XII. Comme les Samaritains écrivent le texte du Pentateuque sans points ni voyelles, on ne peut sçavoir si leur façon de lire s'accorde avec celle des Juifs, dont la maniere est aujourd'huy fixée par les Massorettes. Ce feroit cependant une chose fort curieuse d'entendre lire le texte du Pentateuque à un Samaritain, pour voit s'il seroit parfaitement conforme à la façon de lire des Juifs, que nous fuivons exactement, parce que nous n'en avons point d'autre. Il faut esperer que quelque Voyageur habile dans la Langue Hebraïque fatisfera en cela un jour noftre curiosité. Toute l'Eglise en pourroit mesme recevoir de grands avantages. Je ne croy pas qu'il soit à propos de parler de la Version Grecque du Pentateuque Samaritain, puisque pour peu qu'on ait connoissance des Peres Grecs, on sçait en quoy elle consiste. Il faut cependant bien prendre garde de ne pas confondre le gros des Samaritains avec une certaine Secte dont le Chef se nommoit Dositheus ou Doufis, comme les Arabes l'appellent. Ce Doufis, à ce que dit un Samari tain, qui a compose l'Histoire de sa Nation, altera en plusieurs endroits le texte du Pentateuque, dont il fut repris par le grand Sacrificateur. Il eut pourtant des Disciples qui se servoient de ce Pentateuque corrompu, comme on le peut voir plus au long dans les En sa Notes d'Abraham Ecchellenfis sur le Biblio Livre Hebedjesu. Il est fait aussi mentheque. tion dans Photius d'un certain Dofi theus ou Dosten, grand corrupteur des Livres faints, qui estoit Samaritain du temps de Simon le Magicien, & qui fut Chef de la Secte des Samaritains appellez Doftheniens. : Un des plus sçavans hommes de nostre temps s'est imaginé que nos Uffe- Pentateuques Hebreux - Samaritains rius Ar- viennent de ce Dositheus. Mais cette mach. opinion n'a aucune apparence de fondement: car le Pentateuque HebreuSamaritain, qu'on a fait imprimer de nos jours, est celuy qui se lit dans toutes les Synagogues des Samaritains. Au reste, je sçay que quelques personnes sçavantes, principalement dans ce qui regarde les peuples du Levant, ont esté surprises, qu'on ait avancé que les Samaritains d'aujourd'huy ont un lieu sur la montagne Garizim, où ils sacrifient; parce que, disent. ils, Pietro della Valle, qui a vû les Samaritains de ces lieux-là, ne le re marque point dans ses Voyages: & de plus l'extrême pauvreté où ils font reduits depuis plusieurs siecles, ne leur a pas permis de continuer leurs sacrifices. Mais sans qu'il soit besoin de rechercher ce que Pietro della Valle a écrit des Samaritains, & fi la Tradu. ction Françoise de ses Voyages est conforme à l'Italien, ou mesme s'il s'en est informé sur les lieux, c'est en vain qu'on apporte des raisons con tre des faits qui peuvent estre facile ment éclaircis. Il est certain qu'au temps de Scaliger les Samaritains de Napoulouse avoient des Sacrificateurs, puisqu'ils lui demanderent par lettres de la toile fine, pour faire des vestemens à leur grand Sacrificateur. On a auffi trouvé parmi les papiers de M. Peyresc plufieurs memoires touchant les facrifices des Samaritains: Ce qu'il avoit appris de quelques Voyageurs, à qui il avoit recommandé de voir les Samaritains, pour acheter de leurs Li Les mêmes Samaritains de Napolouse ont écrit depuis peu à quelques Docteurs d'Angleterre, qu'ils qualifient du nom de leurs chers freres Samaritains d'Angleterre. Dans leurs lettres ils assurent avoir un grand Sacrificateur, qu'ils pretendent estre de la race de Phinées, & des Sacrificateurs de la race des Levites. Cependant dans la derniere de leurs lettres écrite de l'année 1676. ils leur donnent avis de la mort de leur grand Sacrificateur, & les supplient en mesme-temps de vouloir les assister dans leur misere, d'envoyer leurs offrandes à la sainte montagne Garizim, de leur fournir dequoy avoir des vestemens pour leurs Sacrificateurs, & enfin d'envoyer leurs presens & leurs charitez aux tombeaux de leurs Peres. Le P. Morin qui s'estoit aussi informé des Samaritains, a assuré qu'ils sacrifioient encore sur le mont Garizim, & que leur grand Sacrificateur, qui reside à Napolouse étend sa jurifdiction sur tous les autres Samaritains, ausquels il indique tous les ans par des lettres circulaires la feste de la Pasque & des autres festes solemnelles, 4 CHAPITRE II. Des Divinations & des Sortileges. a IL Es Juifs tiennent pour un tres - grand peché d'ajouster foy à quelque augure que ce foit, à l'Aftrologie, à la Geomancie, à la Chiromancie, & autres sortileges & devinations. aux II. Mais ils croyent que c'est encore un plus grand crime de s'adonner à la Necromancie, à la Magie, Prestiges, Theurgie, Evocation d'Anges ges ou de Demons; consulter les morts, pour en avoir des réponses; & en un mot, de faire tout ce qui est défendu & marqué dans le 18. Chap. du Deuteronome. III. Il leur est aussi défendu de s'entamer la peau, d'y mettre de l'encre, ou d'autres couleurs, Levitique chap. 19. Vous ne vous ferez point de marques. a Ce Chapitre n'est point dans la premiere Edition. |