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tiguë à celle du chanoine Jean de Bergheim, contiguë elle-même à celle d'Eppon de Hatstalt, et située, comme elle, vis-à-vis l'enclos (') des Dominicains (ex opposito claustri predicatorum). Deux maisons contiguës, l'une faisant face à la rue des Juifs, l'autre voisine du Winhoff situé dans cette rue, deux autres faisant face aux Dominicains et adossées aux précédentes, n'est-ce pas comme si l'on avait sous les yeux un plan de Colmar en 1368? Bien plus, si l'on considère que l'emplacement de la poste aux lettres est désigné, par d'anciens titres, sous le nom de: Hôtel de Hatstatt, on peut placer, avec une grande vraisemblance, ces quatre maisons prébendaires et celle d'Eppon de Hatstatt, y compris leurs cours et dépendances, dans ce long parallèlogramme qui s'étend de la rue des Marchands à la rue des Serruriers, terminé, vers la première, par la maison qu'habite M. Melline, juge au tribunal de Colmar, et vers la seconde, par la Poste et la pharmacie Violand.

Ajoutons, pour en finir avec le règlement de Henri de Ratolsdorf, que les chanoines jouissant de maisons prébendaires étaient tenus, comme tous autres usufruitiers, de toutes les grosses réparations; qu'ils pouvaient en louer ou en concéder la jouissance, mais qu'il leur était interdit, sous peine de déchéance, de les louer ou concéder à des artisans, cabaretiers, histrions, ou juifs, (alicui persone mechanice, vel tabernariis, histrionibus aut judæis.)

(') Si nous traduisions une description du couvent, nous rendrions le mot claustrum, par celui de cloître; mais ici, ce mot pourrait induire en erreur ; le cloître proprement dit des Dominicains était situé du côté septentrional de l'église; le mot claustrum se traduit également par: enclos, clôture, dérivés comme lui du verbe claudere, et il est évident qu'ici il s'applique au couvent tout entier, comme en français lorsque l'on dit : « les austérités du cloître. »

Ces détails n'ont pas une grande importance historique; on pourra même nous dire : Pourquoi rechercher la situation de quelques masures dont il n'existe plus aucune trace, la demeure de quelques vieux chanoines dont les restes ne sont même plus de la poussière? Mais cette recherche ne paraîtra pas complètement dépourvue d'intérêt à ceux qui pensent avec un des plus gracieux de nos écrivains modernes, que: Peut-être quand nous aimons à nous approprier par l'étude les idées, les émotions, les habitudes même, de ceux qui nous ont précédés sur la terre, nous sentons la douceur d'étendre dans le passé notre vie personnelle que borne un si court avenir, de remuer dans notre cœur, pendant notre passage d'un jour, les sensations de plusieurs siècles (1). »

Pour moi, j'avoue qu'en déchiffrant le parchemin poudreux auquel sont empruntés les détails qui précèdent, il me semblait voir notre vieille collégiale jeune encore, avec sa tour méridionale surmontée du clocher détruit par l'incendie de 1572 et qu'a remplacé si malheureusement le disgracieux campanille qui la couronne aujourd'hui, avec son cimetière, baigné par le ruisseau torrentueux qui coulait alors librement, entre des rives qu'il ne respectait pas toujours, bordées çà et là de plantes aquatiques et reliées par quelque vieux pont de bois vermoulu; dans le voisinage de ce pont, au bord de l'eau (juxtà ripam) la paisible maison du prévôt, et au fond de quelqu'une des trois chambres du second étage (videlicet in cenaculo tricamerato) le vénérable Henri de Ratolsdorf, méditant ou rédigeant les statuts du chapitre; un

() OCTAVE FEUILLET, La petite Comtesse.

peu plus loin, au coin de la Schedelgasse et de la rue des Juifs, les vignerons versant les flots dorés de la vendange dans les foudres (1) gigantesques du Winhoff des Unterlinden, et là bas, derrière leur couvent, au fond de la Henkersgasse, le sire Werlin de Hatstatt enfourchant son cheval de bataille, et se croisant, sous la poterne du Nord, avec l'exécuteur regagnant, sa grande épée sous le bras (2), la sombre tour qui lui servait de repaire.

P. H.

(') Fuoder, en français: foudre, tonneau de la contenance ordinaire de dix hectolitres; mais, on en voit qui en contiennent jusqu'à trente et quarante.

(*) On voit encore, au Musée de Colmar, dans l'ancien couvent des Unterlinden, les deux épées qui, d'après la tradition locale, servaient, autrefois, aux exécutions capitales.

FONDATION

D'UN OFFICE DE SAINT-DOMINIQUE

PAR UNE RELIGIEUSE DES UNTERLINDEN.

(1297.)

Nous avons dit, dans l'article précédent, qu'au xin® siècle, la maison Wolleben, réunie, plus tard, à celle du prévôt de Saint-Martin, avait pour vis-à-vis un barbier; nous donnons ici la charte qui contient ce renseignement; elle est intéressante à d'autres titres encore: par la condition de la fondatrice, par la nature de la fondation, et par les indices qu'elle fournit relativement aux écoles de Colmar au moyen-âge.

<< Capitulum ecclesie Saincti Martini Columbarienris Basiliensis diocesis universis christi fidelibus ad quos presentes pervenerint rei geste memoriam. Quoniam nostris maxime temporibus id requirit raritas et inopia sanctitatis ut in condimentis humane vite illustrium sanctorum vitam quos de medio tulit fragilitatis conditio reducat ad medium ipsorum veneranda recordatio meritorum. Nos tanto fortius ad id devote decuit inclinari ut apud nos in ecclesia nostra gloriosi patris beati Dominici confessoris celebritas in posterum vigeat in die sue felicis transmigrationis annis singulis iteranda. Ad instantem igitur petitionem Sororis Katherine filie quondam domini Hessonis de Konshem (') militis sub cura predicatorum in conventu dominarum de Underlinden in Columbaria Deo servientis (2) Super institutione et ordinatione festi infra scripti votivo assensu acquievimus. Que quidem soror Katherina ad hoc cum nostro consensu precipue aspiravit ut apud nos in divino cultu beati Dominici

(') Aujourd'hui Kientzheim, commune du Haut-Rhin, arrondissement de Colmar, canton de Kaysersberg.

(*) Les religieuses du couvent des Unterlinden suivaient la règle de SaintDominique, ce qui explique l'objet de cette fondation.

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