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fur tout le front d'une armée, ces poftes avancés, outre les partis qu'on envoie à l guerre pour ajouter à ces précautions, ne fervent dans le fond que pour nous avertir quand l'ennemi n'eft qu'à deux pas de nous. Lorfqu'on peut éluder les détachemens que l'on envoie aux nouvelles, comme j'en ferai voir la facilité, le refte ne fert de rien pour retarder d'un moment le fuccès de fes entreprises. Ces grandes gardes, qui fe replient fur l'armée, lorfque l'ennemi, que l'on croioit bien loin, paroît tout d'un coup, y portent bien plus l'épouvante & la confufion qu'ils ne la raffurent. Une armée n'étant pas retranchée, & ne fe trouvant pas préparée à une attaque, ne la foupçonnant pas même, fi l'ennemi furvient tout à coup, elle n'a rien de plus que lui à l'égard du terrain, & il a une infinité d'autres avantages: s'il eft plus fort, il nous déborde: s'il eft plus foible, nous ne pouvons nous imaginer qu'il le foit; car qu'eftce que l'opinion ne fait pas à la guerre? Tous font ce raifonnement, viendroit-il nous attaquer, s'il ne nous furpaffoit en nombre, & s'il n'étoit même plus brave? Ajoutez à cela l'avantage de la furprife, & celui d'être le premier à attaquer.

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Ces grandes gardes de cavalerie, qu'on avance pendant le jour fur tout le front d'une armée, & qui fe retirent la nuit aux petites gardes du camp, étoient inconnuës aux Anciens, dont la cavalerie étoit en petit nombre; & quand ils en auroient eu tout autant que nous en avons, ils n'euffent pas moins méprifé ces fortes de précautions inutiles. On n'entreprend jamais fur une armée dans le plein jour, lorfqu'il s'agit d'une furprise, à moins que l'on n'ait affaire à un Général imbécille, ignorant & fans précautions. On choifit toujours la nuit, & dans les bonnes régles on doit attaquer une heure avant le jour: ces grandes gardes font donc inutiles, fi elles ne fervent que pour le jour. Les Anciens n'ufoient d'autres précautions contre les furprifes, que de fe retrancher, d'envoier à la guerre pour avoir des nouvelles, & la cavalerie en très-petit nombre battoit fans ceffe l'eftrade. Trois cens chevaux partagés par petites troupes, ne font pas moins d'effet que cette enchaînure de gardes, qui occupent un dixiéme de la cavalerie d'une armée, qui ne fatigue pas moins dans ces gardes que fi elle couroit la campagne, & ces précautions ne tiennent pas moins un Général en inquiétude & ne divifent pas moins fon attention. Il craint toujours qu'on ne les enléve en quelque endroit, comme cela arrive affez fouvent: rien ne lui fait plus de peine, il n'eft jamais bien tranquille, & fon inquiétude redouble la nuit ; ce qui fait qu'il n'a jamais l'efprit bien libre: il faut cependant l'avoir pour imaginer de bons coups.

Une armée bien retranchée dans un camp, effuie beaucoup moins de fatigues; à peine en faut-il un vingtiéme pour les gardes, & l'on conferve fa cavalerie. Le Géné ral fait fes fourages fans crainte. S'il en a peu de fon côté, & l'ennemi beaucoup du fien, celui-ci n'ira que peu fouvent, & l'autre fe verra obligé d'y courir fans ceffe. Si le dernier connoît bien fes avantages, il ne manquera pas de marcher à l'autre, & de l'attaquer pendant qu'il eft dénué d'une partie de fa cavalerie. Lorfqu'on eft retranché, on fe tient tranquille dans fon camp; malgré cette diftraction de forces, on n'est jamais furpris: & fi l'ennemi veut tenter quelque entreprise, on eft en état de fe défendre, & celui-ci ne peut attaquer qu'à force ouverte.

