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d'avoir mérité l'approbation de plusieurs grands Princes, plus

Guerre,

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respectables encore par leurs lumiéres que par l'élevation de leur Nouv. rang. En 1709. il eut l'honneur de préfenter à Mgr. le Dau- Découv. phin Duc de Bourgogne, le Projet de fon Ouvrage fur la Guer-fur la re. Ce Prince éclairé le lut & le trouva beau, encourageant l'Au- Chap. teur à exécuter fon entreprise. Un tel Protecteur affuroit à Mr. de Folard des reffources que la mort de ce grand Prince fit évanouïr avec les espérances de la France. Il s'en étoit fait connoître avantageusement pendant le Siége de Lille, par plusieurs beaux Projets qu'il préfenta, ou qu'il exécuta lui-même avec autant d'habileté que de courage. ne tint pas à lui que cette importante Place ne fût fecouruë, & Mr. le Duc de Vendôme y étoit résolu, mais la mesintelligence qui régnoit entre les deux Princes, & qui avoit déjà éclaté à l'affaire d'Oudenarde, mit obftacle à cette grande entreprise, dont on pouvoit efpérer un heureux Succès. Les Armées furent en préfence, mais les François fe retirérent fans tenter le fecours, comme on s'y attendoit. Mr. de Folard composa une Relation de cette fameufe Campa gne, & quoique tout dévoué à Mr. le Duc de Vendôme, il avoir fi bien ménagé les chofes, que les deux Princes à qui il présenta la Piéce, en furent très-fatisfaits. Ce morceau, que nous connoiffons par fes Lettres, doit fe trouver parmi les Papiers qu'il a laiffés à Mr. le Maréchal-Duc de Belleifle.

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En 1716. Mr. de Folard profita de la paix pour de, où le Roi Charles XII. l'avoit fait appeller. Il y palla inco- 90gnitò avec le Comte de la Marck, Ambaffadeur de France. Il y porta tous ses papiers fur la guerre, & ce qu'il avoit écrit fur Po lybe, dans le deffein de finir fon Commentaire fous les yeux du plus brave & du plus grand Capitaine de notre fiécle. Ce Monarque fit un accueil extraordinaire à un Guerrier dont il reconnut bientôt le profond génie, le vaste savoir, & les rares talens. Il le confulta fur diverfes parties de la guerre, & voulut furtout en apprendre ce qui regardoit les Siéges & les Mines. Mr. de Folard admiroit à fon tour les vertus & les rares connoiffances

de

de ce Prince, & il en faifoit fon profit. Il avoit pour lui une fi haute eftime, qu'il nous dit que quand il n'auroit mérité que l'approbation de cet illuftre Héros, il fe croiroit affez dédommagé de tous les travaux. Il avoit prefque achevé fon Polybe, qu'il devoit faire imprimer en Hollande, & dédier au Roi de Suéde. Enfin comblé des faveurs & des bienfaits du grand Charles XII. il partit, lui laiffant un neveu agé de quinze ans, qu'il avoit élevé avec grand, foin. Ce jeune-homme fut le Page favori du Roi, qu'il ne quittoit jamais; il étoit à fon côté lorsque ce Monarque fut tué à Fréderikshal. C'eft Mr. de Robert, Officier fort habile qui a fervi depuis dans le Régiment de Picardie. Le retour de Mr. de Folard ne fut pas heureux. S'étant embarqué à Gottembourg, il fit naufrage fur la côte de Jutland, & il eut de la peine à le fauver nud en chemife. Il perdit avec les préfens du Roi, tous les papiers, dont la perte lui fut très fenfible. Ce malheur ne le rebuta pas. En passant à la Haye il dit à fon Ami qu'il alloit s'enfermer à Paris, & qu'il rétabliroit fon Polybe, ou qu'il mourroit à la peine : il tint parole fans fe rebuter d'un fi grand travail. Après avoir perdu le Roi Charles XII. il lui reftoit une reffource dans la protection du Duc d'Orléans, Régent de France, à qui il dédia fes Nouvelles Découvertes fur la Guerre. Ce Prince qui aimoit les Sciences, & dont le génie fupérieur s'étendoit à toutes, avoit connu en Italie Mr. de Folard, & diftingué fon rare mérite : il prenoit plaifir à s'entretenir avec lui fur tout ce qui regardoit la guerre. Il ne vécut pas affez longtems pour aider dans fon entreprife, un homme qui avoit befoin de la faveur pour l'exécuter. Il en vint à bout malgré une infinité de traverses & d'obstacles qui ne fervirent qu'à lui faire honneur.

