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טראוידיאוישטא.

A. de Putter fecit.

CORBEAU DE DUILLIUS.

La

§. III.

Defcription du Corbeau de Duillius.

E corbeau étoit une machine affez femblable à la grue dont on fe fert pour élever des fardeaux. Il y avoit un mât 2. ou un arbre qui s'élevoit fur le château de prouë 3. de la hauteur de quatre brafles. Ce mât avoit trois palmes de diamêtre, qui fervoit de poinçon par en haut 4. La longue piéce de bois, qu'on appelle le rancher dans les grues, & qui portoit le corbeau, ou le cone de fer, étoit pofé fur le pivot de fer qui étoit au bout du poinçon. Le rancher tournoit aifément, & de tous les côtés, fur fon pivot, affuré par le moien de la fellette fur laquelle s'appuioient les liens. Au bout du rancher 5. il y avoit une poulie pour paffer la corde 8. au bout de laquelle étoit fufpendu le corbeau 6. fort pointu, dit l'Auteur; il n'étoit donc pas fait en maniére de pilon, fa figure devoit donc être telle que je la repréfente, en cone ou pyramidale. Ce cone devoit être de fer fondu & très-pefant, afin que tombant de fon propre poids, en lâchant-la corde à l'endroit 9. il pût percer le pont de prouë; mais comme il eût pû fortir par le même trou qu'il avoit fait en entrant, il falloit qu'il y eût des crochets de fer mobiles 10. engagés par des charniéres, afin que le corbeau aiant crevé le pont, les crochets ou pates de fer fe pliaffent, fe rouvriffent d'elles-mêmes, ou fe priffent à tout ce qu'elles rencontroient. Il falloit, quoique l'Auteur ne le dife pas, que le bout du cable fût alongé d'une chaîne de fer. Dès qu'un vaiffeau ainfi armé approchoit d'un autre à la portée de la machine, on lâchoit la corde pour la faire tomber du plus haut de la longue piéce de bois; dès que le corbeau étoit tombé, on abattoit le pont 11. au bout duquel il y avoit des griffes de fer pour accrocher le bordage.

Notre Auteur eft fort clair dans l'explication de fon pont ou échelle pontée, comme dans tout le refte. Il dit qu'il y avoit autour de l'arbre une échelle clouée de planches de quatre pieds huit pouces de largeur, fur fix aunes de longueur, dont on avoit fait un plancher percé d'un trou oblong qui embrasfoit l'arbre. Ce trou étoit à l'extrémité du pont; ce qui donnoit le moien de le hauffer à la hauteur qu'il falloit. A l'autre extré mité du pont, & des deux côtés, étoient attachées les deux petites chaînes qui aboutiffoient à une ance de fer, femblable à celle d'un feau.

Voilà la defcription du fameux corbeau de Polybe, laquelle nos Commentateurs trouvent fi obfcure, qu'ils la prétendent incompréhenfible. M. Perrault lui-même ne l'a pas comprife: car fans cela fe plaindroit-il des ténébres dont Polybe l'a enveloppée ? Ce qui femble d'abord obfcur, c'eft l'endroit où il dit que les foldats fantoient dans le vaiffeau d'un bout a l'autre : s'ils n'étoient joints que par la proue, ils avançoient deux à deux à travers le corbeau. En effet ils ne pouvoient paffer que deux à deux fur le pont lorsqu'on n'abordoit que par la poupe ou par la prouë, au lieu qu'en abordant par les côtés on entroit dans le vaiffeau ennemi de tous côtés. Ce n'eft pas là ce qu'on m'a fait voir de plus embaraffant, c'est cet à travers le corbeau: mais je ne vois rien là qui puifle arrêter le lecteur. Polybe entend par le corbeau, non feulement le cone ou le pilon, comme il l'appelle, mais encore tout ce qui compofe la machine. Perrault pré- . tend que le corbeau de Duillius étoit quelque chofe de femblable à la gruë : il a raifon; mais s'il s'imagine, comme il femble le dire, que les foldats paffoient par l'échelier pour entrer dans les vaiffeaux ennemis, cela me femble abfurde. Cette imagination de cet

Tom. I.

