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raport au Judaïsme. Auffi une partie de nos Ceremonies viennent-elles des Juifs. La doctrine eft prefque la même, & pour ce qui eft des mœurs, le Decalogue eft commun entre eux & nous. Le Purgatoire même que les Proteftans ne veulent point reconnoître, eft expliqué à la fin de cet Ouvrage, auffi bien que la creance du Paradis, de l'Enfer, de la Refurrection, & du jour du Jugement.

La Religion Chrêtienne a cela encore de commun avec la Juive, que chacune s'appuye fur l'Ecriture Sainte, fur la Tradition de fes Peres, fur les Coûtumes & fur les ufages reçûs, que nous appellons dans notre Reli gion, Difcipline Ecclefiaftique. De plus comme nos Docteurs difent fouvent, cela eft de Tradition Apoftolique; les Rabbins de même ont toûjours dans la bouche, balaca le Mofçe mi Sinai. Cette explication a efté donnée à Moyfe fur la montagne de Sinai. Il eft vrai que fous le mot de Tradition ils debitent fouvent des chimeres ; mais ce n'eft pas tant un défaut de la Tradition, que de ceux qui en font les dépofitaires. Pour les prieres des Juifs elles font

fort pieufes, & font prefque toutes faites fur un même modele ; quoy qu'elles ayent été compofées en divers temps, & en divers lieux. Ce n'est prefque qu'un tiffu de paffages de l'Ecriture, qui renferme les louanges de Dieu; & il y a bien de l'apparence qu'Efdras eft l'auteur d'une partie de ce Formulaire de prieres, & que les Docteurs qui l'ont fuivi, n'ont rien fait qu'y adjoûter plufieurs chofes. Aux premiers temps de l'Eglife, nos Peres dans leurs Affemblées chantoient les louanges de Dieu recitoient des Pfeaumes, & lifoient l'Ecriture Sainte; c'est à dire, l'endroit de la Loy & des Prophetes, qui convenoit à chaque jour, comme font en core les Juifs d'aujourd'huy. La lecture de l'Evangile a pris enfuite dans l'Eglife la place de la Loy de Moyfe; mais on y a toûjours retenu quelque chofe du vieux Teftament, & fur tout des Pfeaumes,comme on le voit à l'Introïte même de la Meffe, qui n'est qu'un abregé des Pfeaumes, qui peut eftre au commencement fe récitoient tous entiers; & on ne les a reduits comme ils font, que pour avoir pluftôt fait.

Ajoutez à cela que les premiers Peres de l'Eglife reveroient le Sabbat comme le Dimanche. Auffi voit-on que les anciens Canons égalent l'un a l'autre, lorfqu'ils deffendent également de jeûner ces deux jours là. Celebre dit l'ancien Livre des Conflitutions qui porte le nom de Cle ment) comme jours de Feftes le Sabbat

le Dimanches parce que l'un eft confacré à la memoire de la Creation, & l'autre à la memoire de la Refurrection, En effet ces deux jours ont efté longtems en grande confideration, & le Samedy eftoit un jour d'affemblée pour les Chrêtiens, comme le Dimanche; même on voit encore un reste de cette Coûtume le jour du Samedy Saint, lorfqu'on lit dans nos Eglifes quelques Chapitres de la Loy & des Prophetes.

On ne fçauroit affez, admirer la modeftie & le recueillement interieur des Juifs, quand ils vont le matin à la priere. Car il ne leur eft point permis de traiter d'aucune affaire, ni même de rendre aucune vifite, ni de faluer qui que ce foit, qu'ils ne fe foient acquitez de ce devoir envers Dieu. Cet

ufage eft tres-ancien parmi les Juifs, & il nous doit fervir à expliquer ces paroles que Jesus-CHRIST dit à fes Difciples lorfqu'il les envoya prefcher l'Evangile. Ne faluez perfonne par le chemin. Luc. 10. v. 4.

Si on examine bien l'Ordre des prieres Juives & leurs rubriques, on trouvera qu'elles different peu des nôtres. Ils ont la priere du matin, celle d'après difner, & celle du foir. S'ils ne fe fervent point des termes d'office double, femi-double & fimple, ils ne laiffent pas d'avoir de differens offices. Ils ont le Commun & le Propre comme nous. Ils ont auffi leurs commemorations, qu'on verra à l'endroit où ils traitent de leurs Feftes. Enfin comme nous avons l'ufage Romain, celuy de l'Eglife Gallicane, & autres, ils ont auffi l'ufage des Synagogues Efpagnoles, Allemandes, Italiennes, &c.

La defcription que nôtre Auteur fait des Thephilin, dont ils fe fervent dans la priere, nous apprend ce que c'étoit que les Philacteres dont il est parlé dans l'Evangile, & que la plufpart de nos Interprêtes expliquent affez

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mál. Je ne fçay entr'autres ce qu'a voulu dire le P. Amelote del'Oratoire dans fes Notes Françoifes fur fa verfion du nouveau Teftament, lorfqu'il prétend que les Tephilin & le Talede font des ornements Juifs, dont le Maiftre de la Maifon fe revêtoit pour manger l'Agneau de Pafque d'une facon plus augufte. Il s'eft trompé en fuivant en céla Genebrard, qui pour appuyer cette opinion cite Orah Haiim, & cependant dans l'endroit même qu'il cite ce Livre, il n'eft point fait mention d'aucun ornement facré, qui fût neceffaire à la célébration de la Pafque; mais feulement d'un habit à quatre pands, que les Juifs eftoient obligez de porter alors, & dont ils fe difpenfent aujourd'hy, pour ne point paffer pour ridicules, fe contentant de porter fous leur hábit un morceau d'étoffe quaré avec quatre houppes ou cordons effilez par le bout.

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Sur ce faux principe plufieurs ont établi l'ufagedes ornemens facrez dans la celebration des myfteress & on prétend faire voir encore aujourd'huy des chafubles de quelques Apoftres. Mais les plus fages & les plus fçavans

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