Evêques & les Prêtres. Pour cette même raison le Conseil des premieres Assemblées Chrétiennes étoit appellé Presbyterium, ou Conseil des Anciens. L'Evêque y préfidoit en qualité de Chef & de premier Ancien, étant assis au milieu des autres Anciens, de la maniere qui a été observée cy-dessus, en parlant des Confiftoires des Juifs. In Cathedra seniorum laudent eum dit le Prophete Roy. Les Prêtres ou Anciens qui étoient à ses côtez, avoient chacun leur Chaire de Juge, & font appellez à caufe de cela, Affeffores Epifcoporum, par les Peres de l'Eglife. Il ne s'executoit rien de confiderable qui n'eût été auparavant deliberé dans cette affemblée où l'Evêque ne composoit qu'un corps avec les autres Anciens ou Prêtres; parce que la Jurifdiction qu'on nomme aujourd'huy Episcopale, ne dépendoit point de l'Evêque seul; mais de tous les Anciens dont l'Evêque étoit le Prefident. Ce qui s'est même pratiqué dans Rome pendant plusieurs fiecles. Il y a bien de l'apparence que le nom d'Eglise Cathedrale prend auffi fon origine de cette ancienne maniere de s'asseoir dans les premieres Eglises ou Assemblées des Chrétiens; d'où vient qu'on observe encore présentement les fêtes de la Chaire de S. Pierre à Rome & à Antioche, qui sont les deux Villes où ce Saint Apôtre a présidé à un Confiftoire arrêté & fixe. On remarquera cependant que par le mot d'Eglise Cathedrale, je ne prétens pas parler des Eglifes Cathedrales ni des Temples de la maniere qu'ils font aujourd'huy; ce mot Eglise ne signiHoit dans son origine qu'une Affemblée, & il est certain qu'avant Constantin les Chrétiens n'ont point eu la liberté de bâtir des Temples pour s'y assembler. Il n'y a rien de si ridicule que ce que nous disent quelques Ecrivains, fur tout les Espagnols, de Pantiquité de leurs Eglises Cathedrales, qu'ils prétendent avoir été bâties dés le temps des Apôtres, comme si une Eglise Cathedrale eût été autre chose en ces temps-là, que le Siege d'un Evêque accompagné d'un certain nombre d'Anciens. Cependant si nous voulons ajoûter foy au nouveau Breviaire des Carmes, il y avoit fur le Mont - Carmel une Eglise bâtie en l'honneur de la sainte Vierge, par les Prophetes successeurs d'Elie, qui rendoient visite à la Vierge, & elle pareillement leur rendoit leurs visites. Nuga! Cette conformité de discipline entre l'Eglise & la Synagogue paroîtra encore davantage, si l'on fait réflexion sur les anciens usages de l'Eglife. Il n'y avoit, par exemple, autrefois que les Evêques qui euffent l'Intendance des Ecoles, & on ne peut pas douter que comme les Synagogues des Juifs étoient des Ecoles où l'on enseignoit la Loy ou qu'on bâtissoit des Ecoles proche les Synagogues; de la même maniere l'Evêque & les Anciens ou Prêtres prenoient le foin des Ecoles parmi les Chrétiens; ainsi qu'il y en a eu dés les premiers fiecles dans la ville d'Alexandrie. Nous voyons même encore aujourd'huy un reste de cet usage dans la plûpatt des Cathedrales, où il y a des offices aufquels le soin des Ecoles est attaché. A Paris, par exemple, le Chantre prend ce soin là; & à Roüen, celui qui a la dignité de Chancelier. Le Concile de Trente à eu dessein de rétablir l'usage de ces Ecoles sous le nom de Semiraires, qui font bien differens des Seminaires que la plupart des Evêques de France fondent tous les jours dans leurs Dioceses. L'intention des Peres du Concile n'a pas été qu'on ap prît seulement quelques Ceremonies pour l'administration des Sacremens à ceux qui étoient destinez à la Prétrise; mais que ces Seminaires fussene de veritables Ecoles où l'on instruisist presque dés l'enfance de jeunes gens, qui rendroient ensuite service à l'Eglife. CHAPITRE VII. Suite de la conformité qui se trouve entre l'Eglise & la Synagogue. Autres offices des Synagogues. L'Eglife a eu encore cela de com mun avec les Synagogues, que dans les commencemens les Chrétiens ne reconnoiffoient point d'autres Juges pour vuider les differens qui naissoient entr'eux, que le Tribunal de l'Evêque & des Anciens. C'est pourquoy S. Paul défend aux Fideles qu'il appelle Saints, de la même maniere que les Juifs s'appelloient aussi Saints, d'avoir recours à d'autres Juges qu'aux Anciens de l'Affemblée, ausquels il donne le nom de Sages, qui étoit en effet le nom que les Juifs Epis, aux donnoient à leurs Docteurs. Ny-aCor. 1. t-il point parmi vous de Hacam ou Sach. v. 5. ge, dit ce S. Apôtre, qui puisse juger les differens de ses freres. Sic non eft inter vos sapiens quisquam qui poffit ju dicare inter fratrem suum? Ceux-là à |