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fiftance; au lieu que ces premiers trouvent des hommes en leur, chemin, & des hommes très-redoutables.

Ces fortes de guerres, ces armées innombrables, & les événemens prodigieux qu'elles produifent par le bouleversement de plufieurs Monarchies, plaifent & amufent comme les Romans, & les Romans comme les Hiftoires de ces fameux Conquérans, inftruifent peu les gens de guerre. Il y a par tout à apprendre dans les petites guerres, & c'est, dans celles-ci uniquement que la fcience & l'intelligence paroiffent le plus particuliérement: il faut même plus de l'une & de l'autre que dans les grandes, dont le nombre, fait tout le mérite. On apprend infiniment dans la guerre du Peloponéfe, qui faifoit; toute l'étude de Charles-Quint, & qu'il lifoit fans ceffe. On s'inftruit beaucoup plus, encore dans les deux de Barcas. Nous trouvons beaucoup plus à profiter dans la guerre de Céfar contre Afranius, que dans les trois meilleures campagnes d'Alexandre le Grand en Afie: celle du même Céfar auprès de Dyrrachium, ou pour mieux dire, celle qui décida de l'Empire Romain contre Pompée, eft encore un très-grand fujet d'admiration. La campagne de M. de Turenne de 1674 vaut bien une des plus belles de Céfar. Celle de l'année fuivante, qui fut la derniére de ce grand homme, fut fon chef-d'œuvre. Elle eft comparable à celle d'Afranius. Décidons, fans être trop hardi, elle est au-deffus. Car cet Afranius, quoique fort habile, ne valoit pas Montécuculi: celui-ci étoit digne d'être oppofé à Céfar, & non pas l'autre. Il le fut à M. de Turenne, quelle campagne! Je n'en vois point de fi belle dans l'antiquité; iln'y a guéres que les experts dans le métier qui puiffent en bien juger. Combien d'obftacles réciproques à furmonter! Combien de chicanes, de marches & de contre-marches, de variations d'armes & de manoeuvres profondes & rufées! C'eft en cela feul que l'on reconnoît les grands hommes, & non dans la facilité de vaincre, & dans le prodigieux nombre de troupes qui combattent des deux côtés.

Il y a peu de maximes de l'invention de nos Modernes qui ne clochent dans quelqu'un de leurs membres. Dieu n'eft pas plus pour les gros efcadrons contre les petits, que pour les petites armées contre les grandes. Il y a mille éxemples de cette vérité, & pour le moins autant pour les petites que pour les grandes. Henry le Grand, & M., de Turenne, ont été plus heureux qu'aucun des Modernes, ils étoient comme infpirés, leurs maximes font des oracles. Celui-ci difoit qu'une armée, qui paffoit cinquante mille hommes, devenoit incommode au Général qui les commandoit, & aux foldats qui la compofoient. Rien n'eft plus judicieux & plus vrai que cette maxime. Les mauvais Généraux cherchent toujours à réparer par le nombre le défaut de leur courage & de leur intelligence; ils n'ont jamais affez de troupes, quoique l'ennemi en ait moins. Ils épuifent toutes les garnifons d'une frontiére, & les vivres tout en même tems, pour groffir leurs armées, & gagner l'avantage du nombre, & l'avoir bien au-delà; ils donnent envie à l'ennemi d'affiéger ces places, & font voir en même tems qu'ils fe défient de leur capacité; & s'ils ne font rien avec des forces fi fupérieures, ils nous font juger que c'eft à bon droit qu'ils fe rendent juftice, & que leur hardieffe n'eft pas telle qu'ils la vantoient.

Un Général, qui trouve un tel antagoniste en tête, quoique plus foible, ne doit jamais l'éviter, & encore moins le ménager; il en aura raifon par le ftratagême & par les chicanes qu'il peut lui oppofer, car la foibleffe vive & agiffante eft une espéce d'offenfive: comme elle cherche à éviter fon ennemi, elle trouve toujours des poftes qui lui font avantageux & favorables contre la fupériorité du nombre. C'étoit le grand principe de Zifca, qui fe réfervoit toujours la liberté de profiter de l'occafion, ou de la faire naître, & de n'en fournir aucune à fon ennemi.