Un Général habile, hardi, ferme & réfolu, à la tête d'une armée beaucoup inférieure à celle qui lui eft oppofée, peut par fon courage, par fon adreffe, & par fa bonne conduite, mener auffi haut à la main fon antagonifte, que s'il en avoit une bien forte. Les petites armées, qui ont de tels Généraux à leur tête, font celles qui font le plus à redouter, & les plus propres aux entreprifes extraordinaires. Celui qui ne peut vaincre par la force ouverte, & tambour battant, ou s'oppofer aux deffeins d'un ennemi fupérieur par le nombre de fes troupes, trouve toujours des refsources dans la rufe & dans l'artifice: rien de plus aifé, & pourtant rien de moins commun; mais il

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ne doit jamais oublier cette maxime, que dans tout ce qu'on entreprend de grand & de hardi à la guerre, il faut moins confidérer la difficulté que l'utilité. Or il est certain que dans les furprifes des camps & des armées il y a peu de l'une, & beaucoup de l'autre.

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S. VIII.

Connoiffances que doit avoir le Général. Le fecret.

bien des chofes à observer dans ces fortes de deffeins, & fans lefquelles on ne fauroit fe déterminer à rien d'affuré. Le Général doit avoir une connoiffance exacte des forces de l'ennemi, en quoi elles confiftent, & fur lefquelles il compte le plus. La fituation & la difpofition de fon camp, les gardes, où elles fe retirent la nuit, celles qui font fixes dans certains poftes avancés, la route des patrouilles, la nature du païs pour aller à l'ennemi, les villages, les maifons, & les défilés qui font fur tout le front de fon camp. Si fes aîles font appuiées à un village, à une riviére, à un bois, &c. s'il y a des ruiffeaux, des ravins, des marais, des champs clos, des bois, des fonds, des hauteurs, des foffés, des défilés aux environs de fon camp, ou qui coupent la communication des brigades, ou quelque partie de fon armée, &c. c'eft fur ces connoiffances néceffaires qu'un habile Chef de guerre établit & concerte fon projet, qu'il s'y détermine, ou qu'il le rejette.

Dans toutes fortes d'entreprifes tout dépend du fecret & de la diligence. Les furprifes d'armées font à mon fens les plus aifées dans l'éxécution, & les moins fujettes aux accidens inopinés. Une marche précautionnée, intelligente & forcée, mais pourtant ferrée & unie, en fait tout le miftére; car à l'égard des préparatifs, comme elles n'en éxigent aucun, le fecret peut être couvert d'un voile impénétrable, & jufqu'au moment de l'éxécution. Il est très-difficile que l'ennemi en puiffe avoir la moindre nouvelle, ni foupçonner une furprife, fi l'on ne néglige aucun des moiens dont je parlerai bientôt. Quelque dépenfe qu'il faffe en efpions, on peut fort aifément échaper à leur vigilance. Les plus fâcheux font les transfuges qui peuvent s'échaper dans la marche; mais que diront-ils, s'ils ignorent où l'on va, & ce que l'on veut faire? Le fecret que l'on eft obligé de communiquer à plufieurs perfonnes, eft rarement un fecret gardé mais ici on peut, fi le Général le juge à propos, n'en faire part à perfonne; & c'est toujours le mieux, qu'il puiffe faire, au moins le plus tard qu'il lui foit poffible.

On fait que les deffeins les plus aifés, comme les plus difficiles, & fur tout ceux qui font hardis & peu communs, trouvent toujours des contradicteurs. On vous paffera les efpions, mais on épuifera tous les fophifmes militaires à l'égard des déferteurs. S'ils ne difent rien du deffein que vous avez, parce qu'ils l'ignorent, dira-t-on, du moins l'ennemi faura que vous marchez, il foupçonnera quelque chofe, s'il ne le devine ; le foupçon produit les précautions, & l'on fe tient fur fes gardes. On alléguera encore les partis que l'ennemi peut avoir en campagne, autre fujet de défiance, & de martel en tête: Suppofons, dira un autre trembleur, que nous échapions aux efpions & aux déferteurs, nous avons une marche à faire, & des villages à traverfer; qui peut nous affurer que quelqu'un n'en fortira pas, & qu'il ne donnera pas avis de notre marche? Ne feroit-ce pas une efpéce de prodige, fi cela n'arrivoit pas dans un païs tout ennemi? Voilà fans doute bien des obftacles, des difficultés très-grandes, & des fujets de douter du fuccès d'une entreprife fi délicate: il eft rare qu'un Général ne trouve pas de telles gens dans un Confeil de guerre. Ce qu'il y a de plus fâcheux, c'eft que ces fortes

