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33.

Acta.Ben

vifiter fes parens en Poitou, d'où il revint plein de complaifance pour lui-même. Gregoire l'en ayant repris, il fe corrigea entierement. Comme il faifoit plufieurs miracles fur les malades il réfolut de ne voir jamais perfonne. Mais Gre goire lui confeilla de ne s'enfermer que depuis la S. Martin jufques à Noël, & pendant le to. 1.p.105: carême, ce qu'il obferva: c'étoit l'ufage de p. 174. %. plufieurs folitaires; de s'enfermer pendant le carême. S. Marius abbé de Beuvon, S. Dubrit & S. Samfon évêques le pratiquoient ainsi. Saint Senoch guérit entre autres plufieurs aveugles. Il mourut âgé d'environ quarante ans, me le trentiéme jour on célébroit la messe fur fon tombeau, un mandiant qui avoit les membres retirez fut guéri ayant baifé le drap mortuaire, & il s'y fit depuis plufieurs miracles. L'églife Gallicane honore la mémoire de S. Senoch Martyr. le vingt-quatrième d'Octobre,& près de Loches. il y a un village qui la conferve fous le nom de

p. 184.

12.

24. Octo.

Greg. vita.

PP.c. 20.

S. Senon:

& com

Il y avoit à Tours un autre folitaire nommé Leobard, qui demeuroit dans une cellule proche de Marmoutier. Un des moines qui vivoient avec lui ayant eu quelque differend avec les voifins, il vint en pensée à ce faint homme de changer

de demeure. L'évéque Gregoire étant venu à Marmoutier, fuivant fa coûtume pour prier Leobard lui découvrit fon deffein. Gregoire l'affura que c'étoit un artifice du démon, & lui envoya des livres de la vie des peres & de l'inftitu. tion des moines, apparemment de Caffien,dont. la lecture le délivra entierement de fa tentation, H étoit natif d'Auvergne, il vêcut vingt-deux ans dans la retraite, s'occupant à tailler des pierres dans la montagne, à faire du parchemin, & quelque fois à écrire, pour chaffer les mauvaifes penfees.

Gregoire

Gregoire nous a laiffé les vies de plufieurs au- AN. 573. tres folitaires de fon tems, illuftres par leurs vertus & par leurs miracles: mais je me contenterai de faire mention de ceux qui font aujourd'hui les plus connus, ou dont les monafteres fubfiftent encore. Car plufieurs qui étoient alors célébres font tellement abolis, qu'il n'en refte plus aucune trace; d'autres font devenus des églifes collegiales; d'autres de fimples paroiffes. Ainfi à Tours même le chapitre de faint. Venant, étoit du tems de Gregoire un monaftere dont Silvain étoit abbé, lorfque Venan- Greg. Vita tius, natif de Berri, quittant fa femme quoi- Parr. c. 16, qu'il fut encore jeune, embraffa la vie monafti. que, & y fit tant de progrès, qu'après la mort de l'abbé il fut mis à fa place. Dieu fit éclater fon merite par plufieurs revelations, & plufieurs miracles; & il s'en fit un grand nombre à fon tombeau, que l'on montre encore à Tours: mais fes reliques font à Paris à S.Germain des prez. Cibar en latin Eparchius, natif de Peri- Grec. VI. gueux s'enferma près d'Angoulême, où eft hift. c. 8. de encore un monaftere qui porte fon nom. Il fit gler. conf. grand nombre de miracles, & à fes funerailes Acta. Beni vint une grande multitude de captifs qu'il avoit to I. p. 167. rachetez. Il mourut l'an 581. le Premier de Martyr. R. Juillet, & l'églife honore fa mémoire le même 1. jul. jour.

C. 101.

XXIII.

Greg. IV.

La même année que Gregoire fut ordonné Quatrième évêque de Tours, c'est-à-dire en 573. le roi concile de Gontran affembla à Paris tous les évêques de Paris. fon royaume, pour terminer un differend entre les rois fes freres, Chilperic & Sigebert: mais ils ne voulurent point fuivre leurs avis. En ce concile que l'on compte le quatriéme de Paris " to. 5. conc il y avoit trente deux évêques, dont les princi- p. 318. paux étoient Philippe archevêque de Vienne, Sapaudus d'Arles, Prifcus de Lyon, qui avoit

hift. c. 42.

AN. 573. depuis peu fuccedé à S. Nifier: Conftitut de Sens, Laban d'Eaufe ou Auche, & Felix de Bourges. Après ces fix métropolitains, on voit S. Germain de Paris, S. Felix de Nantes, S. Syagrius d'Autun, Sagittaire de Gappe, S. Aunacai.. te d'Auxerre, S. Quinis ou Quinidius de Vaison, honoré le quinziéme de Février. Ils s'affemblérent dans l'églife de S. Pierre, c'eft-à-dire, de fainte Geneviève.

Martyr R. 15. Febr.

