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A côté de ce bâtiment du Waagkeller, la société était propriétaire d'une petite cour et d'une maison, dans laquelle elle a tenu ses assemblées jusqu'en 1651 ; depuis lors elle l'a louée et en a tiré les loyers jusqu'en 1697, époque à laquelle elle a été réunie au Palais. Il est tout naturel que la société ait pris son nom du lieu de ses assemblées, lieu qui était une auberge que le public ne pouvait mieux nommer que Zum Waagkeller, bâtiment connu, puisqu'il était l'Hôtel de ville et qu'il est encore aujourd'hui connu sous le même nom. (1)

L'annotateur de Schoepflin dans son Als. ill., p. 365, suppose qu'il a existé à Colmar deux Trinkstuben de nobles, l'une dite zur Krone (á la Couronne) l'autre de la Cave à la Balance (Waagkeller) et que la ville a acheté cette dernière en 1539. Schopflin ne dit rien autre chose sinon que les nobles à Colmar étaient divisés en deux cours ou curies; que le Prévôt Rosselman les a chassés en 1292; que rentrés sous Adolph de Nassau en 1293, ils ont été expulsés de nouveau en 1458 et qu'ils sont rentrés en 1459, mais sous des conditions plus dures. Schoepflin ajoute que la bourgoisie non noble était pour lors divisée en 20 tribus, réduites à 10, en 1521. Il a bien raison de dire que les habitants de Colmar ont été divisés dès 1200 et bien antérieurément, jusqu'en 1458, en nobles et non nobles et que les nobles ont eu deux cours ou Trinkstuben et les non nobles 20 tribus dont on connait les noms, ainsi que ceux de leur préposés. (1)

(') Le Palais où siège la Cour impériale est l'ancien Waagkeller ou Hôtel de ville, construit en 1552. Une statue, symbole de la justice, tenant d'une main le glaive et de l'autre la balance, avait fait donner le nom de Waagkeller (caveau de la balance) à ce monument, où siégea le magistrat de Colmar jusqu'à la fin du 17e siècle. Les lettres-patentes du 18 mars 1598 qui ont ordonné la translation du Conseil souverain à Colmar, ayant enjoint aux officiers qui le composaieut de commencer, au 1er mai suivant, à y tenir leurs séances, le magistrat a transféré son siège à la Douane, qui a conservé cette destination jusque dans les premières années du 19e siècle.

(*) Voici l'énumération des 20 tribus (Zünste) primitives :

1° Kaufflüth; 90 Winlüth; 3o Ackerslüth; 4o Kornlüth; 5o Reblüth; 6o Brodbecker; 7o Metzger; 8o Kirsner; 9° Schumacher; 10° Gerber 11° Maler; 120 Kræmer; 15° Grüntücher; 14° Schmidte; 15° Gärtner; 16° Müller; 17° Kieffer; 18° Steinmetz; 19° Fischer; 20° Schneider.

Les 10 tribus de 1521; furent : 1° Marchands. zur Treue.

Tonneliers. zum Risen.

3° Laboureurs. Ackersleuth zum Pflug. 4° Jardiniers. zum Haspel.

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Mais depuis 1458, époque de la seconde expulsion de la noblesse de Colmar, elle n'a plus formé aucune corporation dans la ville. Les nobles ont été sujets conformément aux diplômes des empereurs Sigismond de 1438 et de Frédéric III de 1478, à payer les impositions des biens nouvellement acquis comme tout autre bourgeois. Par réglement de 1538 il a été décidé qu'ils ne seraient reçus dans Colmar qu'à la condition, 1o de prêter au magistrat le serment de Bourgeoisie, 2o de payer le Gewerf und Schatzung de leurs biens et fonds, 3o de s'abstenir de toute chose dommageable, 4o d'entretenir un domestique toujours prêt à servir la ville à pied et à cheval; moyennant quoi ils seront exempts de services personnels. Aussi depuis n'a-t-il plus été question de la Trinkstube de la Couronne: mais a continué de subsister celle du Waagkeller qui n'a jamais été une association de nobles; jamais un corps de tribu ou Zunfft, ou une corporation de personnes de même profession, art ou métier liés par des serments, par des statuts, surbordonnées à des chefs ayant une basse juridiction sur les tribunaires. Rien de tout cela n'a été du régime de la société du Waagkeller; elle a toujours été une Trinkstube ou association libre de personnes de tous états, religions et conditions, sans aucune supériorité entre elles; mais sous l'autorité et la juridiction du magistrat local. Son objet n'a jamais été autre que de s'assembler amicalement dans une auberge appartenant à la société pour y boire, fumer, manger, converser, jouer des petits jeux et s'amuser ensemble. Ces sociétés libres, propres à entretenir la paix et l'union entre les habitants des villes, étaient communes dans les villes Impériales d'Allemagne, sous le nom de Trinckstuben: dans les Pays-Bas français sous le nom d'estaminets, encore actuellement sous le nom de Tabagies. (Voy. Vocab. Français, et le Dict. Wallon, au mot Estaminet et l'Encyclopédie, au mot Tabagie).

