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alloient autrefois à leurs neceffitez en des lieux où ils pouvoient eftre en danger, ils reclamoient leurs Anges Gardiens. Et cette invocation fe trouve encore dans leurs livres en ces termes: Orah. foyez honorés venerables & faints mini- Haiim. ftres de Dieu. Confervez-moy, confervez n. 3. moy. Affiftez-moy, affiftez-moy. Il y a mefme encore des Juifs devots qui font cette priere, fondez fur ce paffage: Il a commandé parlant de vous à fes An- Pf. 90, ges, qu'ils vous gardaffent dans toutes vos voyes. Au refte la creance des Anges Gardiens étoit établie dans la Synagogue du temps de nôtre Seigneur, comme elle l'eft aujourd'huy dans l'Eglife.

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Il faut pourtant avouer qu'il y a des Juifs qui abufent du nom de Dieu & des Anges dans la vûë de faire des chofes furnaturelles. couvrant cette mauvaise pratique du nom fpecieux de* Cabbale, pour perfuader qu'ils ne font rien en cela que fuivre la Tradition de leurs Peres. En effet fous ce mot de Tradition ils impofent aux plus fimples d'entre eux, & même à quelques Chrêtiens qui fe laiffent

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Tradition

c'eft

aller à ces réveries Cabbaliftiques, qui font tous les fondemens de la Magie. Mais ce qui eft plus étonnant, que Reuclin, qui eftoit un des plus fçavans hommes du dernier fiecle, fe foit amufé à écrire fur cette matiere. Les extravagances même du Comte Gabalis, qui ont paru depuis peu, n'ont pas été defagreables à bien du monde, tant il eft vray, que l'hom me eft naturellement porté à la fuperftition, La Cabbale à mon avis tire fon origine de la Philofophie de Pythagore & de Platon, que quelques Juifs ont compilée avec le Judaifme, rependant fur le tout une infinité de réveries nées de l'oifiveté & de la fuper ftition; comme cela fe voit dans les livres d'Adam, d'Enoch de Salomon, & de beaucoup d'autres, aufquels nôtre Auteur, ny pas un Juif ni aucun Chrêtien de bon fens n'ajoû tent foy.

,

Les Juifs n'excellent pas feulement en prieres, mais encore en charité ; & il femble qu'on voit éclater dans la compaffion qu'ils ont pour les pau vres l'image de la charité des premiers Chrêtiens pour leurs freres: on fuilus tard

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voit alors en cela ce qui fe pratiquoit dans les Synagogues, & dont les Juifs ont retenu la pratique & l'ufage, au lieu que prefentement nous en confervons à peine le fouvenir. Je ne parleray point icy de leur difcipline qui eft fort reguliere, comme on le verra dans le Chapitre de l'excommunication & de la Penitence: mais je feray remarquer feulement en paffant, que les Juifs ne tâchent pas feulement de fatisfaire à Dieu par une contrition & une pénitence interieure ; mais encore par une exterieure. Et ils ont pour. cela feurs Livres Penitentiaux, comme il y en avoit autrefois dans l'Eglife, & peut-eftre à leur imitation. Il eft certain qu'ils impofent de rudes châtimens à ceux qui font tombez dans de grandes fautes: mais cela s'execute en fecret; parce que les Princes de qui ils dependent ne leur permettent pas. Il eft vray qu'en toute autre chofe les Juifs donnent fort à l'exterieur, parce que, difent-ils, toutes les actions exterieures ne font que pour diriger l'interieur. Ainfi en fe lavant les mains ils penfent à nettoyer leur confcience :: en s'abftenant d'animaux impurs, à

pour

du

s'empefcher de commettre des crimes, & ils confiderent le precepte de l'exterieur comme une application pour l'interieur. Je ne pretens pourtant pas foufcrire à l'excés de l'exactitude de quelques fuperftitieux, comme lors qu'un même homme fe leve fix jours de fuite avant le lever du Soleil mieux louer Dieu, & que le jour Sabbat il garde plus long-temps le lit pour mieux obferver le repos; ce qui me paroift une affectation vicieuse. Je foutiens auffi qu'il eft inutile d'avoir des Anatomiftes fi fcrupuleux, qu'on ne puiffe manger d'un pigeon, d'un poulet, qu'on n'ait leur approba tion comme fi le foupçon d'une piqueure, ou de quelque autre legere in: firmité, dont à peine il reftoit la moindre trace étoit fuffifante pour s'abftenir d'en manger.

ni

On verra de plus dans cet Ouvrage de quelle forte ils font leursConfeflions generales & particulieres ; comme ils pardonnent, & comme ils demandent pardon, fe reconciliant les uns avec les autres, ainfi qu'il nous eft preferit dans l'Evangile. Mais ce qui eft digne de remarque, c'eft que dans la crainte

d'avoir

,

d'avoir manqué à quelque chofe pendant toute l'année ils ont un jour confacré pour reparer ce manquement. Je ne dis point avec quel foin ils examinent leur confcience dans leurs maladies, ny avec quel zele ils changent de nom dans la crainte qu'ils ont de mourir. Mais j'ay remarqué qu'il fe gliffe là comme ailleurs bien de la fuperftition. Quand ils fe voyent à l'extremité ils prennent les noms de Haiim, vie, de Raphaël, guérison de Dieu, & autres femblables, & s'ils en échappent,ils les gardent toute leur vie, attribuant leur fanté à ce changement de

nom.

Leurs Prédicateurs n'affectent pas tant d'eftre éloquens, que d'eftre bien inftruits dans l'Ecriture & dans les décifions des Rabbins. Ils s'appliquent particulierement à l'eftude de certains Livres, qu'ils appellent, Sceelot Vetef çuvot, c'eft à dire, questions & réponses, & qui reffemblent fort à nos Cafuites. Comme il eft permis à chacun d'eux de prefcher, on comprend aifément pourquoy noftre Seigneur & les Apoftres prêchoient en entrant dans les Synagogues; & comme il faut entendre ce

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