Il écoutoit & parloit volontiers dans les matietes importantes, pour réfoudre les queftions AN. $55. qu'on lui propofoit, mais il n'avoit point d'o reilles ni de langue pour les difcours inutiles. L'empereur Juftinien fit tous fes efforts pour le gagner, croyant qu'il attireroit tous les autres: mais Anaftafe lui refifta avec fermeté, & lui envoya une reponse, où il montroit doctement, que fuivant la doctrine des apôtres & des peres, le corps de Notre-Seigneur étoit corruptible quant aux paflions naturelles & innocentes. Il fit la même réponse aux moines de la premiere & de la feconde Syrie, qui l'avoient confulté, les confirmant dans la foi, & les preparant à la défendre. Comme il fçut que Juftinien le vouloit envoyer en exil, il écrivit un difcours pour prendre congé de fon peuple: mais il ne le publia pas, parce que l'empereur fut prévenu par la mort. En effet, l'empereur Juftinien mourut la qua rantiéme année de fon regne, C. XI. Mort de indiction quin Juftiuien. ziéme, la vingt-cinquième année après le con- Juftin em fulat de Bafile: c'est-à-dire, l'an 566. le quator pereur. ziéme de Novembre,âgé de quatre-vingt quatre Vice Tunne ans. Quoiqu'il eût fait beaucoup de maux à l'é- Chr. Marib glife & à l'état, par fon inquietude, fa legereté, br Pafche fon avarice, il ne laiffa pas d'être illuftre à cau- p. 375. fe des grands évenemens arrivez fous fon regne; & les Grecs en font memoire en leur Menologe, le fecond jour d'Aoûr: Il fit bâtir par-tout l'empire un très-grand nombre d'églifes, dont Procope nous à confervé le détail. A C.P. feule il en compte trente & une: foit bâties de nouveau, foit reparées, dont la plus confiderable eft fainte Sophie, qui fubfifte encore aujourd'hui. Dans l'Afie mineure, la Syrie & la Palestine, il compte vingt & une églifes, & onze dans l'Afrique; ce font en tout foixante & trois. Il compte encore dix hoY iij. pitaux, Aum pitaux, & vingt-trois monafteres, la plupart AN. 566. en Palestine. Sans parler des églifes, qu'il ne marque qu'en general, & de celles qu'il n'a pas Vict. Tun. Corip. connues. Le fucceffeur de Juftinien fut Juftinien fon neveu fils de fa fæeur Vigilantia, qui étoit Curopalate, comme qui diroit grand maître du palais: On le nomme Juftin le jeune à la difference du premier. L'imperatrice Sophie fon époule étoit Evagy.V.c. auffi niece de Theodora. L'empereur Juftin fut 3. c. 4. couronné par le patriarche Jean, & commen Mais les mœurs de l'empereur Juftin ne s'ac- Eugr. v. cordoient pas avec cet exterieur de piété. Il é- c... toit abandonné aux voluptez les plus extravagantes, Son avarice étoit infatiable, & il vendoit tout, jufques aux évêchez publiquement.Il étoit lâche & toutefois temeraire. Il avoit un parent nommé Juftin, comme lui, grand capitai ne & homme de merite, avec qui il étoit conve nu, que celui des deux qui parviendroit à l'empià c.. re, donneroit à l'autre le fecond rang. Il lui témoigna d'abord beaucoup d'amitié: mais enfuite il lui ôta fes gardes, & l'envoya à Alexandrie, où il le fit tuer la nuit dans fon lit, & s'en fit aporter la tête, que lui & l'imperatrice Sophic confidererent,& fraperent à coups de pieds. Aprés cela il n'y a pas lieu de s'étonner, que Juftin dès la premiere année de fon regne ait fait une loi pour rétablir l'ancienne liberté du divorce entre mari & femme, abrogée par Juftinien: & qu'il ait remis aux habitans de la Mefopotamie, de l'Ofroëne & de la province de l'Euphrate, les peines pecuniaires, encourues pour les mariages illicites. En Gaule il fe tint deux conciles la même année, fixiéme des nouveaux rois: un à Tours pour le royaume de Cherebert, & par fa permiffion; un à Lion pour le royaume de Gontran. Celui-ci fut de quatorze évêques, huit prefens, fix par leurs députez. S. Nifier archevêque de Lion y perfida, & on y fit fix canons, qui ne contiennent rien de confiderable, que l'excommunication contre ceux qui veulent réduire en fervitude les perfonnes libres. L'archevêqueEuphronius prefida au concile de Tours, qui fut tenu le dix-feptiéme de Novembre 566. Les autres évêques qui y affifterent furent S. Pretextat de Rouen, faint Germain de Paris, Felix de Nantes, Chaletric de Chartres, Domitien d'An Y iiij Inter. Not. Juftinia 40.Nov. fuft. 3. XII. Secon concile de Tours. to.ip.8 47. 2 to 5. 3510 Greg. Vi. hift. c 9 Boll. 16. d'Angers, Victorius de Rennes, faint Domno AN. 566. le du Mans, Leudebaude de Sées, neuf en tout. Saint Domnole avoit été du tems du roi Clotaire, abbé du monaftere de faint Laurent près de Paris, qui eft devenu une églife paroiffiale. Et comme il avoit toujours été dans les interêts Analect.to, de ce roi, il voulut lui donner l'évêché d'Avi3.1.95. gnon: mais Domnole pria le roi de ne l'en Mai to. 14 P.603. voyer pas filoin, comme en exil, avec des fe, nateurs fophiftiques, & des juges philofophiques. C'eft ainfi que Gregoire de Tours le fait parler. Le roi lui donna donc l'évêché du Mans, après la mort de faint Innocent. Saint Domnole fe rendit celebre par la vertu & par fes miracles, & guerit un boiteux nommé Rainier, & un aveugle nommé Syagrius. Il mourut après vingt-deux ans d'épifcopat en 581, & fut enterré à l'abbaye de faint Vincent qu'il avoit Martyr. R. fondée. L'église honore fa memoire le feiziéme 16. Mai. Can. 2. C. 7. C. 9. C. 12. 413. de Mai. Le concile de Tours fit vingt-fept canons, dont le premier renouvelle l'ordonnance de tenir les conciles deux fois l'année, ou tout au moins une, fans que perfonne s'en puiffe excufer, fous pretexte d'ordre du roi. Si des évêques ont un differend, ils doivent prendre pour arbitres des prêtres, en attendant la decifion. Un évêque ne doit dépofer un abbé ni un archiprêtre, que par le confeil de tous les prêtres & les abbez. Il eft deffendu d'ordonner dans la province Armorique un évêque, foit Romain, foit Breton, fans le confentement du metropolitain & des comprovinciaux. L'évêque marié doit toujours être accompa gné de clercs même dans fa chambre, & tellement feparé d'avec fa femme, que celles qui la fervent n'ayent aucune communication avec ceux qui fervent les clercs. Mais il ne doit pas C. 14. C. 19% pas y avoir de femmes a la fuite de l'évêque qui 'eft pas marié. Il est défendu aux clercs ou aux AN. 566 moines, de coucher deux en même lit. Mais l'archiprêtre étant à la campagne doit avoir un clerc qui couche dans fa chambre; & pour fe relever ils feront fept, qui ferviront par femaine. Le prêtre, le diacre, ou le foudiacre qui aura été trouvé avec fa femme, fera interdit pendant un an & l'archiprêtre qui aura negligé de veiller fur les inferieurs, fera enfermé un mois pour jeûner au pain & à l'eau. Les femmes n'entreront point dans les mo. c. 16 Il eft cité auffi dans le canon qui fuit, contre' lesi |