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tunique. Ainfi les François leverent le fiége; & Childebert étant de retour à Paris, fit bâtir une églife en l'honneur de S. Vincent, où il mit fon étole, avec quantité de vases précieux, de calices, de croix, de couvertures d'évangiles, qu'il avoit rapportées de Tolede; entr'autres, une croix d'or, ornée de pierreries, à cause de laquelle il fit bâtir cete église en forme de croix. Elle étoit foutenue de colonnes de marbre, la voûte ornée de lambris dorez, les murailles de peintures à fond d'or, le pavé de pieces de raport ; le toit étoit couvert de cuivre doré; ce qui fit que le peuple la nomma Saint Germain doré. Il y avoit quatre autels aux quatre extrémitez ; le principal au levant, fur dédié en l'honneur de la fainte Croix & de S. Vincent, dont l'étole y fut enfermée ; l'autel qui étoit au feptentrion, fut dédié aux faints martyrs Ferreol & Ferrurion; celui du midi, à faint Julien de Brioude; celui du couchant, à faint Gervais, faint Protais, faint Celfe enfant, & faint George. Il y avoit au midi un autre oratoire dédié à faint Symphorien; un autre au feptentrion, à faint Pierre.

Le roi donna à cette église quantité d'ornemens précieux, & de grands revenus en fonds de terre; & pria faint Germain d'y établir une communauté de moines: ce que le faint évêque executa, & donna lui-même plufieurs terres de fon patrimoine, dans l'Auxerrois & le Nivernois, afin de fournir abondamment de l'huile & de la cire pour le luminaire de cette ég life. Il y mit pour abbé faint Droctovée, qui avoit été fon difciple à faint Symphorien d'Autun, & qu'il avoit inftruit, felon la regle de faint Antoine & de faint Bafile. L'églife n'étoit pas encore dédiée, quand le roi Childebert fe trouva malade à l'extrémité. C'étoit vers la fin

Aimoin. lib. II. c.

19. c. 20.

ita fanit.

Droctov

Act. to. 1. P. 254.

Act. to. 3. p. 2, p. 93.

du mois de Décembre, & il étoit venu à Paris plufieurs évêques & plufieurs grands, pour célébrer la fête de Noël avec le roi, Saint Germain profita de l'occafion, & fit la dédicace avec fix évêques, le dixiéme des calendes de Janvier, confacrant tous les autels en l'honneur des Saints que j'ai marquez. Le roi Childebert mourut le même jour vingt-troifiéme de Décembre l'an 558. quarante-troifiéme de fon regne il fut enterré dans la même églife de faint Vincent, & la cérémonie de fes funerail les fuivit immédiatement celle de la dédicace. Conc Aur. Outre ce monaftere de faint Vincent, le roi Childebert avoit fondé un hôpital à Lyon, un monaftere d'hommes à Arles, & donné une terre à faint Calais, pour la fondation de celui qui porte fon nom.

V.. 15. 5194. S. Greg. VII Epift.

IA 6.

LX. Autres saints de Gaule.

Vita fanct.
Carnefi
A&t. 10. 1.
642

Saint Calais ou Carilef, étoit natif d'Auver gne, & ayant été élevé dans le monaftere de Menat;il en fortit avec faint Avit, pour le mettre fous la conduite de faint Maximien près d'Orleans. Enfuite ils fe retirerent dans une folitude du Perche, où par la liberalité du roi Childebert, ils bâtirent un monaftere qui porte encore le nom de faint Avit: mais il eft à present habité par des religieufes. S. Calais pafla dans le Maine, & des bienfaits du même roi,fonda un monastere près la riviere d'Anisole,aujourd'hui Anille,dont il prit le nom: mais par la fuite il a pris le nom de Saint Calais, qui mourut vers l'an 540. Les femmes n'entroient point dans ce monaftere, même dans l'églife,pratique affez ordinaire en ce temslà. L'églife de France honore plufieurs autres . hift. S. Saints, qui habitoient alors les folitudes du PerLem. liv.. che & du Maine; entr'autres,faint Lomer ouLau nomar, faint Almer, faint Frambauld,& d'autres moins connus.

7.30.

Le roi Childebert pendant les dernieres an

nées

Ant. Do

min.

nées de fa vie, avoit retenu à Paris S. Ferreol, évêque d'Uzès, qu'on lui avoit rendu fufpect, Vira ap. parce que voulant gagner les Juifs à JESUS. CHRIST, il mangeoit fouvent avec eux, & leur faifoit des prefens. Saint Ferreol étoit fils du fenateur Ansbert, & defcendu d'un autre Ferreol, préfet du prétoire des Gaules. En 553. il fucceda à faint Firmin fon oncle, évêque d'Uzès, & deux ans après il fut relegué à Paris, où il demeura trois ans. Le roi qui l'y retenoit, ne laiffoit pas de le refpecter; & enfin ayant reconnu fa fainteté, il le renvoya avec honneur, & chargé de prefens. Saint Ferreol étant de retour, chaffa de la ville d'Uzès & de tout le diocéfe les Juifs qui ne voulurent pas feconvertir.

Il fonda un monaftere qui portoit fon nom, & lui donna une regle, qu'il adreffa à Lucrece,' évêque de Die, la foumettant à fon jugement. Cod regul. Lucrece avoit été moine à Bodane, & difciple to. p. 116. du faint abbé Marius. Ce monaftere fitué dans

Ben,p.ros.

