Imágenes de páginas
PDF
EPUB
[ocr errors]

Ecrivains n'en font pas perfuadez; & je fuis furpris que le Cardinal Bona fe foit fi fort emporté contre Nicolas Alemannius, parce qu'il foûtient que les Apoftres n'ont point eu l'ufage des habits facrez, & qu'il traite tout ce qu'on en dit de fabuleux & de ridicule, Ce Cardinal appuye ce qu'il avance fur Baronius, de Monchi Stapleton, du Sauffay, & autres, qui croyent que nôtre Seigneur fit la Cene en habits facrez & de Ceremonie ; au lieu que le Cardinal Bona dit fimplement qu'il n'y a eu que a eu que les Apôtres qui ayent celebré les mysteres en habits ceremoniaux ; mais que pour JESUS-CHRIST il inftitua ce Sacrement, n'ayant que fes habits ordinaires. Cependant l'un n'a pas plus de fondement que l'autre, & Vvalafride Strabon a eu raifon de dire, que. dans la primitive Eglife on difoit la Meffe en habit ordinaire, non pas à caufe de la raison qu'en donne Jofeph le Vicomte, Qu'en ce temps là l'Eglife ne pouvoit faire dépense d'habits riches, & propres à ces Ceremonies: mais parce que les premiers Chrêtiens, qui la plûpart avoient efté Juifs, celebroient

le

[ocr errors]

les myfteres dans les affemblées avec les mêmes habits, qu'ils avoient portez dans la Synagogue. Je ne doute point non plus que les chapes que nos Preftres portent, ne foient venus des manteaux que les Juifs eftoient obligez de porter, ou des robes des Romains, ou de tous les deux en femble. Car apparemment les uns & les autres en quittant leur Religion pour embraffer le Chriftianifme gardoient leurs habits. A quoi l'on peut ajoûter qu'anciennement on difoit la Meffe avec des chapes, & que les Orientaux pour officier, les preferent encore aujourd'huy à nos chafubles : mais comme on les a trouvées embaraffantes, on les a coupées par bas, & fenduës par les côtez; ce qui eft plus commode & de moindre dépense. De la même maniere l'aube eft venuë de la tunique des Romains, qu'on a accourcie & élargie pour en faire nos furplis. Il n'y avoit donc point en ce temps là de .difference entre les vêtemens de Ceremonie, & ceux dont on fe vêtoit d'ordinaire; & il n'y a que le temps qui ait caufé cette diverfité; les gens du monde ont changé de mode, &

B

Ch. 10.

les Ecclefiaftiques ont toûjours garde leur façon de fe vêtit. Or comme ils gardoient les meilleurs pour celebrer les myfteres: & que petit à petit l'Eglife a eu de grands biens, & en fuite des temples fomptueux, il eft arrivé que l'on a fait des habits riches & fu perbes.

Ce grand nombre de benedictions & d'actions de graces, que les Juifs ont accoûtumé d'employer au commencement & à la fin de toutes leurs actions, fert beaucoup à faire entendre quantité de paffages de Saint Paul, où il parle des louanges & des remercimens que nous devons faire in1. Cor. ceffamment à Dieu. Si j'y participe, dit-il, avec action de grace, pourquoy fuis-je blâme de ce que je rends grace. Soit donc que vous mangie que vous beuviez, ou que vous fassie quelqu'autre chofe, faites toutes chofes à la gloire de Dieu. Je n'entens point parler icy des benedictions, & des actions de graces particulieres, qui font dans le dixié– me Chapitre de la premiere aux Corinthiens fur le fujet de l'Euchariftie, quoy qu'on les explique tres-bien par les benedictions & actions de graces

[ocr errors]

des Juifs dans la celebrarjon de leur Pâque. Il y a encore beaucoup d'au tres chofes de cette nature qui ne fe peuvent bien expliquer que par l'ufage & la coûtume des Juifs.

Dans le formulaire des prieres Jui ves, il y en a une qu'ils font en public pour les Princes, dont ils font fujets. Elle contient plufieurs articles; & à la fin de chacun le peuple dit Amen. Pour temoigner en cela leur zele, ils la recitent en embraslant le livre de la Loy. Cependant it femble que ce qu'il's demandent à Dieu pour feurs Princes, ne foir que pour l'avan rage particulier, qui en doit revenit à la Nation Juive. Que le Roy des Rois,. difent-ils, conferve par fa mifericente noftre Prince, qu'il le porte à faire d'u bien à tous les Ifraëlites, & que fous fon regne Luda fait fauvé, qu'Ifrael foir en affeurance,& que le Liberateur vienne en Sion. Je ne fçay fi on ne pourroit pas conclure de cette priere que Saint Paul, qui avoit été fi bien inftruit dans la Synagogue, a pris de là occa fion d'enfeigner aux premiers Chrê→ riens de prier Dieu pour les Rois & pour les Princes de la Terre.. Quoy

qu'il en egit, on ne peut pas condamner ce grand nombre de benedictions juives pour une infinité de choses; puifque les Eglifes Chrêtiennes d'Orient & d'Occident n'en ont gueres moins dans leurs Euchologues & leurs Rituels. Auffi toutes les benedictions qui fe font à l'honneur de Dieu faņs fuperftition font toûjours bonnes.

J'ay dit fans fuperftition, parce qu'on accufe les Juifs d'abufer avec quelques benedictions du nom de Dieu, & de celuy des Anges, dans l'efperance de fe les rendre plus familiers par une espece de magie, & cela fondé fur l'imagination qu'ils ont, que. les Patriarches avoient des Anges, qui leur tenoient lieu de maîtres & de guides. Mais nôtre Rabbin est fi éloigné de cette penfée, qu'il condamne icy la magie conformément à la Bible & au Talmud. On voit même par les article de leur créance, qu'ils deffendent le culte des Anges, lors qu'ils difent,qu'il ne les faut point adorer,ni fervir comme mediateurs ou interceffeurs. Les Juifs toutefois refpectent & honorent fort les Anges, & on voit dans nôtre Auteur, que lorsqu'ils

« AnteriorContinuar »