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y avoit fait de grands efforts. Le Pape Gelafe AN. 493. s'attribue ici en commun, ce qu'avoit fait Felix fon predeceffeur, qui furvécut à Acace, Gelafe continue: Je leur demande, où prétendentils que s'exerce le jugement qu'ils propofent chez eux ? en forte qu'ils foient les parties, les témoins & les juges. S'il s'agit de la religion, la fouveraine autorité de juger n'eft dûe felon les canons, qu'au fiege apoftolique. S'il s'agit de la puiffance du fiecle, elle doit être jugée par les évêques & principalement par le vicaire de S. Pierre. Perfonne, quelque puiffant qu'il foit dans le fiécle, pourvû qu'il foit chrétien, ne s'attri bue le pouvoir de juger des chofes divines, s'il ne perfécute la religion.

p. 1171.

1165.

Vers le même tems le Pape Gelafe reçut une lettre des évêques de Dardanie, où ils le nomment Peres des Peres, déclarant qu'ils veulent obéir en tout à fes ordres, & que des avant qu'ils les euffent reçûs, ils avoient renoncé à la communion d'Eutychez, de Pierre, d'Acace & de tous leurs fectateurs : enfin qu'ils veulent demeurer inviolablement attachez au faint Siege. Ils prient le pape de leur envoïer quelqu'un des fiens, en préfence duquel ils puiffent regler ce qui concerne la foi catholique. Cette lettre eft foufcrite par Jean évêque de Scopia, métropole de la province, & par cinq autres évêques, pape leur envoïa un évêque nommé Urficin avec une lettre, où il marque qu'il n'a pu leur donner part,fuivant la coutume, de fon entrée au Pontificat,auffitôt qu'il l'auroit defiré,à caufe des troubles de guerres:ce qui marque la revolution d'Italie & la conquête de Theodoric. Il dit: que. Sup. liv. l'héréfied'Eutychiez a commencé depuis environ XXVII. quarante-cinq ans, ce qui revient à l'an 493. à compter depuis la condamnation d'Eutychez au concile de C. P en 448. Il les inftruit de cet

Br 29

Le

te

te héréfie, & de la condamnation d'Acace, les confirme dans l'attachement au faint Siege, & AN. 493. les charge de faire part de cette lettre aux évêques des Provinces voisines.

XXIX.

Le pape

D'autre côté, le pape Gelafe aïant avis que l'on recommençoit en Dalmatie à femer l'héréfie de écrit contre Pelage, écrivit à un évêque du païs, nommé Ho- les Pelanorius, pour avertir fes confreres de s'éloigner de giens. ceux qui en feroient infectez, & de les defabufer. Epift. §. Il marque fix papes qui ont condamné cette héréfie: Innocent, Zozime, Boniface, Celeftin, Sixte & Leon. L'évêqueHonorius envoïa des députez au pape,& témoigna s'étonner du foin qu'il prenoit des Eglifes de Dalmatie; marquant au refte, qu'il avoit toujours tenu fur ce point la faine doctrine. Le pape lui répondit: que de tout tems Epist, 6. le faint Siege avoit pris loin de toutes les Eglifes du monde, & lui envoïa des réponses à quelques articles pour une plus grande inftruction. L'héréfie avoit paffé la mer, & gagné la partie d'Italie la plus voifine, qui étoit le Picenum. Là un vieillard nommé Seneque, enfeignoit le Pelagianifme: fçavoir, qu'il n'y avoit point de péché ori- Epift. 7. ginel; que les enfans morts fans batême ne pouvoient être condamnez, que l'homme, par le bon ufage de fon libre arbitre, pouvoit devenir heureux. D'où paffant à la pratique, il permettoit aux clercs & aux moines, de demeurer avec des filles confacrées à Dieu, comme n'aïant rien à craindre s'ils ne vouloient. Il parloit indignement de S. Jerôme & de S. Auguftin, & avoit excommunié un prêtre qui refiftoit à fes erreurs.

Ce vieillard fut amené au pape Gelafe, qui le trouva fort ignorant, & même d'un efprit bas & groffier; en forte qu'il n'avoit que de l'opinatreté fans raifon. Après donc avoir effaïé en vain de Epift. 71 le convaincre, il écrivit une grande lettre aux éyêques de cette province;où il refute ces erreurs

&

& reprend fortement les évêques de leur negliAN.493. gence à s'y oppofer. Elle fut envoyée par un diacre, nomméRomulus, & eft datée du premier de Tract.3. Novembre fous le confulat d'Albin, c'est-à-dire, en 493. Le pape Gelafe fit auffi un traité contre

to. 4 conc. p.1240.

les Pelagiens, où il montre principalement que l'homme ne peut vivre fans peché. Il y explique 1.Cor. VII. le mytere de la Resurrection, & cette parole de l'Apôtre: Que l'homme infidele eft fanctifié par la femme fidele.