Quels efforts ne fit-on pas? quelles prodigieufes forces ne mit-on pas en campagne Tom. I.

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pour

pour réduire ce grand Capitaine, qui a la hardieffe, avec une armée de vingt à vingtcinq mille hommes, d'en attaquer cent mille, de les battre, ou de les diffiper par la feule terreur de fon nom? On voit peu de grandes armées qui réuffiffent lorfqu'on fe défend bien, elles fe diffipent d'elles-mêmes; l'on voit bientôt la confufion & le défordre s'y introduire par la faute de paie, par la difette & les maladies, leur propre gran deur entraîne leur ruine.

Cet article des grandes armées me tenoit au cœur depuis longtems, je l'ai déchargé d'autant, la guerre d'Eryce m'en aiant fourni l'occafion; je ne pouvois fupporter que l'on ne s'apperçût pas que les armées peu nombreufes des deux côtés, font les plus favantes & les plus inftructives.

Je ne vois aucun de nos Auteurs militaires qui ait traité une matiére fi importante ni aucun du métier ou autre qui n'ait été plus touché, & qui n'ait fait plus de cas des guerres d'Alexandre, & des autres Conquérans à groffes armées, que de celles des Capitaines qui n'en ont jamais commandé que de médiocres.

Nous nous fommes apperçus, par les entretiens que nous avons fi fouvent eus, 82, & que nous avons tous les jours avec un nombre d'amis & de Savans militaires François & étrangers, qu'ils étoient autant épris & autant admirateurs des groffes guerres que nous le fommes peu. La raifon de cela eft, qu'ils avoient négligé de lire les Hiftoriens qui ont écrit des guerres qui fe font paffées entre les peuples de la Gréce. Ils fe défirent bientôt de leurs préjugés, lorfque nous leur fîmes voir qu'il y avoit tout à admirer & tout à apprendre dans celles-ci, & très-peu dans les grandes, comme nous l'avons fr fouvent répété. Nous leur indiquâmes les Hiftoriens qui en ont écrit, entr'autres Thucydide & Xenophon, comme les feuls, où il falloit puifer les connoiffances pour la conduite des guerres d'une nature toute différente de celles des Conquérans à puiffance formidable. Ils ont reconnu, par l'étude qu'ils en ont faite, que nous avions eu très-grande raïfon de leur dire que c'étoit à ces fortes de guerres qu'il falloit uniquement s'attacher les lire & les méditer avec d'autant plus de foin, qu'elles font toutes de conduite & d'un détail tout à fait extraordinaire par rapport aux lieux, aux difficultés, & aux chicanes que deux habiles Chefs d'armées s'oppofent l'un à l'autre, & dont chacun tâche de profiter par la fcience & par l'expérience. L'on voit dans ces Auteurs tout ce que l'art peut imaginer & inventer de rufes & d'artifices dans l'attaque comme dans la réfiftance, les divers poftes qu'on occupe, & les différens mouvemens & campemens qu'on eft obligé de faire pour rendre inutiles ceux de l'ennemi. Pour faire la guerre fur ces principes, il faut l'avoir bien étudiée & pratiquée longtems.

Ces fortes de camps & de poftes favorables pour tirer la guerre en longueur, fe rencontrent par tout dans les païs mêlés, & dans ceux de montagnes & de défilés; mais les Généraux capables de les connoître, les Amilcars, les Fabius, les Céfars, les Zifcas, les Turennes, & les Starembergs font très-rares en toustems & en tous lieux, parce que cela dépend de l'efprit, de la fcience & du coup d'œil; qualités qui doivent toujours marcher enfemble & de conferve. Mais qu'eft-ce que ce coup d'œil, dira quelqu'un? s'apprend-t-il? Nous foutenons qu'il s'apprend; c'eft ce que nous allons démontrer dans les deux paragraffes fuivans: la matiére eft un peu féche, mais nous tâ cherons de l'égaier; car le dogme a befoin de beaucoup d'artifice & d'un grand art; il veut être orné & paré, l'inftruction fe cache fous ces dehors, & nous l'aimons enfuite indépendamment de la parure.

