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que S. Luc dit, que nôtre Seigneur fut trouvé affis dans le Temple au milieu des Docteurs les écoutant & les interrogeant: non pas qu'il fût là pour régenter ces Docteurs, mais il s'eftoit mis au rang des Ecoliers pour s'inftruire, comme les Juifs le pratiquent encore aujourd'huy, donnant à caufe de cela le nom d'Ecole à leur Synagogue. A quoy on pourroit ajoûter beaucoup de chofes: mais il faut fe fouvenir que c'eft icy une Préface, & non pas un Livre.

Je laiffe faire au Lecteur toutes les reflexions qu'on peut faire fur ce que nôtre Auteur dit du mariage, du divorce, des degrez de parenté, lefquelles fervent à éclaircir divers Paffages du nouveau Teftament. Je me contenteray de dire fur cela que les Juifs font un commandement exprés de fe masier fans en excepter perfonne. Cependant Rabbi Moyfe croit avec plufieurs autres, qu'un homme appliqué à l'ètude de la Loy peut alonger le terme preferit, pourvu qu'il puiffe garder la continence pendant ce temps là. Autrement il eft dans la maxime de S. Paul, qu'il vaut mieux fe marier que

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brûler. L'Eglife Orientale pratique cela aujourd'huy, & même le Peuple qui eft jaloux, veut que les Preftres fe marient, ou fe faffent Moynes; jusques-là que les a Preftres Maronites quoy qu'ils reconnoiffent le Pape,font obligez de fe marier: ce qui le doit entendre avant que d'eftre Preftres. Delà vient que leurs Evefques font difficulté de les recevoir aux Ordres, qu'ils ne foient mariez, à moins, comme j'ay dit, de fe renfermer dans un Monaftere.

Pour ce qui eft du Supplément que j'ay ajoûté touchant les Caraïtes & les Samaritains de nôtre temps. Comme ces deux Sectes ne font pas fort connues en Europe, j'ay efté obligé d'en parler, afin qu'il ne manque rien à nôtre Auteur. Les Juifs Rabbanistes, c'est à dire, ceux qui fuivent la doctrine & les Traditions du Talmud, leur impofent beaucoup de chofes, foit par malice ou par ignorance; fi bien que j'ay efté contraint pour découvrir la verité, d'avoir recours aux Ca

a Le Jefuite Dandini dans fa Relation des Maronites.

faites & aux Samaritains. Le Caraïte que je eproduis eft un des plus fçavans & des plus renommés de fa Secte. Son Ouvrage fe conferve manuscrit dans la Bibliotheque des Peres de l'Oratoire de Paris, & il a efté apporté de Conftantinople avec un grand nombre d'autres Livres Juifs par M. de Sancy au retour de fon Ambaffade. Pour ce qui eft des Samaritains, je me fuis fervy de deux lettres que les Sinagogues de Sichem, & d'Egypte écriviNapo- rent à Jofeph Scaliger touchant leurs Ceremonies & Coûtumes. Je n'ay pû recouvrer l'original; mais feulement la Traduction, que le P. Morin de l'Oratoire en fit à la priere de M. de Peyrefc, & que j'ay trouvée écrite de fa main en feüilletant le Pentateuque Samaritain manufcrit, qui eft dans la mefme Bibliotheque.

louse.

fait a

une

L'on remarquera en paffant, que. Leon de Modene en écrivant les mots Hebreux en nos caracteres chofe finguliere à fa Nation. J'avois eu la penfée de garder une ortographe conforme à nôtre Langue; mais à la fin j'ay fuivi la fienne; parce que j'ay crû qu'on feroit bien aife de voir

qu'elle eft la façon dont les Juifs d'Italie prononcent l'Hebreu. Toutefois dans cette Preface & dans le Sup→ plément je m'en fuis un peu relâché pour m'approcher de la maniere de prononcer l'Hebreu en François ; quoy que je fois affeuré que tres-peu de perfonnes y prendront garde. Čependant c'est une chofe plaifante de voir un François qui écrit de l'Hebreu, comme s'il eftoit né Alleman, parce qu'il s'eft fervi du Dictionnaire de Buxtorf, ou des Grammaires Hebraïques faites par des Allemans. Cette differente maniere d'écrire les mots hebreux vient de diverfes façons de les prononcer: mais quand on conviendroit de quelle forte on les doit prononcer, il feroit encore difficile de s'accorder comment on doit les écrire, parce que les François, les Allemans les Elpagnols & les Italiens pronon cent diversement les mêmes Lettres ; & qu'il faut que les uns & les autres employent fouvent plufieurs caracteres pour bien exprimer une feule lettre hebraïque. Les Auteurs de la version Greque de la Bible, à qui on donne ordinairement le nom de Septente, dif

ferent en cela de Saint Jerôme; & toute l'ancienne façon d'écrire les mots hebreux en une autre Langue, ne s'accorde point du tout avec la nouvelle. C'eft à quoy les Critiques doivent prendre garde, quand ils font imprimer d'anciens Livres où il fe trouve des mots hebreux écrits en caracteres Grecs ou Latins, tels que font les Ouvrages de Saint Jerôme, de Saint Epiphane, & de quelques autres Peres.

Au refte, je ne fuis pas de l'avis de nôtre Auteur, qui croit que les Italiens prononcent mieux la Langue Hebraïque qu'aucune autre nation. Les Efpagnols dont la plus grande partie eft aujourd'huy dans le Levant, ne leur cedent pointen cela, & je croy même qu'ils l'emportent fur eux & fur tous les autres, non feulement pour la prononciation, mais encore pour l'écriture. Car leurs manufcrits font incomparablement plus beaux, que ceux des Italiens, des Allemans & des Levantins. Auffi fe font-ils plus appliquez que les autres à l'étude de laGrammaire & de la Langue Sainte. Lors qu'ils furent chaffez d'Efpagne ils fe refugierent dans les Etats du Turc, & s'éta

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