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c. 8.99

6.10.

a paix, entra fur les terres des Romains au printems, de la quatorziéme année de Jufti- AN. 542 nien: c'eft-à-dire en 540. Il prit & ruina Sura Procop.11. ville fur l'Euphrate, dont Candide évêque de Perf.c. Sergiopolis dans le voisinage, racheta douze mille captifs: s'obligeant à payer deux cens livres d'or dans un an, fous peine de payer le double, & de quitter fon évêche. Megas évêque de Berée fut député vers Cofroés: mais il n'obtint rien. Hierapolis fe racheta pour de l'argent, Berée fe rendit: Ephrem patriarche d'Antioche fe retira 7. en Cilicie. Sa ville fut prife d'affaut, pillée & brulée; à la referve de l'églife, qui fut rachetée cherement. Enfin les ambaffadeurs Romains firent avecCofroés une paix honteufe, qui ne l'empêcha pas, en attendant la ratification, de faire encore bruler à Daphné l'église de S. Michel. 11 11. rançonna auffi Apamée, où il étoit allé, fous pretexte de la voir. On y gardoit un morceau de la vraie croix, de la grandeur d'une coudée, dans une châffe de bois ornée d'or & de pierreries, & trois prêtres en avoient la garde. Les habitans la confideroient comme leur plus fure défenfe, & on la montroit tous les ans en public, un certain jour. Alors ce peuple craignant la perfidie de Cofroés, qu'ils voyoient à leurs portes: prierent Thomas leur évêque, de leur montrer la croix, pour l'adorer encore une fois avant que de mourir. Mais il arriva une grande merveille: car l'évêque ayant découvert la croix, & la portant par toute l'églife: on vit au lambris une grande lumiere qui fuivoit la croix à mefure qu'on la portoit, & difparut fi-tôt qu'elle fut ferrée. L'hiftorien Evagre dit avoir vu ce mi- Evagr.hift. racle, étant encore aux petites écoles, & affiftant avec les parens à cette proceffion. Il ajoute que l'évêque Thomas portant la croix sembloit être fuivi d'un grand feu, qui éclairoit fans bru R.iiij

ler;

IV. C.20.

lers & que l'on peignit au lambris de l'églife, AN. 542. la reprefentation de ce miracle. Cofroés outre une grande fomme d'argent, enleva tout le tréfor de l'églife d'Apamée, qui étoit très riche, & n'y laifa que le bois de la croix, à la priere de l'évêque.

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Il rançonna auffi la ville de Calcide, nonob-ftant le traité de paix; & ayant paffé l'Euphrate il vint pour affiéger Edeffe, voulant faire mentir les chrétiens qui difoient qu'elle étoit imprenable, à caufe de la lettre de Jefus-Chrift à Abgar,. qu'ils prétendoient avoir. Mais Cofroés s'étant égaré par deux fois en chemin, quitta le deffein de l'affieger; & fe contenta de prendre deux censlivres d'or, pour ne point ravager le pays. Juftinien ayant ratifié la paix, Cofroésse retira vers fes états: mais comme il ne laiffa pas d'aflieger Dara, Juftinien tint la paix our rompue, & rappella Belifaire d'Italie, pour l'opofer aux Perfes Enfuite il rétablit pour la feconde fois Antioche, Procop. de adif. II. c. qu'ils avoient entierement ruinée ; mais il en réduifit l'enceinte à une efpace beaucoup moindre. Outre les autres édifices publics, il y bâtit deux grandes églifes, une de la Mere de Dieu, l'autre de S. Michel; un hôpital pour les malades, tant hommes que femmes feparement, & pour les étangers.

6. 14.

IX.

vant faint Benoît

Proc. 111.

A

Belifaire ayant quitté l'Italie, les Goths y reTota de- prirent le deffus, fous la conduite de leur nouveau roi Totila. En paffant dans la Campanie, il voulut voir S.Benoît, ayant oui dire qu'il avoit l'efprit de prophetie. Il vint donc à fon monaftere, & s'étant arrêté affez loin, il manda qu'il ́ alloit venir, Voulant éprouver le Saint, il envoya un de fes écuyers nommé Riggon, à qui il fit prendre fa chauffure & fes habits royaux, qui étoient de pourpre, & le fit accompagner de trois Seigneurs,qui étoient le plus ordinairement prés.

Goth. c. 2. 3. &.c. Greg. 11. al. c.14.

de

de fa perfonne, nommez Vult, Ruderic, & Blidin, avec des écuyers & un grand cortege: AN. 542. Riggon étant ainfi entré dans le monaftere,faint Benoît qui étoit affis, le vit de loin, & quand il put en être entendu, il lui cria: Mon fils, quittez l'habit que vous portez, il ne vous appartient pas. Riggon se jetta par terre épouvanté d'avoir voulu tromper un fi grand Saint: tous ceux qui l'accompagnoient en firent autant: & fans ofer approcher de S Benoit, ils retourne. rent trouver le Roi, & lui raconterent en tremblant,combien promptement ils avoient été dé

Couverts.