§. II.

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Que le coup d'œil militaire produit le grand & le beau d'une guerre. Qu'il pent s'acquérir par l'étude & l'application. Erreur de ceux qui prétendent que c'est un présent de la

nature.

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'Eft le fentiment général que le coup d'oeil ne dépend pas de nous, que c'eft un préfent de la nature, que les campagnes ne le donnent point du tout, & qu'en un mot il faut l'apporter en naiffant, fans quoi les yeux du monde les plus perçans ne voient goute, & marchent dans les ténébres les plus épaiffes. On fe trompe, nous avons tous le coup d'œil, felon la portion d'efprit & de bon fens qu'il a plû à la Providence de nous départir. II naît de l'un & de l'autre, mais l'acquis l'affine & le perfectionne & l'expérience nous l'affure. On voit par les actions & la conduite d'Amilcar, qu'il l'avoit très-bon & très-fin, parce qu'il poffédoit toutes les qualités qu'on demande pour le coup d'œil, & dans le plus haut point de perfection, où peut-être jamais Général les ait pouffées, comme on le peut remarquer dans cette guerre d'Eryce, & plus encore dans celle des foldats rebelles d'Afrique.

Avant que d'entrer dans l'explication de la méthode dont on peut fe fervir pour acquérir ce talent, qu'on croit fauffement être un don de la nature, il eft nécessaire d'en donner la définition. Le coup d'oeil militaire n'eft autre chofe que l'art de connoître la pature & les différentes fituations du païs où l'on fait, & où l'on veut porter la guerre, les avantages & les défavantages des camps & des poftes que l'on veut occuper, comme ceux qui peuvent être favorables ou défavantageux à l'ennemi. Par la pofition des nôtres, & par les conféquences que nous entirons, nous jugeons fûrement alors des deffeins préfens, & de ceux que nous pouvons avoir par la fuite. C'est uniquement par cette connoiffance de tout un païs, où l'on porte la guerre, qu'un grand Capitaine peut prévoir les événemens de toute une campagne, & s'en rendre pour ainfi dire le maître ; car jugeant par ce qu'il fait de ce que l'ennemi doit néceffairement faire, obligé qu'il eft par la nature des lieux à fe régler fur fes mouvemens pour s'oppofer à fes deffeins, il le conduit ainfi de camp en camp, & de pofte en pofte, au but qu'il s'eft propofé pour vaincre. Voilà en peu de termes ce que c'eft que le coup d'oeil militaire, fans lequel il eft impoffible qu'un Général puiffe éviter de tomber dans une infinité de fautes d'une extrême conféquence; en un mot, il n'y a rien à espérer pour la victoire, fi l'on eft dépourvû de ce qu'on appelle coup d'œil à la guerre; & comme la fcience militaire eft de la nature de toutes les autres, qui demandent l'ufage pour les bien pofféder dans les différentes parties qui la compofent, celle dont je traite ici eft une de celles qui demandent la plus grande pratique.

Philopomen, un des plus grands Capitaines de la Gréce, qu'un illuftre Romain appella le dernier des Grecs, avoit un coup d'œil admirable: on ne doit pas le confidérer en lui comme un préfent de la nature, mais comme le fruit de l'étude, de l'application, & de fon extrême paffion pour la guerre. Plutarque nous apprend la méthode dont il fe fervit pour voir de tout autres yeux que de ceux des autres pour la conduite des armées. Le paffage mérite d'être rapporté.,, İl écoutoit volontiers les difcours, & lifoit les traités des Philofophes, dit l'Auteur Grec: non tous, mais feulement ceux qui pouvoient l'aider à faire des progrès dans la vertu. De toutes les grandes idées d'Homére, il ne cherchoit & ne retenoit que celles qui peuvent éguifer le courage, & porter ,, aux grandes actions. Et pour toutes les autres lectures, il aimoit fur tout à lire les traités d'Evangelus, qu'on appelle les Tactiques, c'est-à-dire l'art de ranger les trou

