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l'école des garcons qui, 18 ans avant notre acte, le Vendredi avant la Saint Laurent (6 août) 1350, avait été échangéc par le chapitre à la ville contre un terrain communal sur lequel fut construit le choeur actuel; enfin la maison. curiale le long de la quelle passait le Mühlbach, alors complètement recouvert par une voûte, mais il n'en était pas ainsi au XIVe siècle; le prévôt désigne sa maison comme située au bord dụ ruisseau (juxtà ripam); plus d'un siècle avant lui, l'un de ses prédécesseurs, constructeur de la maison, la désigne de la même manière (prope rivum) et y ajoute un détail plus significatif encore, c'est que le terrain adjacent (area contigua) était, précédemment, à l'état de marécage, évidemment par suite des débordements du Mühlbach; celui-ci coulait donc à ciel ouvert, aux xine et XIV" siècles; quand à l'identité de la maison, elle nous paraît difficile à contester, surtout si l'on considère que sur le plan de 1785, c'est la scule maison située au bord du ruisseau, qu'elle touche d'un côté à l'école qui n'a pas changé de destination de 1350 à 1786, et de l'autre à un enclos désigné sous le nom de Calvaire, acquis par la ville, des héritiers Wolleben, le mardi après la Saint-Jean (26 juin) 1380, et resté sans construction jusqu'à l'époque où il s'est coufondu, comme de nos jours, avec le reste de la place. Cette identité admise, il en résulte que le cours d'eau n'a pas sensiblement changé. En effet, il ne peut avoir reculé puisqu'il coulait le long de la maison, il ne peut avoir été rapproché de l'église, car en supposant au ruisseau de 1368 la largeur de la voute de 1786, (environ 10 pieds), il ne reste pour cette partie du cimetière que 22 pieds à l'angle occidental du transept, et 8 pieds seulement à l'angle opposé, là où l'eau touche aujourd'hui l'église; la façade de la maison se développait

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obliquement sur une étendue de 54 pieds, en face des deux portes du transept aujourd'hui bouchées et auxquelles on devait accéder par un pont (1); elle s'étendait, en profondeur, avec la grange Wolleben qui y fut ajoutée, en 1380, jusqu'à 9 mètres environ de la rue des Prêtres; cette rue n'existait probablement pas encore au XIVe siècle, mais il y avait déjà des maisons sur l'emplacement du côté méridional de la place actuelle; seulement ces maisons n'avaient pas, comme aujourd'hui, en face d'elles, le côté septentrional de l'église; elles formaient, avec le derrière des maisons du chapitre, une véritable rue; c'est ce qui résulte d'un acte de 1297 que nous donnons plus loin, et où la maison Wolleben est indiquée comme ayant en face d'elle celle d'un barbier du nom de Jean (ex opposito Johannis rasoris.)

On le voit, la maison du prévôt, comme cela était assez naturel, vu la dignité de celui qui l'occupait et de celui qui l'avait fait construire, offrait de grands avantages sur les autres par ses dimensions et par sa situation; aussi comme nous allons le voir, est-elle évaluée à un revenu double des maisons prébendaires cotées le plus haut après elle.

<Item pro habitatione domini Rudolfi Frowelarii, sita in des Henkersgasse, ex opposito curie domini Werlini de Hadstatt, militis, et retro domum cappellani altaris trium regum, redd. 11 lib. (100 fr.)

« Item pro habitatione domini Ulrici de Ratolsdorf (2), bi dem Henkersturne et juxta domum dicte Sprosselerin redd. 1 lib. (50 fr ) ›

Ces deux maisons prébendaires étaient situées, l'une près de la tour qui défendait la poterne septentrionale

() Voir le plan ci-contre.

(*) Ce Ulric de Ratolsdorf, chanoine, était probablement parent du prévôt.

PLAN DES ABORDS DE L'ÉGLISE SAINT-MARTIN DE COLMAR

TELS QU'ILS ÉTAIENT ENCORE EN 1785, ET TELS QU'ILS DEVAIENT ÊTRE DÉJA AU XIVe SIÈCLE AU MOINS QUANT A LA PARTIE SEPTENTRIONALE DE LA PLACE.

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1, 2, 3, 4, Maisons appartenant originairement au Chapitre (aujourd'hui détruites.) 3, Calvaire, ancien enclos Wolleben, acquis par la ville en 1380 (aujourd'hui Place-Neuve.) a, a, a, Mühlbach, cours d'eau complètement rouvert en 1785, couvert en partic aujourd'hui, et coulant à ciel ouvert, an XIVe siècle.