Les Trinckstuben n'ont jamais été défendues; celle de la Couronne de Colmar s'est dissoute d'elle-même dès que la noblesse a cessé de faire corps en 1458; au lieu que celle zum Waagkeller qui était commune à toutes les personnes honnêtes et sociables a continué de subsister après la suppression de celle de la Couronne et de celles des

Reebleuth.

5. Vignerous.
6° Boulangers. zum Kuenstler.
7° Bouchers.
zum Lawen.

8° Cordonniers. 90 Tisserands. 10° Maréchaux.

zum Wohlhaben.
zum Adler.
zum Holderbaum.

10 tribus, parce qu'elle n'a jamais été ni tribu ou Zunfft, ni une Cour ou Curie de nobles exclusivement, comme le suppose Schopflin. Son annotateur s'est aussi trompé en disant que la ville a acheté la Trinkstub de la société du Waugkeller, en 1539. Il a confondu la maison du Vogelgesang que le magistrat a effectivement achetée pour 300 en cette année, avec la petite auberge ou salle, cuisine, poële, chambre et cour attenante au Waagkeller qui appartenaient à la société.

La maison du Vogelgesang est entrée dans le batiment que le magistrat a fait construire devant la maison du Waagkeller en 1581, et comme l'emplacement de cette maison n'était pas suffisant pour remplir l'intervalle d'entre les deux ruelles des Augustins sur la place du Palais, il a acheté en 1581 des Augustins 67 pieds de long sur 47 de large, outre un petit terrain sur les quels on bâtit la salle basse du Palais et la 2me chambre. Mais on a acheté si peu en 1539, ou 1581 la Trinckstube du Waagkeller que la société l'a louée et en a perçu les loyers depuis 1651 jusqu'en 1697; et qu'avant cette dernière année c'est toujours elle qui en a fait nettoyer le puits à ses frais; preuve indubitable de sa propriété qu'elle n'a perdue que par suite de l'abandon que le magistrat a fait de son Hôtel de ville au Conseil souverain transféré de Brisach à Colmar, en conséquence du traité de Ryswick. Il a fallu nécessairement occuper les deux extrémités de la salle basse; le bas de la seconde chambre pour le logement que le concierge du Palais habite, et l'autre extrémité pour le parquet des gens du roi, chancellerie et greffe des présentations au bas desquels sont aujourd'hui les greffes du tribunal et chambre de conciliation.

Il est, d'après les faits, littéralement justifiés par les comptes de la société, bien constaté que jamais elle n'a été tribu de la ville de Colmar; on va prouver par son régime que jamais elle n'a formé un corps politique; mais une simple société de personnes libres, indépendantes entre elles, liées par les simples liens de l'honnêteté et de l'amitié, sans autre objet que de s'amuser suivant le goût de chaque siècle.

RÉGIME INTÉRIEUR DE LA SOCIÉTÉ.

Elle n'a jamais eu d'autres employés dans son régime intérieur qu'un receveur appelé Stubenmeister, un chef de cuisine appelé Kuchenmeister, élus l'un et l'autre tous les ans le jour de St-Etienne par tous les associés. Ce jour-là se rendaient aussi les comptes du receveur;

cette élection était faite sur une liste de deux ou trois associés proposés par ceux qui sortaient de fonctions. Ceci s'est pratiqué régulièrement jusqu'en 1688 qu'on a commencé à laisser en place le Stubenmeister tant qu'il jugeait convenable de remplir ces fonctions.

A l'égard du Kuchenmeister, depuis que l'usage des repas ou buvettes réglés a cessé, on n'en a plus élu.

