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chofes, ce qui a esté imité depuis en chaque âge par les Ecrivains, fur tout pour fe faire entendre dans les matieres de Philofophie, & dans les autres. Sciences, où ils ont emprunté les termes dont ils avoient befoin.

IV. Cette maniere d'écrire en He breu de Rabin, eft ordinaire dans la compofition des Livres, dans les Contrats, dans les Journaux, dans les affaires publiques, & ailleurs : mais pour les lettres de civilité ou d'affaires ordinaires, la plufpart fe font en la langue du païs où ils demeurent ; il y en a neanmoins qui les écrivent en caracteres Hebreux. Les Juifs de la Morée font les feuls aujourd'huy qui écrivent encore en Hebreu toutes choses.

V. Leurs Predications fe font en langage du païs, afin d'eftre entendus de tout le monde. Les paffages de l'Ecriture toutesfois, auffi-bien que les citations des Rabins, font tous rapportez en Hebreu, que les Predicateurs expliquent enfuite en Langue vulgaire.

VI. Comme on permet aisément de prefcher, celuy qui en a envie

prend fon tems, que toute l'affemblée eft aflife tranquillement dans la Synagogue. Alors fe couvrant de fon Taled, & mefme fans en eftre couvert, s'appuyant contre le pulpitre dont j'ay parlé, il débute par un verfet de la 1. Part. lecture où l'on en eft, nommé a Nofe, ch. 8. qu'il accompagne d'une fentence des Docteurs nommée Maamar. Puis il prononce fon éxorde, tiré de quelque matiere qui a rapport à cette lecture; enfuite il l'explique, & il cite des paffages de l'Ecriture, & des autorirez des Rabins, chacun felon fon ftyle, ce qui eft fort different d'une nation à l'autre.

VII. La Prédication fe fait le jour du Sabbat, & dans les grandes feftes tout au plus, fi ce n'eft qu'il fe rencontre l'Oraifon funebre de quelque Chef de famille confiderable, qui fe fait ordinairement les jours qu'il n'est point fefte, ou qu'il y ait quelqu'autre occafion extraordinaire.

a Le fujet.

6. V. 7.

CHAPITRE II.

De leurs Eftudes & de leurs Academies ; de l'origine & du contenu de la Ghemara ou Talmud.

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1. TLs tiennent que la plus fainte occupation qu'on puiffe avoir, eft d'étudier la fainte Ecriture, & fes interpretations, chacun felon fa capaDeuter. cité; Et tu leur en parleras eftant en ta maifon, & en te promenant, &c. Il y en a quelques-uns qui s'attachent à la Cabale, j'entens à la Theologie fecrete de l'Ecriture. D'autres étudient la Philofophie & les autres Sciences naturelles & morales; mais le tout dans la vûë de fe faciliter l'intelligence de l'Ecriture, autrement ils tiendroient ces études pernicieuses, fi ce n'eft que quelqu'un ait envie de fe faire recevoir Docteur en Medecine en ce cas-là il peut en ufer autrement. Mais parmi eux, la plus ordinaire étude eft la a Ghemara, autre

a Perfection. C'est comme un fupplément à la mifna qui fert de texte, dont la Ghemara eft

la Glofe.

ment

ment le Talmud, dans les lieux où il eft permis de l'avoir; & où il ne l'eft pas, on étudie les compofitions des Sages, les Paraphrafes, ou l'abregé du Talmud.

II. Ils ont pour cela des Academies. nommées a Iefivod, où les Rabins & leurs Difciples s'affemblent pour dif puter; mais cela fe fait fans ordre, & avec beaucoup de bruit : de forte qu'il femble que les matieres qu'on y traite en valent la peine. On fe trouve là ordinairement au fortir des prieres du matin, à la referve du Vendredy, des veilles de Fête, du Sabbat, & des jours de Fête.

III. Et parce que le fondement de tous les preceptes, Ceremonies & Coûtumes des Juifs vient du Talmud, & qu'elles en tirent toute leur autorité, il eft bon de découvrir fon origine, & de dire par ordre ce qu'il

contient.

IV. J'ay marqué dans le premier Chapitre de cet Ouvrage, que les Juifs ont reçû de Moïfe la Loy écrite & des Rabins la Loy orale, qui eft a Ce mot fignifie à la lettre feffio, parce que les Ecoliers font affis.

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l'expofition de la premiere, avec le ramas de toutes leurs autres Conftitutions. Tant que le Temple a fubfifté, les Juifs ne pouvoient rien mettre par écrit de cette feconde Loy > qu'on appelloit à caufe de cela, la Loy orale, ou de bouche parce qu'elle s'enfeignoit feulement de vive voix par tradition.

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V. Mais environ fix-vingt ans aprés la deftruction du Temple, le Rabin Juda qui vivoit alors ; & qui pour la fainteté de fa vie, étoit nommé par les Juifs, Rabenu acados, ou nôtre faint Maître : ce Rabin, dis-je, qui étoit fort riche, & grand ami de l'Empeur le pieux Antonin, voyant que la difperfion des Juifs faifoit oublier certe Loy de bouche, écrivit tous les Sentimens, Conftitutions & Traditions des Rabins, jufqu'à fon temps; & cela affez en abregé dans un Livre qu'il nomma b Mifna.. Il divifa cet Ouvrage en fix Parties, dont

a Les Sçavans ne conviennent pas entre eux: du temps que le Talmud a été compilé.

b C'est ce que les Peres ont nommé Deuterofis, comme qui diroit, repetition de la Loy & fert de Texte au Talmud..

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