1, Logement des gardes-clocher et autres serviteurs de l'église.

2, Ecole des garçons, échangée, en 1350, par le Chapitre à la ville, contre un communal sur lequel fut construit le chœur de l'église.

5, Ancienne inaison curiale, précédemment maison du prévôt; en 1380, à la maison précédente.

6, Entrée de la rue des Prétres; -7, id. de la rue du Mouton; 9,9,9,9, Cimetière.

10, Portes du transept septentrional, aujourd'hui murées.

A, A, B, Ancien Winhoff des Unterlinden.

A, A, Maison et cour de M. A. Rohr.

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4, Grange Wolleben, ajoutée,

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8, id. de la rue du Fromage.

C, D, Emplacement supposé des maisons prébendaires Benzon, Wilhelm, Bergheim et Buchsmann.

C, Pharmacie Violand et poste aux lettres.

D, Maison et cour occupées par M. Melline, juge.

et qui, d'après son nom, devait servir d'habitation à l'exécuteur des hautes-œuvres, l'autre dans la rue qui y conduit et qui s'appelle encore Henkersgasse (rue du Bourreau), petite rue bordée et souvent inondée par le Mühlbach; cette situation et ce voisinage devaient en faire un séjour peu attrayant, et pourtant nous voyons dans la même rue, non seulement ces deux maisons prébendaires qui pouvaient provenir de legs faits au chapitre et que ce dernier avait, dès lors, prises où elles se trouvaient, mais encore un seigneur de Hautsiatt, chevalier, et le chapelain de l'autel des Trois-Rois. C'est qu'au moyen-âge on se préoccupait assez peu de la situation de son logis et que le voisinage du bourreau lui-même, nonobstant le sombre tableau tracé par M. Joseph de Maistre, n'inspirait pas alors une répugnance aussi absolue que de nos jours. En effet, nous allous voir d'autres maisons, situées dans le quartier qui devait être à cette époque, comme il l'est encore aujourd'hui, un des plus recherchés, cotées au même prix que la première des deux ci-dessus. Ainsi :

Item, pro habitatione domini Johannis Benzonis, sita bi der von Unterlinden Winhof, retro curiam domini Epponis de Hadstatt, militis, redd. I lib. (100 fr.)

Item pro curia seu habitatione domini Willhelmi dicti Heingger contigua habitatione prescripte versus vicum judæorum — redd. I lib. (150 fr.)

Item pro curia seu habitatione domini Johannis de Bergheim, ex opposito claustri predicatorum juxta dominum Epponem prenominatum et D. Johannem Buchsmann. redd. I lib. (150 fr.)

Item pro habitatione domini Johannis Buchsmann antedicti contigua curie predicte redd. 11 lib. (100 tr.) (1) ►

(") Archives du Haut-Rhin, fonds de Saint-Martin,

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Il est facile de retrouver approximativement l'emplacement de ces quatre maisons. Elles sont situées entre le couvent des Dominicains (fratrum predicatorum) et le Winhoff des Unterlinden (1). Chacun sait, à Colmar, où était situé le couvent des Dominicains, puisque son église existe encore et sert de halle aux blés. Quant au Winhoff (vaste cellier où se gardait le vin destiné, non à la consommation du couvent, mais à la vente), l'Urbaire des Unterlinden, de 1394, conservé aux archives du Haut-Rhin, le place rue des Juifs; la tradition locale plus précise encore lui assigne pour emplacement les magasins de vins du Sr Auguste Rohr, situés à l'entrée de cette rue, et dans lesquels furent, pendant un certain temps, remisées les pompes à incendie de la ville, parce que ces bâtiments étaient devenus, depuis la Révolution, propriété communale. Seulement, il est permis de supposer (et notre acte semble confirmer cette supposition) qu'en 1368 ce Winhoff et ses dépendances occupaient entièrement l'angle de cette rue et de la rue voisine, aujourd'hui rue des Marchands, et au xive siècle rue des Cranes (Schedelgasse); en effet la maison Rohr, dans son état actuel, a encore une sortie sur l'ancienne Schedelgasse. Ceci posé, nous voyons que la maison du chanoine Benzon était située dans le voisinage du Winhoff (bi der Unterlinden Winhoff et adossée à la cour (retro curiam) du seigneur Eppon de Hatstatt; que celle du chanoine Wilhelm dit Heingger, contiguë à celle de Benzon, faisait face à la rue des Juifs (versus vicum judæorum); que celles du chanoine Buchsmann était con

(') Pour tout ce qui se rapporte aux Unterlinden, voir notre tome jer, pages 90 et suivantes.

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