7

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Papolus évêque de Chartres présenta une requête à ce concile, où il difoit: Quoique j'aye été élû évêque par le clergé & les citoyens, avec le confentement du métropolitain, toutefois quelques jours après, un prêtre de mon diocèfe nommé Promotus, qui avoit quitté fa demeure fans lettres de mon prédéceffeur, s'eft emparé d'une de mes églifcs, nommée Dun, fous un prétendu titre d'évêché, & s'eft mis en poffeffion des biens ecclefiaftiques, qui font au même territoire, je ne fai de quelle autorité. Je vous conjure de réprimer une telle entreprife, comme vous ne voudriez pas que l'on vous en fît autant. C'étoit Gilles archevêque de Reims, qui avoit confacré Promotus évêque de Château-Dun, par ordre du roi Sigebert, à qui cette ville appartenoit, au lieu que Chartres étoit à Chilperic. C'eft pourquoi le concile ayant égard à la requête de Papolus, en écrivit à l'un & à l'autre.

Dans la lettre de l'archevêque de Reims, les évêques lui repréfentent, que cette ordination eft contre la difcipline canonique, & contre toute raifon, puifque Château-Dun n'étoit ni de la province de Reims, ni de la Gaule Belgique. Ils exhortent donc Gilles à dépofer Promotus, & à le garder auprès de lui, puis ils ajoûtent: Et parce que l'évêque Germain, à la réquifition de Conftitut fon métropolitain, a dé

noncé

noncé à Promotus de fe trouver au concile, ce qu'il n'a point fait : fçachez que nous avons ordonné, que s'il préfume, foit par la propre temerité, foit à la faveur de quelque puissance que ce foit de fe maintenir plus long-tems en cette ufurpation, de benir des autels, de confirmer des enfans, de faire des ordinations > ou de réfifter à Papolus fon évêque: il fera féparé de la communion, & frappé d'anathême auffibien que ceux qui recevront fa bénédiction après la publication de ce décret. Dans la lettre au roi Sigebert, les évêques témoignent ne pouvoir croire qu'il ait confenti une entreprise fi inouïe, & le prient de ne pas s'engager à la foûtenir, de peur d'attirer fur lui la colere de Dieu. Ces deux lettres font du même jour troifiéme des ides de Septembre, la douzième année des rois, indiction fixième, c'est-à dire de l'onzième de Septembre 573. Elles n'eurent pas l'effet qu'elles devoient,& Promotus fe maintint en fon évêché prétendu de Château-Dun, tánt que le roi Sigebert vêcut, c'est-à-dire, encore deux ans.

XXIX.

Mort de Sigebert.

Greg. IV. hift. c. 42.

Le concile de Paris n'yant pû terminer fes differends avec Chilperic, ils fe firent une cruelle guerre, où les églifes furent plus affligées, dit Gregoire de Tours, que fous la perfécution de Diocletien. Theodebert fils de Chilperic, ravagea le Limoufin & le Querci, brûla les églifes pilla les vafes facrez, tua les clercs, chaffa les moines, viola les religieufes. Sigebert vint faire le dégât jufques autour de Paris: ce que voyant. S. Germain, il écrivit à la reine Brunchaut époufe de ce prince, pour la conjurer de le por ter à la paix, au lieu qu'elle étoit accufée d'allumer cette guerre. Il lui reprefente combien eft honteufe la victoire fur un frere: & combien to. 5. concò ils s'éloignent de leur véritable interêt, en rui- p. 923.

nant

C. 44.

6.45.

46.

Greg. V. hift.c.1.

AN. 575. nant leur propre maifon, & l'héritage que leurs Greg. IV. parens leur ont laissé, au lieu de les conferver à leurs enfans. Mais cette lettre fut fans effet : Sigebert pouffa fes avantages, & Chilperic fut chaflé de Paris, de Rouen, prefque de tout fon royaume, & réduit à s'enfermer dans Tournai. Sigebert vint à Paris, & Brunehaut s'y rendit avec leurs enfans. H envoya affieger Chilperic; & comme il étoit prêt de partir pour y marcher lui-même, S. Germain lui dit : Si vous épargnez la vie de vôtre frere, vous vivrez & reviendrez victorieux: fi vous avez d'autres penfées, vous mourrez. Sigebert méprisa cet avis, & arriva à Vitri près de Doüai, où tous les François de Neuftrie le reconnurent pour leur roi, & l'éleverent fur un pavois : mais dans le même tems il fut tué par deux afsassins envoyez par Fredegonde femme de Chilperic. C'é roit en 575. la quatorziéme année de fon regne. Son fils Childebert âgé de cinq ans, fut enlevé de Paris, & reconnu roi. Brunehaut y refta mais Chilperic vint peu après, qui l'envoya en exil à Rouen. Cependant il fit marcher fon fils, Merouée vers le Poitou mais ce prince étant venu à Tours, feignit d'aller voir fa mere Au douere, que Chilperic avoit quitté pour Fredegonde, & confiné au Mans. Sous ce prétexte, Merouée paffa à Rouen, fe ligua avec la reine Brunchaut, & l'époufa quoique veuve de fon oncle. Chilperic fort irrité vint auffi-tôt à Rouen, Merouée & Brunehaut fe refugierent à une églife de S. Martin, bâtie fur les murs de la ville. Le roi Chilperic effaya de les en tirer par artifice: mais comme ils ne fe fioient pas à lui, il leur jura que fi c'étoit la volonté de Dieu qu'ils demeuraffent enfemble, il ne les fepareroit pas, c'eft-à-dire, fi leur mariage étoit jugé legitime. Sur ce ferment, ils fortirent de l'é

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