Ifid illuftr.

c. 28.

Cod. reg.

Saint Leandre étant de retour de fon ambaf- AN. 586, fade de C. P. fut envoyé en exil avec d'autres évêques catholiques; & y compofa deux livres contre les Ariens; & un de l'inftitution des vierges, qu'il adreffa à fa fœur Florentine. C'est ce qu'on appelle la regle de S. Leandre. Jean de Biclar eut part à cette perfecution. Il étoit de to 3 p.155. la nation des Goths, né à Scalabe ou Santaren Ifid. c. 31. en Lufitanie. Il alla en fa jeunesse à Constantinople; & après s'y être rendu favant dans les livres grecs & latins, il revint en Espagne au bout de dix-fept ans, dans le fort de cette perfecution. Le roi Levigilde voulant l'obliger à embraffer fon herefie, & le trouvant ferme à lui resister, le relegua à Barcelone: où pendant dix ans il fouffrit beaucoup des art ifices & de la violence des Ariens. Il fonda enfuite un monaftere nommé Biclar, & y affembla une communauté, à la quelle il donna une regle que nous n'avons plus: mais nous avons une chronique abregée qu'il compofa pour continuer celle de Victor de Tunone: commençant à la premiere année de Juftin le jeune, qui eft l'an 566. & finiffant à la huitiéme de Maurice, & la quatrième de Recarede, qui eft l'an 589. l'abbé Jean fut depuis evêque de Gironne. Du même tems vivoit Liçinien évêque de Carthagene, qui écrivit fur le batême, & fon ami Severe évêque de Ma- c. 39. ga, qui écrivit contre Vincent évêque apoftat de Saragoce.

C. 20.

Les Sueves qui habitoient en Galice, furent auffi perfecurez par Livigilde. Car leur roi Ebo- 7o. Biclan. ric ayant été dépouillé,&mis dans un monaftere $87. Liv.16.17. par Andeca; Levigilde fit la guerre à celui-ci, le prit, le fit tonfurer, & ordonner prêtre. Ainfi étant maître de la Galice, il voulut que les Sueyes depuis peu catholiques revinffent à l'Arianifme, & en pervertit un très-grand nombre,

Conc. Tol.

Mais il ne furvécut pas long-tems à fon fils AN. 587. faint Hermenigilde. Il fe repentit de l'avoir fait mourir, & reconnut la verité de la reli111 p.999. gion catholique: toutefois la crainte de fa naS.Greg.IV. tion l'empêcha de la profeffer publiquement. Dial. c. 31. Etant tombé malade, & fe voyant à l'extré

Greg. Tur. VIII. ult. Fo, Biel.

LV. Converfion

goths.

Tur. IX.

c. 15.

mité, il fit venir faint Leandre, qu'il avoit tant perfecuté, & lui recommanda fon fils Recarede, qu'il laiffoit pour fucceffeur, le priant de lui faire ce qu'il avoit fait à fon frere par fes exhortations: c'eft-à-dire, de le rendre catholique. Quelques-uns difoient même, que Levigilde avoit paffé sept jours dans les larmes à regretter les maux qu'il avoit faits contre Dieu, & qu'étoit mort catholique: quoiqu'il en foit, il mourut la dix-huitième année de son regne, 587. de JESUS-CHRIST.

Son fils Recarede lui fucceda, & fuivit l'exemple de S. Hermenigilde. Car s'étant fait inftruides Vifi- re, & ayant reconnu la verité de la religion catholique, il reçut le figue de la croix avec l'onS. Greg. tion du faint chrême: c'eft à-dire, le facreibid. Greg. ment de la confirmation. Le dixiéme mois de la premiere année de fon regne, il parla avec tant de fageffe aux évêques Ariens, qu'il les obligea à fe faire catholiques, par raifon plûtôt que par autorité. En un mot, il convertit toute la na. tion des Vifigots, ne fouffrant qu'aucun here tique fervit dans les armées ou dans les charges. Il ramena auffi les Sueves à la religion catholique. Ainfi le commencement de fon regne fut la fin de l'herefie en Espagne; où elle avoit dominé depuis l'entrée des barbares, c'est à-dire, depuis le commencement du cinquième fiecle, Jo. Bicl. pendant environ 180. ans. Le roi Recarede envoya porter les nouvelles de fa converfion dans la province Narbonoife, qui étoit de fon obéiffance, Les heretiques qui y demeuroient fe con

vertirent

vertirent à son exemple: mais Athalocus évê- AN. 589. que Arien en mourut de regret.

La converfion de Recarede caufa toutefois quelques mouvemens, qu'il fut obligé de reprimer. Dès la feconde année de fon regne un évê- 7o. Biel, que Arien nommé Sunna avec Seggon & quelques autres voulurent fe revolter: mais ils furent découverts, on envoya Sunna en exil,& on bannit auffi Seggon en Galice, après lui avoir coupéles mains La troifiéme année on découvrit une autre conjuration de l'évêque Uldila & de la teine Gofvinte, belie mere de Recarede. Elle avoit feint de fe joindre à fes interêts, & même d'être catholique auffi-bien qu'Uldila: mais on reconnut qu'ils faifoient semblant de prendre la communion, & la jettoient. Uldila fut envoyé en exil; & Gofvinte toujours ennemie des catholiques, mourut dans le même-tems.