C. II.

C. 19. 26.

le diocéfe de Sifteron, n'eft plus qu'un prieuré,. Vita Mar. nommé Beuvon,dépendant de l'Ifle-Barbe. Saint 27. Janv. ap. Boll Ferreol ordonne dans fa regle, que tous les moi- & to i. nes fçachent lire,& apprennent les pleaumes par Act SS. cœur, même ceux qui gardent les troupeaux: qu'ils foient toujours occupez de lalecture ou du travail des mains. Que ceux qui ne peuvent labourer écrivent, fallent des filets pour la pê c. 28. che, ou des fouliers. Il leur défend la chaffe. Ils ne porteront point de chemife de toile. L'abbé ne pourra affranchir un efclave du monaftere, que du confentement de tous les freres. Ce qui montre qu'ils avoientdes ferfs. On ne baptifera point dans le monaftere. C'est ce qui m'a paru C.36. de plus remarquable dans la regle de S. Ferreol. 6. 15. Il compofa auffi quelques livres de lettres, à l'imitation de Sidonius, & vêcut jufques à l'an 181.

X vj Lc

c. 344

C. 33.

AN. 559.

L X I.

Mort de Pelage. Jean 111. P.pe.

Le pape Pelage mourut peu de tems après le roi Childebert, fçavoir le fecond jour de Mars 559, ayant tenu le faint fiége trois ans & dix mois. En deux ordinations au mois de Decembre, il avoit fait vingt-fix prêtres, neuf diacres, & quarante-neuf évêques. Son fucceffeur fut Jean III. furnommé Catellin, fils d'Anaftafe, Lib. Pontif. qui portoit le titre d'Illuftre. Il tint le fiége près de treize ans. Quand le pape Pelage mourut, il commençoit à bâtir l'églife des apôtres faint Beda de 6. Philippe & faint Jacques: le pape Jean l'acheva, aran. 4518 & y fit peindre plufieurs hiftoires, partie en moBoll. 1.Mai faïque, partie avec des couleurs. Il en fit la dédicaces d'où l'on croit qu'eft venuë la fete de ces deux apôtres, le premier jour de Mai. Le Pape Jean augmenta & rétablit les cimetieres des martyrs; & ordonna que tous les Dimanches l'églife de Latran y fourniroit le pain, le vin, & le luminaire.

p. 28. D.

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De fon tems le fameux Caffiodore mourut dans une extrême vieilleffe. Il étoit de la plus illuftre noblesse Romaine, né à Squillace en Calabre vers l'an 470. Il fut le principal miniftre du roi Theodoric, conful en 514.préfet du prétoire fous Athalaric, Theodat & Vitige. Après la chûte de ce prince, & vers l'an 540. il quitta le monde âgé d'environ foixante & dix ans & fe retira au monaftere de Viviers, qu'il bâtit dans une de fes terres près du lieu de sa naissance. La petite riviere de Pelene qui y paffoit arrofoit les jardins, & faifoit tourner les moulins. La mer étoit fi proche, que les moines y pouvoient aifément pécher; & on avoit pratiqué dans la montagne des refervoirs pour conferver le poiffon. Il y avoit des fontaines qui fourniffoient de l'eau pour boire & pour les bains, à P'ufage des malades. Les moines trouvoient tou tes fortes de commoditez fans fortir du monaf

tere.

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tere. Il y avoit des lampes compofées avec tel c. 38.
artifice, qu'elles brûloient long-tems fans qu'on
y touchât, des horloges au foleil, & des clepfy-
dres ou horloges d'eau: mais fur-tout il y avoit
une riche bibliotheque. Dans le monaftere de
Viviers étoient des cœnobites; & tout proche
fur la montagne étoit le monaftere de Castel,
pour les anachoretes, qui après avoir été éprou- c. 29,
vez dans la communauté, étoient jugez capables
d'une plus parfaite folitude. Ainfi ce monaftere
étoit double; & c'eft apparemment par cette
raison qu'il avoit deux abbez, Calcedonius &
Geronce.

Dans cette retraite, Caffiodore compofa plu- c. 327 fieurs ouvrages. Premierement un commentaire fur les Pfeaumes. Car ayant commencé à les goûter, il s'y appliqua entierement; mais y trouvant beaucoup d'obfcurité, il eut recours au commentaire de faint Auguftin, & en fit un luimême, tiré non-feulement de ce pere, mais de plufieurs autres. Enfuite il compofa l'inftitution des divines écritures, qui eft une inftruc. tion à ses moines, fur la maniere de les étu- Praf inftit. dier,& il la commence ainfi : Voyant avec quelle ardeur on étudioit les lettres humaines, j'ai été fenfiblement affligé de voir qu'il n'y avoit point de profeffeurs publics des écritures divines. Je m'efforçai de faire avec le pape Agapit, que l'on en établit à Rome à frais communs ? comme on dit qu'il y en a eu long-tems à Alexandrie, & que les Juifs en ont encore à Nifibe ; mais les guerres & les troubles de l'Italie, ayant rendu entierement impoffible l'accompliffement de mon defir, j'efpere y fuppléer en quelque façon par cet ouvrage.

Il veut que l'on entende l'écriture fuivant les explications approuvées des peres; que d'abord on apprenne le pfeautier par cœur; puis qu'on

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