fortes d'efprits timides, fans être fort habiles ni fort braves, font toujours les plus éloquens & les plus écoutés à la Cour & dans les armées, au préjudice même des deffeins les mieux fondés & les plus falutaires. J'en fournirois de bons éxemples fi je voulois, mais il faut une poftérité plus reculée pour les citer: ou tout au moins il faudroit que quelques-uns de ces gens-là, qui vivent encore, me permiffent, fans fe fâcher, de faire voir la fubtilité de leur efprit & la force de leur éloquence, à diffuader & à combattre par des raisonnemens fpécieux & peu folides, les deffeins les plus importans, & les plus faciles dans l'éxécution; ceux qui font doués des mêmes talens, apprendroient par là qu'ils doivent les emploier à tout autre ufage; car à peine l'occa fion de faire un coup d'éclat & décifif eft-elle manquée & rejettée, qu'on reconnoît l'illufion de tous ces beaux raisonnemens : & après nous être acquis la réputation d'efprit fubtil, qui nous demeure, nous perdrons celle d'un homme véritablement courageux. L'on ne connoît jamais mieux le caractére d'un homme de guerre, que dans les Confeils, où il s'agit d'une entreprise importante, hardie & périlleuse, telles que font les furprises d'armées, qu'on regarde ordinairement comme téméraires, lorsqu'il y a difproportion de forces dans celui qui les entreprend: on va voir bientôt qu'il s'en faut bien qu'elles ne foient telles que la plupart fe l'imaginent fauffement, & qu'elles font au contraire très-aifées & très-fûres dans l'éxécution. Un Général qui roule un tel deffein dans fa tête, doit débuter par fe retrancher de telle forte, que l'ennemi s'imagine qu'il a bien peur; cette peur artificiele, le rend moins circonfpect & plus négligent.

§. IX. Précautions à prendre.

N concerte l'heure & le tems qu'on doit partir au chemin que l'on a à faire, on le compaffe encore à la nature du païs, aux obftacles qu'on peut rencontrer, & au nombre des colonnes que l'on peut former dans la marche. Les défilés la retardent infiniment, & felon le nombre qu'il y en a, on part plutôt ou plus tard. On doit obferver toutes ces chofes avec tout le foin & l'exactitude poffible, & régler si bien fon tems, qu'on puiffe être en état d'attaquer deux heures avant le jour, & difpofer les colonnes dans la marche felon la difpofition, fur laquelle l'on veut combattre; car c'eft la nature du terrain d'un champ de bataille qui doit fervir de régle à la compofition des colonnes, pour éviter la confufion & la multitude des mouvemens qu'il eft néceffaire de faire lorfque l'on eft arrivé, & qui ne font que trop dangereux lorfque les armées font en préfence. Je m'en rapporte à M. de Puifegur, qui eft un de nos Maîtres fur cette profonde partie de la guerre: il n'aura garde d'en difconvenir. Il y a des précautions à prendre avant que de fe mettre en marche pour aller à l'ennemi, 'il eft bon d'en être informé.

On donnera l'ordre à l'ordinaire, fans aucune apparence de deffein ni de campement. Deux heures avant la nuit, & d'un jour fans Lune, on détachera deux cens chevaux, autant de dragons, cent Huffars, & huit compagnies de grenadiers complettes. Ce détachement, auquel on diftribuera de la poudre, s'affemblera à la tête du camp, & fans aucun égard au tour du rôle. Il fera compofé d'Officiers & de Sergens choilis, & d'un Chef de grande expérience, fans aucun égard au rang par rapport au nombre des troupes, mais feulement à l'habileté, qui dans toutes fortes entreprises doit régler le choix d'un Général d'armée: c'étoit la pratique de M. de Turenne. On fera en même tems courir le bruit, que la deftination de ce détachement eft contre les espions & les déferteurs, & pour occuper toutes les routes par où l'on peut aller à l'ennemi; ce

qui obligera les uns à refter au camp pour cette fois, & les autres qui auroient envie de s'échaper, à remettre la partie à une occafion plus favorable.