LVI.

Pour affermirla converfion des Goths, le roi Recarede affembla à Tolede un concile de tous Troifiéme les pays de fon obéiffance, où se trouverent concile de foixante & douze évêques; favoir cinq metro- Tolede politains: Euphemius de Tolede pour la Carpe-S cone. tanie: faint Leandre de Seville pour la Betique: F. 589. Migetius de Narbone, pour la Gaule: Pantard de Brague, pour la Galice. Il y avoit foixante & quatre évêques prefens, &les deputez des autres. Quand ils furent tous à Tolede, le roi les exhorta à fe préparer au concile par les jeûnes, les veilles & les prieres, On ordonna donc unjeûne de trois jours, après lefquels le concile s'affembla le fixiéme jour de Mai, la quatrième année du regne de Recarede, Ere 627. c'està-dire, l'an 589. Le roi y étoit prefent; & d'abord il fit lire fa profeffion de foi touchant le myftere de la Trinité, où il declare qu'il veut ramener tous les fujets à la même créance. Vous ayez ici, dit-il, l'illuftre nation des Goths, qui

bien qu'elle ait été jusques à prefent feparée de AN. 589. l'églife univerfelle par la malice de fes docteurs, y revient maintenant avec moi de tout fon cœur. Vous avez auffi la nation très-nombreuse des Sueves, qui ayant été entraînée par d'autres dans l'herefie, a été ramenée à la verité par nos Loins. J'offre ces peuples par vos mains, comme un facrifice agreable à Dieu : c'est à vous à les inftruire dans la doctrine catholique. Enfuite il reprend la confeffion de foi, en declarant qu'il anathematife Arius, fa doctrine & fes complices qu'il reçoit le concile de Nicée, le concile de C.P, contre Macedonius, le premier concile d'Ephese contre Neftorius, & le concile de Calcedoine contre Eutychès & Diofcore; & en general tous les conciles orthodoxes, qui s'accordent avec ces quatre. Recevez, ditil, cette declaration de nous & de notre nation, écrite & confirmée de nos foufcriptions, & la gardez avec les monumens canoniques pour être à l'avenir un témoignage devant Dieu & devant les hommes, contre celui qui voudroit s'en dedire.

p.10.02.c.

p.1000.

Enfuite étoient inferées les definitions des quatre conciles generaux: puis les foufcriptions du roi Recarede & de la reine Baddo fon épouse, fur lefquels le concile fit plufieurs acclamations de joie, rendant gloire à Dieu pour cette heureufe réunion, & fouhaitant au roi la gloite prefente & la couronne éternelle. Puis par ordre du concile un évêque catholique dit aux évê ques & aux autres nouveaux convertis : Nous fommes obligez par notre devoir & par l'avertiffement du roi de vous demander ce que vous condamnez dans l'herefie, & ce que vous croyez dans l'églife catholique: afin qu'il paroiffe que vous êtes veritablement fes membres, en condamnant l'herefie Arienne avec tous les dogmes,

dogmes, fes offices, fa communion, fes livres. Alors les évêques convertis, avec leurs clercs & AN. 589 les principaux de la nation des Goths, répondirent tous d'une voix: Quoique nous ayons deja fait ce que vous defirez dans le tems de notre converfion, nous fommes prêts de le faire encore, & de confeffer tout ce que vous avez montrét étre le meilleur.

16

Can. 11. C.

Sup. n. 40.

.17.

Enfuite on prononça vingt-trois articles, avec anathême contre les principales erreurs des Ariens en particulier. On y recevoit entre autres la foi des quatre conciles: on y rejettoit le libelle composé la douzième année du roi Levigilde, c'est à dire, le decret du conciliabule de Tolede: on rejettoit nommément le concile de Rimini, le grand fort des Ariens. Enfuite les p.1008; nouveaux convertis foufcrivirent. Premierement, huit évêques, dont les noms barbares montrent affez qu'ils étoient Goths, puis les prêtres & les diacres, puis les feigneurs. Après quoi le roi propofa de regler la difcipline; & on fit vingt trois canons, pour réparer les brèches que l'héréfie avoit faites en fomentant tous les defordres.

On ordonne d'abord en général l'observation de tous les anciens canons, & des épîtres fynodales des papes, fans préjudice de ces faintes loix c.18. qui ordonnent deux conciles tous les ans ; & attendu la longueur du chemin, & la pauvreté des églifes d'Efpagne, on ordonne que les évêques s'affembleront une fois l'année au lieu choifi par le métropolitain, & que les juges des lieux, & les intendans des domaines du roi, fe trouveront au concile le premier jour de Novembre, pour aprendre la manière dont ils doivent gouverner les peuples de la bouche des évêques,qui leur font donnez pour inspecteurs. Avant que le concile fe fepare, on marquera le

Tome VII.

Cc

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