Imágenes de páginas
PDF
EPUB

puisse retarder ou empêcher l'exécution, mais on fera châtier ceux qui se trouvent coupables.

Les susdits articles ont été faits en français et allemand, le français étant signé par son Eminence Monseigneur le cardinal de la Valette et l'allemand par son Altesse Monseigneur le duc Bernard de Saxe-Weimar, seront mis en mains du dit sieur colonel Mühlheim, lequel de sa part donnera deux copies d'iceux, signées de sa main, en deux langues susdites.

Fait devant Saverne ce 14me juillet 1636. Signé le cardinal de la Valette et George Frédéric de Mühlheim.

L'exemplaire en langue allemande qui a été fait devant et dans la ville de Saverne le 4 (14 juillet) 1636 porte les signatures de Bernard duc de Saxe et de George-Frédéric de Mühlheim; il se trouve imprimé dans le théâtre de l'Europe, tome 3, page 602.

Telle est la capitulation de Saverne, aussi glorieuse pour le gouverneur qui l'a obtenue qu'honorable pour la garnison. Le soir même de la signature, le comte de Chalançay occupa le château de Haut-Barr que les Impériaux évacuèrent. Dans le même temps les troupes françaises prirent possession de la porte dite Mittelthor dont le gouverneur fit relever le poste, ainsi que des ouvrages qu'il était convenu de livrer. La garnison sortit le 15 juillet avec les honneurs de la guerre et fut escortée selon les termes de la capitulation jusqu'à Drussenheim. Le duc Bernard de Saxe Weimar fit le 17 juillet son entrée dans la place, les troupes Suédoises partagèrent le service avec les soldats français. La lettre suivante contient un récit vrai du siège de la ville et un tableau déchirant de tous les excès auxquels se livrèrent ies vainqueurs.

Lettre écrite à son Allesse impériale l'archiduc Léopold Guillaume d'Autriche, évêque de Strasbourg, par Valentin Billicum, sousprévót et greffier de la ville de Saverne au nom de tous les habitants sur le siège et la prise de cette ville.

Révérendissime et Sérénissime archiduc, très-gracieux prince et seigneur, daignez agréer, avant tout, l'assurance du dévoùment et de la soumission de vos très-humbles, très-dévoués et très-obéissants serviteurs et sujets.

Votre très-gracieuce Altesse Sérénissime a sans doute déjà appris l'état déplorable dans lequel nous sommes tombés ainsi que toutes les calamités et toutes les charges que nous avons à supporter depuis que, grâce à la mauvaise position des sentinelles, les troupes de son Alt. S. Bernard duc de Saxe ont pris par escalade le fort de cette ville, le 11 juin dernier; ce fort étant resté en leur pouvoir, elles ont commencé aussitôt à assiéger la ville. Pendant les opérations du siège, nous fûmes serrés de près et assaillis par une grêle de balles, et de boulets rouges et même de grenades; nous eûmes à repousser trois assauts généraux dont le moindre fut tenté par des troupes fraiches, renouvelées jusqu'à trois fois (de sorte que le 1er juillet, 423 projectiles de 24, dirigés sur un seul point de la muraille, y avaient pratiqué une large brèche).

Du reste quoique nous, pauvres assiégés, nous fùmes menacés d'être anéantis par le fer et le feu, le ferme espoir en Dieu et en la juste cause de sa Majesté impériale et romaine, notre très-gracieux seigneur, l'obéissance que nous devons à votre Altesse Sérénissime, le serment de fidélité que nous lui avons prêté et la promesse d'un prompt secours (qui fit défaut) nous donnèrent toujours du courage et nous firent mépriser toutes les menaces et tous les dangers de mort. Il n'eut pas été extraordinaire que l'on se fût laissé intimider et que l'on eût prié le commandant de capituler. Eh bien ! lorsque la cinquième semaine du siège était sur le point de s'écouler, le commandant nous déclara å nous-même qui remplissons par intérim les fonctions de Schultheiss, que le manque de vivres et de munitions ne lui permettait pas de défendre la place plus longtemps et qu'il avait demandé à capituler, et il m'ordonna de faire connaitre sa résolution au magistrat (ce qui fut exécuté).

Mais il est impossible de décrire la consternation et l'effroi que cette nouvelle imprévue causa non seulement à tout le magistrat mais encore

[ocr errors]

à tous les bourgeois dont il n'eut pas été un seul qui n'eût pas aimé mieux perdre dix fois la vie que de tomber entre les mains des ennemis de sa Majesté impériale et de votre Altesse Sérénissime, puisque la ville haute, (') par la conservation de ses fortifications, eût bien pu prolonger sa défense pendant un mois entier, si elle n'avait pas eu à souffrir du manque de provisions, jusqu'à ce que sa Majesté le roi de Hongrie et de Bohême, notre très-gracieux seigneur, eût rejoint l'armée et eût fait lever le siège. Mais comme le Tout-Puissant, selon sa trèsjuste volonté, nous a plongés dans l'infortune, nous supportons notre malheureux sort avec patience et plaçons notre confiance en Dieu et dans le temps qui pourra bien nous rendre à notre très-gracieux maître et seigneur.

Mais ce qui est le plus digne de compassion, c'est qu'après que la petite ville eut été incendiée par les nôtres, dans l'intérêt de la défense, et qu'ensuite la ville moyenne eut été réduite en cendres par les vainqueurs, il n'est resté debout de cette très-ancienne ville, résidence des évêques de Strasbourg et de votre Altesse Sérénissime que la troisième partie, qui sera ruinée peu à peu par la garnison actuelle, qui est forte de dix-sept compagnies.