Ce corps, dont les Huffars feront l'avantgarde, ira par un feul chemin, jusqu'à un lieu déterminé au centre, & à une petite demie lieue du camp ennemi: obfervant de ne point trop effleurer les poftes avancés, où l'on peut avoir jetté de l'infanterie; & fi ces poftes font trop en deçà des gardes ordinaires de jour, on les laiffera derriére, pour fe mettre entr'eux & le camp ennemi.

Lorsqu'on fera arrivé au lieu deftiné, & que l'infanterie aura joint, celui qui commande la partagera en plufieurs pelotons. On fera de même de la cavalerie, qu'on divifera en plufieurs petites troupes, dont on poftera quelques-unes fur tous les chemins, les paffages, travers champs & endroits couverts, par où l'on peut aller à l'ennemi s'étendant fur tout le front de fon camp: les troupes de cavalerie & de dragons occuperont les endroits de plaine, s'étendant fur une même ligne, obfervant un grand filence, avec ordre de ne point tirer, quoiqu'il puiffe arriver, & d'arrêter tout ce qui va ou qui vient du côté de l'ennemi: comme fi l'on n'étoit là pour autre deffein, que celui d'arrêter les efpions & les déferteurs. On défendra à qui que ce foit de s'écarter de fon pofte: c'eft à quoi les Officiers auront une extrême attention. On joindra chacun de ces petits poffes, ou petites gardes, par des fentinelles qui communiqueront de l'une à l'autre, pour qu'on puiffe favoir inceffamment & promptement ce qui fe paffe le long de la chaîne. La cavalerie en ufera comme l'infanterie. S'il fe trouve des maifons le long de la chaîne, on s'en rendra le maître fans bruit, pour que personne n'en forte; & s'il y a des chiens, on les empoifonnera. Les Huffars battront l'eftrade le long de cette chaîne.

Voilà, ce me femble, le meilleur & le plus für moien de masquer une armée, pour que le Général n'ait aucun avis de ce qui fe paffe en dehors; & comme les efpions & les foldats font déja informés qu'on leur tend des piéges, fans rien favoir du véritable deffein du Général, il eft impoffible que les ennemis en puiffent rien apprendre, quand ils pourroient percer la chaîne; ce qu'ils ne fauroient faire fans tomber dans quelqu'une des embufcades. Cette méthode ôte toutes les difficultés qui font rejetter ces fortes d'entreprifes, & les rendent aifées & faciles. Je ne pense pas qu'on puiffe en trouver de meilleures. Annibal eft le premier des Anciens qui s'en foit fervi à la furprife de Tarente, mais non pas avec l'art dont je l'explique ici. Dans le projet que je fis pour le fecours de Mons en 1709. je propofai cette méthode, & le projet fut agréé de la Cour, & envoié au Maréchal de Montefquiou, qui n'avoit nulle envie de s'embarquer dans une fi grande entreprife. J'attendois quelques objections de fa part, mais il n'en avoit point à me faire. Je propofai encore cette méthode dans le projet du fecours de Douai, dont j'ai parlé.

La premiére chofe à quoi le Général doit penfer avant que de fe déclarer, eft de demander aux Majors de fon armée un état jufte du nombre des combattans, fur lefquels il peut compter, celui des cavaliers & des dragons à pied. C'étoit la méthode de M. de Turenne, je la tiens bonne, & ce doit être celle de tout Général. Il fait au moins, quand l'occafion s'en préfente, ce qu'il peut réellement oppofer à l'ennemi.

Feu M. de Vendôme prit de femblables mefures dans fon entreprise fur le camp des Efpagnols, ou pour mieux dire, fur trois camps tout à la fois pendant le fiége de Barcelonne; il ne fe peut rien imaginer de plus beau, de plus hardi, & de mieux conduit. Larrey la rapporte en très-peu de mots.

