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Enfuite étant devenus plus hardis ils prêchoient leurs erreurs, c'est-à-dire, l'Origenisme, publiquement & par les maisons. Ils inventoient divers moyens de perfecuter les peres de la grande laure, & s'ils voyoient à Jerufalem quelque moine orthodoxe, ils le nommoient Sabaïte, le faifoient battre par des feculiers & le chaffoient de la ville. Il y avoit auprès du Jourdain des moines Beffes originaires de Thrace, qui pouffez de zèle accoururent à Jerufalem au fecours des catholiques. On en vint aux mains & à la force ouverte. Les catholiques fe refugierent dans l'hofpice de la grande laure, où leurs ennemis vinrent en fureur pour les tuer; mais trouvant la maison fermée ils rompirent les fenêtres, & attaquerent à coups de pierres ceux qui étoient dedans. Alors un des Belles nommé Theodule, ayant trouvé une pelle, fit une fortie fur les affaillans, & les diffipa lui feul, quoiqu'ils fuffent environ trois cens: prenant garde toutefois de n'en bleffer aucun. Mais il recut un coup de pierre dont il mourut peu dejours après. Pour arrêter ces defordres, les peres de la grande laure prierent Gelafe leur abbé d'aller à C. P & d'inftruire l'empereur de ce qui fe pafloit. Etant prêt à partir il les affembla dans l'église & leur dit: Mes peres, je ne fai ce qui m'arrivera en ce voyage: mais je vous prie de ne fouffrir avec vous aucun de ceux qui font attachez à Theodore de Mopfucfte, car c'eft un heretique; & je me fouviens que notte faint pere Sabas le déteftoit autant qu'Origene. J'ai grand regret d'avoir foufcrit au libelle qui fut fait dans le defert par ordre du patriarche, de ne le point anathematifer Mais Dieu qui prend soin de fon églife, a empêché que le libelle ne fût reçu, & a voulu que Theodore fût condamné.

L'abbé Gelafeétant arrivé à C. P. Theodore

de

de Cefarte en fut averti; & il y eut ordre tant à AN. 545 l'hopital des orphelins que chez le patriarche & au palais, de ne point recevoir de moine venu de Jerufalem. Gelafe fe voyant refufé par tout, & craignant les artifices de Theodore, fortit de C. P. pour retourner en Palestine par terre. Mais étant arrivé à Amorium ville de Phrygie, ily mourut au mois d'Octobre de la neuviéme indiction c'est-à-dire en 545. Les peres de la grande laure l'ayant apris, allerent à Jerufalem de mander un abbé au patriarche Pierre: mais en un voyage qu'il avoit fait à C. P. Theodore de Capadoce l'avoit obligé de prendre pour syncelles Pierre d'Alexandrie & Jean furnommé le Rond. Ceux-ci firent chaffer honteufement les peres de la grande laure de la maifon épifcopale de Jerufalem, & les obligerent à s'en retourner fans rien faire. Alors tous les moines prirent le parti des Origeniftes, les uns cedant à la neceffité ou aux flateries: d'autres par ignorance ou par crainte. Il n'y avoit que la grande laure qui leur refiftoit: & ils faifoient tous leurs efforts, pour s'en rendre maîtres. Enfin ils en élûrent abbé un Origenifte nommé George, & le mirent à main armée en poffeffion du fiege de S. Sabas. Mais plufieurs des peres fe difperferent en divers lieux, S. Jean le Silencieux fortit de la cellule où il étoit reclus, pour fe retirer au mont des Olives; & plufieurs autres avec lui. Et le même jour qu'on les chaffoit, Nonnus Auteur de tous ces maux mourut fubitement.

Alors Theodore de Cappadoce ayant pris le deffus par fon credit à la cour, principalement depuis le départ du legat Pelage, voulut venger la condamnation d'Origene, & diminuer en même tems l'autorité du concile de Calcedoine. C'eft pourquoi il entreprit de faire condamner Theodore ce Mopfuefte, qui avoit beaucoup

P. 370

2. 88.

XXI.

Juftinien condamne

les trois chapitres.

Lib. breve

6. 24.

AN. $46. écrit contre Origene, & qui fembloit d'ailleurs avoir été aprouvé par le concile. En cela Theodore de Cappadoce fatisfaifoit à tous les interêts, étant Origenifte & Acephale, & fui voit l'ouverture que l'on avoit donnée, de condamner les morts, par la condamnation d'Origene. Voyant donc que l'empereur Juftinien écrivoit contre les Acephales, pour la défense du concile de Calcedoine: il vint le trouver avec fes partifaus, qui fous le nom de catholiques foutenoient les fchifmatiques, appuyez par l'imperatrice Theodora. Il eft inutile, dit-il à l'empereur, , de vous donner la peine d'écrire, puifque vous avez un moyen bien plus court de ramener tous les Acephales. Ce qui les choque dans le concile de Calcedoine, c'est qu'il a reçu les loüanges de Theodore de Mopfuefte, & qu'il a déclaré orthodoxe la lettre d'Ibas, qui eft entierement Neftorienne. Si on condamne Theo. dore avec fes écrits & la lettre d'Ibas, le concile leur paroîtra corrigé & juftifié, & ils le recevront entierement: votre pieté les reconciliera fans peine à l'églife,& en acquerra une gloire immortelle.