Ce qui fait notre consolation au milieu de ces calamités et de ces misères, et malgré toutes les pertes que nous avons éprouvées, c'est que la vive et opiniâtre résistance tant des bourgeois que des soldats fit gagner assez de temps, pour que l'armée de sa Majesté impériale put se concentrer et se tenir prête à faire tête à l'ennemi; sans notre résistance, pendant les six semaines qu'elle s'est prolongée, tout le Palatinat eut été envahi et les Français se seraient de nouveau rendus maîtres de la rive gauche du Rhin.

Quoique notre participation à la vigoureuse résistance de cette place nous ait attiré de vifs reproches tant de son Eminence le cardinal de la Valette que de son Excellence le duc Bernard, et qu'elle nous ait fait désarmer pour la seconde fois et soumettre à une rigoureuse surveillance, et que, d'un autre côté, elle nous ait exposés à l'inimitié de tous nos voisins de religion dissidente, la fidélité que nous devons et l'affection que nous portons à votre Altesse Sérénissime comme à notre légitime souverain et à toute l'illustre maison d'Autriche, ne purent

(Saverne était divisé, comme on sait, en trois vi'les: la haute, la moyenne et la petite ville.

jamais être étouffés au milieu de ces calamités et nous ont poussés à vous envoyer cette courte mais sincère relation, et à mettre à profit cette occurrence pour vous supplier de vouloir bien rester notre très-gracieux archiduc, évêque et seigneur, et d'être persuadé que nous sommes · sésolus de persévérer dans notre fidélité et notre dévoûment envers votre Altesse Sérénissime et la maison d'Autriche, dussions-nous être soumis à telles épreuves qu'il plairait au bon Dieu de nous envoyer?

Nous vous supplions de nous recommander à votre bien-aimé frère, Sa Majesté le roi de Hongrie et de Bohême, notre très-gracieux seigneur, pour que nous soyons bientôt affranchis du joug qui pèse sur nous et que nous soyons replacés sous l'autorité de votre Altesse Sérénissime, notre légitime seigneur, ce que nous appelons de tous nos

vœux.

Nous osons appeler l'attention de votre Altesse Sérénissime sur les deux affaires mentionnées dans nos deux précédentes lettres.

Fait à Saverne en Alsace le 30 août 1636.

Cette lettre qui fut interceptée par le gouverneur de la ville, attira sur la tête du magistrat municipal le châtiment le plus rigoureux et livra les habitants à tous les ressentiments des soldats. Le magistrat fut immédiatement arrêté et jeté en prison; cette détention arbitraire, injuste, répandit la consternation dans la ville; les conseillers réduits pour toute nourriture au pain et à l'eau, poussèrent d'inutiles plaintes sur la mesure tyrannique qui venait de les frapper; ils languirent pendant deux mois dans les fers, privés presque de toute nourriture et expiant leur attachement et leur fidélité envers la maison d'Autriche.

(Communiqué par M. Fischer.)

HOHENACK.

DOCUMENTS HISTORIQUES (').

1317. Ulric. comte de Ferrette, permet à Henri de Ribaupierre, fils d'Ulric, de céder à son cousin Jean de Ribaupierre les châteaux de Hohenack et de Judenbourg avec toutes leurs dépendances qu'il relevait du comté de Ferrette, excepté pourtant le pressoir d'Ammerschwihr que ledit seigneur Henri avait constitué en douaire à son épouse Élisabeth d'Isenbourg. La cession de ce fief n'a eu lieu qu'en 1321 et elle a été confirmée en 1325 par le duc Albert d'Autriche.

-

(') Nous ne publions ici que les documents que nous croyons peu ou point connus, ou analysés d'une manière incomplète par les historiens. Voyez, pour tout ce que nous n'indiquons pas, Schopflin-Ravenez, tome iv, pages 285 et ss., et la 10 livraison du Musée pittoresque et historique de l'Alsace. Quant à la première mention du château de Hohenack que Lück fait remonter à 1079, voici, à ce sujet, le texte des annales : « Dass Schloss Hohennack soll anno 1079 in vollkommenen bau gewesen seyn, und soll vermög eines uraltens registerlins ein vogt da gewohnt haben; welches herr Archivarius Luck zu einem in vorigem seculo verfertigtem Grundriss dieses Schlosses Hohennack manu propria geschriben. » - On lit dans le nécrologe manuscrit de l'abbaye de Pairis, à la date du X des kalendes d'octobre: «Anniversarium nobilium virorum D. Ulrici de Guetenburg seu Hohnac, Egelosti patris et Adelheidis avorum et progenitorum aliorumque de Hohnac. » — Et plus loin, folio 78 vo du même manuscrit, dans la liste des bienfaiteurs de l'abbaye : « Dominus Dietricus et Adelheidis uxor de Hohnac, Egelolfus filius et Gertrudis filia, Ulricus nepos dictus de Guetenburg quorum beneficio habemus vineas in Scrötinger apud grangiam nostram Bucks, pratum Dornach in Colmar et molendinum, vineas in Lanzenackerin Morswilre, item mayni artificii et pretii insignem calicem qui Mulbrunam ante centum annos delatus (au milieu du 16° siècle), cum reliqua pretiosa supellectili duci de Wurtemberg quando Mulbrunam invasit in profanos usus cessit. »

« AnteriorContinuar »