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,, pes en bataille, & les Hiftoires de la vie d'Alexandre: car il penfoit qu'il falloit tou ,, jours rapporter les paroles aux actions, & ne lire que pour apprendre à agir; à moins qu'on ne veuille lire feulement pour paffer le tems, & pour fe former à un babil in fructueux & inutile. Quand il avoit lû les préceptes & les régles des tactiques, il ne faifoit nul cas d'en voir les démonftrations par des plans fur des planches, mais il en faifoit l'application fur les lieux mêmes & en pleine campagne. Car dans les marches il obfervoit éxactement la pofition des lieux hauts & des lieux bas, toutes les coupures & les irrégularités du terrain, & toutes les différentes formes & figures que les bataillons & efcadrons font obligés de fubir à caufe des ruiffeaux, des ravins & des défilés qui les forcent de fe referrer ou de s'étendre; & après avoir médité fur cela en luimême, il en communiquoit avec ceux qui l'accompagnoient. En général il paroît ,, que Philopœmen avoit une inclination trop forte pour les armes, qu'il embraffoit la 2 guerre comme une profeffion qui donnoit plus d'étenduë à la vertu; & en un mot ,, qu'il méprifoit ceux qui ne s'appliquoient pas à ce métier, comme gens oifeux & inutiles.

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C'eft en abrégé les préceptes les plus excellens qu'on fauroit donner à un Prince, à un Général d'armée, & à tout Officier qui veut parvenir & monter aux grádes les plus éminens de la milice. Cette méthode eft unique, & rend, comme dit fort judicieufement le Traducteur, la pratique des préceptes bien plus aifée dans l'occafion, que de voir les plans fur des planches. Plutarque accufe & blâme même Philopomen d'avoir porté la paffion de la guerre au-delà des bornes raisonnables. M. Dacier ne manque pas de lui applaudir. L'un & l'autre jugent très-peu équitablement de ce grand Capitaine, fans favoir trop bien ce qu'ils difent: comme fi la fcience de la guerre n'étoit pas immenfe, qu'elle ne renfermât pas prefque toutes les autres dans fon tourbillon & que pour en acquérir la connoiffance il ne fallût pas une application longue & pénible. Plutarque n'étoit pas guerrier, fon Traducteur encore moins: ni l'un ni l'autre n'a pris garde que Philopomen étoit favant comme la plupart des grands Capitaines, & qu'il s'attachoit à l'étude de la Philofophie & de l'Hiftoire, fi néceffaire aux gens de guerre: pourquoi trouver mauvais qu'un homme s'applique & fe livre entiérement à l'étude des fciences qui ont rapport à fa profeffion? Celle des armes n'eft pas feulement la plus noble, elle eft encore la plus étendue & la plus profonde, & par conféquent elle exige une plus grande application; ce que fait ce grand Capitaine pour fe former le coup d'œil, eft une chofe très-néceffaire & très-importante pour le commandement des armées, de là dépend le falut & la gloire d'un Etat.

On ne peut douter que la tactique, ou l'art de mettre les armées en bataille, de les camper & de les faire combattre, ne foit tout à fait roiale. Quelle raifon avoit Annibal de mettre Pyrrhus, Roi des Epirotes devant Scipion, & immédiatement après Aléxandre, quoique celui-ci ne fût pas fi habile? Il n'en eut fans doute point d'autre, finon que le premier avoit excellé pardeflus tous dans cette grande partie de la guerre, quoique Scipion ne lui cédât pas fur ce point, comme il le fit voir à Zama. Annibal y fut-il, moins éxercé que les deux autres? Philopomen voioit que l'étude de la tactique & les principes d'Evangelus ne lui ferviroient de rien, s'il n'y joignoit le coup d'œil fi néceffaire au Général d'armée: fa méthode nous a toujours plâ, & nous l'avons tou jours pratiquée dans nos voiages comme dans l'armée,

§. III.