La société a eu à ses gages un aubergiste ayant le titre de Hauptkunn, jusqu'en 1672. Les fonctions consistaient à avoir en dépôt les effets appartenant à la société, gobelets d'argent et de vermeil, batterie de cuisine, linge de table, verres, bouteilles, pots d'étain, brocs, tables à écrire, tric-tracs, chaises etc., en donnant bonne et solvable caution. Il s'engageait à respecter les associés, à obéir aux Stub et Kuchemeister, à ne point surfaire les écots des associés en ce qu'il leur fournissait en victuailles; mais à les leur livrer sur le pied de la taxte. Il n'y avait en cela nulle autorité publique. Le Stubenmeister n'avait que sa recette à faire, en rendre compte à la fin de l'année à la société, payer le reliquat et se faire rembourser de ses avances par les associés.

Le Kuchenmeister n'avait que les repas à ordonner; à surveiller les fournitures du Haupkann ou aubergiste et celui-ci était reloué tous les ans, si on était content de ses services.

Il est évident que tous ces emplois ne sont relatifs qu'à une association de personnes honnêtes, qui ne songent qu'à s'amuser. On va voir par la qualité des associés et les conditions de l'association, que jamais société ne fut plus libre ni moins exigeante.

COMPOSITION DE LA SOCIÉTÉ.

En 1465, elle a eu pour Stubenmeister, Michel Würmlin et pour Kuchenmeister sortant George Kesselring et pour Kuchenmeisters rentrants, Nicolas de Rust et Jean Hutter, pour Hauptkann, Henri Vogler.

Les membres de la société étaient: George Kesselring; Michel Würmlin; Louis Kempff, le greffier de la ville; Nicolas de Rust; Oswald Kruss et Jean Günslin.

De 1466 à 1526, on ne trouve point de mention de réception d'associés; mais en 1522, Jean de Rust et Oswald Kruss, sont Stubenmeister et Kuchenmeister; et en 1524 Oswald Kruss est remplacé par Jean Günslin, et la société a pour Hauptkann Jean Lutterburg et paye encore un cuisinier.

En 1526, on reçoit dans la société, sur sa demande et en payant, Pierre Eytzahn, Stettmeistre de la ville. Les Stuben el Kuchenmeisters étaient Jean Günslin, receveur de l'Umgeld et Jean Dessutz.

En 1528, réception de Jean Strohmeyer, greffier, d'Eustache Boner et de Lutz, apothicaire.

En 1564, on trouve dans le registre de la société une première délibération qui porte que dès qu'il se présentera un magistrat ou un noble écclésiastique ou laïque ou d'ailleurs un honnête bourgeois (ein ehrlicher Bürger) au temps accoutumé, à savoir à la S-Etienne, quand on rend les comptes et qu'on élit d'autres Stubenmeisters, avec prière d'être reçu dans la société et que les magistrats et associés (die Herren und Gesellen) l'auront reçu, le nom, surnom, l'an et jour que le récipiendaire aura été reçu, seront inscrits dans le registre. On a aussi décidé que si un fils d'associé, demeurant chez son père à sa mort, se présentait à l'époque accoutumée, il pourrait être reçu gratuitement et inscrit comme celui qui aurait payé son admission et comme l'ayant hérité de son père. Il devra cependant par reconnaissance offrir à la société un broc ou Kopf de vin.

En 1566, André Sanaherr et Christophe Goll, ont été Stuben et Kuchenmeisters; et l'on a reçu comme associés Jacob Weckerlin, médecin; Martin Strohmeyer; Jean von Embs; Nicolas Saltzmann; Jean Bær; Philippe Berger; Antoine Scherer et Jacques de Kirm. En 1569, on reçoit Martin Birr; Valentin Holdt; Valentin Goll; Mathias Bürger; Cornélius Eifel et Jacob Hecker.

En 1571, Osswald Krauss.

En 1572, Martin Kesselring; Thiébault Fornel; Veit Küttler; Jean Christophe Fröschesser.

En 1574, Valentin Goll et Materne Espach sont Stuben et Kuchenmeisters. En 1575, ces fonctions sont remplies par Materne Espach et Louis Kriegelstein. On reçoit Mathias Goll et Jean de Fuchs, Vogt de Ste-Croix.

En 1576, Louis Kriegelstein et Jean de Fuchs et en 1577 Jean de Fuchs et Veit Rüttlin sont Stuben et Kuchenmeisters. Réception de Jean Hüfflin; Nicolas Schultz; Emmanuel Dietrich; Jean Fischer et Michel Hügget.

En 1578, Martin Renner et Bernard Zentgrave de Schaffhausen, le Müntzmeister, sont associés.

En 1579, il y avait 59 associés dont sept forains; savoir: Béat

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