des trois chapitres; ceux qui le refufoient étoient AN. 546. dépofez, ou envoyez en exil ; plufieurs s'enfuirent & fe cacherent. Le fcandale fut tel, que Theodore de Cappadoce difoit lui-même depuis: que Pelage & lui meritoient d'être brulez vifs, pour l'avoir excité. Les deux patriarches d'Antioche & de Jérufalem moururent peu de tems après à Ephrem fucceda Domnus, & à Pierre Macaire, l'un & l'autre fecond du nom. Ephrem avoit écrit plufieurs ouvrages pour la défenfe du concile de Calcedoine, de faint Cy. rille & de faint Leon, dont Photius nous a confervé des extraits. On y trouvoit les actes d'un concile d'Antioche, où Syncletique évêque de Tarle avoit été accufé comme fufpect d'hérefie, parce qu'il avoit reçu de quelques perfonnes des libelles qui n'étoient pas orthodoxes. On accufoit auffi le moine Etienne fyncelle de Syncletitique, & ils furent tous deux convaincus de l'erreur d'Eutychés. Mais enfin on obligea Syncletigue à profeffer la foi catholique. Phot. cod. 228. p. 774. cod. 29. pag. 789. pag: 782. XXIII. Erreur fur Theoph.an. la pâqne. 19 199 Cette même année 546. il y eut differens avis à C. P. touchant le jour de pâque. Le peuple croyant que ce devoit être le premier jour d'Avril, fit le dernier jour gras le Dimanche qua triéme de Février: mais l'empereur mieux informé ordonna, que l'on vendît encore de la chair toute la femaine jufqu'au Dimanche fui vant onzième de Février: parce que pâque ne devoit être que le huitiéme d'Avril.Lesbouchers tuerent & étalerent: mais perfonne n'acheta ni ne mangea de la viande. On ne laiffa pas de célébrer la pâque comme l'empereur l'avoit ordonné; & il le trouva que le peuple avoit trop jeûné d'une semaine. Les Grecs commencent leur abftinence après le Dimanche que nous nomons de la Sexagefime,& eux Tes Apocréos:c'est- in Theoph. à-dire le Dimanche gras. Le lundi fuivant & tou- p. 594. Goar. to. AN. 546. te la femaine ils ne mangent plus de viande, mais feulement des laitages & des ceufs: d'où vient le nom du Dimanche de la Quinquagefime qu'ils appellent Tes Tyrophagou: c'est-à-dire le Dimanche du fromage. Le lundi fuivant ils entrent en carême, & commencent le jeûne & l'entiere abftinence, non feulement des œufs & des laitages, mais du poiffon & de l'huile. La raison pourquoi ils commencent plûtôt que nous, est qu'ils ne jeûnent point les Samedis non plus que les Dimanches, excepté le Samedi faint. XXIV. Totila prend Ro Procop 11, Goth. c. 16. . Moc. P. 575. G. 6. 15. Cependant le pape Vigile ayant eu ordre de l'empereur d'aller à CP. demeura long-tems en Sicile. Il y vit Dacius évêque de Milan, qui s'étoit retiré à C P. en 539. après que fa ville cut été ruinée par les Goths; & y retourna avec le pape, de qui il apprit ce qui fe paffoit à CP. & le fcandale que caufoit la condamnation des trois chapitres. Zoile patriarche d'Alexandrie ayant appris que le pape venoit, envoya au deProcop.111. vant de lui en Sicile: fe plaignant qu'il avoit été contraint de foufcrire à cette condamnation. 16. Pendant ce féjour le pape envoya de Sicile grand nombre de vaiffeauxchargezde bled,pour fecou rir Rome affiegée par les Goths: mais les vaiffeux furent pris par les ennemis à Porto, & Roine demeura affamée : c'étoit à la fin de l'an 546. onzième de cette guerre, Alors le diacre Pelage employa une grande partie de l'argent qu'il avoit apporté de CP. à foulager le peuple: ce qui accrut beaucoup fa réputation déja grande. Les Romains prefez de la famine le prierent d'aller trouver Totila, pour obtenir une tréve de quelques jours: promettant de fe rendre, fi dans ce terme il ne leur venoit du fecours deCP. mais il n'en put rien obtenir. Enfin Totila prit Rome par intelligence le feiziéme des calendes de Janvier, la fixième année après le confulat de f. 20. "Marcel. Pz.. Bafile, indiction dixième : c'eft-à-dire, le dixfeptiéme de Decembre 546. AN. $46. Totila vint faire fes prieres dans l'église de S. Pierre, où plufieurs des principaux Romains s'étoient refugiez. Le diacre Pelage y vint, tenant l'évangile entre fes mains, & dit à Totila: Seigneur épargnez les vôtres. Totila répondit en lui infultant: Vous venez donc à prefent en pofture de fupliant? C'eft dit Pelage, parce que Dieu m'a foumis à vous: mais, feigneur, épar gnez vos fujets. Totila fe rendit à fes prieres, & défendit aux Goths de tuer perfonne & d'infulter aux femmes: mais il permit le pillage. Ainfi les fenateurs & les plus riches citoyens furent réduits à l'aumône, entre autres Rusticienne veuve de Boëçe & fille de Symmaque, qui avoit toujours été très-liberale envers les pauvres. Les murailles de Rome furent abbatues, quelques maifons ruinées, & la ville réduite en folitude pendant plus de quarante jours: enforte qu'il n'y demeura que des bêtes. Totila fe retira après ce Procop pillage, & Belifaire, qui étoit arrivé en Italie, c. 24. vint enfuite à Rome, & commença à relever les murailles. C. XXV, Africains pour les trois cha pitres. Facund's IV. C. 3. Pelage & un autre diacre de l'églife Romaine nommé Anatolius, ayant appris la condamna tion des trois chapitres, & prenant foin de l'églife, comme il étoit de leur devoir, en l'abfence du pape, écrivirent à Ferrand diacre de Carthage, de déliberer ferieusement fur cette affai re avec fon évêque & les autres, qu'il connoîtroit les plus zelez & les plus inftruits, & demander leur commune réfolution: Dans la lettre ils ne diffimuloient pas, que cette condamnation avoit été faite par la fuggeftion des Acephales, contre le concile de Calcedoine & la Ferr. ed. lettre de S. Leon. Ferrand nerépondit que long- 1649. p. tems aprés, & toutefois avant que les églifes 25, S iij d'Afrique In oper d'Afrique fe fuffent déclarées; & dans fa réponAN. $47. fe, que nous avons, il dit, que l'on ne peut examiner de nouveau la lettre d'Ibas aprouvée dans le concile de Calcedoine autrement que tous les décrets du concile feront révoquez en doute. Il conclut par ces trois propofitions, aufquelles il veut que l'on s'attache inviolablement : de n'admettre aucune revifion de ce qui a été décidé au concile de Calcedoine: de ne point accu fer les morts: que perfonne ne prétende obliger les autres à foufcrire à ce qu'il a écrit. 20.5. conc. P.324. XXVI. Le pape Vigile à C.P. Facund. Iv. L'empereur Juftinien ayant envoyé en Afrique fon édit pour la condamnation des trois chapitres, un évêque nommé Pontien lui écrivit, Jouant fon zèle & approuvant fa confession de foi; puis il ajoute: A la fin de votre lettre nous avons vu, ce qui ne nous afflige pas peu, que nous devons condamner Theodore, les écrits de Theodoret, & la lettre d'Ibas. Leurs écrits ne font point venus jufques à nous. S'ils y viennent, & que nous y lifions quelque chofe contre la foi, nous y ferons attention, mais nous ne pou vons condamner les auteurs qui font morts. S'ils vivoient encore, & qu'étant repris ils ne condamnaffent pas leurs erreurs ; il feroit trèsjufte de les condamner; maintenant à qui prononcerons-nous notre jugement? Mais je crains, Seigneur, que fous prétexte de les condamner, on ne releve l'herefie d'Eutychès. Nous vous fupplions de conferver la paix fous votre regne : de peur que voulant condamner les morts, vous ne faffiez mourir plufieurs vivans, comme défobéiffans; & que vous n'en rendiez compte à celui qui viendra juger les vivans & les morts. Le pape Vigile étant encore en chemin reçut une lettre de l'empereur,qui l'exhortoit à garder la paix avec Mennas & les autres évêques. Ce Mocp 373 qui lui donna occafion d'écrire à Mennas, qu'il c. 3 & ad chr. Marcell. Greg. 11. ep 35. Theoph. 191. étoit prêt à maintenir la paix, pourvû qu'elle fût pour Facund Pref |