A peine le Polybe cut il paru que de tous côtés on rendit justice au profond favoir de l'Auteur. Mr. le Comte de Saxe fon Ami le fit connoître à la Cour de Dresde, où il fe trouvoit alors. Le Roi de Pologne Augufte II. qui entendoit parfaitement la guerre, fit assembler le magnifique Camp de Mulhberg, où il invita le feu Roi de Pruffe. Là fous les yeux de ces deux Princes

guer

guerriers, on exécuta toutes les évolutions militaires dont il est parlé dans le Polybe, qu'ils avoient entre les mains. Le fuccès en fut très-grand, & Mr. le Comte de Saxe eut ordre de remercier Mr. de Folard de la part des deux Rois. Quel triomphe pour lui, & en même tems quelle humiliation pour les envieux & fes ennemis, animés contre fon Livre & contre la perfonne!

Nous avons ajouté aux fix volumes du Polybe un Supplement, qui en fait le Tome VII. dont nous allons parler en peu de mots. On a placé à la tête les Nouvelles Découvertes fur la Guerre, où l'on trouve l'Histoire du Polybe, & le précis du Systême de Tactique de Mr. de Folard; & comme il les cite fouvent dans fon grand Ouvrage, nous avons cru qu'on feroit bien aife de l'y trouver joint. Mais nous en avons retranché le Traité de la Colonne, qui est déja à la tête du Tome I. avec des corrections importantes. Par exemple, il avoit mis d'abord un cinquiéme de Pertuifanes pour fraizer fa Colonne, & il n'en a mis enfuite qu'un feptième, pour contenter ceux qui le blâmoient de vouloir trop diminuer le feu de l'Infanterie.

On trouve enfuite une Lettre critique fur le Polybe. Elle eft de Mr. Terfon, vieux Officier François au fervice des Etats, qui avoit trop de mérite lui-même, pour ne pas rendre justice à celui de Mr. de Folard, & à fon habileté dans la Science de la guerre Cette Piéce, qui eft fort polie, avoit paru dans la Bibliotheque Françoise.

Voici un Ouvrage plus confidérable, que plufieurs perfonnes de France nous ont priés de faire reparoître ici, quoique d'autres ne fuffent pas de cet avis. Ce font les Sentimens d'un Homme de Guerre fur le Polybe de Mr. le Chevalier de Folard, qui parurent fucceffivement en quatre Lettres, qui ont été attribuées un Officier Suiffe, Major-général au fervice des Etats Généraux. On voit qu'il ne penfe pas en bien des chofes comme l'Auteur François, furtout fur fa Tactique & fa Colonne qui en est la base. Il paroît que l'Auteur ne connoît pas affez bien la Colonne pour en parler. Il la compare à la Phalange des Grecs, dont elle étoit très différente. La Colonne peut agir dans toutes fortes de

Tom. I.