XXX. Gennade

Il y avoit auffi des Gaulois qui favorifoient le deMarfeille Pelagianifme, ou du moins n'aprouvoient pas la doctrine de S. Auguftin, touchant la grace. Tel étoit Gennade prêtre de Marseille, qui dans fon Catalogue des Auteurs ecclefiaftiques, loue extremement Faufte de Riez. Au contraire il blâme S. Profper d'avoir attaqué Caffien, & ne laiffe pas même S. Auguftin fans atteinte. Il écrivit cet ouvrage vers l'an 493. & le dernier Auteur dont il parle eft S.Honorat évêque deMarseille. Il eft éloquent, dit-il, & declame fur le champ dans l'églife. Il a été élevé dès l'enfance dans la crainte de Dieu, & eft exercé aux affaires ecclefiaftiques: :fa bouche eft comme un tréfor des Ecritu res divines: il compofe plufieurs homelies trèsutiles pour expliquer la foi, & convaincre les he retiques. Ce ne font pas feulement les évêques & les prêtres de fon voifinage, qui fe plaisent à l'entendre: ceux qui font éloignez l'obligent à parler dans leurs églifes,quand quelque neceffité l'attire chez eux. Même le S.pape Gelafe évêque deRome, ayant connu par fes écrits l'integrité de fa foi, a témoigné par fa réponse comme il l'aprouvoit. Il écrit les vies des faints Peres pour l'édification de la pofterité, principalement de S. Hilaire d'Arles, qu'il l'a élevé; & il fait autant qu'il peut avec fon peuple des proceffions pour implorer la mifericorde de Dieu, C'est ainsi que

Gen

Gennade parle de S. Honorat de Marseille. Le
feul ouvrage qui nous refte de ce faint évêque eft AN. 493.
la vie de faint Hilaire.

Gennade parle auffi de Sidonius, mort quelque
tems auparavant fous l'empereur Zenon.Il étoit,
dit-il, parfaitement inftruit des lettres divines &
humaines, & les écrits en profe & en vers font
voir la beauté de fon efprit. Mais il avoit auffi la
vigueur du Chriftianifme, qui le fait regarder
comme un pasteur catholique & un Docteur in-
figne, au milieu de la ferocité des barbares dont
la Gaule étoit alors accablée. Sidonius étant ex-
horté par un de fes amis à écrire l'histoire tem-
porelle, s'en excufa, principalement fur fa pro- IV. Epift.
feffion, foutenant que cette compofition ne con- 22.
vient pas à un ecclefiaftique. Il prédit que fon
Succeffeur feroit Aprunculus, qui érant évêque Greg. Tur.
de Langres, avoit été obligé d'en fortir, parce II. hift. ca
qu'il étoit fufpect aux Bourguignons, comme
fouhaitant la domination des Francs. L'églife de
Clermont honore la memoire de Sidonius, le Sirm. prafe
vingt-uniéme d'Août. On attribue à Gennade

3.

un livre des dogmes ecclefiaftiques, qui s'ac- To.8.op. S corde peu à la doctrine de S. Auguftin quoi- Aug. Ap«. qu'il le trouve avec les œuvres.

Lettre du

Pape Gelafe

p. 75 Les Ambaffadeurs du roi Theodoric, Faufte, XXXI. & Irenée étant revenus à Rome, dirent au pape Gelafe, que l'empereur Anaftafe demandoit pour à l'Empequoi il ne lui avoit point écrit. Le pape lui écri vit fur ce fujet en ces termes: Ce n'est pas de Epift. &

mon choix; mais comme ceux que vous avez envoïez à Rome, dirent par toute la ville, que vos ordres ne leur permettoient pas même de me voir: j'ai crû devoir m'abstenir de vous écrire, pour ne me pas rendre importun. Il dit enfuite ces paroles remarquables: Il y a deux moïens par lefquels ce monde eft principalement gouverné; l'autorité facrée des évêques, & la

reur.

H

puiffance roïale. La charge des évêques eft d'au AN. 494. tant plus grande, qu'ils doivent rendre compte des Rois mêmes au jugement de Dieu. Car vous fcavez, qu'encore que votre dignité vous éleve au-deffus du genre humain, vous baiffez la tête devant les prélats, vous recevez d'eux les facremens & leur êtes foumis dans l'ordre de la religion: vous fuivez leurs jugemens, & ils ne fe rendent pas à votre volonté. Que fi les évêques obéiffent à vos loix, quant à l'ordre de la police, & des chofes temporelles; fçachant que vous avez reçu d'en haut la puiffance: avec quelle affection devez-vous être foumis à ceux qui font établis pour diftribuer les facremens? Et fi les fideles doivent être foumis généralement à tous les évêques, qui traitent dignementles chofes divines: combien plus doit-on fe conformer à l'évêque de ce Siege, que Dieu a établi au-deffus de tous les évêques: & qui a toujours été reconnu pour tel par toute l'églife? Il preffe enfuite l'empereur, par la pieté qu'il avoit témoignée jufques alors, étant fimple particulier : & montre la neceffité d'éfacer le nom d'Acace, par les mêmesraifons que contiennent les autreslettres, Et comme on objectoit la résistance du peuple de C. P. il répond: que ce ce peuple a bien fouffert que l'on ait rejetté Macedonius & Neftorius ; & que l'empereur à fçû reprimer ce peuple, quand il a voulu remuer à l'occafion des jeux publics. Enfin, dit-il, fi l'on craint d'irriter le peuple d'une XXXII. feule ville: combien doit-on plus craindre de Deputation bleffer la foi de tous les peuples du monde, qui de S. Epi- feroient fcandalifez de notre prévarication? phane de Le Roi Theodoric pour affermir fa dominaEnnod. tion fit une loi,par laquelle il ne laiffoit la liberté Vita Epiph. entiere qu'à ceux qui avoient pris fon parti; dé394. ed. clarant ceux qui avoient fuivi le parti d'Odoacre & des Herules, incapables de tester, ni de difpo

p. 1183. E. p. 1185. D.

Pavie.

Sirm

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