qu'après la mort, il n'a point été fujet à la AN. 53.3. pourriture, ni pendant fa vie mortelle aux pasfions, qui previennent la raifon & caufent des troubles involontaires. Il ne put achever cet ounet ad Reg. vrage, étant prévenu par la mort; & Regin obligea le diacre Ferrand à y fuppléer, & à lui donner les inftructions de morale, qu'il avoit demandées.

Fer. para

P. 15.3.

XXXVII.

Vita c. 29. 2.62.

Saint Fulgence environ un an avant fa mort, Mort de quitta fecretement fon église & fa communauté, S.Fulgence & fe retira dans l'île Circine, fur un petit rocher, où il avoit fait un autre monaftere. Il y redoubla fes mortifications & fes larmes, comme s'il n'eût fait que commencer: mais la charité l'obligea de revenir à fon monaftere, où il tomba malade, & fouffrit pendant plus de deux mois des douleurs très aiguës,difant continuellement:Seigneur, donnez-moi maintenant la patience, & enfuite le pardon. Les medecins lui vouloient perfuader de fe baigner: mais il ne voulut rien relâcher de fon austerité ordinaire. Se fentant près de fa fin, il affembla tous fes clercs, & fes moines, & leur demanda pardon de la feverité dont il craignoit d'avoir ufé envers eux. Il diftribua ce qui lui reftoit d'argent aux veuves, aux orphelins, aux étrangers, les nommant tous par leur nom; & n'oublia pas fes cleres. Enfin il mourut le premier jour de Janvier 533. la vingt-cinquiéme de fon pontificat & la foixante-cinquième année de fon âge. Il fut enterré dans une églife de la ville de Rufpe, eù il avoit mis des reliques des Apôtres; & où, fuivant l'ancienne coutume, on n'avoit encore Martyr Ram.1. Jan enterré aucun mort. L'églife honore fa memoire XXXVIII le jour de fon decès; & fa vie, écrite comme l'on Denys le croit, par le diacre Ferrand fon difciple, eft adreffée à Felicien fon fucceffeur.

petit.

C'eft peut-être au même Felicien que Denys

le

le Petit adreffa la verfion de la lettre de Proclus de C. P. aux Armeniens, qu'il traduifit par fon ordre, pour autorifer cette propofition: Un de Bibl. PP. la Trinité à fouffert Il y joint une préface, où to.3.p.166' il prouve fuccintement la verité de cette propofition, & fon utilité contre les Neftoriens. Denys furnommé le Petit, à caufe de fa taille, étoit un moine prêtre de l'églife Romaine, trèsfameux pour fa doctrine & pour la vertu.Quoi- Caffiod. di que Scythe de nation, il avoit les mœurs tout- vin. lect.cz à-fait Romaines, & fçavoit fi parfaitement le 23. gree & le latin, qu'il traduifoit également en lifant, le grec en latîn, & le latin en grec. Aulfi fit-il plufieurs verfions de livres grecs, entre autres, à la priere d'Etienne évêque de Salone, il traduifit le code des canons ecclefiaftiques, dont il y avoit déja une ancienne version, mais allez confuse. Cet ouvrage fut fi bien reçu, que can. quelques années aprés Denys fit encore le recueil de toutes les lettres decretales des papes decr qu'il put trouver, à la priere de Julien prêtre de l'égife Romaine du titre de fainte Anastasie, difciple du pape faint Gelafe. Ce recueil comprend les lettres de huit papes: Sirice, Innocent, Zofime, Boniface, Celeftin, Leon, Gelafe, Anaftafe.

Pref. Cod

Praf. in

Denys le Petit étoit fçavant dans la dialectique, l'Arithmetique & l'Aftronomie; & il est l'auteur du calcut des années depuis l'incarnation de J.C. dont nous nous fervons à prefent. Carvoyant le cycle pafcal de S. Cyrille près de finir en l'année 248. de Diocletien, c'est-à-dire, 581. de J. C. il en fit un de quatre-vingtquinze ans, pour continuer celui de S. Cyrille. Mais au lieu du nom odieux de Diocletien, que faint Cyrille avoit mis fuivant la coutume de fon tems & de fon pays, Denys aima mieux met- Diony 5.ad tre le nom de J. C. & compter les années, de Petron. apv

Epift

C. 23'

Caffiod. ibid.

Peru. 111. l'Incarnation: depuis laquelle il trouva que la doct. temp. premiere de fon cycle étoit 532. Les chronologiftes des derniers tems ont trouvé qu'il s'étoit méconté, & l'opinion la plus commune eft, qu'il a prévenu de quatre ans la veritable année de l'Incarnation.. Il avoit fi bien étudié l'écritu→ re fainte, qu'il étoit toujours pret à répondre fur le champ, à toutes les queftions qu'on lui faifoit. Mais avec toute fa science il étoit trèsfimple & très-humble ; & quoique fort éloquent, il parloit peu. Sa vie étoit pure & mortifiée, fans aucune fingularité. C'eft le témoignage qu'en rendoit après la mort Caffiodore, qui avoit vêcu plufieurs années avec lui, & qui l'invoquoit comme un Saint,

XXXIX.
Condam-

nation des
Acemetes

2.

to. 4. p.

