils fe flagelloient deux fois

le

« AnteriorContinuar »