L'empereur ne s'apercevant pas de l'artifice des Acephales les écouta volontiers ; & promit de faire ce qu'ils defiroient. Ils le prierent donc de publier un écrit pour la condamnation des trois chapitres: c'eft-à-dire, des écrits de Theodore de Mopfuefte, de la lettre d'Ibas, & de l'écrit de Theodoret contre les douze anathêmes de S. Cyrille. Ils vouloient ainfi engager l'empereur: car ils jugeoient bien que quand il auroit publié un écrit qui feroit connu de tout le monde, il auroit honté de fe dédire, & l'affaire feroit fans retour. Car ils craignoient le peril où ils fe trouveroient fi on le défabusoit, L'empereur Juftinien quitta donc l'ouvrage

1

qu'il avoit commencé contre les Achephales, AN. 546. & en compofa un autre pour la condamnation des trois chapitres: ou plûtôt Theodore de Cappadoce le compofa fous le nom de l'em to. 5. conc. pereur. Il eft en forme d'édit ou de lettre adref p. 6.3. fée à toute l'églife, & porte le titre de confeffion de foi.

dont

702 D.

p. 703.

En effet l'empereur y expofe d'abord fa créance fur la Trinité, puis fur l'Incarnation, où il s'étend davantage, & explique cette expreffion de faint Cyrille: Une nature incarnée. Il p. 690. c. déclare enfuite qu'il reçoit les quatre conciles generaux; & ajoute treize anathêmes, les dix premiers ne contiennent que la doctrine, catholique fur l'Incarnation: mais les trois der. niers portent la condamnation expreffe des trois chapitres en ces termes: Si quelqu'un défend p. 706; Theodore de Mopfuefte, & ne l'anathematise pas, lui, fes écrits & fes fectateurs, qu'il foit anathême. Si quelqu'un défend les écrits de Theodoret faits pour Neftorius contre faint Cyrille & contre fes douze articles: fi quelqu'un p. 707. les loue & ne les anathématife pas, qu'il foit." anathême. Si quelqu'un défend la lettre impie que l'on dit avoir été écrite par Ibas à Maris Perfan hérétique: fi quelqu'un la défend en tout ou en partie & ne l'anathématife pas qu'il foit anathême. En chacun de ces articles font exprimées les principales erreurs attribuées à Theodore, à Theodoret & à Ibas.

Enfuite l'empereur répond à quelques obje &tions.Que le concile de Calcedoine a approuvé la lettre d'Ibas: que l'on peut condamner les er- p. 714. De reurs de Theodore de Mopfuefte fans condamner fa perfonne: enfin que l'on ne doit point condamner les morts, ce qu'il traite fort au long. La conclufion eft, que fi quelqu'un ne fe rend pas à cette doctrine, il en rendra compte Tome VII,

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au

au jugement de Dieu: ainfi c'eft plutôt une inAN. 545. ftruction qu'une loi. Elle eft fans date, mais on convient qu'elle fut publiée l'an 546.

XXII. Soufcriptions des évêques. Facund.

IV. 4.
Vict. Tun.

en. 49.

Facund.

IV. c. 3.

Id. cont.

Moc. pag.
575. IV.
4. p. 171

On obligea tous les évêques à y foufcrire, & l'empereur leur écrivit des lettres très-preffantes; premierement Mennas patriarche de C. P qui d'abord en fit difficulté, difant que c'étoit contrevenir au concile,de Calcedoine; toutefois il foufcrivit. Etienne diacre & legat de l'églife Romaine à C P. qui avoit fuccede à Pelage, fir des reproches à Mennas d'avoir ainsi varié,après avoir promis de ne rien faire fans le faint Siege. Mennas lui répondit, qu'il ne s'étoit rendu, que parce qu'on lui avoit promis avec ferment, de lui rendre fa foufcription, fi l'évêque de Rome ne l'approuvoit pas. Toutefois le diacre Etienne fe retira de la communion de Mennas; & ne re çut ceux qui avoient communiqué avec lui, qu'après qu'ils en eurent fait fatisfaction. Dacius de Milan & plufieurs autres évêques qui fe trouvoient à C P. fe feparerent de la communion de Mennas, & un grand nombre d'autres Catholiques. Zoïle patriarche d'Alexandrie foufcrivit la condamnation des trois chapitres. Ephrem d'Antioche en ayant reçu l'ordre refufa d'abord d'y obéir: mais après qu'on l'eut manacé de le chaffer, il se rendit. Pierre de Jérufalem déclara avec ferment devant une grande multitude de moines, qui s'étoient affemblez auprès de lui, que fi quelqu'un confentoit à ce nouveau dé cret, il faifoit contre le concile de Calcedoine ; & toutefois il y confentit comme les autres.Plufieurs évêques protefterent contre les foufcriptions que Mennas de C P. les obligeoit de donner, comme contraires au concile ; & en donne1 ber brev. rent des libelles au diacre Etienne pour les envoyer au pape. On recompenfoit liberalement Les évêques qui approuvoient la condamnation

Vilt. Tun.

a. 549

in fine.

des

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