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fituations, au-lieu que la Phalange ne pouvoit agir que fur un terrain uni. D'ailleurs elle n'avoit d'autres armes que la Pique, dont la longueur l'embarrassoit, au-lieu que la Colonne n'a qu'un feptiéme de Pertuifanes, plus commodes & plus faciles à manier que la Pique. Le refte eft armé de Fufils & de Bayonnettes. Il fait confifter la principale force de l'Infanterie dans fon feu; Mr. de Folard dans l'arme blanche, lorsque l'on peut joindre l'Ennemi fans obstacle. Il foutient qu'on réuffira mieux en effuyant le premier feu, & en abordant l'Ennemi brusquement. Mr. de Folard eft perfuadé que cette méthode convient mieux aux François que toute autre & il affure qu'ils l'ont toujours fuivie avec fuccès. L'Auteur Critique fait contre le nouveau Systême plusieurs objections, qu'on a prévenuës dans le Polybe, où l'on en trouve les réponses. Mr. de Folard a eu raifon de s'en plaindre, mais avec grande politeffe. Il n'a pas été plus content de le voir débiter gravement, comme de fon propre fonds, des chofes bonnes & utiles qui fe trouvent bien mieux dans le Polybe, fans en faire honneur à celui qui y avoit penfé le premier. Tout ce qu'il dit de la Cavalerie, & fur la néceffité de la mêler avec l'Infanterie, pour la faire combattre aveċ avantage; tout cela appartient à Mr. de Folard. Permis à l'Officier Suiffe de croire que c'eft la Cavalerie qui gagne les batailles en plaine, & qu'il n'est pas poffible à l'Infanterie de lui résister fi elle est enveloppée. On voit le contraire dans le Polybe.

Enfin on voit ici la Réponse de Mr. de Folard aux deux Offi, ciers Hollandois, telle qu'elle parut dans le Tome XVI. de la Bibliothéque Françoife. Cette Piéce eft remplie de marques d'estime pour ces deux Meffieurs & pour toute la Nation Hollandoife, dont il louë fort l'Infanterie & la Difcipline Militaire. Lorsqu'il la donna il n'avoit encore vû que les deux premiéres Lettres des Sentimens d'un Homme de Guerre, mais il ne jugea pas devoir y répondre, & il ne voulut pas permettre à Mr. de Robert fon neveu de le faire pour lui. Il crut ne devoir pas s'engager plus avant dans cette querelle, & que l'approbation des plus grands Guerriers de

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l'Europe le dédommageoit affez de celle qu'il ne pouvoit obtenir d'un homme dont il avoit trop estimé les lumiéres.

Nous avions espéré d'enrichir ce Supplément de quelque Ouvrage pofthume de Mr. de Folard fur la Guerre, furtout des Obfervations importantes dont le Tome VI. devoit être accompagné. Il nous apprend lui-même qu'elles étoient presque finies, lorsque des ordres fupérieurs l'obligérent de les fupprimer. Il avoit promis de les envoyer en Hollande, avec les Mémoires de fa Vie, qui ne devoient paroître qu'après la mort, avec quelques Piéces très-curieuses. Il oublia fes promeffes, & légua l'année derniére tous ses Papiers à Mr. le Maréchal-Duc de Belleifle ; & comme l'Ami de Mr. de Folard a l'honneur d'en être particuliérement connu, il lui écrivit pour tacher d'en obtenir quelque chose pour nous. Voici partie de la Réponse de ce Seigneur, qui nous laifle présent. d'efpérance pour

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»; Je partage plus que perfonne, Monsieur, votre affliction de la perte du Chevalier Folard, dont je connoiffois de longue main tout le mérite & les talens. Il eft vrai qu'il avoit projetté ,, de retoucher & d'ajoûter à fon Polybe, mais je doute qu'il ait le tems de rien rédiger par écrit fur cet objet, & je n'ai pas encore eu celui de vérifier, fi dans les papiers de toutes cfpéces, „, en plus grande partie informes & découfus qu'il m'a laiffés, il s'y trouve rien qui y puisse être adapté; moyenant quoi je def», pére de pouvoir contribuer, comme je le voudrois, le voudrois, à enrichir la nouvelle Edition que je vois qu'on a commencé à met,, tre fous preffe, &c. &c. &c.

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Outre les Ouvrages dont nous avons fait mention ci-deffus, on fait que Mr. de Folard ayoit travaillé fur les Commentaires de Céfar, & que fes matériaux étoient prêts depuis longtems pour une nouvelle Edition de cet Auteur. Il vouloit auffi nous donner la Difcipline Militaire des Grecs & des Romains, & y joindre une Difcipline Militaire Moderne, accommodée aux Mœurs & aux Ufages de notre tems. Mr. de Folard mourut l'année derniére à Avignon La Patrie, âgé de So. ans.

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