Qu'il

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ne faut pas attendre l'occafion de la guerre pour se former le coup d'œil, qu'on peut l'apprendre & l'acquérir par l'exercice de la chaffe. Eloge de Machiavel.

L y a plufieurs choses néceffaires pour parvenir à cette connoiffance, une très-gran¬ de application à fon métier, c'eft là la bafe; on prend enfuite une méthode: quoique celle du Capitaine Grec foit bonne, nous croions avoir beaucoup enchéri, ou du moins trouvé ce que l'Auteur Grec a négligé de nous apprendre plus particuliérement. L'on ne fait pas toujours la guerre. Il ne faut pas s'imaginer non plus qu'on puiffe s'y rendre habile par la feule expérience, fur laquelle la capacité de la plus grande partie des gens de guerre eft fondée aujourd'hui, elle ne fait que perfectionner, & ne fert prefque de rien, fi l'on ne joint l'étude des principes: car la guerre étant une fcience, elle s'apprend comme toutes les autres où l'on ne fauroit fe rendre habile, fi l'on n'y commence par l'étude des principes. Deux fiécles de guerre perpétuelle fuffiroient à peine pour nous conduire par l'expérience des faits; il faut la laiffer en propre aux ames ordihaires, & fournir aux grands Capitaines des moiens plus courts pour monter à la gloire fans la devoir à la capacité des autres, qu'on ne rencontre pas toujours. Il eft donc néceffaire d'étudier la guerre avant que de penser à la faire, & de s'appliquer toujours & fans ceffe lorfqu'on la fait.

J'ai dit plus haut qu'on ne fait pas toujours la guerre, j'ajoute encore que les armées ne font pas toujours affemblées & en mouvement: l'on eft au moins fix mois dans le repos d'un quartier d'hiver, & fix mois ne fuffifent pas pour nous former le coup d'œil pour la guerre. Il eft vrai qu'on l'apprend beaucoup plus dans les marches, dans les fourrages, & dans les différens camps & les divers poftes où les armées campent; les idées font plus nettes alors pour juger & réfléchir fur le païs que l'on voit, & les pratiques que l'on obferve; mais cela n'empêche pas que, par le fecours de l'efprit & de l'imagination, on ne puiffe en faire ufage ailleurs que dans les armées, & qu'on ne s'affine le jugement & la vûe à la chaffe, ou en voiageant. J'en puis parler par l'expé rience que j'en ai faite.

Rien ne contribue davantage à nous former le coup d'œil que l'éxercice de la chaffe; car outre qu'il nous met au fait du païs & de fes différentes fortes de fituations, qui font infinies, & jamais les mêmes, on apprend encore dans ce bel éxercice mille rufes & mille chofes qui ont rapport à la guerre mais la principale eft la connoiffance des lieux qui nous forme le coup d'œil, fans que nous y prenions garde; & fi l'on's'éxerce à cette intention, pour peu de réfléxions qu'on y ajoute, on pourra acquérir la plus grande & la plus importante des qualités d'un Général d'armée. Le grand Cyrus eut moins fon plaifir en vûe, en fe livrant tout entier à la chaffe pendant la jeuneffe, que le deffein de se rendre propre pour la guerre, & pour la conduite des armées. Xenophon, qui a d'écrit fa vie, ne nous laiffe aucun doute là-deffus. Il dit que ce grand homme allant faire la guerre au Roi d' Armenie, raifonnoit fur cette expédition comme s'il fe fût agi d'une partie de chaffe entreprise dans un païs de montagnes. Ils'expliquoit ainfi à Chryfante, un de fes Officiers Généraux, qu'il envoioit dans les endroits les plus âpres, & dans les vallées les plus difficiles, pour en gagner les entrées & les iffuës, & couper la retraite à fes ennemis. ,, Imagine-toi que c'eft une chaffe que nous allons faire, & que tu as la charge de demeurer aux toiles, tandis que je battrai la campa,, gne. Sur tout, fouviens-toi qu'il ne faut point commencer la chaffe que les paffa"ges ne foient occupés, & que ceux qui font en embufcade ne doivent pas être vis,

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