Prifes de Theodoric; & d'ailleurs Boëce étoit fort zelé pour la religion catholique, qu'il dé- AN. 525. fendit par plufieurs écrits. Il en adreffa deux au pape Jean, alors diacre de l'église Romaine: fçavoir, un contre Eutichés & Neftorius, touchant les deux natures & l'unique perfonne de J.C. L'autre fur cette queftion de Logique: Si le Pere, le Fils & le Saint-Esprit peuvent être affirmez substantiellement de la divinité. Il adreffa à fon beau pereSymmaque un autre trai té, où il prouve que la Trinité eft un feul Dieu, & non pas trois Dieux. Il s'étoit fort appliqué à la Logique d'Ariftote, dont il traduifit & expliqua plufieurs traitez; & l'on prétend qu'il eft le premier des Latins, qui a appliqué à la theologie la doctrine de ce philofophe. Le plus beau & le plus fameux de fes ouvrages, eft la confolation de la philofophie, qu'il composa dans sa prifon, & où il parle dignement de la providence & de la prefcience de Dieu. Il fut arrêté à Pavie, & mis à mort dès l'an 524. fous le confulat de Juftin & d'Opilion, indiction feconde; Maris Chre & fon beau pere Symmaque fut arrêté après lui, & mis à mort l'année fuivante 525.

VII. Mort de lix III.paJean I Fes

pe.

Le pape Jean étant revenu de fon ambassade, fut auffi arrêté à Ravenne par ordre du roi Theodoric, avec les fenateurs qui l'avoient accompagné aparemment comme complices de Boëce, & de Symmaque. Theodoric étoit irrité contre le pape en particulier, à caufe des honneurs qu'il avoit reçus à C.P. Toutefois Hift. Mifo craignant l'indignation de l'empereur Juftin, il n'ola les faire mourir: mais il les tint en une rude prifon, où le pape Jean mourut de maladie, le vingt-feptième de Mai 526. fous le confulat d'Olybrius: après avoir tenu le faint fiége deux ans & neuf mois. Son corps fut transferé à Rome, & caterré à faint Pierre, & l'églife

M iiij

ho

R.27.Mai.

Lib Pon

honore le jour de fa mort, comme d'un faint

AN. 526. martyr. Il avoit ordonné quinze évêques. Son Martyr. fucceffeur fut Felix III. du païs des Samnites, fils de Caftor. Le roi Theodoric le choifit après tif. une meure déliberation: le fenat de Rome l'acCaffiod. 8. cepta comme très-digne : il fut ordonné le douzieme de Juillet 526. & tint le faint fiége trois ans & deux mois.

var.15.

VIII. Mort du

roi Theo

doric. Procop.. Gotth.c.1

Fernand.

IX. Patriar

Le roi Theodoric ne furvêcut que trois mois au pape Jean. Un jour fes officiers aïant fervi fur la table la tête d'un grand poiffon, il crut voir dans le plat la tête de Symmaque, fraîchement coupée, qui fe mordoit la lévre, & le regardoit d'un œil furieux. Il en fut fi épouvanté, qu'il lui prit un grand friffon, il se mit au lit, & conta ce qu'il avoit vû à son medecin Elpide, pleurant fon crime d'avoir fait mourir Symmaque & Boëce, fur des calomnies. Se voïant prêt de mourir, il appella les principaux de la nation des Goths, & fit reconnoître pour roi Athalaric fon petit fils, âgé de huit ans, fils de fa fille Amalafonte & d'Eutaric déja mort. Ainfi mourut Theodoric, fous le confulat d'Olybrius, indiction quatrième, c'està-dire, l'an 526. Il étoit fort âgé, & avoit regaé trente-trois ans. Amalaric, fon petit-fils par une autre fille, fut reconnu roi des Vifigoths en Efpagne, & dans la partie voisine des Gaules jufques au Rône.

En Orient, Jean patriarche de Jerufalem mouches de Je- rut l'an 525. après avoir tenu le fiege fept ans rufalem && neuf mois, depuis l'an 517. Il eut pour fucd'Antioche ceffeur Pierre natif d'Eleutheropole. A AntioVita S. che, le patriarche Euphrafius fut accablé fous Sab. n. 68. les ruines, dans le tremblement de terre, qui renverfa la ville, le Vendredi vingt- neuvième de Mai, fous le confulat d'Olybrius, indiction quatrième, c'est-à-dire, en 526. A fa place on

éluc

Elut Ephrem, Syrien de race & de langage,

de

128 p. 773

X. Mort de Justin Ju tinien ent

pereur.

9p 147. D. 148.

