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legoriques, lefquelles ne font pas beaucoup éloignées des termes dont les Chrétiens fe fervent pour expliquer le Myftere de la Trinité.

Mais depuis que lès Arabes eurent? répandu en plufieurs Provinces la Philofophie d'Ariftote, fur tout la Logique & la Metaphyfique, quelques Juifs moins fcrupuleux s'y appliquerent, & traduifirent même en Hebreu de Rabin fur l'Arabe les Livres de ce Philofophe; & il femble que depuis ce temps-là la Theologie des Juifs changea entierement, au moins pour la maniere de l'expliquer, ce qui caufa de grands troubles parmy eux, d'autant que ceux qui s'étoient tout-à-fait appliquez à la lecture des anciens Livres, & aux Traditions de leurs Peres, furent fcandalifez de voir que leur Theologie fut remplie de Metaphyfique, & que le raifonnement y eût plus de part que l'autorité : R. Moyfe ayant publié fon Livre, qui a pour titre Moreh Nevokim, fut accufé par d'autres Docteurs d'avoir corrompu la religion en y meflant trop de Philofophie, comme l'on peut voir dans les lettres des principaux Rabins de

ce temps-là, & dans celles même de R. Moyfe: Cependant, les Juifs fe font accoûtumez peu à peu à ces fortes de fubtilitez, & ils ont enfin goû té le Livre de ce Rabin.

Pour ce qui regarde les autres Articles de la creance des Juifs, il eft certain qu'ils reconnoiffent des Anges auffi-bien que nous, dont ils prétendent même fçavoir les noms & les offices aufquels ils font employez : Ces noms cependant ont été la plûpart inventez par leurs Theologiens Cabaliftes, qui les leur ont donnez felon les divers effets qu'ils leur attribuent. C'eft pourquoy on doit diftinguer ce qui eft de leur creance, à l'égard des Anges d'avec ce qui n'en eft point. Ils croyent que les chofes invanel ferieures font foûmifes aux puiffances Rofama fuperieures, & qu'il n'y a point de Royaume par exemple qui ne dépende de quelque Ange, à la referve nean◄ moins des Hebreux qui dépendent immédiatement de Dieu, fans qu'ils ayent befoin d'aucun médiateur ; & c'est en ce fens qu'on explique le cinquiéme Article de leur creance, de la manie

R. Abra

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re qu'il eft rapporté par R. Moyfe, où il

eft dit qu'on ne doit adorer ni fervir aucun autre que Dieu feul, non pas même comme mediateur ou intercefLeur.

Il ne faut pas toujours prendre à la lettre ce que les Docteurs Juifs rapportent des Anges dans leurs Livres ; car ce ne font le plus fouvent que des allegories & des jeux d'efprit inventez à plaifir par des perfonnes qui abufoient de leur loifir, & de la facilité du fimple peuple, outre qu'ils font quelquefois venir ces noms fpecieux pour le dénoüment de quelque difficulté, comme les Poëtes fe fervoient autrefois du nom de leurs Dieux en de femblables rencontres. Ce font ces mêmes Docteurs qui ont inventé l'art de la Cabale, qui eft une fcience chimerique, & fans aucun fondement; auffi les Juifs qui s'y appliquent, fontils la plupart vifionnaires, & fi fort entêtez de leurs vifions, qu'ils croyent pouvoir faire des miracles par le moïen de cet art.

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Ils divifent la Cabale en Cabale fpeculative, & en Cabale pratique ; & c'eft cette derniere qui fert à faire ces prétendus miracles, en prononçant

,

de certains noms de Dieu & des Anges, ou quelques Verfets des Pfeaumes qu'ils ont appropriez à leurs sciences. Les Juifs, principalement ceux .de Pologne, & de quelques autres endroits du Nord, font fi fuperftitieux là-deffus, que s'il fe trouve quelqu'un parmy eux qui foit condamné à la mort, il a recours à cette Cabale pratique ; mais nous ne voyons pas qu'el le leur réüffiffe, fi ce n'eft dans les Hiftoires qu'ils ont écrites des merveilles de la Cabale pratique Il arrive même quelquefois malheureusement pour eux, que les Juges qui ne font pas affez inftruits de la vanité de cet Art, les condamnent comme des Magiciens. En effet, les rêveries de magie que nous lifons dans les Livres d'Agrippa, & de quelques autres Auteurs modernes, qu'on croit communément avoir été de grands Magiciens, font toutes tirées de la Cabale Juive, à laquelle on a ajoûté d'autres fictions, pour impofer plus facilement aux fimples.

Pour éclaircir davantage la creance des Juifs, touchant le culte des Anges, aufquels ils prétendent qu'on ne doit

point s'addreffer comme à des médiateurs ou interceffeurs; on remarquera que cela ne paroît pas s'accorder tout à fait avec leurs Livres Car on y trouve des prieres où ils s'addreffent aux Anges, afin qu'ils les fecourent. Jofué fit la réverence à un Ange, & le falüa: Les Juifs même reconnoiffent l'Ange Michel pour leur Chef & pour leur Patron; & ils. font tellement accoûtumez à attribuer tout à leurs Anges, principalement quand ils parlent à la maniere des Docteurs Cabaliftiques, qu'ils les reconnoiffent les Auteurs de la plûpart de leurs actions. Il n'y a eu que la Secte des Saducéens qui ait nié l'existence des Anges, comme fi tout ce qui en étoit marqué dans les Livres de Moyle ne confiftoit qu'en de pures Allegories: Mais nôtre Seigneur à condamné luymême cette Secte, & a approuvé la creance commune des Juifs touchant l'existence des Anges. Ce qui a été confirmé enfuite par les Apôtres & eft reçû de toute l'Eglife.

Enfin les mêmes Juifs croyent auffi qu'il y a un Enfer, un Purgatoire & un Paradis ; & quoy qu'il foit difficile

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