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& fur la Tradition. On peut même dire qu'ils ne reconnoiffent tous deux qu'un feul principe de leur creance, auquel ils donnent le nom de revelation, ou parole de Dieu revelée aux hommes. Car foit que cette parole ait été écrite ou non, elle eft toûjours la même, pourveu qu'il foit conftant qu'elle vienne de Dieu. C'eft pourquoy les Juifs ne font aucune difficul té de rendre leurs traditions égales à la Loy de Moyfe, & ils difent même que cette Loy écrite ne feroit qu'un corps fans ame, & une lampe fans Lumiere, fi elle étoit feparée de la Loy de bouche, ou des Traditions. Ils font. obligez de croire fous peine d'excommunication, que Dieu a dicté à Moyfe, tout ce qui eft renfermé dans le Pentateuque jufqu'aux moindres fyllabes, & de plus que Dieu a auffi donné à Moyfe fur la Montagne Sinaï, l'explication de cette même Loy, laquelle explication ils prétendent s'être confervé parmy eux fans interruption depuis Moyfe, jufqu'à ce qu'enfin on ait été obligé de la mettre par écrit.

ce

Moyfe écrivit avant fa mort de fa

Pref. du

main propre plufieurs exemplaires de Rambara la Loy, & en donna un à chaque Tri- en fa bu; & outre ces exemplaires il en mit Liv. Iad. un autre dans l'Arche. Il communi Hazcha. qua enfuite de vive voix au Sanedrin de fon temps, l'interpretation de cette. même Loy. Jofué aprés la mort de Moyfe enfeigna auffi cette Interpretation que Moyfe avoit reçûë immediatement de Dieu, aux Anciens de fon temps; & ceux qui luy fuccederent en qualité de Chefs du Sanedrin, firent la même chofe à l'égard des autres de forte que fifon veut s'en rapporter aux Juifs, leur Religion demeureroit encore aujourd'huy entiere & dans fa pureté; mais quoique leur principe touchant les traditions puiffe être vray en general, il eft aifé de le convaincre de fauffeté fi on l'examine en particulier, non feulement parce que les Prophetes & nôtre Seigneur ont condamné plufieurs de leurs traditions; mais parce que leurs Docteurs ne font point d'accord entr'eux touchant les veritables fucceffeurs qui ont confervé ces traditions, & qu'on en trouve differens Catalogues dreffez par divers Auteurs. Cela

feul peut les rendre fufpectes & moins dignes de foy.

On ne peut cependant nier , que pour conferver une Religion dans fa pureté le principe qui établit les traditions en general, ne foit abfolument neceffaire, comme l'Auteur du Livre Cozri. qui a pour titre Cozri, en rapporte plufieurs raifons convainquantes, & qui font voir évidemment que les divers fentimens des Philofophes & des Heretiques touchant la Religion,tirent leur origine de l'inconftance de leurs principes, dautant qu'ils ne font point fondez fur une veritable tradition. Pource qui eft des traditions Juïves que nôtre Seigneur a rejettées, il n'at prétendu combattre que quelques traditions fauffes que les Docteurs Juifs avoient ajoûtées aux anciennes ; & lorfque ce Sage Maître nous renvoye à la Loy écrite, Scrutamini Scripturas, il ne faut pas s'imaginer qu'il ait voulu nous renvoyer au fimple texte de

Matth.

23. 2.

l'Ecriture; mais à ce même texte expliqué par les Docteurs qui avoient fuccedé à Moyfe. Ils font affis, dit-il en parlant de ces Docteurs, fur la chaire de Moyfe, gardez.& faites cso

qu'ils vous diront; & cela conformé ment à ces paroles de la Loy. Quand " Deut,17, vous aurez quelque difficulté tou- " chant l'Interpretation de la Loy, " adreffez vous aux Sacrificateurs & " aux perfonnes qui vous feront don- «< nées pour Juges. Si l'on examine "< même avec foin les témoignages du vieux Teftament, dont les Apôtres fe font fervis pour autorifer leur doctrine, on trouvera qu'ils ne les ont rapportez que felon le fens qui étoit alors reçû. S. Irenée, Tertullien & les autres premiers Peres de l'Eglife ont eu recours à cette même tradition dans leurs difputes contre les Heretiques, & à la fucceffion des Evêques dans les principales Eglifes, & fur tout à celle de Rome, qu'ils reconnoiffoient avoir été établie par les Princes des Apôtres S. Pierre & S. Paul. Auffi voyons-nous que plufieurs de ceux qui affifterent au Concile de Trente ne firent aucune difficulté d'égaler les veritables Traditions à l'Ecriture fainte, & de les confiderer Palavic. comme une parole revelée. Tanto le Hift. du Tradizioni quanto le Scritture fon pa- Trent. role di Dio e primi Principii della fe. chap.14.

Conc, de

de con accidental diffrenza trà lors che quelle rimane ßero jcritte ancora ne' libri, e quefte folamente ne' cuori Cette expreffion eft entierement femblable à celle dont les Juifs fe fervent, lorfqu'ils parlent de leurs Traditions; & comme Tertullien difoit autrefois qu'il n'y avoit que l'Eglife qui poffedoit veritablement l'Ecriture Sainte, Scriptura Sacra Ecclefia Catholica poßeffio eft propria, les Juifs difent de la même maniere qu'il n'y a que la Synagogue qui la poffede, & que les autres nations n'en ont que les carateres, & non pas l'efprit.

Mais à dire le vray, le nombre des Traditions eft aujourd'huy fi grand parmy les Juifs, que toute la vie de Moyfe n'auroit pas fuffi pour les recevoir de Dieu fur la montagne Sinaï où ils fuppofent qu'il les reçût pendant l'efpace des 40. jours qu'il demeura fur cette Montagne. Ce qui n'eft pas tant un défaut de la Tradition confiderée en elle-meme, que des hommes qui en ont été les dépofitaires,& partant il ne faut pas toûjours a joûter foy à ce grand axiome des Juifs; Halaca le Mofce mi Sinaï ; c'est une decifion que Moyfe a reçue fur la monta

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