Chr. pafely

qui après avoir paffé par plufieurs charges, étoit AN. 525% alors comte d'Orient. Il avoit gagné l'affection Sup.XXX1 du peuple, en procurant à la ville toutes fortes " 32. de foulagemens en cette calamité. Auffi entre Evagr. 11. hift. c. 6. fes autres vertus il fut toûjours fort aumônier. Phot.Code Il avoit un grand zéle pour la religion catholique, & la défendit par plufieurs écrits en grec: car il avoit affez bien apris cette langue. L'empereur Juftin témoigna une extrême affliction de la ruine d'Antioche, & envoya grandes fommes d'argent pour la rétablir.Mais l'année suivante fe fentant près de fa fin, il déclara Augufte fon neveu Juftinien; & le fit cou- Theoph. an. ronner avec fa femme Theodora, le premier d'Avril, indiction cinquième, fous le confulat de Mavortius: c'est-à-dire,l'an 527. Justin mourut quatre mois après, le Dimanche premier jour d'Août, âgé de foixante & dix-fept ans, après en avoir regné neuf. Juftinien avoit qua rante cinq ans, & en regna trente neuf. Sa taille étoit au-deffus de la médiocre, fes yeux trèsmobiles, l'air riant, peu de cheveux. Il fera foit la barbe à la Romaine. Il eft ainfi representé dans une peinture de molaïque, qui fe voit en core à Ravenne, dans l'églife de faint Vital, & que l'on croit être de fon tems. Elle eft d'un côté du grand autel ; & de l'autre en eft une pa ad Procop. reille, qui reprefente l'imperatrice Theodora: p. 366. l'un & l'autre comme portant leur offrande dans Cedr. p.366 l'églife. Juftinien y porte un habillement de tête

p. 33. &

375.

Marcell.

chr an sc $27.

Ap. Rubi hift.Raven.. p. 897. Cang famil By in Jus tin. p. 97.

Alam. not.

Procop.

en forme de mortier, orné de perles ; ce qu'il Anec.c.17. femble avoir pris des Perfes: auffi Procope dit, c. 8. 12. qu'il imitoit l'habit des barbares. Il mangeoit & dormoit peu, fe relevant fouvent la nuit pour fe promener dans fon palais. Pendant le carême, il ne prenoit de la nourriture que de deux jours l'un, encore n'étoit-ce que des herbes fau

MY

vagés,

Id. 1. edif.

6.7.

vages, détrempées au fel & au vinaigre, en peAN. S27. tite quantité, & fans pain. Il ne buvoit alors que de l'eau. Il donna tous les biens qu'il avoit avant que d'être empereur, à l'église de faint Serge & faint Bacque, & à celle des faints apôtres, qu'il avoit bâtie dans sa maison,& y fonda un monaftere d'hommes choifis. En un mot, il faifoit paroître un grand zéle pour la religion.

On raporte au commencement de fon regne une conftitution, qui contient fa profeffion de foi fur la Trinité & l'incarnation. Elle eft entierement orthodoxe: mais on y peut remarquer, qu'il reconoît qu'un de la Trinité s'eft incarné: quoiqu'il eut autrefois blâmé les moines de Scythie, qui foûtenoient cette propofition. Il anathematife toutes les hérefies; & en particulier Neftorius, Eutychés & Apollinaire; déclarant fujets aux peines des heretiques, tous ceux que les évêques trouveront dans des fentimens contraires à cette confeffion.

Dès la premiere année, il fit deux conftitu tions touchant les évêques : dont la premiere eft adreffée à Ephiphane, patriarche de C. P. & datée du dixiéme des calendes de Mars, fous le fecond confulat de Juftinien, c'est-à-dire, du vingt-unieme de Février 5 28. Elle regarde la refidence des évêques, & l'empereur y parle ainfi en fubftance.

L'abfence des évêques eft cause que le fervice divin fe fait plus négligemment, que les affaires des églifes font moins bien gouvernées, & leurs revenus employez aux frais des voyages des évêques, & de leur féjour en cette ville, avec les clercs & les domeftiques qui les accompagnent: en forte que fouvent ils font obligez d'emprunter à ufure, à la charge des églifes. C'eft pourquoi nous vous enjoignons de faire fçavoir à tous les métropolitains de vôtre dépen

dance,

dance, que ni eux, ni les évêques de leurs provinces, ne doivent point quitter leurs églifes AN. 528 pour venir en cette ville de leur propre mouvement, fans ordre particulier de nous, quelque affaire qui furvienne. Mais ils doivent envoier ici un ou deux de leurs clercs, pour nous déclarer leurs befoins, foit par eux-mêmes, foit par vôtre moïen, & recevoir de nous un prompt fecours. Car fi nous trouvons que la prefence des évêques foit nécessaire ici, nous leur ordonnerons de venir. Le contrevenant encourra nồtre indignation, & fera excommunié par vous, fi c'est un métropolitain: & par fon métropoli tain, s'il n'eft qu'évêque. Nous n'avons pas crû néceffaire d'impofer une peine pecuniaire, de peur que le dommage ne retournât fur les églifes.

L'autre loi eft adreffée à Atarbe prefet du pretoire, datée du premier jour de Mars de la même année 28. Elle porte: Quand un fiege épifcopal fera vacant, les habitans de la ville feront un decret en faveur de trois perfonnes, dont la foi & les mœurs foient connues par de bons témoignages, afin que l'on choififfe le plus digne Celui qui fera ordonné évêque, doit n'avoir ni enfans, ni petits enfans, de peur que les foins de fa famille ne le détournent du fervice de Dieu, & des affaires de l'églife, & qu'il n'applique au profit de fiens, les biens qui ont été donnez pour les pauvres. Les évêques ne pourront difpofer par teftament, par donation, par quelque autre alienation que ce foit, des biens qu'ils au ront acquis depuis leur épifcopat: fi ce n'eft par fucceffion de leurs peres & meres, oncles, out freres. Tout le reste appartiendra à leur églife: car il eft clair que ceux qui leur donnent, le font en confideration du facerdoce.. Après la mort des évêques, les œconomes M. vjj

61

. 42. C. de. epifcop