de prouver ces trois articles de leur créance par des Textes formels de la Loy de Moyfe; perfonne cependant n'ofe les nier: Il importe fort peu que leur Purgatoire foit plûtôt diftingué d'état, que de lieu, de l'Enfer, comme les Chrétiens du Levant le font auffi: c'eft affez qu'ils avoüent qu'il y a un Paradis où les ames des bien-heureux joüiffent de la gloire. Un Enfer où les ames des méchans font tourmentées par le feu & par d'autres fupplices, qu'il y en a neanmoins qui font condamnez à ces peines pour toûjours, & d'autres pour un certain temps feulement. Mais je ne fçay d'où les Rabbins ont pris que les Juifs qui n'étoient point heretiques ou qui n'avoient point contrevenu de certains points capitaux de la Loy, n'étoient pas plus d'un an dans le Purgatoire, & ainfi l'on n'expie pas dans ce Purgatoire des fautes legeres feulement, mais même des crimes énormes pour lefquels on y eft detenu plus long-temps. Ce que les Juifs regardent comme un privilege fingulier qui leur a été accordé, parce que, difent-ils, étant les veritables enfans de de Dieu. C'eft pour eux principalement que Dieu a fait un autre monde, dont ils excluent toutes les autres Nations, à moins qu'ils ne croyent en l'unité de Dieu, & en quelques, autres articles fondamentaux qu'ils ont marquez dans leurs Livres; car on ne doit pas s'imaginer que les Juifs damnent abfolument tous les autres peuples , pour n'avoir point reçû leur Loy. Cette unité de Religion dans toute la terre étoit réservée au temps du Meffie, en quoy ils s'accordent parfaitement avec nous. Il feroit inutile de faire icy des reflexions particulieres fur la convenance qui fe trouve entre la creance des Juifs, & celle des Chrétiens, en la plupart des articles dont nous venons de parler: car il eft hors de doute que le Chriftianifme tire fon origine de la Religion des Juifs, qui en eft comme la bafe & le fondement, & pour parler felon les termes de Saint Auguftin, ce n'eft qu'une même Religion en fubftance. Auffi nôtre Seigneur, afsûre-t-il, qu'il n'eft point venu pour détruire la Religion des Juifs, mais pour la perfectionner; & 11. Partie. B ce qui merite d'être obfervé, c'est qu'il n'a rien laiffé par écrit pour éta blir fa nouvelle Loy,qui n'étoit qu'une plus grande perfection de l'ancienne. Les plus fçavans Juifs même conviennent en cela avec nous, que le Meffie doit ajoûter de nouvelles perfections à la Loy de Moyle. CHAPITRE III. De la Morale des Juifs comparée. avec celle des Chrétiens. Ldements de leur Morale, que le Es Juifs n'ont point d'autre fon Decalogue dont les Chrétiens leur font redevables. L'amour de Dieu par préference à toutes les creatures du monde, ne leur eft pas moins recommandé par leurs Docteurs qu'à nous, fi ce n'eft qu'ils joignent à la plupart de leurs réflexions un je ne fçay quoy qui leur eft fingulier, & qui paroît affecté, ou plutôt fuperftitieux. Ce qui n'eft pourtant-pas un défaut de leur Loy, mais de leurs Docteurs. On fait tort à mon avis aux Juifs, lors qu'on les accufe de ne reconnoître point d'autre fainteté, que celle qui confifte dans les Ceremonies de la Loy, comme s'ils croyoient par exemple avoir expié leurs pechez, aprés s'être lavez le corps: ils font perfua dez au contraire, que toutes ces Ceremonies exterieures n'ont été établies que pour les conduire à la fainteté interieure. Leurs jeûnes & leurs autres mortifications exterieures doivent être accompagnez de l'interieur, & ils croyent même qu'outre la penitence exterieure & ceremoniale, pour ainfi parler, on doit avoir une veritable contrition & repentance de fes pechez fi l'on veut fatisfaire à la Juftice de Dieu. Il n'eft pas befoin de rapporter icy les preuves de cette créance parmi les Juifs, dautant que la plupart de leurs Livres qui traittent de la Morale & de la Penitence, font remplis de ces Maximes. Ce que j'ay trouvé à propos de remarquer afin que nous ne leur reprochions pas avec tant de liberté qu'on fait ordinairement, qu'ils font tout-à-fait attachez à la lettre de leur Loy, fans en prendre l'efprit. Ils nous reprochent au contraire, que pour fuivre le fens & l'efprit de la Loy ; il n'étoit pas neceffaire d'abandonner entierement la lettre qui feit comme d'avertiffement pour l'interieur de la même Loy. Mais il y a bien de l'apparence que les Juifs ont reformé leur doctrine fur les belles inftructions qu'ils ont Ev. S. puifées dans les livres des Chrétiens, Jean. 13. touchant le veritable efprit de la Loy 34. de Moyfe. Lorfque notre Seigneur dit à fes Difciples qu'il leur donne un Commandement nouveau, en leur parlant de la charité; il ne fait que leur renouveller l'ancien precepte qui avoit été corrompu par les fauffes interpretations des Docteurs. L'amour des ennemis, par exemple, fe trouve auffi bien dans la Loy, que dans le nouveau Teftament; mais il étoit neceffaire que nôtre Seigneur le renouvellât, parce qu'on ne le pratiquoit plus parmi les Juifs, & c'est pour cette raison qu'il dit à fes Difciples, Mandatum novum do vobis, ut diligatis invicem. Pour marquer davantage combien ils eftiment la cha |