K

Auteur

Auteur me fait fouvenir d'une maniére d'abordage que les Maltois pratiquent quelque fois, il faut qu'il paffe ici pour la fingularité.

Lorfque les galéres de Malte veulent aborder un vaiffeau, une partie des foldats & des matelots, tous nuds pieds, monte fur la grande vergue, fur laquelle ils fe mettent: tous à califourchons, les uns derriére les autres, fi près-à-près qu'on diroit qu'ils y font enfilés comme des grains de patenôtres. La galére s'avance alors à une certaine diftance du vaiffeau ennemi; on baiffe alors la vergue, & l'on fait couler les hommes fur le pont, qui fe répandent deffus comme un chapelet qui fe défile. Si cela eft véritable, je trouve l'invention très-hardie & très-gaillarde. Si le Commentateur de Vitruve a compris de la forte le corbeau de Duillius, il eft encore en ufage.

S. IV.

Le Dauphin. Le Corbeau démolisseur. Le Loup. Le Corbeau à griffes.

ces

La A premiére de ces machines n'étoit autre chofe qu'une maffe de fer fondu 2, & fufpendue au bout des antennes des vaiffeaux. Il falloit qu'elle fût d'un poids exceffif pour produire l'effet que les Auteurs nous en difent. Elle étoit en ufage chez' les Grecs, felon Suidas & le Scoliafte d'Ariftophane; on l'appelloit Dauphin: peutêtre qu'elle en avoit la forme; on le fufpendoit à un des bouts des vergues, pour le laiffer tomber fur les vaiffeaux ennemis, qu'il perçoit depuis le pont jufqu'au fond de cale. Dans le fameux combat donné dans l'un des ports de Syracufe, les Atheniens aiant été battus, les Syracufains les pourfuivirent jufques vers la terre, & furent empê chés de paffer outre, dit Thucydide, par les antennes des navires qu'on baiffa fur le paffage, où pendoient des dauphins de plomb capables de les fubmerger, & deux galéres qui s'emportérent au-delà furent brifées.

Nos bombes fufpenduës à des alonges aux extrémités, ou aux bouts-dehors des vergues, ne feroient-elles pas un plus grand défordre? Je n'ai pas ouï dire qu'on l'ait pratiqué, quoique j'en aie fouvent ouï parler.

Vitruve nous parle du corbeau démoliffeur de Diades. On ne peut guéres comprendre ce que c'est que cette machine; ne feroit-ce point celle dont parle Végéce, qu'il appelle tortue, au dedans de laquelle il y avoit une ou deux piéces de bois arrondies & fort longues pour pouvoir atteindre de loin, & au bout defquelles il y avoit des crocs de fer 3. elles étoient fufpendues en équilibre comme les béliers, & on les pouffoit contre les crenaux pour les accrocher & les tirer à bas, ou les pierres ébranlées par les beliers. On les appelloit de ce nom, dit l'Auteur, à raison de ce fer courbé ou grapin dont on fe fervoit à tirer à bas les pierres de la muraille.

Céfar fait mention de cette machine dans fes Commentaires. Il rapporte que les: Gaulois affiégés dans Bourges, détournoient les crocs dont on tiroit à bas les débris de la muraille; & après les avoir accrochés, les enlevoient en haut avec des machines. C'est là fûrement le corbeau démoliffeur de Diades dont parle Vitruve. Je ne pense pas qu'aucun Auteur l'ait nommé de la forte. L'épithéte va bien là: nous nous en formons d'abord l'idée, que cette machine fert à accrocher & à tirer les pierres d'une muraille à bas.

Quoique Vitruve nous dife de fon expérience en fait de machines de guerre, j'ai de la peine à me laiffer perfuader fur cet article; un homme qui a vâ & pratiqué, eft beaucoup plus clair dans fes defcriptions, que cet Architecte ne l'eft dans fes écrits. Il n'auroit pas non plus toujours fon recours à Athenée, qui n'eft pas moins embaraffé. Si le premier avoit fervi, comme il nous en avertit, il nous auroit appris quelque chofe

de

de Putter facit.

LE DAUPHIN DES GRECS.

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