Alors Totila vint lui-même trouver le Saint, : & dès qu'il le vit, il fe jetta par terre fans ofer en aprocher. S. Benoît qui étoit affis, lui dit par trois fois de fe lever; & comme il n'ofoit, il vint le relever lui-même, & lui dit: Vous faites beaucoup de mal, vous en avez beaucoup fait; ceffez enfin de commettre des injuftices: vous entrerez à Rome, vous pafferez la mer, & après avoir regué neuf ans, vous mourrez le dixième. Tout cela fut accompli dans la fuite: Le roi fort épouvanté fe recommanda à fes prieres & fe retira ; & depuis ce tems il fut beaucoup moins cruel. C'étoit l'an 542: Quelque tems après l'évêque de Canofe que S. Benoit aimoit pour fa vertu, l'étant venu trouver s'entretenoit avec lui des ravages de Totila, & difoit en parlant de Rome: Ce roi la ruinera,en forte qu'elle ne fera plus habitée. S. Benoit lui repondit :Rome ne fera point détruite par les barbares: mais elle fera battue 'de tempêtes, de foudres ;& de tremblemens de terre, & s'affoiblira comme un arbre qui feche fur la racine.

Un homme noble nommé Theoprobe, que S Benoît avoit converti, & qui avoit grande part à fa confiance, étant un jour entré dans fa RY cellule

X.

Miracles de

s. Benoît.

6.17.

cellule, le trouva qui pleuroit amérement. Il s'arrêta long-tems, & voyant que fes larmes ne tarriffoient point, & qu'elles ne venoient point à. fon ordinaire, de tendreffe dans la priere, mais. de trifteffe, il lui en demanda la caufe. Le Saint lui répondit: Tout ce monaftere que j'ai bâti, & tout ce que j'ai preparé pour les freres, à été livré aux Gentils par le jugement de Dieu : à peine ai-je pú obtenir de fauver les perfones. Ce qui fut accompli environ quarante ans après;, quand les Lombards ruinerent le monaftere du Mont- Caffin.

Outre les prédictions, on rapporte un grand nombre de miracles de faint Benoît: & entre autres celui-ci. Un jour comme il étoit forti avec les freres pour travailler aux champs; un paysan vint au monaftere outré de douleur portant. entre fes bras le corps de fons fils mort &deman-dant le pere Benoît.Comme on lui dit qu'il étoit aux champs avec les freres, il jetta le corps de fon fils devant la porte du monaftere: & dans le transport de fa douleur, il courut d'une grande viteffe chercher le Saint. Si-tôt qu'il le vit, il fe mit à crier: Rendez-moi mon fils, rendez-moi mon fils. Saint Benoît s'arrêta & lui dit: Vous ai-je ôté vôtre fils? Le paylan répondit: Il eft venez le reflufciter. Le Saint fort affligé dé ces paroles, dit: Retirez-vous, mes freres, retirez-vous. Cela ne nous appartient pas, c'est aux faints Apôtres. Mais le pere affligé perfiftoit, proteftant avec ferment, qu'il ne fe retireroit point, que le faint abbé n'eût reffufcité fon fils. Saint Benoît lui demanda où il étoit. Voilà, ditil, fon corps à la porte du monaftere. Le Saint Y étant venu avec fes freres, fe mit à genoux fe coucha fur le corps de l'enfant, & fe relevant étendit fes mains au ciel, & dit: Seigneur, ne regardez pas mes pechez, mais la foi de cet

mort,.

homme,

homme, & rendez à ce corps l'ame que vous en avez ôtée. A peine eut-il achevé la priere, que tout le corps de l'enfant trembla à la vûe de tous les affiftans: faint Benoît le prit par la main & le rendit à fon pere plein de vie & de fanté.

XI.

Ste Scho laftique.

Saint Benoit avoit une fœur nommée Scholaftique, qui s'étoit confacrée à Dieu dés l'enfance, & vivoit dans un monaftere proche du fien. Elle venoit le voir une fois l'an, & il alloit la recevoir affez près de la porte du monaftere. Il y vint donc un jour avec les difciples, & après avoir paffé la journée à louer Dieu, & à s'entretenir de chofes faintes, ils mangerent enfemble fur le foir. Comme ils étoient encore à table, & qu'il fe faifoit tard, Scholaftique dit: Je vous prie ne me quittez point cette nuit, & que nous parlions de la joye celefte jufques à demain matin. Il répondit que dites-vous, ma fœcur? Je ne puis en aucune façon demeurer hors du monaftere. Le tems étoit fort ferein: fainte Scholaftique mit fa tête fur la table, dans fes mains jointes pour prier Dieu, répandant des torrensde larmes; & quand elle fe releva, il vint de: tels éclairs, un tel tonnerre, & une pluie fi violente, que ni S. Benoit; ni les freres qui l'accom-pagnoient, ne purent mettre le pied hors de la porte de la maifon.S.Benoit demeura donc mal-gré lui, & paffa la nuit avec la foeur en converfation fpirituelle. Le lendemain ils retournerent chacun chez foi. Mais trois jours après S. Benoît c. 41 étant dans fon monaftere, & levänt les ïeux, vit l'ame de fa foeur entrer au ciel en forme de colombe. Ravi de fa gloire il rendit graces à. Dieu; déclara fa mort aux frères; & les envoya pour aporter le corps à fon monaftere, & le mettre dans le tombeau qu'il avoit préparé pour : lui-même: afin, dit S. Gregoire, que la mort ne Rrj. feparat

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