Ce que ce grand Capitaine fit de plus vigoureux, dit l'Auteur, fut l'action qui se passa le 14. Juillet. Il avoit appris par fes espions que ce jour-là la garnison devoit faire une fortie générale fur la tranchée, pendant que les Espagnols, qui campoient à deux lieuës

Tom. I.

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de

de la ville, fons l'étendart du Viceroi, viendroient attaquer l'armée Françoise en flanc, &par derrière. Il les prévint. A deux heures du matin avant le jour, il fit marcher les détachemens de cavalerie & d'infanterie qu'il avoit ordonnés, & les fuivant de fort près, il entra dans le camp des ennemis, & renverfa les troupes qu'il y trouva, fans qu'elles pûffent fe rallier dans l'obscurité, & dans la confternation où cette furprise les avoit jettés. Le Viceroi encore au lit, prit la fuite, fans avoir eu le tems de s'habiller. Tout le camp fut pillé. On prit les bagages, la vaiffelle d'argent des Généraux, & la caffette du Viceroi, où il y avoit vingt-deux mille pistoles. On fit encore un butin confidérable de mulets ou de chevaux, jusqu'au nombre de fix cens. Le Duc de Vendôme, après cette grande & beureuse expédition, fe retira, après avoir fait brûler le camp de Cornella, où elle s'étoit paffée. Les ennemis en avoient encore deux autres, d'où ils furent auffi chaffés, & allérent camper fur des hauteurs inacceffibles. On brûla ces deux camps comme le premier. On dit que ces grands fuccès ne coûtérent aux François que foixante-dix hommes tués & bleffés. Plus de trois cens des ennemis périrent dans la premiére action que conduifoit le Duc de Vendôme, & un pareil nombre dans celle que le Lieutenant Général d'Uffon éxécuta fous fes ordres. On voit cependant des relations qui diminuent la perte des ennemis mais aucune ne diminue la gloire du Duc de Vendôme; & toutes conviennent, qu'il avoit fait un coup de Maître, d'autant plus digne de louange, qu'il étoit d'une néceffité abfoluë, en prévenant les Espagnols, qui étoient fur le point par la fortie générale de la place & de leurs camps, qu'ils avoient réfolue, de rompre toutes les mesures du fiége. Les Hiftoriens partiaux ne prennent pas garde qu'en diminuant la perte des vaincus, ils en augmentent la honte.

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§. x.

Obfervations & précautions dans la marche & dans le combat.

Rdre de ne point fortir du camp, fous peine de la vie: le prétexte fera la revûre du Général, ou du Commiffaire. Autre ordre de repaître trois heures avant la nuit, fi la marche est longue.

La générale, l'affemblée, & aux champs, à la fourdine, ou la retraite, tiendra lieu de tout.

Les Officiers Généraux feront avertis par des billets cachetés, de fe trouver chez le Général un peu avant la retraite. Le projet de l'entreprise leur fera communiqué, l'ordre de la marche & celui du combat. Permis à chacun de propofer tout ce qui pourra contribuer au fuccès du deffein qu'on leur a propofé, mais rien qui puiffe tendre à le rejetter.

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On réglera leurs poftes, bien moins felon l'ancienneté de commiffion, que leur expérience, leurs talens & leur mérite: nulle acception de perfonne, où il s'agit du tout.

Chacun aiant fes ordres par écrit, mais non pas abfolument bornés, parce qu'il furvient des cas qu'on ne fauroit prévoir, ils auront foin d'inftruire les Officiers & les Chefs des corps qui feront à leurs ordres; ils agiront felon les variations des occurrences, fe fervant de tous les avantages du terrain, felon qu'ils fe préfenteront, fans pourtant rien changer dans une difpofition déja établie. Chaque Chef de Brigade, & les Commandans des corps, chacun en particulier, exhorteront & animeront leurs foldats à bien faire, par l'efpérance du butin, de la gloire, & de leur propre falut, leur faifant entendre que tout dépend de la confervation de leur ordre, & de l'union réciproque de leurs rangs & de leurs files, & d'attaquer brufquement & la baionette au bout du fufil,

fans

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