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font ordinaires aux Orateurs; principalement Ifaye, qui eft fans doute le plus éloquent des Prophetes. Enfin on refervera pour la fin le Livre de Job, dont les expreffions font entierement figurées, outre qu'affez fouvent il ne parle qu'à demi-mot & par fentences. Peut-être feroit-il neceffaire de mar quer icy quelles font les meilleures Verfions de la Bible, & qui peuvent le plus fervir pour apprendre la Langue Hebraïque; mais outre que cela a befoin d'une longue difcuffion, il eft plus à propos de chercher un Maître fçavant & judicieux, & qui conduife fon Difciple par toutes ces voyes, que d'avoir recours à des Livres qui ne parlent point,& à qui par confequent on ne peut propofer les difficultez qui furviennent.

CHAPITRE XVIII.

Des Liturgies ou Meffes des Chrétiens dans tout le Monde.

Q

Joyque nous avons expliqué cy-deffus l'origine d'une partie des Ceremonies qui s'observent parmi les Chrétiens par rapport à celles des Juifs, & principalement ce qui appartient aux Prieres & à l'Office de l'Eglife; nous ne laifferons pas d'ajoûter icy un difcours entier fur la Meffe, que les Chrétiens du Levant appellent Liturgie, & qui eft le principal Office de nôtre Religion, afin qu'on puiffe connoître plus à fond la difference des Ceremonies qui font en ufage dans differentes Eglifes: & nonobftant tous ces differens ufages, elles ne laiffent pas de convenir toutes dans la fubftance de cet Office, qui tire fon origine des Synagogues Juives, que les Apôtres ont imitées dans les premieres Affemblées qu'ils ont tenuës.

Le mot de Liturgie a été pris du nouveau Teftament, où il fignifie pour

l'ordinaire Office ou Ministere public; & en ce fens il eft appliqué au miniftere de l'Evangile, tant pour la Prédication, que pour l'administration des Sacremens. C'eft pourquoy Ep. aux S. Paul voulant marquer que Dieu l'a- Rom. chap.15. voit destiné à ce faint Miniftere, il verf, 16. dit, en parlant aux Fideles de Rome, Que Dieu lui avoit fait la grace de le choisir pour être le Leitourgos ou Mi nistre de Jefus-Chrift pour annoncer l'Evangile aux Nations. Mais l'Eglife Orientale a restraint ce mot à l'Office particulier de la Meffe, qu'elle appelle Liturgie.

Si l'on confidere cet Office de la Liturgie dans fon origine, on ne peut nier qu'il ne fût plus fimple,auffi bien que tous les autres Offices, aufquels on a ajoûté quelque chofe dans la fuite, fans neanmoins en changer ce qui étoit effentiel. La Liturgie a toûjours confifté dés le commencement en de certaines Prieres accompagnées de loüanges & d'actions de graces qu'on faifoit fur le pain & fur le vin, pour les benir [& pour les confacrer, en les changeant au Corps & au fang du Fils de Dieu par les paroles Sacramen

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tales que le Prêtre prononçoit. ] à l'imitation de ce que Nôtre Seigneur avoit obfervé dans l'Action de la Pafque qu'il fit avec fes Apôtres. On rompoit enfuite ce Pain, & on le distribuoit à tous ceux qui affiftoient à la Ceremonie, à laquelle le Prêtre ou Ancien prefidoit, de la même maniere que parmi les Juifs le Pere de famille ou le plus qualifié de la Compagnie benit le Pain & le Vin de la Coupe, & aprés avoir pris de l'un & de l'autre, il les diftribue à ceux qui font à table avec lui.

Il n'y a point de doute que NôtreSeigneur dans la derniere Pasque qu'il fit avec fes Disciples, & qui eft décrite par les Evangeliftes, n'ait fuivi, lorfqu'il benit ou confacra le Pain & le Vin, les ufages que les Juifs obfervoient en ce temps-là dans la celebration de la Pafque.il fe fervit de prieres, de benedictions & d'actions de graces femblables à celles dont ils fe fervoient dans la ceremonie de l'Agneau Pafchal, laquelle ils appelloient la Sanctification ou Confecration de la Pafque. C'eft pourquoy Nôtre-Sei gneur leur recommanda d'observer

toûjours cette Ceremonie en fa memoire, comme les Juifs faifoient la Pafque, en memoire de ce qui fe paffa lorfqu'ils fortirent de l'Egypte : Et ce qui rend encore ces deux Ceremonies plus femblables, c'eft que comme la Pafque des Juifs eft la reprefentation de ce qui arriva à leur fortie de l'Egypte, quand ils furent entierement délivrez de la captivité où ils étoient, de même l'Office de la Liturgie parmy les Chrétiens, contient les principaux Myfteres de nôtre Religion, principalement de la Mort & de la Refurrection de Nôtre Seigneur, ¡qui les a délivrez de la captivité du peché. C'est ce qu'on peut remarquer dans . tous les Ouvrages des Auteurs Grecs qui ont écrit fur la Liturgie.

Outre les prieres, les louanges les benedictions & les actions de graces, en quoy confifte proprement la Liturgie, on lit l'Epître & l'Evangile,qui étoient autrefois accompagnées de quelque chofe des Propheties & des Pfeaumes, dont il refte même encore des marques dans la Meffe, laquelle ayant été abregée depuis quelque temps, on n'a retenu que de certains Verfets des Pfeaumes

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