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tumer à fes horreurs, lorfque fon frere arriva. Le fang qui les avait formés l'un & l'autre était trop généreux pour lui laiffer faire quelque action qui en fût indigne. Il alla embraffer fon fre. re & toute fa charmante famille, & le bien de leur pere fut également partagé entr'eux.

Voici, Monfieur, le fait fans ornement, & tel qu'il s'eft paffé. Vous pouvez en préfenter les conféquences aux parens du jeune homme en question. On n'est pas sûr de trouver toujours tant de générosité dans un frere, &, fans elle, l'infléxibilité d'un pere aurait rendu malheureux toute fa poftérité. Puiffe, Monfieur, cet exemple exciter en eux des fentimens plus convenables, & réunir des cœurs qui ne font pour être divifés.

pas

faits

CINQUIÈME

CINQUIÈME PARTIE.

EXTRAITS ET ANNONCES. CONCERT MÉCHANIQUE,

De l'invention & exécution du fieur Richard, rus de Richelieu, dans une falle de la Bibliothèque du Roi.

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E Concert eft exécuté par plufieurs figures automates de grandeur naturelle, faifant chacune leur partie fur un inftrument différent. L'oreille du Musicien a peut-être à souffrir un peu, lorsqu'elle entend cette exécution, mais l'œil du Curieux en eft dédommagé par la justesse des mouvemens, par leur ensemble, par la vérité effrayante des figures. Elles font cou→ vertes de peau humaine, mais comme cette peau n'est point animée par le fang, elle a cette couleur terne & plombée des fimulacres ordinaires. Ces figures ne laiffent pas de faire beaucoup d'illufion par l'éclat des yeux qui font de cryftal, & qui leur tient lieu d'animation, par les juftes mouvemens de ces yeux, de leurs paupières, de la tête & des bras de ces figures. Janvier 1771.

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Leurs habits, leurs chevelures réelles, & la lumière des bougies, moins pure & moins vraie que celle du jour, facilitent encore l'erreur.

La première figure représente une Demoifelle aflife, touchant du clavecin & de l'orgue ensemble & féparément. Elle s'accompagne aufli de temps en temps de fa voix. Le clavecin fait peu d'effet, même lorfqu'il eft joué seul, L'orgue eft feul entendu, & il fe touche fur le même clavier, qui fait mouvoir & les tuyaux & les cordes. Elle prend fouvent des touches pour d'autres, & l'harmonie des airs qu'elle joue n'a pas toujours la pureté que lui avait donné l'Auteur. Ce qu'il y a de plus choquant, c'est que quand l'un de fes mouvemens s'eft affez dérangé pour porter fa main fur la touche voifine, cette cacophonie dure jusqu'à ce que le mouvement foit rétabli, & l'on entend quelquefois quatre Qu cinq mefures de la baffe, dans un ton différent du deffus. Mais, encore un coup, ce n'cft pas en Muficien qu'il faut venir entendre un Concert de méchanique. Quant à ce qu'elle chante en s'accompagnant, comme on le dit, cela peut être, mais personne ne l'entend.

La feconde figure représente une jeune homme, vêtu à l'Espagnole, debout, jouant du

violon. Ce violon ne laiffe pas d'être défagréa ble à entendre; les doigts de fa main gauche, étant de bois, s'appuient mal fur les cordes n'embraffent pas le point jufte, comme le fait la chair flexible des doigts effectifs. La corde, preffée par un corps dur, gliffe quelquefois fous lui. D'ailleurs, le violon, obligé à plufieurs mouvemens compofés, n'a pas la résistance que quelques-uns exigeraient, & l'archet, tenu par la main droite, presse trop du côté de la hauffe & pas affez vers l'autre extrémité. M. Richard, qui travaille tous les jours à la perfection de cette machine, fent ces défauts, & s'occupe fans ceffe à les corriger. Les grands talens que fon ouvrage dénote, donnent lieu d'efpérer qu'il y réuffira.

Ces mêmes défauts font encore plus grands dans la troifiéme figure, qui eft celle d'un Abbé jouant de la basse; mais, comme la partie de Mufique qu'il exécute, eft la même que celle de la main gauche de l'Orgue, on l'entend fort peu, & les défauts paraiffent moins. D'ailleurs, fon attitude & fon air attentif ont quelque chofe de fi plaifant, qu'on peut lui pardonner d'être un mauvais Violoncelle. Il y aurait encore une chase à réformer dans ces deux derniers inftru

Fij

mens, c'est l'ensemble, qui n'est pas toujours de la plus parfaite jufteffe.

La figure qui paraît l'emporter fur toutes les autres en gentilleffe, c'eft un petit Amour nud & drappé, qui fe tient derrière le pupître, qui bat la mesure de la main, & qui regarde alter. nativement les trois Concertans. Ses yeux font très jolis; l'un, à la vérité, est un peu plus grand que l'autre, mais cette imperfection lui donne un petit air malin, fur-tout lorsqu'il regarde l'Abbé, qui en eft tout à fait agréable. On annonce que cet Amour tourne le feuillet à temps; il est bien vrai que le feuillet fe tourne, & que la main de la figure fait un mouvement à-peu-près pareil, mais cependant, il n'est pas exactement vrai que ce foit lui.

Dans les intervalles des airs, on entend le jeu de plufieurs autres machines, différentes du grouppe principal. La première eft un jeune Berger jouant de la flûte. Cette Alûte eft fauffe, comme le font toutes celles qui ne font pas jouées par un Artiste très habile; on entend un peu le bois, mais tout cela beaucoup moins qu'il ne ferait tout fimple de l'imaginer. Pendant que cette flûte joue, un orgue placé faus Pefpèce de confole qui foutient le Flûteur,

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