1746. C.

C. 20.

Cependant le pape Jean faifoit fon poffible pour ramener à la raifon le moine Cyrus dépuEpift.Foan. té des Acemetes, & ceux qui étoient venus à Rome avec lui combattre cette propofition: Un de la Trinité a fouffert. Ils demeurerent obstiLiber.brev, nez, & le pape les declara exclus de fa communion & de toute l'églife catholique, comme ils l'étoient déja de celle de leur évêque, le patriarche de C. P. Il y eut toutefois à Rome quelques moines,qui fe feparerent à cette occafion de la communion du pape, & aimerent mieux fuivreles députez des Acemetes. Le pape fit donc réponte à l'empereur Juftinien, approuvant l'édit qu'il avoit propofé fur la foi, du consentement des évêques; & pour le faire plus expref fément, il infere la lettre de l'empereur dans la fienne. Ainfi il approuve authentiquement cette propofition. Un de la Trinité a fouffert, de la maniere que l'empereur l'avoit énoncée, après avoir expliqué la foi de la Trinité & de l'Incarnation, & en y ajoutant qu'il a fouffert dans fa chair. Le Pape marque enfuite comme il a condamné les moines Acemetes: exhor

tant

tant toutefois l'empereur à les recevoir, s'ils renoncent à leurs erreurs. Cette lettre eft datée du AN. 534. huitiéme des calendes d'Avril, fous le quatrième confulat de Juftinien avec Paulin ; c'est-à-dire, du vingt-cinquiéme de Mars 534

Epift. 30

Après que le pape eut envoyé les députez de p. .751. l'empereur, il écrivit aux fenateurs de Rome, pour les inftruire fuivant leur defir, de la réponfe qu'il leur avoit faite. L'empereur, dit-il, nous a marqué qu'il s'étoit élevé trois queftions; fçavoir, fi J.C. peut être n omméun de la Trinité, s'il a fouffert en fa chair, la divininité demeurant impaffible; fi la fainte Vierge Marie doit être nommée mere de Dieu, proprement & veritablement. Nous avons approuvé la foi de l'empereur, & montré qu'il est ainsi par l'écriture & les peres. Enfuite il rapporte des autoritez fur chacune de ces propofitions. Le premier des peres qu'il cite eft faint Augustin, dont l'églife Romaine, dit-il, fuit & obferve la doctrine, felon les decrets de mes predeceffeurs. A la fin de la lettre il déclare, que l'églife Romaine condamne les moines Acemetes, qui ont paru évidemment être Neftoriens. C'eft pourquoi,ajoute-t-il,fuivant les canons qui obligent d'éviter les excommuniez, je vous avertis de ne pas même leur parler, & de n'avoir rien de commun avec eux. Au refte les lettres du pape Jean fur cette matiere, ne font point contraires à celle du pape Hormifda. Car il témoi Sup. gne feulement être mal content des moines de Scythie, fans condamner ni leurs perfonnes, ni la propofition qu'ils foutenoient, au lieu que le pape Jean approuve expreffément cette propobition, & excommunie les moines Acemetes qui la rejettoient.

XL.

Code de

L'empereur Juftinien ayant reçu la lettre du pape, l'infera dans fon code, qu'il publia pour Juftinien.

la

AN. 534 18. C.de

fant.Trin.

l..de no.

Cod fac.l.2. ibid.

L. 1. de vet.

pour

la feconde fois, le quinziéme de Novembre de la même année 534. Dès le commencement de fon regne, il entreprit de reformer les loix Romaines; & d'abord il fit compofer un code, c'eftà-dire, un recueil des conftitutions choifies des empereurs precedens. Il en donna l'ordre en 528. & l'ouvrage étant executé, il le fit publier l'année fuivante 529. Enfuite il entreprit de faire un corps de tous les ouvrages les plus utiles des anciens Jurifconfultes, dont il fit ranger les extraits fous certains titres, & y donna le nom de Digeftes ou Pandectes. L'ordre en fut donné le quinziéme de Decembre 530. & l'ouvrage étant achevé fut confirmé & publié le seiziéme Decembre 133. Enfuite Juftinien fit compofer les Inftitutes fervir d'introduction à ces liFur. inl.. Vres. Puis il fit corriger fon code, & en publia une feconde édition plus parfaite cette année 534. & c'eft celle que nous avons aujourd'hui. Il fe fervit pour ces ouvrages des plus fameux Jurifconfultes de fon tems & des principaux officiers de fon empire: entre autres de Tribonien Quefteur, c'est-à-dire, comme Chancelier. II étoit veritablement fort fçavant, mais auth fort Procop.l avare: enforte qu'il vendoit la juftice, & faifoit Per c.24. ou fupprimoit tous les jours de nouvelles loix, fuivant les interêts des particuliers. Il étoit agréable & beau parleur, & flattoit Juftinien, lui perfuadant qu'il ne mourroit point. Car il étoit paien ou plutôt fans religion; entierement éloigné du chriftianifme. Ce qui eft peut-être la caufe qu'il a laiffé quelques veftiges de paga nifine dans les écrits des anciens Jurifconfultes, dont il a compofé le Digefte.

ibid.

25.

Suid. v.

Tribon.

XLI.

Conciles

de Gaule.

Vers le même tems le Pape Jean reçut les lettres de faint Cefaire d'Arles, & de quelques au tres évêques de Gaule, touchant Contumeliofus évêque de Riès, convaincu de plufieurs crimes

par