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gne Sinai, non plus qu'à cet autre principe de nos Theologiens, cela eft de tradition Apoftolique,puifqu'il eft cer

Hær.c.3.

tain que l'un & l'autre ne font pas infaillibles, & que dés les premiers fiécles du Chriftianifme,il s'eft trouvé de fçavans hommes qui ont donné le nom de Tradition Apoftolique à des fentimens qui leur étoient finguliers, & qui n'étoient pas même orthodoxes. Lorfque les Juifs prouveront qu'une chofe a été crue de tout temps parmi eux, & principalement depuis Moyfe on ne pourra pas douter de la verité de cette tradition. Vincent de Lerins Vincent, a preferit cette même regle aux Ca- Lir. ady, tholiques, aufquels il propofe de croire ce qui a été crû en tous lieux, de tout temps, & de tout le monde : Id teneamur quod ubique, qued femper, quod ab omnibus creditum eft. Auffi les Peres du Concile de Trente ne nous ont-ils donné pour veritables Traditions , que celles qui ont été reçûës immediatement de nôtre Seigneur par les Apôtres, ou des Apôtres mêmes aufquelles le S. Efprit les Concil. auroit revelées, & qui enfuite feroient Trid. venues fans interruption jufqu'à nous.

Seff.

Au refte, bien que les Juifs ayent un zele extraordinaire pour les Traditions qu'ils prétendent avoir reçues de leurs Peres, & qu'ils les dé-fendent opiniâtrement, jufqu'a croire qu'ils peuvent tuer ceux qui s'y oppofent, ils n'ont cependant jamais pu convenir entr'eux des Auteurs de qui ils les ont reçûës, comme il eft aifé de le prouver en conferant enfemble les Livres qui en ont traitté › par exemple les Commentaires qui on été faits fur le Traitté qui a pour titre Abrav. Pirke avoth, les Chapitres des Peres, en fa Don Ifaac Abravanel a fait tout fon Nahalo poffible pour juftifier cette prétendue avoth. Tradition non interrompue: mais il

Pref. fur

ne, peut pas trouver affez de liaifons: 11 difpute contre R. Moyfe qui a écrit auffi fur le même fujet, touchant ceux qu'on doit joindre enfemble. R. Jofeph Hajon, R. David Ganz, l'Auteur du Juhafin ou Livre des Familles, & les autres Juifs qui ont traitté la même queftion, ne font pas auffi d'accord entr'eux de forte que la plupart pour autorifer davantage la liaifon des Auteurs de leurs Traditions, font obligez de faire vi

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vre leurs Docteurs pendant plufieurs fiecles, afin de coudre mieux enfemble les parties interrompuës. Les Juifs ont eu cet avantage pardeffus les autres nations, même pardeffus les Grecs, qu'ils ont impofé hardiment à tout le monde & fans rien craindre. Leurs Livres font remplis d'Hiftoires faites à plaifir, & il eft étonnant qu'il fe trouve encore aujourd'huy des Chrétiens qui ajoûtent foy à leurs rêveries, fur tout quand ils parlent de leurs Tra

ditions.

Ils demeurent neanmoins d'accord en general, que depuis Jofué, fucceffeur de Moyfe, jufqu'à R. Juda furnommé le Saint, qui recueillit toutes les Traditions & les mit le premier par écrit ; il y a premierement eut une claffe d'Anciens qui reçûrent d'abord de Jofué l'interprétation de la Loy, puis à cette claffe fuccederent les Prophetes, dont Samuel a été le R. Mon premier, & aprés les Prophetes fuivit Cothi la grande Affemblée ou Synagogue grand qui fe tint fous Efdras, & laquelle Livre étoit auffi en partie compofée de Pro- des Compheres. R. Moyfe de Cotfi fçavant mens de Juif, pour achever certe chaîne de la Loy.

fe de

dans fon

mande

Tradition, & pour montrer en mê me-temps qu'elle n'a point été interrompue pendant la captivité des Juifs en Babylone, produit certains Illuftres de la Tribu de Juda & de Benjamin, qui furent menez captifs à Babylone, & il affure même que ces llluftres y établirent la célébre Academie de Nahardea fur l'Euphrate, laquelle y fut enfuite confervée & par ce moyen la Tradition fut confervée & enfeignée à ceux qui retournerent de Babylone à Jerufalem, avec Zorobabel & Efdras, où l'on établit auffi une Academie à l'imitation de celle de Babylone, qui ne laiffa pas pour cela de fubfifter, parce que tous les Juifs ne retournerent pas à Jeru falem. Enfin cette Tradition fut confervée depuis Efdras qui étoit le Chef de l'Affemblée, qu'on nomme ordinairement la grande, jufqu'au temps de ce R. Juda dont nous avons parlé, qui la recueillit vers la fin du fecond fiecle, fous l'Empereur Commode, ou comme d'autres veulent, fous Antonin furnommé le Pieux. Que la Tradition des Juifs n'ait reçû auoun changement pendant tout ce

temps-là, comme ils le prétendent fans en rapporter aucuns Actes, je ne voy pas qu'on foit obligé de les croire en cela, non plus qu'en beaucoup d'autres chofes.

CHAPITRE II.

De la Theologie des Juifs ; refle xions fur cette Theologie.

T

Oute la creance des Juifs eft comprise fous treize Articles, qu'ils nomment les principaux fondemens de leur Religion; & ils fuivent en cela R. Moyfe fils de Maimon', Ram qui a mis par ordre ces Articles, dont bam. le premier regarde l'existence de Dieu; le fecond, fon unité; le troifiéme, fa fpiritualité & fon éloignement de tout ce qu'on peut imaginer de corporel; le quatriéme regarde fon éternité, laquelle ne peut convenir qu'à luy feul; la cinquiéme, le culte d'adoration qui n'eft auffi dû qu'à luy; le fixiéme appartient à la Prophetie, fçavoir qu'il y a eu des Prophetes parmy les Hebreux, & qu'il y en peut encore avoir;

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